Un Olivier foudroyé

Yves Rasir

Mea culpa. Mea maxima culpa. Comme vous avez été nombreux à me le faire savoir, j’ai certainement mal interprété la vidéo dans laquelle feu Olivier Soulier déclare que beaucoup de soignants sont vaccinés, lui y compris. Il parlait manifestement de la vaccination en général, et non de l’injection covid qu’il avait déclinée. Je n’ai aucun alibi car pour réaliser ma méprise, il m’aurait suffi de lire le descriptif de la vidéo ou de la visionner dans son entièreté. Sur ce coup-là, je ne suis pas fier de moi, et même assez honteux de vous avoir désinformés. Je confesse mon erreur et présente mes excuses à toutes celles et ceux qu’elle a indignés. En réfléchissant à cette faute professionnelle, je me suis cependant trouvé trois circonstances atténuantes. La première, la plus mauvaise, c’est que je ne suis pas le seul à m’être fourvoyé. D’autres que moi ont mal compris cette phrase qui prête à confusion quand on la tire de son contexte. La deuxième, c’est qu’il s’agit quand même d’un curieux « coming out » de la part d’un médecin homéopathe qui défendait de surcroît une « médecine du sens » fondée sur les découvertes du Dr Hamer. Lorsqu’on se dit favorable au principe de la vaccination et qu’on adhère ainsi au credo virophobique de la Sainte Église vaccinaliste, on donne l’impression d’en apprécier toutes les hosties injectables. Si le Dr Soulier avait l’habitude de consommer celle contre la grippe, sa mort précoce pourrait en partie en découler puisque la surmortalité post-vaccinale, Néosanté l’a assez souligné, concerne aussi les valences antigrippales « classiques ». Dans son livre explosif, le scientifique Eusèbe Rioché en fournit encore la démonstration statistique incontestable.

Hamérien un jour, pasteurien le lendemain

Ma troisième circonstance atténuante, c’est que je n’ai pas été surpris de croire à tort qu’Olivier avait reçu le produit génique expérimental. À la limite, c’était cohérent  avec son agaçante… incohérence. N’en déplaise aux amis de la dernière pluie et aux admirateurs de la dernière heure qui lui ont tressé des lauriers après son décès, le toubib lillois avait en effet beaucoup de qualités, mais pas celle d’être fidèle à ses propres idées. Il pouvait en changer facilement et les faire varier au gré du vent. La semaine dernière, je vous ai donné deux exemples significatifs de sa capacité à épouser des opinions contradictoires : 1) Il dit dans l’interview que les soignants héroïques ont été décimés par le virus alors qu’en aparté, avec moi, il admettait bien volontiers que cette narration était bidon. 2) Il se revendiquait de la médecine hamérienne dont la quatrième « loi biologique » conteste le caractère pathogène des microbes mais il avait rejoint Luc Montagnier, Dominique Rueff, Christian Perronne et consorts pour attribuer une cause infectieuse aux maladies chroniques et les combattre à coup d’antibiothérapies.  Bonjour le grand écart ! Un autre exemple ? Tout début 2020, lors d’une conversation téléphonique surréaliste, il m’a chanté les louanges de Bill Gates-le-visionnaire qui avait bien prévu une pandémie dévastatrice occasionnée par un féroce coronavirus. C’est plus tard qu’il a tourné casaque sur la pseudo-crise sanitaire et commencé à casser du sucre sur le dos du milliardaire misanthrope. Bref, ce n’est pas « salir sa mémoire » que de mentionner la difficulté qu’avait Olivier de rester aligné et d’éviter les ambiguïtés. Toute sa vie, il aura oscillé entre la théorie du germe et celle octroyant la primauté au terrain, entre le paradigme pasteurien et celui qui – de Béchamp à Jeff Green en passant par Hamer –  déclare la paix aux micro-organismes et leur reconnaît un rôle positif. Olivier était séparé en deux. Il était semblable à ces arbres frappés par la foudre en leur milieu, survivant en deux tronc séparés et parvenant à mener une sorte de double vie. Psychiquement, ça devait être épuisant.

Les territoires du coeur

Il est en effet très compliqué de rester en bonne santé, surtout au niveau cardiaque, lorsque qu’on ne sait plus sur quel pied danser ni à quel camp on appartient exactement.  Quand le for intérieur est déchiré entre deux « territoires », le cœur trinque et le corps dans son ensemble subit les répercussions de cette tension. Tous ceux qui ont côtoyé Olivier ces derniers temps le trouvaient nerveux et  fatigué. Pour faire craquer l’organe symbole de l’amour, il faut cependant  plus que ça : il faut qu’il soit brisé par un événement qui l’afflige au plus haut point. Un stress émotionnel qui prend au dépourvu  et qui plonge en inhibition de l’action, c’est-à-dire dans l’impossibilité de fuir ou de combattre. La semaine dernière, j’ai suggéré que la mort du Dr Soulier n’était pas étrangère à ses démêlés avec le Dr Fouché et plusieurs membres du Conseil Scientifique Indépendant. Il en avait été évincé brutalement, dans un climat d’affrontement et de reproches violents. Il en était profondément meurtri et pas encore remis. Mais justement,  m’a fait remarquer l’une de ses grandes amies versée en psychobiologie : il ruminait son éviction, cela le minait et la plaie était encore ouverte. Ça ne peut donc pas expliquer un infarctus qui se produit en phase de cicatrisation de conflit, et plus précisément lorsque la solution est trouvée à ce qui a généré le conflit. De fait, le message qu’il m’avait laissé  mi-juin indique bien qu’Olivier n’avait toujours pas digéré son exclusion du CSI.  Il y avait probablement  une autre « perte de territoire » qui l’avait affecté durant l’année écoulée et qui s’est symboliquement compensée le 29 juin, jour de sa mort et non le 3 juillet comme je l’ai cru en lisant quelque part  qu’il était décédé la veille de son 67ème anniversaire (4 juillet). Quel était donc le traumatisme originel ? Difficile à dire puisque les pistes explicatives peuvent relever de la sphère intime ou familiale. Chez l’être humain, comme le rappelle cet article du psychothérapeute Baudouin Labrique, la notion de territoire peut en effet concerner tout ce que le sujet ressent comme une possession :  le travail, la famille, la maison, les enfants ou l’épouse, les associations et tout secteur de la vie où l’individu entend garder le contrôle et conserver le pouvoir de décision. Je vous conseille de lire ce dossier jusqu’au bout car il se termine par un extrait bien choisi du livre d’Antonio Bertoli, « Territoires du coeur ». Son auteur était un poète et homme de théâtre italien  qui avait  aussi étudié  la psychanalyse transgénérationnelle  avec Alejandro Jodorowski et la médecine nouvelle avec le  Dr Hamer. Dans ce texte, il explique joliment que l’infarctus survient à la fin du combat, lorsque le vieux cerf peut enfin jeter l’éponge et renoncer à jouer les jeunes mâles dominants.

Ne tirez pas sur le champignon

Quel que soit son territoire perdu,  Olivier est entré en solution de son conflit lors d’une cérémonie chamanique. La semaine dernière, j’avais émis l’hypothèse qu’il y aurait consommé de l’Ayahuasca, un breuvage amazonien qui procure des visions et qui suscite aussi des guérisons psychosomatiques. Selon le Parquet de Paris, cette potion amère n’était pas au menu de la séance mais bien un champignon hallucinogène. De source très fiable, j’ai appris que le médecin lillois voulait consommer ce type de remède afin d’en éprouver ses effets « enthéogènes », c’est-à-dire donnant le sentiment d’une connexion avec le divin. Olivier était en pleine quête spirituelle et il voulait tester ce moyen d’ouvrir sa conscience au monde invisible. Selon ma source, le champignon en question était un psilocybe, ou un autre végétal à chapeau renfermant de la psilocybine. Loin d’être vénéneuse, cette substance psychédélique est dotée de puissantes propriétés thérapeutiques. Elle comporte certains risques mais ses bénéfices curatifs dépassent de loin ses possibles effets secondaires. Elle est notamment efficace pour traiter les addictions, les troubles obsessionnels, les douleurs, l’anxiété et la dépression. C’est pourquoi la médecine, et la neuropsychiatrie en particulier, s’y intéresse de plus en plus comme nous l’avons exposé dans le Néosanté n° 88 d’avril 2019. Aux USA, certains états ont dépénalisé la psilocybine et les recherches sur ses pouvoirs médicinaux sont en plein essor. Pour moi, il est logique d’imaginer que le malaise cardiaque du Dr Soulier soit imputable à un champignon guérisseur puisque les défaillances du cœur surviennent en phase de résolution conflictuelle. Mais ce n’est pas une raison d’appréhender les potions chamaniques ! Selon Dominique Guillet, grand spécialiste du sujet qui a réagi à mon billet, les accidents sont « statistiquement inexistants » et il n’en a lui-même jamais vu ni entendu parler malgré sa longue expérience des psychotropes amazoniens. Je serais vraiment navré que ma lettre  nuise à leur réputation car ces médecines naturelles et ancestrales représentent au contraire l’avenir de l’art médical. Les autorités judiciaires françaises ne sont visiblement pas de cet avis puisqu’elles ont ouvert une enquête pour « homicide involontaire et exercice illégal de la médecine » confiée à la brigade des stupéfiants de la police parisienne. Alors qu’il aura consacré sa vie à défendre des approches alternatives et qu’il aura lui-même été la cible récurrente de l’Ordre des Médecins, le Dr Soulier pourrait ainsi  par sa mort attiser la chasse aux sorcières contre les praticiens d’avant-garde ! Voilà une bien cruelle ironie du sort…

Décoder n’est pas cracher

Pour terminer ce troisième et dernier billet consacré à Olivier, voici trois petits mots destinés aux quelques personnes qui m’ont accusé de « cracher sur sa tombe ». D’abord, c’est vrai que je me suis trompé sur son statut vaccinal et que j’ai pointé les failles de sa personnalité, mais j’ai aussi souligné qu’il était attachant et animé de belles intentions.  Cela fait une trentaine d’années que j’entretenais avec lui des rapports cordiaux  pouvant être qualifiés d’amicaux. Et entre amis, on se parle franchement sans mettre de gants. Son ambivalence, je lui en avais déjà fait  le grief entre quatre yeux ou quatre oreilles.  Ensuite, je n’ai jamais compris que les défunts soient béatement  béatifiés et subitement parés de toutes les vertus  en occultant leurs zones d’ombre. Perso, je n’aimerais pas qu’on me dessine post-mortem une auréole imméritée et que mon éloge funèbre soit prononcé par des thuriféraires aveugles à mes  nombreux défauts.  Enfin, je pourrais vous inonder de témoignages qui me sont parvenus selon lesquels le disparu était un piètre thérapeute dépourvu d’empathie, un partenaire amoureux parfois odieux  ou un animateur de séminaire déplorablement  dénué de pédagogie. Mais comme ces jugements sévères ne sont pas miens et qu’ils n’éclairent pas son décès à la lumière d’un conflit de territoire, je les laisse dans le tiroir. Je reste convaincu que de l’autre côté du miroir, Olivier-le-foudroyé me sait gré d’avoir tenté d’expliquer sa mort sans manier l’encensoir. Quant au reproche d’avoir effectué un « décodage sauvage » de sa dépouille, je rappelle utilement que le Dr Soulier lui-même avait décrypté le parcours de Steve Jobs, fondateur d’Apple, dont il connaissait par cœur la biographie  et dont il pensait avoir élucidé le cancer pancréatique. Puissent les célébrités décédées continuer à inspirer l’analyse psychobiologique de leurs maladies, à dessiller  les vivants sur leur genèse émotionnelle et à ouvrir ainsi la voie à la médecine du sens. C’était le vœu le plus cher de notre cher Olivier.

                                                              Yves RASIR

PS : Je mets en pause pour un mois afin de prendre un peu de repos et de préparer les numéros automnaux du mensuel Néosanté.  Vous retrouverez la lettre hebdomadaire fin août-début septembre.


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