Oui aux insectes, non aux farines

Yves Rasir

Depuis quelques semaines, la sphère complotiste – je veux parler du cercle de moins en moins étroit de gens éveillés et bien informés – est agitée par une nouvelle polémique : l’arrivée des farines d’insectes dans notre alimentation. Le 3 janvier dernier, la Commission Européenne a en effet autorisé l’inclusion de poudre de grillons à toute une série de préparations telles que les pains, les biscuits secs, les pizzas ou les soupes. Depuis lors, c’est le tollé sur les réseaux sociaux et la levée de boucliers contre ce qui est déjà présenté comme un énorme scandale sanitaire en devenir. Vous n’avez pas suivi l’affaire ? Je vous propose de lire cet article de Marc Turenne, de Health Perfect Solutions, qui résume assez bien le dossier et l’émoi qu’il a généré. 

Great Reset alimentaire

Je partage complètement la deuxième partie de son analyse, à savoir qu’il est absurde d’ajouter des insectes broyés à des aliments déjà excessivement transformés. Les consommateurs ne sont pas demandeurs et cette décision ne répond pas non plus à un besoin d’ordre diététique, la plus-value nutritionnelle étant controversée.  Les technocrates de Bruxelles voudraient brouiller les goûts, créer une nouvelle filière pour l’agrobusiness et nous habituer subrepticement à être nourris de cette manière qu’il ne s’y prendraient pas autrement. Sous prétexte de développement durable et de lutte contre le réchauffement climatique, les promoteurs de l’Agenda 2030 visent ouvertement à diminuer la consommation de viande et à forcer le passage des « protéines alternatives » vers nos assiettes. Une fois que les farines d’insectes seront partout et que la viande artificielle sera au point, la caste mondialiste pourra sans scrupules saborder l’agriculture familiale et sonner le glas des élevages traditionnels  « pour le bien de la planète ». Est-ce un hasard si Bill Gates a déjà investi dans la fausse bidoche et si la bière figure dans la liste des aliments « insectisables » alors que le milliardaire vaccinomaniaque vient de prendre une participation dans le géant brassicole Heineken ? Est-ce pure coïncidence si un brevet vient d’être déposé en Chine pour nourrir les insectes d’élevage à l’oxyde de graphène, nanomatériau déjà suspecté d’être présent dans les vaccins, de nombreux médicaments et des tas d’autres produits ? Est-ce leur seul flair financier qui a poussé des investisseurs espagnols à faire bientôt surgir de terre, sur 8 hectares près de Salamanque, la plus grosse ferme à vers de farine du monde ? D’après son site internet, cette firme convoite seulement le marché de l’alimentation animale et pas celui de l’alimentation humaine. Mais ne sera-ce pas l’étape suivante puisqu’elle entend fièrement contribuer à l’avènement d’une « nouvelle ère alimentaire » ? De toute évidence, il y a un plan global visant à ré-initialiser notre façon de manger en ménageant une part croissante aux insectes.

Un aliment traditionnel à réhabiliter

Personnellement, je ne vois là rien de choquant. En soi, je trouve que c’est même un projet de bon aloi. Qu’on le veuille ou non, l’Homme est un omnivore et son système digestif est parfaitement adapté à l’entomophagie. Dans le cadre d’un régime paléo-cétogène, celui qui a les faveurs de Néosanté, la consommation d’insectes serait la bienvenue pour diversifier l’apport en protéines animales au lieu de privilégier bétail et volailles. Et d’ailleurs, deux milliards d’êtres humains le font déjà ! Selon la FAO, il y a  un quart de l’humanité qui ne répugne pas à mettre termites, criquets ou sauterelles à leur menu. Parce que la faim les y contraint ? Non pas :  sur trois continents (Afrique, Asie et Amérique latine) la consommation d’insectes fait partie de la culture culinaire traditionnelle. En Occident aussi, les bestioles n’ont pas toujours été bannies des tables. Les Grecs et les Romains mangeaient des abeilles et des cigales, ainsi que leurs larves. Dans son Histoire Naturelle, Pline l’Ancien raconte que les gros vers du chêne rouvre étaient un mets très recherché à Rome. Le cossus, une espèce de papillon, était également très apprécié des épicuriens antiques.  Dans nos régions, la consommation de chenilles, de vers à soie ou de hannetons est également attestée, mais surtout à des fins médicinales pour ces derniers prescrits sous forme de potage aux convalescents. Dans son livre de souvenirs, l’entomologiste Jean-Henri Fabre rappelle que de délicieuses larves de coléoptères étaient encore servies en brochettes lors des repas de famille au début du XIXème siècle. À la fin de ce même siècle, la société britannique s’est intéressée aux produits de ses colonies et le livre Why not eat Insects ?, du naturaliste anglais Vincent Holt, a eu beaucoup de succès. Parmi les suggestions gastronomiques de cet ouvrage, citons la sole frite à la sauce de cloporte, la fricassée de poulets aux chrysalides ou les phalènes au parmesan. L’habitude de manger des insectes est certes tombée en désuétude mais elle n’a pas totalement disparu puisque les amateurs de certains fromages bleus bien mûrs consomment ipso facto des mites ou des asticots. Et puis, les Occidentaux n’ont-ils pas persévéré en restant friands de crustacés ? Fondamentalement, il n’y a pas de grande différence entre ces arthropodes aquatiques et leurs cousins terrestres à six pattes. Autrefois, l’écrevisse et la langouste étaient d’ailleurs considérés comme des insectes. Perso, je ne vois pas trop pourquoi les amateurs de crabe, de homard ou de crevettes font la moue à l’idée d’avaler d’autres animaux à carapace.

Des phobies peu rationnelles

La peur des parasites et des bactéries ? Cette crainte me semble peu réfléchie puisque la viande et le poisson sont les sources majeures de ce genre de contamination. Selon ce document de la FAO, l’infestation parasitaire se produit également très souvent  en consommant des végétaux frais et des jus de fruits non-pasteurisés. Faudrait-il donc chasser de son régime alimentaire tout ce qui risque de nous refiler des petits vers et autres protozoaires ? Si l’on cédait à cette hantise biophobique, il n’y aurait plus grand-chose dans nos assiettes aseptisées. La peur des réactions allergiques ? Il est vrai que la chitine contenue dans les exosquelettes des insectes peut poser problème aux individus sensibles. Mais cette substance est également présente dans les crustacés. En épluchant les grillons comme les crevettes, le danger anaphylactique serait ramené à proportion anecdotique. Si on évacuait de son alimentation toutes les fibres indigestibles et tous les ingrédients renfermant des allergènes, il ne resterait plus grand-chose non plus dans nos menus. Au demeurant, le chitosan est obtenu à partir de la chitine et ce complément « brûle graisses » ne semble pas nuire à ceux qui veulent mincir en le consommant. La peur des excréments ingérés en même temps que les insectes ? Je ne vois toujours pas de raison de paniquer. Quand on mange du poisson, des crustacés ou des mollusques, on avale aussi fortuitement leurs déjections. Ce qui est nettement plus rationnel, c’est de redouter le caractère industriel de la production et de la consommation voulues par les autorités européo-globalistes. Dans les pays « insectariens », l’insecte est un produit de cueillette ou de petit élevage. Ici, il s’agit de les produire massivement dans de gigantesques usines et de les réduire en farine. Pour nourrir les poules et les cochons, passe encore. Les animaux de basse-cour gagneraient même à recevoir ces protéines de qualité si elles ne peuvent pas picorer. Ce serait bien mieux que de continuer à les gaver au maïs et de perpétuer ainsi le déséquilibre délétère entre acides gras oméga-6 et oméga-3. Pour l’être humain, en revanche, il n’y a rien qui justifie l’industrialisation et le broyage des grillons. C’est au contraire l’assurance de récolter des ennuis car c’est bien plus souvent la production de masse qui est à l’origine des intoxications collectives, et très rarement le petit artisanat. Malheureusement, la qualité artisanale pèse peu face aux multinationales de la malbouffe et à leurs lobbies qui sont chez eux en Eurocratie….

L’aversion est profonde

À la décharge de l’UE, on ne peut pas dire que le citoyen européen ait mordu aux produits artisanaux à base d’insectes, déjà autorisés dans le cadre de la directive « novel food ». Naguère, j’ai connu et promu une petite entreprise bruxelloise qui proposait en magasin bio des grillons séchés qu’elle nourrissait aux fanes de légumes. Je rajoutais les petites bêtes dans mes salades en remplacement d’autres produits animaux et leur saveur croquante plaisait pas mal à mon palais. J’ai aussi soutenu un ami belge qui a tenté de commercialiser des tartinades à base de ténébrions. La recette provenait d’un chef étoilé, c’était vachement bon, mais ça n’a pas marché non plus car la présence des vers s’est heurtée à la répulsion du public. Si vous annoncez que votre produit renferme des insectes, c’est l’échec garanti ! Pourquoi tant de dégoût ?  Dans un livre récent, le chapitre consacré à l’entomophagie en Occident avance plusieurs explications : dans l’imaginaire culturel occidental, l’insecte est associé à un fléau pour ses ravages dans les champs, et assimilé à l’insalubrité en raison des mauvaises conditions de conservation qui les voient apparaître et proliférer. Selon l’auteur, les interdits religieux moyenâgeux régissant l’alimentation ne sont pas non plus étrangers au déclin de l’insectivorisme, bien que la Bible autorise explicitement de consommer certains insectes ailés. N’est-il pas  temps de tourner le dos aux tabous et de surmonter une répugnance fondée sur des croyances ? En toute hypothèse, je ne crois pas que la manœuvre européenne suffira à changer les mentalités. Pour les produits emballés, l’étiquetage sera dissuasif et pour le vrac, les commerçants et les restaurateurs n’oseront pas ne pas annoncer la couleur.  À mon humble avis, la ré-initialisation alimentaire va faire chou blanc et l’agrobusiness va se casser les dents sur l’aversion persistante du consommateur. Pour une écrasante majorité de gens, il est hors de question de croquer un grillon, fût-il pulvérisé et mélangé en quantité minime.

Le vrai scandale sanitaire

Ce qui devrait davantage inquiéter et indigner les lanceurs d’alerte, c’est un autre scandale capital : la disparition des insectes dans les pays industrialisés. Selon certaines estimations, près de 80% des insectes ont disparu en 30 ans sur le territoire européen. Les causes principales de ce désastre écologique sont la destruction des biotopes due à l’agriculture intensive et la pollution par les pesticides. Or que fait-on pour enrayer l’empoisonnement agricole de l’air, de l’eau et des sols ? Finalement fort peu. Les défenseurs de l’environnement ont bien engrangé quelques victoires – la fin des dérogations pour les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, l’interdiction du glyphosate aux particuliers – mais le marché des poisons agrochimiques reste florissant, la chute de la biodiversité s’accentue et les perturbations de son système endocrinien (en bonne partie imputable aux pesticides) menacent carrément la survie de l’être humain. Je ne dis pas que l’arrivée masquée des grillons dans l’alimentation est un non-événement. Avec l’agriculture cellulaire, cette « innovation » a de quoi nous alerter car on sait que les élites transhumanistes nous rêvent en esclaves confinés et obligés de bouffer de la merde sous peine d’être affamés. Il faut lire à ce sujet les écrits de Xochipelli pour garder les yeux bien ouverts. Je pense néanmoins nécessaire de hiérarchiser les combats : l’ennemie à abattre prioritairement est l’industrie biocidaire sous toutes ses formes. C’est la mort des insectes, symptôme d’une réelle crise sanitaire, qui devrait mobiliser les énergies contestataires. Et c’est en mangeant le plus possible biologique que les résistants feraient très utilement et immédiatement œuvre révolutionnaire. Les insectes bio de petit élevage local, je vote pour.

Yves rasir

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