Le Candida n’est ni bon ni mauvais

Il y a trois semaines, dans ma lettre du 31 janvier, je vous invitais à ne pas céder à la psychose envers les mycoses. Et j’ajoutais : ne craignez pas non plus la candidose, c’est-à-dire la colonisation de l’organisme  par des champignons microscopiques  de type Candida albicans. Comme j’aurais dû m’y attendre, j’ai  reçu des volées de bois vert de la part de personnes atteintes de cette maladie et se plaignant que je la minimise. Il est vrai que j’ai tendance à dédramatiser des affections dont, d’après moi,  les autres journaux de santé naturelle exagèrent la prévalence et les dangers, par exemple la maladie de Lyme ou la candidose digestive. Pour autant, je ne nie pas que ces patients manifestent des symptômes et en souffrent dans leur chair, parfois sévèrement. Ce n’est pas manquer d’empathie envers les malades que de critiquer la vision  de leur pathologie par la médecine officielle. Ce n’est pas non plus leur manquer de respect que de mettre en doute la justesse du diagnostic et  la pertinence des prescriptions reçues de la part de praticiens  s’autoproclamant « alternatifs » mais partageant  la même idéologie biophobique que l’allopathie pasteurienne classique. Je peux continuer avant de me faire injurier ? Je peux défendre mon point de vue sans déchaîner les passions ?

Alors,  allons-y franco : tout comme la forme froide de la maladie de Lyme, la candidose chronique est  certainement surdiagnostiquée. À l’instar de la véritable borréliose, l’invasion massive  du tube digestif par la levure Candida est sans doute moins répandue qu’on  ne le prétend. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce diagnostic est  souvent émis en l’absence de vérification objective. Pour être confirmée, une candidose devrait être objectivée par une prise de sang ou un prélèvement d’urine, voire par une analyse de selles. Or de nombreux professionnels de santé, qu’ils soient médecins ou naturothérapeutes, ne prennent même pas la peine d’étayer leur verdict sur ces bases scientifiques. Il est vrai que les tests ne sont pas infaillibles et  qu’un certain nombre de symptômes (fatigue constante, ballonnements fréquents, migraines vespérales, mycoses à répétition, démangeaisons anales…) peuvent alerter sur une éventuelle prolifération candidosique. Mais de quel droit des disciples d’Hippocrate fixent-ils leur jugement sans le confronter à des preuves matérielles ? Pourquoi se contenter du tableau clinique  quand les labos d’analyses biologiques permettent de trancher avec un haut degré de certitude ? Sous la pression de patients en quête d’explications à leur mal-être, moult soignants préfèrent hypocritement écourter l’enquête et désigner un coupable fongique. Attention : je ne leur reproche pas d’interpréter les messages du corps et de se forger une opinion après avoir soigneusement examiné et interrogé leurs patients. Les médecins d’antan étaient capables de déceler le champignon levuriforme sur base d’indices encore plus ténus,  tels que la langue chargée ou l’aspect de la peau. Ce qui me pose question, c’est que ce savoir ancien est aujourd’hui détrôné par la manie moderne d’étiqueter un trouble sur la base de quelques symptômes généraux. Si vous avez plusieurs d’entre eux, ça suffit à vous cataloguer ! Le problème, c’est que ces listes de signes cliniques sont des inventaires à la Prévert. Si vous  manquez de tonus, souffrez de céphalées et digérez difficilement, on peut songer à une multitude de dysfonctionnements autres que la candidose. Mais de nos jours, il est commode et à la mode de clouer les microbes au pilori.

Faisons-nous donc l’avocat de ce diable de Candida. Sachez d’abord, mesdames et messieurs les jurés, que cette variété de levures est naturellement présente chez chacune et chacun d’entre nous. Nous hébergeons toutes et tous ce type de champignon miniature dans notre bouche, nos voies génitales et nos entrailles. Sa fonction est de recycler les débris cellulaires qui encombrent l’organisme,  en particulier les muqueuses. Sa présence intérieure est donc normale, ce n’est pas un agresseur venu de l’extérieur qui entre par effraction dans l’intention de nuire.  Le Candida n’est pas pathogène en soi, il n’est ni bon ni mauvais. C’est seulement le terrain sur lequel il évolue qui mérite ce genre d’épithète. Si ce terrain est en mauvais état, la flore bactérienne ne contrôle plus le développement de la flore mycotique et le déséquilibre intestinal s’installe, avec son cortège de désagréments. Ce qui  rompt la symbiose et abîme le terrain ? On le sait très bien. La sédentarité, le stress, la pilule contraceptive et les autres perturbateurs endocriniens (pesticides, phtalates, bisphénol…) , l’usage de médicaments biocides (antibactériens, antiviraux et …antifongiques),  une alimentation trop riche en glucides et en protéines céréalières qui fragilisent la paroi intestinale.  Rayon solutions, il est particulièrement important d’adopter un régime beaucoup moins sucré. Le Candida albicans raffole du sucre raffiné, qu’il soit candi ou non. Plus une personne en mange, plus le champignon va l’utiliser pour  satisfaire ses propres besoins énergétiques et pour proliférer dans l’intestin. Ce dernier n’ayant plus sa part du festin glucidique, se créent une sensation de manque et une envie décuplée de consommer sucré. C’est un cercle vicieux à briser impérativement pour aller mieux. Un nutritionniste averti vous conseillera également  ce que mon amie Catherine Piette, experte en cuisine saine, appelle les frères « biotiques » se prénommant « pré » et « pro », autrement dit  les fibres bifidogènes des fruits et des légumes et les  compléments ou aliments lactiques  (yaourt, kéfir,  choucroute et autres légumes lacto-fermentés) propices à un microbiote équilibré. Dans ce bref protocole alimentaire, mentionnons aussi que l’ail a la réputation de faire fuir Candida et que l’huile de coco est reconnue pour ses vertus antifongiques. Mais n’oublions surtout pas deux remèdes radicaux à la candidose : le jeûne et l’activité physique. L’efficacité de ces deux méthodes tient à leurs effets bénéfiques sur le transit et la flore microbienne. Des jeûneurs qui traînent une dysbiose ou des sportifs chroniquement constipés, ça n’existe pas ! Le mieux, c’est d’associer ces deux manières de rétablir l’équilibre microbiotique. En cherchant un peu sur le net, vous allez trouver plusieurs centres de santé naturelle qui organisent des cures de revitalisation spéciales « candidose » combinant le jeûne et la randonnée.

Vous aurez remarqué que je ne vous ai pas encore parlé du sens psychobiologique de cette « mal-a-dit ». Normal : c’est typiquement le genre de trouble qui ne nécessite pas, pour être guéri, de remuer le passé et de se creuser la cervelle à la recherche du conflit originel. Pour basculer en guérison, ce que nous appelons « la voie du corps »  peut parfaitement suffire. Trop d’acteurs de la nouvelle médecine psychosomatique négligent  encore l’axe somatopsychique de la santé holistique. Ceci dit, tout ce qui se passe dans le « deuxième cerveau » abdominal n’en est pas moins relié à ce qui se déroule  à l’étage cérébral. Dans le dossier « Microbiote et émotions : les liaisons étroites » que nous publions dans le mensuel  Néosanté de mars, notre journaliste Hugues Belin décrit des travaux de recherche récents qui montrent bien que le fonctionnement du cerveau entérique traduit et trahit des problématiques psychiques. Au départ d’une dysbiose intestinale, il y a souvent afflux de cortisol. Et en amont de cette réaction hormonale, la « cause de la cause » est un stress émotionnel mentalement ingérable. L’air de rien, la gastro-entérologie de pointe est en train de  valider les découvertes empiriques du Dr Hamer. Il n’est donc pas superflu de tenter de décoder une candidose digestive rebelle aux techniques thérapeutiques mentionnées ci-dessus. Plusieurs auteurs s’y sont risqués, et notamment Bernard Tihon dans le Tome 3 de sa trilogie Le Sens des Maux. En substance, notre collaborateur avance l’hypothèse de la blancheur : dans son étymologie comme dans son langage phonétique, la candidose renvoie à la couleur blanche et à ce qu’elle symbolise, la quête de pureté et de virginité. Le sens biologique de cette affection résiderait dans le besoin vital  de résoudre un deuil non fait et de repartir à zéro, d’une page blanche,  comme si de rien n’était. Cela vous laisse songeur ? Rappelez-vous pourtant la double fonction des champignons dans la nature : recycler la matière morte et faire mourir ce qui doit mourir pour le bien de l’écosystème. Quitte à menacer l’individu ? C’est en effet la dure loi de notre monde, où la perpétuation des espèces importe davantage que la survie individuelle. Quand il pullule dangereusement chez un être humain, Candida albicans témoigne clairement  que son immunité, c’est-à-dire le miroir corporel de son identité, est terriblement mal en point. C’est d’ailleurs chez les patients soumis à de puissants traitements immunodépresseurs que la médecine observe les plus graves infestations mycotiques. J’en ai personnellement connu deux : un sidéen avec un long passé de toxicomane et de séropositif traité à l’AZT, et une cancéreuse au stade terminal qui avait subi plusieurs chimios expérimentales très agressives. Chez ces deux personnes, le champignon invasif débordait littéralement en mousse blanchâtre de leur bouche à l’haleine putride. Ce sont des cas extrêmes, mais qui illustrent bien la mission neutre du Candida,  chargé d’ébouer ce qui peut l’être et de trucider par le blanc les noirceurs de l’âme. Si vous lui faites confiance en corrigeant votre terrain déficient et en acceptant en conscience que votre trajectoire de vie ne soit pas immaculée, la pleine santé sera de retour.

Yves Rasir

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