Toxiques métaboliques et toxiques psychiques

Depuis quelques semaines, plusieurs personnes sont venues explorer une problématique rhumatologique assez vague dont les caractéristiques sont les suivantes :

  • Depuis plusieurs années et très progressivement,
  • Apparition de gênes et de douleurs musculaires et/ou articulaires diffuses, entraînant un état d’impotence plus ou moins marqué avec des arrêts de travail réguliers,
  • Parfaitement explorées en médecine spécialisée comme la rhumatologie, la kinésithérapie et l’ostéopathie,
  • Sans bilans biologiques ou radiologiques nettement perturbés,
  • Explorés aussi par d’autres spécialités comme, entre autres, la naturopathie ou l’activité physique ciblée,
  • Sans amélioration clinique nette mais avec toujours un certain degré d’impotence musculaire.

Dans la majeure partie des cas, l’étiquette « c’est psychosomatique puisque aux vues des résultats biologiques, tout est normal et vous n’êtes pas vraiment malade » a été posée.

Premier point positif : il n’existe pas de pathologie grave ou de processus péjoratif.

Premier point plus déstabilisant : tous ces symptômes diffus et vagues ne sont pas regroupés au sein d’une pathologie précise déjà répertoriée en rhumatologie.

Phrases relevées en consultation

  • Quelquefois, je n’arrive même pas à soulever une carafe d’eau ou une casserole remplie.
  • Je ne peux plus bricoler. En une semaine, je n’ai réussi qu’à nettoyer deux vitres de l’appartement de 100 m² que je devais mettre à la location.
  • Je n’ai plus de force alors qu’habituellement je suis assez vaillant pour soulever un meuble ou un sac de ciment.
  • Quelquefois, j’ai tellement mal au dos que je reste cloué à mon fauteuil. J’a    i l’impression d’être un petit vieux alors que je n’ai que soixante-deux ans.
  • Je ne me reconnais plus car je suis incapable de tenir un tournevis alors que je suis un grand bricoleur. 
  • Le spécialiste m’a dit que je n’avais rien du tout alors que je souffre tous les jours de ne rien faire. Moi, qui était un hyperactif physiquement !

Première conclusion : au niveau psychosomatique, le corps parle par l’intermédiaire de l’appareil ostéo-articulaire, musculaire et tendineux puisque les principaux symptômes sont représentés par :

  • une faiblesse musculaire et articulaire d’apparition progressive, sur plusieurs années,
  • une gêne musculaire et articulaire empêchant d’effectuer certains mouvements,
  • cette faiblesse et cette gêne concerne tous les muscles et toutes les articulations, surtout au niveau des mains, des coudes, des épaules et des genoux.
  • Elles entraînent un certain degré d’impotence avec difficultés à effectuer certains gestes de la vie quotidienne (tenir une casserole remplie, se coiffer, se baisser, bricoler, par exemple).
  • L’intensité des signes de déficience musculaire et articulaire est variable d’un individu à un autre et également variable d’un moment ou d’une période à l’autre chez le même individu. Quelquefois, il existe une nette amélioration de la symptomatologie en fonction de certaines circonstances (vacances, éloignement momentané de la maison, par exemple).
  • Tout ceci concoure à cataloguer le malade de fainéant et même de simulateur ou d’imposteur quelquefois !

Raisonnement psychosomatique

Il fait intervenir deux éléments distincts : la thématique générale de l’appareil ostéoarticulaire et musculo-tendineux et la thématique de l’intoxication métabolique.  

  • La thématique générale de l’appareil ostéoarticulaire et musculo-tendineux nous dirige directement vers plusieurs mots-clés :
  • Généralités : incapacité, impotence, impuissance, dévalorisation de soi, manque de performance, impuissance, se sentir diminué, bloqué dans les mouvements et les gestes.
  • Mode d’apparition : CRAM (Conversion Répétitive à Minima), activité conflictuelle de très faible intensité, quotidienne et répétitive. Remplissage de la Jarre Psychosomatique au goutte-à-goutte sur une longue période.
  • Aspect plutôt structurel de base et non pas conjoncturel. L’aspect conjoncturel serait plus en rapport avec un épisode particulièrement plus marquant, toujours sur un fond constant et plus ou moins accentué de phénomène douloureux ou de gêne.

2.     La thématique de l’intoxication métabolique

Chère à la naturopathie, elle décrit un ensemble de réactions chimiques métaboliques, centrées sur la régulation du pH sanguin.

Quels sont les éléments physiologiques
impliqués dans l’équilibre acido-basique ?

Voici les éléments indispensables à mettre en évidence dans ce vaste et très complexe sujet de physiologie générale.

L’eau est indispensable à la vie et représente environ 55 à 65 % de la masse corporelle avec la répartition suivante : 2/3 dans les cellules — liquide intracellulaire —, 1/3 en dehors des cellules — liquide extracellulaire — dont 80% se trouvent entre les cellules et 20% dans le plasma sanguin. Le passage entre ces deux compartiments s’effectue grâce à un processus physiologique appelé osmose, entièrement dépendant de la concentration d’électrolytes qui se dissocient en ion positif/acide et négatif/base. Par exemple, le sel NaCl de l’alimentation se dissocie en  sodium + et en chlorure -. Ainsi les aliments ingérés contiennent en outre,  du potassium +, du calcium -, du magnésium +, du bicarbonate -, phosphate -, pour les plus connus. Ils interviennent tous dans la constitution du pH sanguin, témoin de l’équilibre acido-basique de l’organisme. Il doit toujours être compris entre 7,35 et 7,45. Cette concentration, obligatoirement stable et constante pour le bon déroulement de toutes les réactions biochimiques de l’organisme — homéostasie —, peut être régulée de trois manières, par les systèmes dits tampons — eau et autres , par la respiration et par la régulation des excrétions rénales. 

Régulation avec l’eau
Ainsi, en fonction de leur concentration sanguine et cellulaire, donc en fonction du pH, ils peuvent provoquer un appel d’eau afin de réguler la pression osmotique pour la maintenir constante. En effet, de sérieux problèmes métaboliques peuvent surgir et, dans les cas extrêmes — déshydratation sévères du nourrisson ou provoquée par une diarrhée infectieuse ou toxique —, mener l’organisme vers le coma métabolique et le décès. En d’autres termes plus simples, en fonction des besoins physiologiques, l’eau sert d’élément tampon afin de maintenir la concentration des ions + et -, c’est-à-dire de maintenir le pH sanguin.

Les autres systèmes tampons
Ils transforment les bases et les acides dits forts en bases et en acides dits faibles. Il en existe trois : le système tampon des protéines — hémoglobine et albumine —, de l’acide carbonique-bicarbonate et celui des phosphates. 

La respiration sert à évacuer le gaz carbonique qui, en excès, augmente le pH.

Le rein augmente l’excrétion des ions H+, lorsque le pH augmente.
Dans le thème qui nous intéresse ici, concentrons notre attention sur l’acidité qui tend à faire baisser le pH sanguin. La régulation de cette acidité est notamment confiée aux systèmes tampons qui produisent des métabolites toxiques qu’il faut absolument éliminer de trois manières. Deux d’entre-elles sont très rapidement sollicitées : la respiration et le rein. Par contre, lorsque la production de toxiques métaboliques atteint un certain seuil, ces deux points de sortie ne sont pas assez performants pour les éliminer totalement. Une autre solution métabolique existe : les entreposer quelque part dans l’organisme. C’est ici qu’interviennent les muscles et les articulations. Outre leur fonction physiologique en lien avec le mouvement, ils peuvent accessoirement et momentanément servir de réservoir d’entreposage de ces fameux toxiques métaboliques, entraînant  toute la série de symptômes décrits ci-dessus. Il s’agirait donc d’un véritable encrassage tissulaire plutôt qu’un trouble spécifique de l’appareil ostéoarticulaire, purement rhumatologique et parfaitement étiqueté.

Contrairement à la pure naturopathie qui traite ce type de problématique d’une manière assez bien codifiée, la Psychosomatique Clinique et Humaniste tente d’aller plus loin en mettant en évidence le thème des toxiques réels et surtout des toxiques symboliques qui se convertissent en toxiques métaboliques réels.
 
Les toxiques métaboliques réels sont souvent liés à des fautes d’hygiène alimentaire et physique : alimentation industrielle, mauvaises associations alimentaires, le lait, le gluten, boissons toxiques, riches en sucre ou en composés chimiques, diminution des apports hydriques de bonne qualité ; manque d’exercice physique, sédentarité, etc. Ici, les conseils naturopathiques sont les bienvenus. Par contre, leur source n’est pas uniquement extérieure. Il en existe une, assez remarquable lorsque nous analysons la vie des individus concernés : les toxiques psychiques et émotionnels.

Les toxiques métaboliques symboliques sont représentés par un ensemble de sensations individuelles, centrées autour de l’existence de situations de vie sécrétant un certain degré de toxicité psychique et émotionnelle. Elles seraient à l’origine de la production de toxines métaboliques réelles par le phénomène central de la Psychosomatique Clinique et Humaniste : la Conversion. En d’autres termes, la personne vit de manière continuelle et répétées dans le temps, des situations assez déstabilisantes toxiques psychiquement qui, chacune, serait à l’origine d’une toute petite production de toxiques métaboliques réelle. Vu leur quantité et lorsque les reins et les poumons ne peuvent plus les éliminer, ces toxiques viendraient se déposer au niveau des muscles et des articulations pour y être entreposés en attendant leur élimination, provoquant ainsi l’apparition des symptômes. 

La conduite à tenir fait intervenir deux pôles distincts.

Le pôle toxique métabolique réel avec un traitement de type naturopathique :

  • Conseils au niveau de l’hygiène alimentaire et physique.
  • Prise du pH urinaire sur les urines du matin. Les normes varient entre 6,2 et 6,4. A partir de 6 et en-dessous, il y a de l’acidité urinaire.
  • Prise d’un traitement alcalinisant à base de produits spécifiques, généralement vendus sous forme compléments alimentaires.
  • Boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour.

Le pôle toxique métabolique symbolique s’explore lors de la consultation psychosomatique, centré sur sa mise en évidence et sur les possibilités de traitement. Voici deux exemples où la question centrale suivante a été à l’origine d’une prise de conscience : que pensez-vous des toxiques psychiques dans votre environnement professionnel, familial et affectif et quelles sont-elles à votre avis et à votre ressenti ? Le terme de toxines psychique a bien entendu été développé grâce à quelques synonymes : pollutions mentales diverses et variées, sentiment de soumission avec incapacité de dire non aux agressions venant de l’extérieur, impression de ne pas être écouté ou entendu, de ne pas compter au sein de l’environnement professionnel, amical, familial ou affectif, le tout dans un climat d’impuissance et de dévalorisation.  

Monsieur Du Chien

Il souffre de tels symptômes depuis bientôt deux ans et tous les traitements se sont avérés inefficaces, y compris l’ostéopathie et l’acupuncture. J’ai senti une nette rémission uniquement à deux moments particuliers de ma vie : trois semaines de vacances en Corse avec la traversée du GR 20 et deux semaines de vacances chez mon fils aîné. Les douleurs se sont littéralement volatilisées en très peu de temps. Mais elles se sont réinstallées dès mon retour à la maison.

Je suis ingénieur et jeune retraité car j’ai bénéficié d’un plan de restructuration de mon entreprise et on m’a proposé de partir à 59 ans. J’ai saisi l’occasion d’autant plus que j’avais prévu de m’installer dans notre maison de campagne que je devais retaper de A à Z. Bon plan pour un jeune retraité et grand bricoleur. Mais, très vite, ma femme est devenue assez dépressive même si elle l’était déjà de manière générale. Une seule chose comptait pour elle : ses chiens. Nous en avions trois au début et, petit à petit, elle en a recueilli une vingtaine et je n’osais pas m’y opposer de peur d’aggraver son état mental. Imaginez l’ambiance de la maison : tout tournait autour des chiens et ils occupaient tout l’espace. Il y en avait partout, dans le salon, dans la cuisine, dans la salle de bain, dehors, dans le garage. En bref, j’étais cerné par les chiens. Je vous fais grâce des odeurs, des poils, des aboiements nocturnes et des quantités astronomiques de croquettes et du temps à m’en occuper contre ma propre volonté. Tout cela pour respecter la passion de ma femme.   

En fait, ce monsieur vivait en permanence dans un climat et un environnement toxique, à la fois réel et symbolique. Un premier conseil thérapeutique devenait évident et facile à mettre en place : s’octroyer un espace personnel, son propre territoire. Son pH urinaire était à 5,5. Le traitement à base d’alcalinisation et la préservation de son propre territoire a fait progressivement diminuer son pH urinaire et ses douleurs, sans toutefois le guérir complètement. En effet, ce monsieur qui dit jamais non ne pouvait absolument pas changer les règles canines familiales instaurées par sa femme dépressive et qu’elle utilisait comme de véritables médicaments antidépresseurs.

Monsieur Mécanique

Lui, il se plaint de douleurs musculaires diffuses et de gênes articulaires régulières depuis plus de vingt ans ! Il a été obligé d’arrêter de travailler comme ouvrier agricole à de nombreuses reprises, ce qui est assez rare dans ce milieu. Bien sûr, il a consulté de nombreux médecins spécialistes, avec plusieurs hospitalisations. Quelquefois, il ne pouvait plus bouger mais les examens ne révélaient aucune anomalie significative. Il a même été traité de simulateur pour ne pas aller travailler. J’ai été blessé au plus profond de moi.

Son histoire conflictuelle à l’origine de la sécrétion de grandes quantités de toxines psychiques converties en toxines métaboliques met en avant une problématique familiale avec son frère aîné, centrée sur l’héritage d’un terrain constructible.

A la mort de leur père, ces deux frères héritent d’un grand terrain situé en dehors de leur village natal. Naturellement, ils voulurent le diviser en deux pour construire leur maison respective, contre l’avis de la municipalité qui ne désirait pas étendre les nouvelles implantations de ce côté du village. A force de négociations, ils ont eu droit de ne construire qu’une seule habitation. Ils construisirent officiellement donc une très grande habitation pouvant être occupée par deux familles distinctes grâce au jeu de l’aménagement intérieur. Tout se passa parfaitement bien jusqu’à l’arrivée de la belle-sœur, lorsque le frère aîné se maria. Elle exigea d’abord une séparation plus nette dans la maison même, surtout plus phonique. Ensuite, elle exigea une séparation encore plus nette à l’extérieur et les deux frères ont été obligés de s’entendre pour l’implantation du mur séparateur avec deux entrées distinctes. Elle voulut garder l’entrée principale proche de la route et lui s’est contenté d’une entrée par le jardin à plus de 100 mètres de la maison. 

L’ambiance devenait intenable et finalement, nous nous sommes fâchés mon frère et moi. J’étais obligé de faire tout un détour pour rentrer chez moi et on n’avait pas le droit d’avoir notre propre boîte aux lettres et nos propres poubelles pour être en conformité avec la loi. Cela dure depuis une vingtaine d’années et c’est quotidien !
Son pH urinaire avoisinait les 5,5 !

Extension du thème
des toxiques psychiques/toxiques métaboliques
La fibromyalgie et le surpoids/obésité

La clinique quotidienne m’a permis d’inclure ce thème dans deux autres pathologies : la fibromyalgie et le surpoids et l’obésité. Pourquoi ?

Dans la fibromyalgie, les patients décrivent régulièrement de telles manifestations douloureuses et il serait assez intéressant de leur proposer un test du pH urinaire dans certains cas.

Dans le surpoids et l’obésité à prédominance aqueuse, la neutralisation du pH s’effectue grâce au métabolisme de l’eau. Ainsi, toutes les toxines psychiques peuvent être tamponnées grâce à de grandes quantités d’eau.

Conclusion : pour toutes les personnes concernées, à vos bandelettes réactives !

salomon-sellam

Docteur en médecine depuis 1983, Salomon Sellam  est psychosomaticien, conférencier, formateur en Psychosomatique Clinique et auteur de 25 ouvrages. Parmi ses best-sellers: « Origines et prévention des maladies » (Ed. Quintessence), « Le syndrome du gisant, » « Boulimie-Anorexie », « Le sens caché des désordres amoureux » et l’encyclopédie Bérangel « Lorsque l’esprit influence le corps. » (Ed. Bérangel).
Info : www.salomon-sellam.org

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2 commentaires

  1. merci pour cet article tres interresant.pouvez vous m’expliquer la differrence entre cette pathologie et la fibromyalgie.ca m’a lair d’etre exactement la meme chose

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