Ne vous étonnez pas de recevoir aujourd’hui cette lettre datée de mercredi dernier. Suite à un petit souci technique, nous n’avons pas pu l’envoyer plus tôt. Et ne vous étonnez pas non plus de ne pas retrouver la suite de mes « cartes postales du Portugal ». J’ai préféré réagir à un sujet qui fait la une de l’actualité . Depuis plusieurs semaines, l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola en Afrique s’accompagne en effet d’une fièvre médiatique et d’une mobilisation tonitruante des instances sanitaires internationales qui ne sont pas sans rappeler la grande panique suscitée par le virus A/H1N1 il y a 6 ans. Sauf qu’ici, il ne s’agit pas d’une grippette anodine mais d’une maladie sérieuse aux conséquences potentiellement effroyables. Avec Ebola, on nous recycle carrément la grande terreur des premières années Sida. A rebours de l’affolement général, je pense qu’il y a cependant de bonnes raisons de ne pas s’inquiéter. En voici quatre, dont j’espère qu’elles auront des effets anxiolytiques.
1) Il s’agit d’un virus naturel
Dans son dernier numéro, la revue Néosanté évoquait le « grand péril viral » généré par des manipulations en laboratoire, où certains chercheurs inconscients tentent de fabriquer un supervirus mutant à la fois très contagieux et très dangereux, histoire d’anticiper la riposte vaccinale à un ennemi similaire qui surgirait dans la nature. Avec Ebola, du nom d’une rivière congolaise près de laquelle on l’a repéré la première fois en 1976, rien n’indique qu’on soit en présence d’une chimère échappée d’un labo. Bien sûr, ce scénario de science-fiction a déjà fleuri aux Etats-Unis, comme ce fut déjà le cas avec le HIV et le H1N1. Chez l’Oncle Sam, les amateurs de grands complots ont passé leurs vacances à répandre la rumeur selon laquelle l’épidémie actuelle serait bel et bien l’œuvre d’un virus artificiel, et même que ce serait le prélude à un programme génocidaire mis en œuvre par le « gouvernement mondial » et la clique de Bill Gates pour résoudre la surpopulation. À Néosanté, nous ne mangeons pas de ce pain conspirationniste. Jusqu’à preuve du contraire, le virus Ebola est un membre très banal de la famille des filovirus, dont le réservoir naturel est une variété de chauve-souris africaine. Selon la classification scientifique en usage, ces virus sont rangés parmi les « virus à ARN simple brin à polarité négative », une catégorie identifiée depuis des décennies et qui contient cinq autres familles, dont les virus de la rage. Ebola n’est pas une bombe transgénique à finalité criminelle mais un bout de génome naturel qui, chez les primates et les humains, acquiert parfois une certaine virulence.
2) Ce virus est généralement bénin
Preuve supplémentaire qu’il ne s’agit pas d’une création de l’Homme accidentellement ou intentionnellement relâchée : le virus Ebola est lui-même multiforme et de virulence très variable. Comme nous l’apprend Wikipédia, pas moins de cinq sous-types ont déjà été distingués depuis les années 70. Et il y a parmi eux le virus de Reston, du nom d’une petite ville américaine où il est apparu en 1983. Présent aussi en Chine, sa létalité est quasi nulle chez les humains. Le virus qui sévit depuis quelques mois en Afrique de l’Ouest est le plus agressif, mais son caractère mortel varie également entre 60 et 90%. Les trois autres sous-types se situent entre ces deux extrêmes. Pour expliquer la sévérité très différente des pathologies induites chez l’homme par ces diverses souches, les spécialistes invoquent généralement leurs différences génétiques. Mais certains commencent aussi à s’interroger sur les facteurs environnementaux et sur d’éventuels mécanismes épigénétiques. Bref, Ebola n’est pas un tueur implacable et son pouvoir pathogène est très hétérogène. En Amérique, sa « puissance de feu » est tout simplement égale à zéro.
3) Il n’existe pas de remède ni de vaccin
Ce qui est présenté comme une angoissante absence par les médias est au contraire une bonne nouvelle : jusqu’à présent, personne n’a encore réussi à mettre au point un traitement éprouvé ni à développer un vaccin ayant satisfait aux essais cliniques. Ce qui veut dire que la médecine est très démunie et qu’elle adopte les bonnes vieilles stratégies qui ont fait leurs preuves, à savoir l’isolement des malades et la quarantaine. Si vous lisez notre dossier du mois de septembre (« Vaccins, la grande (dés)illusion »), vous allez peut-être découvrir que la variole a précisément été vaincue par les méthodes d’endiguement et de confinement, et non par le vaccin qui ne marchait pas et faisait pire que bien. On peut se réjouir que l’OMS ait été obligée, pendant des mois, de s’en tenir aux solutions non pharmaceutiques. Ce qui est plus inquiétant (et absolument scandaleux !), c’est qu’elle vient d’autoriser l’envoi de vaccins expérimentaux en Afrique…
4) Tout dépend du terrain
De ce qui précède, on peut - encore une fois - conclure que « le virus n’est rien » en comparaison du terrain. Ebola, comme par hasard, frappe les pays africains longtemps affligés par la guerre et la misère : avant-hier le Congo et l’Angola, hier l’Ouganda et le Soudan, aujourd’hui le Libéria et la Sierra Leone. Et comme par hasard, les décès y sont provoqués par l’atteinte des reins et du foie, deux organes particulièrement vulnérables, selon la médecine nouvelle du Dr Hamer, à ce type de contexte. En Occident, nous l’avons vu, les sous-types en circulation sont parfaitement inoffensifs, à l’exception de la souche dite de Marburg . Dans cette ville Allemande, en 1967, trente-et-une personnes ont été touchées et sept en sont mortes. Mais il s’agissait de laborantins de la firme Behring qui travaillaient à produire des vaccins sur des cellules rénales de singes africains, ce qui est une situation pour le moins éloignée de la vie courante de monsieur et madame Toutlemonde. Jusqu’à présent, sauf erreur de ma part, les quelques Occidentaux contaminés et rapatriés d’Afrique de l’Ouest ont survécu. Et parmi le personnel médical local, il y a aussi des ex-malades guéris. L’un deux, un médecin guinéen, a raconté son expérience au magazine Jeune Afrique : pris en charge par MSF, il s’en est sorti sans séquelles en se contentant de s’hydrater et en prenant des vitamines. Mais il a ajouté un détail à ses yeux primordial (et aux nôtres !) : « J’ai accepté le fait que j’étais positif à la maladie et n’ai pas cédé à la panique ». Exemple à suivre.
Yves Rasir
PS : dans mon journal de ce lundi matin, je découvre une interview du Pr Nathan Clumeck, éminent spécialiste des maladies infectieuses, déclarant que l’épidémie Ebola est une menace planétaire et que l’Humanité doit se mobiliser contre un virus qui veut la détruire. Aux lecteurs que ces propos plongeraient dans l’anxiété, je rappelle que le Pr Clumeck fait partie de ces brillants experts qui nous avaient prédit une épidémie de sida aux conséquences terrifiantes pour l’ensemble du globe, avec des dizaines de millions de morts. Faut-il souligner que ce scénario apocalyptique ne s‘est pas produit et qu’il n’a pas été évité par un vaccin ? Faut-il rappeler que la modeste progression du Sida a déjoué les prédictions pessimistes et que son déclin est aujourd’hui avéré ? Quand elle interroge les prophètes de malheur, la presse serait bien inspirée de les confronter avec leurs précédents pronostics. Avec Ebola, les grands prêtres de la religion pasteurienne essaient à nouveau de nous refiler le mythe du grand méchant virus dont la dangerosité et la contagiosité seraient indépendantes du mode de vie, du contexte socio-économique et du vécu émotionnel des populations. Ne nous laissons-pas encore intoxiquer par les marchands de peur et leurs erreurs !
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