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Néosanté hebdo
mercredi 04 septembre 2013

Honte d’être Belge

portrait de Yves Rasir

Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de réagir à une actualité qui  est assez éloignée du domaine de la santé. Du moins en apparence, car nous sommes en réalité au cœur du sujet !  Cette actualité, c’est l’affaire qui secoue en ce moment notre petit royaume de Belgique : notre ancien Roi Albert II, qui a abdiqué en juillet dernier au profit de son fils Philippe, conteste être le père de Delphine Boël, sa fille naturelle présumée qui a récemment introduit une procédure judiciaire pour obtenir une reconnaissance en paternité. Il nie être son géniteur alors qu’il a entretenu une longue liaison avec la maman,  Sybille de Sélys Longchamps. Il nie  alors que celle-ci affirme urbi et orbi  que Delphine est bien le fruit de cette union adultère, et alors qu’il avait  lui-même assumé à l’époque son statut de vrai papa !  Pendant des années, en effet, il s’est comporté comme le père aimant de cette enfant à qui il rendait visite régulièrement, avec qui il prenait des vacances et à qui il offrait des cadeaux. C’est seulement lorsque le secret de polichinelle a été éventé et que l’existence de Delphine a été rendue publique que l’ex-souverain se serait rétracté et aurait rompu avec elle en lui déclarant qu’elle « n’était plus sa fille ».

« N’était plus » ou « n’était pas » ?  Toute la question est là, que vont devoir trancher les tribunaux en contraignant peut-être Albert II et le père officiel de Delphine, Mr Jacques Boël, à des analyses ADN. Ce qui me révolte dans cette histoire, ce n’est pas  que l’ancien Roi des Belges ait trompé sa femme ni qu’il nie une évidence apparemment aveuglante. Après tout, le précédent d’Yves Montand et Aurore Drossard  indique que la vérité génétique n’est pas forcément celle qui colle aux faits et qui saute aux yeux.  Non, ce qui me peine au plus haut point, c’est l’attitude d’un homme vis-à-vis d’une jeune femme qui a souffert et continue de souffrir. Car, dans les deux cas de figure – être ou ne pas être le père -  la compassion  la plus élémentaire n’est-elle pas bafouée par l’ancien monarque ?  S’il est bien le parent de Delphine, Albert s’est conduit de manière véritablement immonde en lui retirant, non seulement son amour, mais la reconnaissance de son identité.  S’il ne l’est pas,  la moindre des marques de respect envers la fille de son ex-maîtresse serait de lever l’équivoque en se pliant de bonne grâce aux examens médico-légaux.  La plaignante le clame depuis des années : elle n’en peut plus de n’être pas reconnue, elle veut seulement savoir et que cela se sache. De quelle pierre est faite ce cœur royal s’il n’entend pas ce cri de détresse ? Ne ressent-il pas l’enjeu tragique de ce vaudeville grotesque ?  Que l’on retrouve ou non la moitié de ses gènes chez Delphine,  c’est un geste d’humanité qui est demandé à l’ancien amant de Mme de Sélys. 

En fait, le combat de tous les enfants bâtards rejoint totalement le nôtre : dans Néosanté, nous militons  pour que le rôle pathogène des  blessures émotionnelles soit enfin reconnu.  Nous avons notamment parlé de ces recherches montrant que la maltraitance, qu’elle soit physique ou psychologique,  affecte profondément ses victimes et leur parcours de vie. Sans parents protecteurs,  difficile de grandir en santé.   En parlant de psychogénéalogie et de mémoires inconscientes, nous montrons également que les secrets de famille et les traumatismes du passé composent le triste héritage des générations suivantes.  Sans mots, on transmet les maux.   A plusieurs reprises, nous avons aussi souligné que l’élaboration de l’identité était indissociable de la construction de l’immunité, la seconde étant en quelque sorte le reflet biologique d’un développement psychique harmonieux. Sans identité solide, et notamment sans filiation certaine,  bonjour les défaillances immunitaires ! Il nous semble donc important de manifester notre plus chaleureuse sympathie avec Delphine, dont la soif d’être reconnue est à notre avis un besoin vital  et capital pour son équilibre global.

Aujourd’hui, en lisant mon journal, j’avais honte d’être Belge et  j’aurais voulu être Français. Contrairement à Delphine, Mazarine Pingeot a eu le bonheur que François Mitterrand n’ajoute pas le déshonneur à l’infidélité. Et  que dire  de la dignité de  son épouse Danielle, qui avait quasiment adopté la fille adultérine de son mari volage ! Une belle leçon de noblesse républicaine dont tous les aristocrates du monde feraient bien de s’inspirer…

Yves Rasir

 

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Le  numéro 26 (septembre 2013) de  Néosanté,   revue internationale de santé globale.
couverture du numéro 26
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