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Néosanté hebdo
mercredi 05 juin 2013

Les somnifères font dormir…. éternellement

portrait de Yves Rasir

Avaler une petite pilule le soir pour s’endormir, c’est prendre le risque ... de ne  jamais se réveiller. Selon une étude épidémiologique américaine publiée dans le British Medical Journal(1), les consommateurs de somnifères voient en effet leur risque de décès multiplié par quatre, et le risque de développer un cancer de 35 % !

Les chercheurs ont étudié l’évolution de la santé de 10.500 personnes auxquelles on avait prescrit des somnifères pendant deux ans et demi en moyenne entre 2002 et 2007. Ils ont ensuite mis ces données en parallèle avec l’évolution de vie de 23.500 autres Américains n’ayant jamais pris de somnifères au cours de cette période. Non sans, bien sûr, avoir éliminé tous les biais possibles comme l’âge, le poids, le tabagisme ou les antécédents médicaux. Cette comparaison a donc révélé que les utilisateurs de médicaments couramment prescrits (benzodiazépines, barbituriques, antihistaminiques à effet sédatif…) avaient 4 fois plus de risque de mourir précocement par rapports aux autres patients. « Les résultats de notre étude sont clairs. Ils montrent que les somnifères sont dangereux pour la santé et qu’ils peuvent causer la mort en contribuant à la survenue plus fréquente d’un cancer ou de maladies cardiaques notamment » a indiqué le Dr Daniel Kripke, de l’Université Scripps (Californie).

Les critiques ont évidemment fusé : les chercheurs n’ont pas testé la létalité des somnifères en question et ils n’ont fait qu’identifier une corrélation entre l’usage des médicaments et la mortalité des patients.  La question est de savoir s’ils sont morts précocement parce que leur traitement contre l’insomnie augmentait le risque de décès prématuré, ou bien si l’insomnie qu’ils traitaient avec des somnifères n’était qu’un des aspects d’une santé fragile aboutissant à une mort précoce. Après tout, la plupart des maladies chroniques sont associées à des problèmes d’insomnie.  Les médocs pour dormir  seraient donc de faux coupables trop hâtivement cloués au pilori.

Certes, seules des études cliniques ou toxicologiques seront à même de confirmer ou d’infirmer ces données épidémiologiques. Ce n’est pas nous qui allons dire le contraire, puisque nous accordons une importance prépondérante aux facteurs psycho-émotionnels dans la genèse des maladies, et un rôle moindre à leurs cofacteurs extérieurs. Mais justement : en agissant sur le cerveau, ces drogues perturbent très certainement son fonctionnement, et avec lui le fonctionnement global de l’organisme. On sait par exemple que la sédation artificielle empire les problèmes d’apnée. D ‘autre part, l’usage de somnifères consiste à lutter contre un symptôme - l’insomnie - qui est lui-même une solution de survie à une situation de surstress. Dès lors, quoi de moins étonnant si ce type de médicaments quadruple le risque de mort précoce ? Tout porte à croire que cette étude américaine a peu de chances d’être contredite.

Yves Rasir

(1) "Hypnotics' association with mortality or cancer: a matched cohort study", Daniel F Kripke, Robert D Langer ,Lawrence E Kline, BMJ Open 2012;2.

disponible sur www.neosante.eu :
Le  numéro 24 (juin  2013) de  Néosanté,   revue internationale de santé globale.
couverture du numéro 24
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