Les programmes de mort

Il y a quelques mois, un étudiant et deux policières ont péri dans un attentat terroriste commis à Liège, en Belgique. En lisant dans la presse le portrait  des victimes, j’ai été frappé par le parcours des deux agentes de police.  La première avait déjà vécu un drame personnel il y a une dizaine d’années, lorsque le père de ses enfants, un commissaire,  s’était suicidé. Leurs deux filles sont désormais orphelines. La deuxième policière avait également donné naissance à deux enfants, mais l’un des deux était décédé d’un accident de la route il y a tout juste dix ans. Voilà donc deux femmes tragiquement endeuillées à la même époque et qui, une décennie plus tard, perdent à leur tour la vie en croisant le chemin d’un assassin islamiste. Peut-on décemment parler d’une coïncidence, d’un sinistre clin d’œil du hasard ? Personnellement, j’y vois plutôt la présence de ce que le Dr Claude Sabbah, dans son enseignement de biologie totale,  appelait « les programmes de mort ». A l’instar des maladies, les accidents et les événements dramatiques sont en effet « programmés » dans le subconscient. Ils n’arrivent pas fortuitement car ils sont des solutions de survie crées ou attirées par le cerveau, cet ange gardien qui nous habite.

La mort, une solution de survie ?  C’est évidemment absurde mais ça ne l’est qu’en apparence car notre ordinateur cérébral ne se trompe jamais : il y a toujours un sens biologique à mourir à ce moment-là, dans ces circonstances-là. Toute famille pourrait citer le nom d’un aïeul ou d’une aïeule qui est parti(e) juste après l’arrivée d’un petit-enfant ou d’un arrière-petit-enfant, comme si cette assurance de descendance constituait un bon de sortie. Il est dans l’ordre naturel et cyclique des choses que les anciens cèdent la place aux nouvelles générations. Chez l’être humain comme chez les animaux, le clan et l’espèce priment sur les individus. Mais quid des morts prématurées, accidentelles ou criminelles ? Aussi insensées qu’elles paraissent, elles répondent aussi à une logique de vie, sauf que celle-ci se niche dans l’histoire familiale : quand une personne meurt trop jeune, vous pouvez être sûr qu’un de ses ascendants doit la vie à la mort de quelqu’un d’autre. Prenons l’exemple extrême, que j’ai lu quelque part,  d’une femme battue qui tue son mari alors qu’elle est enceinte: quand il viendra au monde, l’enfant aura intégré dans son inconscient qu’il ne serait pas là sans le crime commis par sa mère. Avec les coups sur le ventre, c’était la fausse couche assurée.  Son équation sera donc  MORT = VIE. Et  plus tard, comme par hasard,  un  de ses descendants portant le même prénom va passer toute son existence à flirter avec la mort (drogues, excès de vitesse, sports dangereux…) pour se sentir vivant. Le choix d’un métier risqué, comme celui de policier, peut aussi s’éclairer à la lueur d’un vécu périnatal ou parental ayant programmé l’association funeste entre mort et vie.

Parfois, cette programmation peut prendre une tournure particulièrement impressionnante. Connaissez-vous Kathleen Folbigg, la « femme la plus haïe d’Australie » ?  En 2003, cette mère de famille a été condamnée à 40 ans de prison pour le meurtre de ses quatre enfants. Or la tueuse en série n’en est peut-être pas une : elle va probablement bénéficier d’une révision de son procès au cours duquel des experts médico-légaux de la défense entendent démontrer que les deux premiers enfants sont morts du  syndrome de la mort subite, le troisième d’une crise d’épilepsie et le quatrième d’une myocardite. Quadruple matricide ou pas, Kathleen Folbigg est la fille d’un homme qui avait assassiné sa femme à coups de couteau devant ses yeux. Alors âgée de 2 ans, elle avait été confiée à des parents d’accueil. Que les quatre bébés soient décédés naturellement ou non,  il tombe sous le sens qu’ils seraient toujours de ce monde si leur maman n’avait pas subi un tel traumatisme dans sa propre enfance. Mais si elle est innocente, ça voudrait dire que le « programme de mort » s’est accompli autrement, par maladie interposée.   Inconcevable ? Vous serez peut-être moins sceptique quand vous aurez lu ce qui suit : des chirurgiens américains viennent de rapporter que quatre de leurs patientes ont déclaré un cancer du sein après avoir bénéficié d’une transplantation d’organes… de la même donneuse, laquelle n’était pas  diagnostiquée cancéreuse avant de trépasser. Cette histoire  à peine croyable  a fait l’objet d’un article publié dansl’American Journal of Transplantation que vous pouvez lire (en anglais) en cliquant ici.

Bien sûr, les médecins se sont empressés de fournir une explication purement matérialiste à ce phénomène étrange. Selon eux, la donneuse d’organes était sans doute porteuse de « micrométastases » qui se sont disséminées ensuite chez les receveuses. C’est nouveau, ça vient de sortir ! Après le mythe des cellules cancéreuses nageant dans le sang ou la lymphe pour  transmigrer ailleurs, il y a aurait donc des métastases invisibles échappant aux radars et capables de proliférer à distance de leur lieu d’arrivée. Imaginons un  instant que cette hypothèse ne soit pas un conte à dormir debout : ça voudrait dire que la transplantation est une roulette russe et qu’il faudrait d’urgence mettre un terme aux transfusions sanguines, beaucoup trop dangereuses car potentiellement cancérigènes !  Pour moi, cette étude de cas illustre beaucoup plus certainement la réalité des  mémoires cellulaires et des « programmes de mort » à l’origine de maladies  graves comme le sida ou certains cancers. Avec son foie et ses reins, la donneuse a  transmis des données de son passé gravées épigénétiquement sur son ADN. Et comme les  personnes transplantées sont privées d’immunité par traitement médicamenteux pour supporter la greffe, elles doivent littéralement changer d’identité  (l’identité est à l’esprit ce que l’immunité est au corps) pour espérer survivre à l’opération. Chez une des quatre patientes, il a suffi de retirer l’organe et de restaurer les défenses immunitaires pour que la tumeur mammaire s’évanouisse : n’est-ce pas la preuve que ce cancer du sein n’était pas le sien, que ce n’était pas son programme conflictuel ?

Au lieu de s’inventer de nouvelles menaces microscopiques, la médecine ferait beaucoup mieux de s’intéresser à la psychogénéalogie, cette discipline qui permet précisément de repérer les répétitions transgénérationelles, de soulever des secrets de familles et de désactiver ce qu’Anne Ancelin Schützenberger appelait « la loyauté aux ancêtres ». La psychogénéalogie fait partie intégrante du décodage biologique des maladies, c’est un outil thérapeutique qui permet d’aller plus en profondeur et d’identifier la source familiale des problèmes de santé. Et c’est bien pourquoi nous en parlons souvent dans la revue Néosanté. Bientôt, nous allons commémorer le premier anniversaire de la disparition d’Anne Ancelin en publiant un article retraçant son parcours et ses grandes découvertes. À l’occasion de la réédition de son livre « L’intégration transgénérationnelle », nous irons  aussi à la rencontre de Thierry Gaillard, grand explorateur de ces «  histoires qui hantent le présent ». Dans le numéro d’octobre, c’est le Dr Eduard Van den Bogaert et son épouse Judith que nous avons interviewés : ils ont mis au point une « méthode-minute » qui permet de dessiner rapidement son arbre généalogique et d’en tirer plein d’enseignements, même et surtout si le croquis est mal foutu par manque d’informations. Ce qu’on ne sait pas sur ses aïeux ou ses collatéraux, c’est déjà une info ! Et c’est dans cette zone d’ombre que peuvent roder les programmes de mort qui nous téléguident en se déguisant en destin.

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