LA SCLéROSE EN PLAQUES ou l’insécurité

Le décodage consiste, en principe, à comprendre la logique du symptôme. Je vous propose cette fois de comprendre la logique d’une guérison : peut-être cela nous donnera-t-il une piste supplémentaire pour décoder la sclérose en plaques.

Car depuis plusieurs années, j’observe une étrange histoire : celle de la guérison de Lucas. Il a souffert pendant quarante ans de cette maladie ; puis soudain, il en guérit peu de temps après qu’on lui ait accordé le statut d’handicapé et une pension d’invalidité ; et aussi qu’il soit retourné vivre auprès de sa mère dans l’appartement de son enfance.

Aujourd’hui, l’imagerie médicale démontre que les trajets nerveux concernés se sont totalement ‘remyélinisés’ et Lucas marche presque normalement. Cela dit, son cas est atypique car tout au long de l’histoire, il a souffert d’intenses douleurs neuromusculaires, ce qui est très rare avec cette maladie. Depuis un an, il souffre beaucoup moins, la douleur n’étant ‘plus que’ musculaire.

L’histoire de Lucas

Il est né à Lyon en 1959 ; il est le fils unique de très braves gens ; il fait ses deux premières années de primaire à l’école du quartier ; et puis malheureusement, en 1967, ses parents l’inscrivent dans une autre école tenue par des Jésuites et dont Lucas garde un épouvantable souvenir.

Un événement survient six mois après : il prend un bain avec sa maman ; elle glisse, tombe et se blesse sévèrement au niveau cervical, au point qu’elle souffre encore parfois des séquelles de cette chute. L’enfant se sent responsable alors qu’il n’y est pour rien ; et l’état de santé de sa mère l’insécurise beaucoup.

Les dix-huit mois suivants, Lucas fait une hépatite A et un zona au niveau du cou et des épaules. Puis apparaissent les premiers signes de la SEP, à savoir des douleurs neuromusculaires dans les jambes, qu’à l’époque on met sur le compte de la croissance ; et une fatigue chronique que l’on met sur le compte de son hyperactivité.

Pendant sept ans, il supporte les Jésuites ; il parvient ‘enfin’ à se faire renvoyer pour indiscipline en fin de 3e ; puis il patauge dans ces études ; et à 18 ans, il rencontre une jolie fille. Il lâche ces études quelques semaines après pour aller vadrouiller avec elle dans divers pays d’Europe. C’est pour Lucas une période très heureuse durant laquelle les douleurs et la fatigue s’atténuent très nettement mais sans disparaître complètement.

Trois ans plus tard, un bébé arrive ; mais le couple se sépare deux ans après. S’ensuit deux ans de bataille judiciaire très intense au bout desquels on accorde à Lucas le droit d’avoir sa fille un week-end sur deux et la moitié des vacances. Entretemps, les symptômes sont revenus, plus forts qu’avant ; et surtout peu de temps après la fin de cet épisode judiciaire, il doit consulter pour cause de troubles visuels qu’aucun médecin ne diagnostique comme une poussée de sclérose en plaques ; à moins qu’on n’ait pas voulu le lui dire.

A ce moment de l’histoire, nous sommes en 1984 et Lucas a 25 ans ; il souffre depuis déjà quinze ans sans savoir de quoi et il devra attendre encore quinze ans de plus avant de l’apprendre. Petit à petit, la douleur s’intensifie ; il marche de plus en plus difficilement ; et il est de plus en plus fatigué. Enfin, en 1999, sa maladie est clairement identifiée, presque par hasard ; en 2000, on lui accorde le statut d’handicapé et une pension d’invalidité lui permettant de ne plus travailler ; et en 2001, sa mère lui propose de revenir habiter avec elle pour plus de confort.

Quand je rencontre Lucas peu de temps après, il a 43 ans. Il est au maximum d’intensité de la maladie et le fauteuil roulant n’est plus très loin. Depuis 1999, il a suivi divers traitements sans aucun résultat ; on lui a prescrit des compléments alimentaires et il consulte quelques thérapeutes, entre autres votre serviteur, sans aucun bénéfice à mon avis.

Puis, à partir de 2005, l’imagerie médicale révèle une réparation progressive de la gaine de myéline, tant et si bien qu’en 2007, on peut l’estimer guéri de sa sclérose en plaques. Mais Lucas continue à souffrir et de ce fait, on envisage qu’il puisse aussi avoir une polyarthrite rhumatoïde, ce qui expliquerait pourquoi, depuis quarante ans, il a aussi mal. Après plusieurs années d’investigation, on découvre qu’il n’en est rien, malgré la présence du gène HLA B27.

Enfin, début 2013, on lui propose un traitement de choc : sous analgésique, on lui fait faire de l’exercice physique intensivement pendant deux semaines pour ‘dérouiller’ ses muscles : Lucas en ressortira transformé, physiquement et moralement. Aujourd’hui, il peut marcher plusieurs kilomètres par jour ; et si la douleur est toujours présente, elle l’est tellement moins. Paradoxalement, elle est plus intense s’il ne fait pas d’exercice !

Décodage(s)

La seule chose dans cette histoire dont je sois sûr, autant qu’on puisse l’être, est l’élément déclencheur de la guérison de Lucas : la sécurité. Je suis convaincu qu’elle intervient à partir du moment où il n’a plus eu à se préoccuper de son avenir matériel ; et aussi parce qu’il est à nouveau sous protection maternelle. Ces deux facteurs l’ont profondément apaisé.

Pour le déclencheur de la maladie, je n’ai aucune certitude : la SEP de Lucas est-elle la conséquence d’un classique conflit de dévalorisation et de déplacement vertical suite à la chute de sa mère et à sa culpabilité ? Est-elle due, comme le suggère Olivier Soulier au fait qu’il vit une existence qui n’est pas la sienne à cause des Jésuites ? Ou à un problème de séparation, de peur frontale, de double contrainte et de colère comme le suggère Salomon Sellam ? Ou encore un « mix » de tout cela ?

Ou bien l’origine de la SEP de Lucas est tout simplement le dénominateur commun de toute son histoire : la peur et l’insécurité ; la peur face aux Jésuites ; la peur de la sanction du fait de sa culpabilité après la chute de sa mère ; son insécurité à cause de l’état de santé de sa mère après cet accident ; sa peur face à la Justice ; l’insécurité due à sa mauvaise santé ; etc.

Quant à la bio-logique du symptôme, j’envisage qu’il soit dû au fait que, dans la nature, la meilleure façon d’échapper au prédateur consiste à s’immobiliser pour ne pas être détecté. De plus, dans certains cas, faire le mort peut être salutaire.

Conclusion

Si le décodage est seulement miscible dans la science, sa pratique est un art subtil parfois difficile à maîtriser : c’est en tout cas la conclusion à laquelle je parviens après quinze ans d’expérience.

Laurent Daillie

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