Quand la fièvre n'(y) arrive pas

Yves Rasir

Parmi les réactions à mon billet de la semaine dernière, certaines émanaient de personnes qui ont développé un covid sévère alors qu’elles n’avaient pas pris de médicaments contre la fièvre. D’autres, parfois les mêmes, m’ont raconté que leur température n’avait pas, ou peu grimpé durant leur maladie. Pour répondre à ces témoignages, je vais creuser le sujet en apportant de nouvelles sources d’information et en me permettant de donner trois conseils. Si vous faites une grippe ou toute autre pathologie infectieuse et que la fièvre ne survient pas ou reste trop basse pour agir efficacement, voici ce que je vous suggère de faire :

1) Cherchez le fébrifuge caché

En me confiant son expérience du covid, un lecteur de 71 ans m’a assuré qu’il se soignait naturellement (zinc, quercétine, Vitamine D et C à hautes doses…), qu’il ne prenait jamais de paracétamol ni d’aspirine et qu’il s’était quand même retrouvé à l’hôpital dans un sale état. Je veux bien le croire mais ce monsieur m’a également rapporté qu’il avait consommé de l’ivermectine. Outre sa toxicité pour le foie et le système nerveux, cet antiparasitaire a le gros inconvénient d’avoir des propriétés anti-inflammatoires. À l’instar de l’hydroxychloroquine, l’ivermectine agit en effet contre l’inflammation qui accompagne les infections. Et une partie des bons résultats parfois obtenus avec les deux médicaments découle probablement de cette faculté d’inhiber la production de cytokines inflammatoires. Mais le mieux étant l’ennemi du bien, cela se paie inévitablement par une interférence avec le processus fiévreux, lequel est indissociablement lié à l’inflammation. On l’ignore généralement, mais la fièvre fait effectivement partie intégrante de la réponse inflammatoire. Ces deux manifestations de l’organisme sont en constante interaction et on ne peut pas intervenir sur l’une sans nuire à l’autre. Le système immunitaire est très complexe, la science est encore loin de tout comprendre, mais il est aujourd’hui bien établi que les phénomènes thermiques et cytokiniques sont inextricablement associés dans le mécanisme d’auto-guérison naturelle. La répression artificielle de la fièvre perturbe l’action positive de l’inflammation et, inversement, les anti-inflammatoires de synthèse (stéroïdiens ou non) vont empêcher la température de s’élever spontanément, au risque de court-circuiter l’immunité et de la faire s’emballer. Les relations étroites entre la fièvre et l’inflammation sont au cœur d’un très intéressant document qui a été conçu par l’ostéopathe français Florent Collonge et que ce dernier m’a aimablement transmis la semaine dernière. En parcourant les 13 études scientifiques référencées par ce travail, on ne peut que conclure une chose : ce n’est vraiment pas une bonne idée de prendre des médicaments qui ont des propriétés anti-inflammatoires et qui vont dès lors faire office de fébrifuges. À l’hôpital, mon lecteur a pris soin de jeter les comprimés de paracétamol mais il était sous cortisone et il prenait de l’ivermectine en cachette. Bien que ces deux traitements présentent des avantages notoires, leurs effets antipyrétiques indirects sont à mes yeux rédhibitoires. Les antibiotiques sont également des « saboteurs » de fièvre, de même que les médicaments contre la toux. Si le Dr Alda Cazaux n’avait pas pris d’antitussif, on peut imaginer que sa montée en température aurait moins lambiné et qu’il aurait guéri plus rapidement. Car comme l’écrit Florent Collonge en page 15 de son appel, la fièvre est anti-inflammatoire par nature tandis que la suppression pharmacologique de la fièvre par des anti-inflammatoires aggrave les réactions inflammatoires aiguës qui ne peuvent donc être résolues physiologiquement. En naturopathie traditionnelle, c’est la « paix thérapeutique » – autrement dit l’absence de toute médication- qui est préconisée et c’est à mon avis la voie de la sagesse tant que le pronostic vital n’est pas engagé.

2) Enclenchez le thermostat

En parlant de naturopathie, je vous suggère vivement la lecture de cet autre précieux document. Il s’agit d’une brochure éditée en son temps par l’association Vie & Action, créée et dirigée jusqu’à sa mort par le grand naturopathe André Passebecq. Elle a été rédigée par le Dr Jean de Bonnefon dans le cadre de sa charge professorale à la faculté de Médecine de Bobigny (Paris-Nord). Eh oui, on enseignait encore les médecines naturelles à l’université dans les années 80 ! Dans ce livret, le spécialiste en médecine interne explique très bien que le symptôme fiévreux est le reflet de la vitalité de l’organisme. Plus un individu dispose d’énergie vitale, plus sa fièvre sera forte et efficiente pour surmonter les maladies infectieuses. A contrario, l’absence de fièvre ou une pyrexie faiblarde sont le propre des gens affaiblis par l’âge, les comorbidités et les troubles chroniques. Sur un terrain physiquement et psychiquement sain, la température va rapidement s’élever pour faire son boulot. Chez un être amoindri corporellement et/ou mentalement, la fièvre sera réduite ou même inexistante. C’est pourquoi il convient de l’impulser et de la favoriser chez ceux dont le terrain est dégradé. Comment ? La première chose à faire est de respecter un autre symptôme, que le Dr de Bonnefon appelle asthénie et qui traduit un état de fatigue extrême, voire d’épuisement. Ce signe clinique exige d’observer un repos complet, tant pour le corps et pour l’esprit, en se couchant et en s’abstenant de toute activité.  Tout aussi radicalement, le malade mettra au repos son système digestif en pratiquant le jeûne. Non pas la monodiète ou le jeûne intermittent mais le jeûne complet et prolongé, c’est à-dire l’abstinence alimentaire totale(*).  Placé dans ces conditions  doublement reposantes, l’organisme met en branle l’homéostasie (rétablissement des équilibres), éveille l’autophagie (autodigestion des toxines et tissus abîmés) et évolue naturellement vers la vagotonie, autrement dit vers la phase de réparation et son cortège de symptômes. Parmi ceux-ci, la fièvre sera à accueillir avec le plus d’égards et le plus de reconnaissance car elle procure des bienfaits dont la brochure dresse une liste impressionnante. Pour n’en citer que deux, la fièvre stimule les quatre grands émonctoires (poumons, reins, peau et intestins) et elle favorise l’hyperoxie, c’est-à-dire une meilleure oxygénation tissulaire. Ceci expliquant cela, le processus fiévreux a des effets bénéfiques sur les plans circulatoire et respiratoire, ce qui est quand même essentiel en cas de grippe ou de pneumopathie. S’il n’en parle pas dans son petit livre, je présume que le Dr de Bonnefon aurait également été d’accord de conseiller une respiration lente et apaisée obtenue par la rétention du souffle. Selon ma propre expérience, cette manière de s’oxygéner en profondeur permet  de relancer le thermostat hypothalamique et de convoquer la fièvre, laquelle contribue à son tour à alimenter les cellules en oxygène : le cercle vertueux dans toute sa splendeur ! Le thermomètre reste désespérément bloqué sur 36 ou 37 degrés ?  Ne vous découragez pas : comme en a témoigné Victor Alda-Cazaux, c’est seulement après une bonne semaine que le mercure a décollé et qu’il a vaincu son covid. Patience et expectative sont les meilleures alliées du réchauffement corporel bienfaisant.

3) Chauffez autrement votre corps et votre nez

Et si, malgré tout ça, le front demeure obstinément froid ? Comme l’explique savamment Florent Collonge en citant ses sources scientifiques, la fièvre mobilise les même mécanismes et les mêmes molécules que la « réponse au choc thermique », c’est-à-dire la réaction naturelle du corps humain en cas de coup de chaleur. Si l’hyperthermie fiévreuse enclenche les mêmes processus réparateurs et auto-guérisseurs, ça signifie que la fièvre peut être  « remplacée »   par d’autres systèmes calorifères et que son absence peut-être compensée d’autres façons de réchauffer l’organisme.  Simple postulat ? Non pas : la théorie  a été vérifiée et depuis quelques années, la science médicale est passée aux applications pratiques, notamment dans le traitement de certains cancers. Le technique consiste à chauffer les tumeurs et à susciter ainsi leur régression. Pour ce faire, les oncologues utilisent des rayons lasers, des impulsions magnétiques ou des produits chimiques inducteurs de chaleur. Pour les pathologies infectieuses, pas besoin de recourir à ces moyens modernes et potentiellement dangereux car la  médecine naturelle dispose de deux méthodes plus rudimentaires mais aux vertus néanmoins éprouvées :  le sauna et le bain chaud. Lorsque la fièvre se fait prier et pour faire le job à sa place, rien de tel que de suer dans un sauna ou en sortant de sa baignoire. Puisqu’il n’est guère indiqué de faire de l’exercice physique intensif, ces deux manières de transpirer peuvent avantageusement se substituer à  une  fièvre absente ou trop timide. Comme en football, les remplaçants issu du banc font souvent aussi bien ou mieux que les titulaires. Personnellement, j’ai la chance de posséder une cabine infra-rouge, qui est bien moins chère qu’un sauna classique,  permet de suer en abondance dès 50°C et offre l’avantage supplémentaire de prodiguer cette portion bénéfique du spectre lumineux. Vu que ma fièvre n’est jamais forte, j’y séjourne systématiquement et quotidiennement en cas de refroidissement. Vous n’avez pas accès à un sauna ou vous n’avez pas de baignoire? N’oubliez pas que nos aïeux non plus et qu’ils avaient pour excellente  habitude d’enfouir les malades sous les couvertures, et avec une bouillotte bien chaude pour augmenter encore la température.  Last but not least, je rappelle que la thermothérapie fait merveille dans les infections respiratoires via une autre méthode ancestrale, à savoir l’inhalation. Pour terrasser une grippe carabinée, il est cependant nécessaire de respirer prudemment) des vapeurs brûlantes au moyen d’un appareil adéquat. C’est un traitement précoce purement local mais redoutablement efficace puisqu’une maladie globale de type covid s’amorce indubitablement dans le nez. Dans le cadre d’un protocole « 100% naturel » favorisant ou imitant la fièvre, je ne peux que recommander … chaudement cette voie de retour à la santé.

                                       Yves RASIR

(*)  Le jeûne intermittent peut cependant suffire à se protéger du pire. Dévoilée lors du congrès annuel des cardiologues américains, une nouvelle étude confirme l’efficacité du jeûne intermittent en prévention des covid sévères. Après avoir analysé les données de 464 patients dont 135 avaient jeûné régulièrement avant de contracter la maladie, les chercheurs ont découvert que les jeûneurs avaient un taux d’hospitalisation, de complications et de décès liés à l’insuffisance cardiaque significativement inférieurs à celui des patients qui ne jeûnaient jamais avant l’épisode infectieux.


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