Pourquoi parler bouffe ?

Deux certitudes et une hypothèse nous ont poussés à créer les rubriques
« paléonutrition » et « assiette sauvage ».

Que viennent faire des rubriques consacrées à l’alimentation dans ce « Cahier Ressources » d’une revue centrée sur la « sens des maux » et l’origine psychosomatique des maladies ? A priori, leur présence peut sembler contradictoire. Nombre de praticiens « hamériens », considèrent en effet l’importance du manger sain comme secondaire. Pour eux, hormis carence grave ou pléthore toxique, une alimentation déséquilibrée ne peut suffire à générer une pathologie. Et un retour à l’équilibre ne sera guère utile pour en guérir. Si on leur objecte que maintes études épidémiologiques ont démontré les bénéfices du « régime crétois » , ils vous répondent que la douceur de vivre méditérannéenne et l’absence de stress suffisent amplement à expliquer la bonne santé des habitants de la Crête. Idem à Okinawa où les populations de pêcheurs se la coulent plutôt douce dans un climat peu propice aux conflits..

Du régime crétois…

Cette vision est à nos yeux indéfendable. Chez les adolescents Crétois et parmi les jeunes générations japonaises, on constate que l’adoption d’habitudes alimentaires « modernes » s’accompagne rapidement d’une dégradation sanitaire. Lorsqu’elle émigrent aux Etats-Unis, les femmes asiatiques sont beaucoup plus sujettes au cancer que si elles étaient restées au pays. Sauf à faire preuve de mauvaise foi, ce genre de fait indique clairement que la « malbouffe » occidentale peut être pointée du doigt. Et d’ailleurs, comment en irait-il autrement ? Bien se nourrir, c’est aussi donner à ses neurones ce dont ils ont besoin pour bien fonctionner, et donc pour affronter les chocs psycho-émotionnels de l’existence. En perdant le goût des plantes sauvages, des escargots, du poisson gras ou de l’huile d’olive, les jeunes Crtéois deviennent psychiquement plus vulnérables. L’abondance de légumes, la sauce de soja fermenté et le poisson, encore lui, procurent certainement un avantage cérébral aux centenaires nippons par rapport à leur descendance. Pour se convaincre que l’alimentation influence le cerveau, il suffit de lire l’excellent ouvrage de la nutritionnste belge Véronica Van der Spek (1). A n’en pas douter, une bonne part du bien-être mental réside dans la manière de s’alimenter.

… au régime paléolithique

Mais quel est la meilleure façon de manger pour avoir des méninges en bonne santé ? Bien qu’ils présentent certains avantages, les régimes macrobiotique et végétarien n’ont pas beaucoup d’arguments scientifiques à faire valoir. En terme de preuves, le régime méditérranéen et le regime Okinawa sont beaucoup plus rassasiants. Il y a cependant mieux : le régime paléolithique, appelé aussi « ancestral » ou « originel ». Cet omnivorisme à dominante frugivore et crudivore consiste à manger ce que la nature nous offrait à la préhistoire, lorsque le génome humain s‘est mis en place. Il implique notamment d’éviter les produits laitiers et les céréales à gluten, et bien sûr les produits industriels transformés. En Europe, feu le Dr Jean Seignalet l’avait expérimenté avec succès à l’Université de Montpellier. Et aux Etats-Unis, les chercheurs de l’Ecole de Santé Publique de Harvard en sont les premiers supporters. Notre collaborateur Yves Patte se tient très au courant des derniers développements de la recherche nutritionnelle « paléo ». Dès le mois prochain, c’est lui qui transmettra les infos confortant notre certitude que cette façon de se nourrir est la plus pertinente.

Notre hypothèse

Convaincus qu’une bonne alimentation contribue à la santé et que l’option paléolithique est la meilleure à cet égard, nous formulons également l’hypothèse que le régime ancestral est le complément idéal de la Médecine Nouvelle. Pourquoi ? Parce que cette dernière a montré que les maladies étaient des « mémoires de l’évolution », pour reprendre le titre du livre du Dr Robert Guinée. Et puisqu’elles sont des solutions de survie déclenchée par le cerveau archaïque, il est logique de supposer que les cellules de ce cerveau primitif apprécient grandement d’être nourries « préhistoriquement ». Notre pari est que la palénutrition aide à prévenir et guérir les maladies par une mise en contexte originel, propice à la gestion et à la résolution des conflits psycho-émotionnels.

Une importance relative

Ceci étant dit, ce n’est pas dans Néosanté qu’on va exagérer le rôle du bien manger. Malgré ses connaissances pointues en la matière, David-Servan Schreiber n’a pas réussi à prevenir ni à soigner sa tumeur cérébrale. Le Dr Seignalet, qui qualifiait l’alimentation de « troisième médecine », a été terrassé en quelques mois d’un cancer du pancréas. De nombreux naturopathes ne font pas de vieux os et décèdent de troubles métaboliques. Ce n’est pas non plus sa salade journalière à l’huile dolive qui a empêché le Dr Sabbah de faire un AVC. Bref, l’importance toute relative de la nutrition ne doit pas occulter la causalité conflictuelle des maladies; ni minimiser l’influence d’autres facteurs. C’est pourquoi l’espace dévolu à nos rubriques « alimentaires » sera volontairement ténu.

Yves Rasir

(1) Nutrition et bien être mental ( Editions de Boeck )

Les bons plans de François Couplan

En plus de notre rubrique « palénutrition », nous avons enrichi la revue d’une rubrique « assiette sauvage » (voir page suivante). Chaque mois, le célèbre ethnobotaniste François Couplan nous fera l’amitié d’y présenter un végétal négligé par l’agriculture et que nous serions bien inspirés de prélever dans la nature. La raison de ce choix éditorial est simple : l’Homme du Paléolithique se nourrissait essentiellement de plantes sauvages, dont l’intérêt nutritionnel mérite largement d’être mis en valeur ; On y trouve en effet quantité de vitamines, minéraux, enzymes, protéines et même acides gras précieux pour la santé ! Sauf renversement de tendance, l’assiette du futur renouera avec le passé et sera de plus en plus sauvage. Le seul ennui, c’est que l’ami François privilégie curieusement des préparations culinaires héritées du néolithique (cuissons, céréales, produits laitiers…) et donc peu compatibles avec l’approche paléo. Mais pour Néosanté, il a promis de faire un effort et de présenter des recettes plus « originelles ». Grand bien nous fasse !

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