Gøtzche saves the truth

Oh, my Gøtzche ! Je ne le prends pas pour un dieu, mais j’admire énormément Peter Gøtzche. Ce brillant médecin et chercheur danois aurait pu faire une carrière très lucrative dans l’industrie pharmaceutique, où il a d’ailleurs entamé son parcours professionnel.  Mais il y a renoncé pour travailler à l’hôpital Royal de Copenhague et  devenir le directeur du bureau danois  de la Collaboration Cochrane.  Cette organisation non lucrative, créée en 1993 à l’Université anglaise d’Oxford, est née de la frustration de voir que la plupart des recherches médicales sont de piètre qualité et/ou biaisées dans leurs résultats. Elle a pour but de regrouper des données scientifiquement validées en  conduisant des revues systématiques (méta-analyses) d’études cliniques contrôlées, et ce afin de vérifier si les médicaments et techniques de soin qui arrivent sur le marché  sont réellement aussi sûres et efficaces que le prétendent les firmes pharmaceutiques. Aujourd’hui, cette ONG regroupe plus de  28 000 volontaires dans plus de 100 pays et a déjà publié plus de 5 000 travaux. Elle a gagné un siège à l’Organisation Mondiale de la santé, où elle est un peu le cheval de Troie universitaire au milieu des fonctionnaires et des « experts » à la solde des multinationales. 

Très peu connu dans les pays francophones, Peter Gøtzche n’a pas même droit à sa page en français sur Wikipédia. Et le livre retentissant qu’il a publié en 2012 n’a même pas trouvé d’éditeur dans la langue de Voltaire. Son titre ? « Mammography screening : truth, lies end controversy ».  C’est en effet le chercheur danois qui a mis les pieds dans le plat et qui fut le premier à montrer que l’intérêt de la mammographie était un leurre.  Cette méthode de dépistage ne fait pas  reculer la mortalité globale, et même pas la mortalité par cancer du sein ! Pire, elle augmente l’incidence du cancer,  comme il l’expliquait dans un article de Néosanté en avril 2013. Publié en décembre dernier, notre dossier sur la mammographie  (« Quand le dépistage sème la terreur »), devait également beaucoup aux courageuses investigations et prises de position de Peter Gøtzche.

Mais pourquoi est-ce que je parle de lui ?  Parce qu’il a publié l’année dernière un autre livre-choc  intitulé « Deadly Medicines and organised crime : How Big Pharma has corrupted Healthcare (Médicaments mortels et crime organisé : comment Big Pharma a corrompu les soins de santé).  Dans un premier temps, j’ai cru que je devrais me farcir l’ouvrage en anglais, mais j’ai appris qu’il a finalement trouvé un éditeur  au Québec et que la traduction française devrait également être disponible en Europe et arriver en librairie à la fin du mois d’avril.  Bien sûr,  le mensuel Néosanté vous préviendra de sa sortie et nous espérons même pouvoir publier les meilleures feuilles dans un prochain numéro.

Mais il y a déjà  moyen de garder patience en prenant l’apéro. Grâce à un tweet du  Dr Martin Winckler (alias Marc Zaffran, ce médecin français qui notamment a rué dans les brancards lors du scandale de la pseudo pandémie de grippe A/H1N1),  j’ai appris qu’un autre toubib  français,  le Dr  Jean-Baptiste Leblanc, avait pris l’initiative de traduire des parties du livre et d’en publier des extraits sur son blog.  Vous pouvez les lire en cliquant ici.  Visiblement, Peter  Gøtzche a décidé de frapper un grand coup et de déballer publiquement tout ce qu’il sait  sur la face sombre des médicaments et de leurs marchands,  qu’il assimile ni  plus ni moins à des sociétés maffieuses.  Comme quoi, la rigueur scientifique et l’honnêteté intellectuelle n’obligent pas forcément des pointures de la recherche  à tenir un discours ouaté et policé.  Gøtzche saves the truth, et j’apprécie beaucoup que, tout en occupant des postes en vue,  des mecs aussi couillus rentrent dans le lard de la médecine allopathique chimique et de ses incessants mensonges .  Ce genre de personnages serait encore plus précieux si on les écoutait à temps. Dans une tribune publiée dans le Guardian le 30 avril 2014,  Peter Gøtzche écrivait que  les médicaments psychiatriques, et singulièrement les antidépresseurs,  « font plus de mal que de bien ». Onze mois avant le crash de l’Airbus A320, Il ne pouvait pas deviner à quel point il disait  juste….

Yves Rasir

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