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Néosanté hebdo
mercredi 26 février 2014

portrait de Yves Rasir Beaucoup d’entre vous le savent :  l’alimentation biologique et moi avons vécu une longue histoire d’amour puisque j’ai fondé et dirigé le magazine BioInfo  pendant une douzaine d’années.  L’Idylle se prolonge puisque j’ai encore le privilège  d’y écrire une chronique mensuelle dans l’édition belge. Via la revue Néosanté, je continue aussi à promouvoir  le bio (ou « la bio » pour  les puristes, qui désignent ainsi l’agriculture 100% naturelle) , à informer sur les dangers réels des OGM et à  dénoncer la toxicité avérée des pesticides. Dans le prochain numéro, j’évoque notamment les nouvelles recherches du Professeur Gilles-Eric Séralini (Université de Caen) qui, après avoir démontré l’effet délétère des aliments transgéniques sur l’animal,  vient de  réaliser une étude très alarmiste sur des cellules humaines exposées à trois herbicides, trois fongicides et trois insecticides. Selon les résultats de cette recherche, ces produits biocides seraient des centaines de fois plus toxiques que ce que prétendent les évaluations précédentes !  Même si, à mon avis,  on surestime parfois le rôle des polluants dans l’apparition des maladies,  Il est clair pour moi que la chimie agricole et jardinière représente la principale menace environnementale  et la pire des agressions extérieures pour l’être humain.  Comme le proclame l’association Nature & Progrès, dont je suis membre et sympathisant de longue date, la santé de la terre est indissociable de celle de ses habitants !

Sur la question des pesticides, on peut même me ranger parmi les écologistes les plus radicaux : l’usage de ces poisons devrait être totalement interdit et la culture biologique devrait devenir la norme au lieu de représenter une exception.  C’est pourquoi mon sang n’a fait qu’un tour lorsque j’ai reçu, comme la plupart d’entre vous sans doute, cette information ahurissante : le viticulteur  bio Emmanuel Giboulot est traîné en justice pour avoir refusé de traiter sa vigne avec un dangereux pesticide !  Il est passé avant-hier devant le tribunal correctionnel de Dijon et le jugement sera rendu le 7 avril : il risque une lourde amende  et peut-être même une peine de prison s’il persiste dans son refus de répandre ce polluant chimique extrêmement nuisible pour les abeilles.  Si vous n’êtes pas au courant de cette affaire, je vous invite à cliquer ici pour en connaître les tenants et aboutissants et pour  vous relier au vaste mouvement de solidarité initié par l’Institut  pour la Protection de la Santé Naturelle (IPSN). Ce dernier a notamment lancé une campagne de pétitions qui a recueilli  à ce jour 500.000 signatures ! Il faut continuer à signer pour soutenir Emmanuel Giboulot et pour faire comprendre aux juges dijonnais que leur décision  sera  cruciale et capitale !

J’exagère à peine : si le viticulteur était condamné,  ça signifie que l’agriculture biologique toute entière serait désavouée et mise et en péril. Cela voudrait dire que son cahier des charges ne vaudrait plus grand chose puisque le pouvoir judiciaire pourrait, sur requête de l’Etat ou d’une autorité administrative quelconque, exiger qu’il soit violé. A quoi servent en effet des règles librement acceptées par les acteurs du bio si la puissance publique peut se permettre de les annuler purement et simplement ?  Comme l’écrit Augustin de Livois, directeur de l’IPSN,  il y aurait aussi des dégâts collatéraux en cas de condamnation : elle découragerait  la bonne volonté de paysans tentés par l’approche biologique et amplifierait le découragement de ceux qui l’ont développée jusqu’ici. 

Pour ma part, je vais encore un cran plus loin dans l’indignation : si les méthodes chimiques peuvent être imposées,  ça signifie que nous sommes entrés dans une dictature biocidaire !  Certes, on ne peut pas parler de régime politique dictatorial.  En l’occurrence,  l’injonction faite à Mr Giboulot  de polluer n’est pas contraire à la constitution française et  la justice ne transgresserait pas la loi en punissant le viticulteur.  Mais l’exemple de la révolution en Ukraine vient encore de nous montrer la grande différence qui sépare la légalité de la légitimité :  lorsqu’un gouvernement  s’isole complètement du peuple et qu’il sacrifie les aspirations d’une majorité pour des intérêts très minoritaires, on ne peut plus le qualifier de démocratique. En somme-nous là chez nous ? Je pense que oui :  l’élan de sympathie envers Emmanuel Giboulot témoigne que l’opinion  est massivement favorable au bio et qu’elle  en a assez  de l’autoritarisme antibiologique.  Les citoyens en ont plus que marre que le monde tourne selon Monsanto et que les élus soient à la botte des multinationales empoisonneuses.  Demain, il ne faudra pas s’étonner que les barricades se dressent et  que juges, fonctionnaires et politiciens  collaborant à la « dictature biocidaire » soient pris à partie par une population excédée.  Personnellement,  j’approuverais tous les actes de résistance non-violente destinés à défendre farouchement  la liberté de respecter la vie.  A mes yeux, celle-ci n’est pas négociable.

Yves Rasir

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Le  numéro 31 (février 2014) de Néosanté, revue internationale de santé globale.
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