LES MALADIES INFECTIEUSES DE l’ENFANT.

« Il faut 75 maladies pour faire l’immunité d’un enfant » me disait naguère un vieux médecin de famille peu enclin à recourir aux médicaments. Aujourd’hui, ce praticien serait sans doute étonné de voir autant de jeunes parents tellement préoccupés par la santé de leur petites têtes blondes, tellement inquiets et même parfois totalement paniqués à la moindre alerte infectieuse. Car dans sa grande sagesse, le brave docteur avait compris que les maladies infantiles avaient toutes leur utilité. C’est en forgeant son immunité que le petit d’homme jette également les bases de sa personnalité.

Un parcours initiatique

Au départ, l’enfant qui vient de naître est vierge de toute connaissance. Il va rencontrer le monde pour forger son immunité et cela se fera par le contact avec les antigènes, ces molécules différentes de lui, le « non soi » qui permet par réaction de définir le « soi ». Dans ce parcours, et à chaque fois que ces rencontres seront un peu difficiles, l’enfant fera une petite infection. Ce sera le plus souvent une maladie de la région O.R.L., rhume, rhino, otite, pharyngite, angine. Ce sont essentiellement ces régions qui sont chargées de rencontrer l’extérieur et ce sont logiquement elles qui seront mises à contribution par ces maladies de découverte et de constitution du soi. Parents, essayez donc de vivre ces épisodes avec sérénité et d’aider les enfants à accomplir leur mission sans traitements intempestifs, même si cela doit occasionner quelques petits problèmes d’organisation et de garde.

Les maladies obligatoires

Si les affections de la sphère O.R.L jouent un rôle dans l’acquisition de connaissances générales, d’autres maladies infantiles ont un rôle spécifique et interviennent à des étapes cruciales du développement de l’enfant . Elles semblent tellement indispensables à son évolution qu’on n’hésitera pas à les qualifier de « maladies obligatoires ».

-La rougeole est la maladie principale de l’autonomisation, celle qui permet de prendre la maîtrise de sa connaissance du monde. Petit, l’enfant est dans les bras de sa mère. Elle bouge, il bouge avec elle et par elle. Sa maman est « médiatrice » de toutes ses découvertes et de toutes ses relations au monde. Quand il commence à marcher et à explorer seul le monde, il apprend à se faire par lui-même une idée de la vie. La rougeole l’aide à prendre son autonomie dans ce nouvel état de perception. Il commence à voir le monde « par ses propres moyens » et non plus « comme on lui a présenté ». La rougeole s’accompagne souvent d’un grand bond en avant sur le plan de la maturité émotionnelle. Avec les mêmes symptômes atténués, la roséole et la 5e maladie sont des « repassages » de la rougeole. Comme si l’accès à l’autonomie méritait d’être vécu plusieurs fois pour être totalement accompli.

– La varicelle sert à dépasser les flux et les reflux émotionnels . C’est la maladie des « Jean qui rit et Jean qui pleure » que sont les tout petits. C’est un apprentissage qui permet d’acquérir des processus de réaction aux situations et de constituer toute une gamme de réponses émotionnelles. La « récompense » de la varicelle est donc une plus grande souplesse d’adaptation. Mais il arrive qu’une émotion particulière ne puisse être gérée et digérée. Il y a blocage et enkystement. Cela se transforme en une croyance (c’est-à-dire en attitude mentale compensatoire pour pouvoir accepter la vie avec cette difficulté) qui gouverne alors une partie de nos réactions. Mais au fond de nous, l’émotion persiste, comme un lieu de douleur indicible. Elle pourra un jour resurgir dans une maladie qui utilise le même microbe que la varicelle, le zona. En cas de zona, il faut en effet se demander : « quelle est cette émotion très ancienne que je n’ai jamais pu affronter ni évacuer et qui remonte ainsi à l’occasion d’un stress important, même parfois 50 ans plus tard ? » . La médecine sait depuis toujours qu’un zona doit faire rechercher une maladie plus grave, laquelle sera étroitement liée à cette vieille émotion non réglée.

– La coqueluche renvoie à la problématique de « l’amour qui sauve de la mort ». La vie est vécue par les enfants comme une succession de nouveautés et à ce titre comme une source de nombreux dangers. Face à la crainte de mourir, l’enfant sait bien que seul l’amour peut le sauver. Heureusement, il sait qu’il a l’amour de ses parents. Enfin, il devrait le savoir et l’avoir. Parfois, il n’en bénéficie pas ou ne le ressent pas assez. Pour survivre, il lui faut alors attirer l’attention sur lui. Sa devise devient « être la coqueluche » (attirer l’amour qui permet d’exister) ou « avoir la coqueluche ». La solution de cette maladie, c’est évidemment de se sentir aimé.

La rubéole véhicule un sens très différent. C’est la maladie qui aide à se libérer et à libérer son entourage d’une trop grande possession souffrante. Quand une petite fille joue à la poupée, celle-ci peut être totalement son objet, le lieu de projection qui doit être absolument conforme à ce qu’elle veut. Sa poupée est aussi son instrument de compensation sur lequel elle va déverser ses tristesses, ses peurs et ses colères. Le jouet va porter ses espoirs, ses souffrances et ses attentes. Pendant la grossesse et durant la petite enfance, un enfant a besoin d’être totalement accepté pour lui-même. Sans désir de possession et sans besoin de compensation étouffant. La rubéole permet précisément de passer de la vision de l’enfant-objet à une vision de l’enfant-sujet : accueilli comme ils est. Lorsqu’elle survient chez la femme pendant la grossesse, la maladie pourrait traduire une situation de possessivité pathologique, qui empêche gravement l’autre d’exister et l’handicape de nombreuses malformations. Vécue par l’enfant, la rubéole est une manière d’apprendre que « nos enfants ne sont pas nos enfants mais l’appel de la vie à elle-même » Que nous ne possédons ni leur corps ni leur devenir. Nous sommes juste là pour les porter vers la vie avec amour.

Encore une fois, la vie nous montre son génie en mettant à notre disposition les outils nécessaires à notre croissance et à notre accomplissement. Il nous reste juste à accueillir.

Dr Olivier Soulier

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