LE TABAGISME

D’un point de vue symbolique, quand nous fumons, nous mettons du feu dans nos poumons. L’air dans les poumons nous parle, entre autres, de la vie et de la mort.

Le feu comme représenté du masculin

Fumer traduit ici un besoin de sentir l’homme dans notre vie et près de nous. Le besoin de le rapprocher de nous. C’est donc l’expression d’un drame lié à un manque de papa, au manque créé par le vide qu’un homme a laissé dans notre vie ou dans celle d’un membre de notre famille. Fumer peut également exprimer un besoin de sentir en nous le masculin. L’énergie pour pouvoir agir, protéger ou pour oser vivre et faire ce que nous souhaitons (Attention : le masculin est une énergie que nous avons tous en nous, elle n’est donc pas réservée aux seuls hommes). Fumer met ici en évidence une insatisfaction dans une partie de notre vie associée à une difficulté à la dépasser. Pour une femme, cela peut aussi traduire son désir et son besoin d’être traitée à l’égal d’un homme.
Dans le cas où le père est absent, la mère peut être amenée à prendre toutes les places pour compenser ce vide : on peut alors y associer le sentiment d’une mère beaucoup trop présente dans notre vie. La cigarette exprime donc à ce moment le désir d’être nourri par papa, le désir d’être en contact avec papa.
Dans notre généalogie ou dans notre vie : qui a manqué de père ? Qui a vu un homme partir sans revenir ? Quelle femme a eu le sentiment d’être moins considérée qu’un frère ou qu’un homme ?

Le feu comme transposé de la violence

Fumer traduit ici la sensation d’être acculé. Il est le transposé de la difficulté que nous pouvons éprouver à sortir d’une impasse ou d’une situation difficile. La cigarette peut, de cette manière, cacher une peur de l’autre avec un besoin inconscient de se protéger de lui. En rejetant la fumée, nous sommes alors dans la position du taureau qui souffle de l’air pour intimider et éloigner l’autre afin d’assurer sa sécurité et de marquer son territoire.
La cigarette et sa fumée marquent alors la barrière entre nous et le monde. Cette barrière qui nous permet de nous cacher et de rapprocher le masculin en nous pour avoir la force d’intimider et d’éloigner ceux qui nous font peur ou ce qui nous enferme. C’est comme si fumer venait inconsciemment nous donner la force et le courage de sortir d’une situation compliquée et d’avancer.

Le feu comme transposé de la joie

Fumer devient la solution à un manque de joie de vivre, à un manque de joie dans tout ou partie de notre vie. Au pire, cela peut même renvoyer à un désespoir profond.
Une autre manière de l’exprimer pourrait être : « Je veux plus de passion dans ma vie ».
Dans notre généalogie ou dans notre vie : Qui a été empêché de réaliser sa passion ? Qui s’est senti freiné dans son désir de vivre sa joie ? Qui cherchons-nous inconsciemment à sortir du désespoir ?

Le feu comme transposé de l’amour

Dans cette vision, fumer revient à vouloir mettre ou remettre de l’amour dans sa vie :
« Je veux allumer ou rallumer la flamme dans ma vie de couple »
« Je veux maintenir la flamme allumée dans mon couple »
Dans notre famille ou dans notre vie : Qui en a manqué ? Qui a vu s’éteindre l’amour dans son couple ou dans sa vie ? Qui a peur de perdre son amour ? Qui est resté en couple, alors qu’il n’aimait plus l’autre ? Qui n’a pas réussi à vivre l’amour ?

Le feu et l’air

Quand nous fumons, nous mélangeons inconsciemment le feu et l’air, qui sont les deux transposés du masculin (l’eau et la terre étant ceux du féminin). En médecine chinoise, ces deux éléments sont chacun liés à une émotion. Les gens qui fument mettent donc inconsciemment en lien l’amour et la tristesse. C’est alors comme si nous étions porteurs de la croyance que l’amour devait se vivre dans les larmes.
Dans notre famille ou dans notre vie : Qui n’a pas pu faire le deuil d’un amour ? Qui a pleuré la perte prématurée d’une personne aimée ? (Enfant ? Amour ? Parents ?)

Guerres et conflits

En observant ces conflits, nous pouvons comprendre pourquoi autant de gens fument, et pourquoi la cigarette a connu un tel essor depuis le début du siècle dernier et la fin du siècle précédent. Les conflits ou les mémoires liés à la cigarette sont partagés par de nombreuses personnes dans de nombreux pays.
Il est intéressant de voir que c’est d’abord chez les soldats que « fumer » à commencer à être une habitude (notamment après les guerres napoléoniennes et celles du second Empire). C’est-à-dire chez ceux qui étaient placés dans des impasses, des situations désespérées et qui devaient se battre et avoir du courage pour se tirer d’affaire.
Par la suite, la cigarette s’est démocratisée, notamment à partir de la Première Guerre mondiale. Les femmes ont commencé à fumer et les hommes fumaient de plus en plus.
La particularité des deux guerres mondiales a été l’apparition des gaz et surtout le très grand nombre de morts. Ce qui a entraîné les conflits mentionnés plus haut : perte d’un amour, homme absent et ne pouvant plus revenir, les larmes versées sur des amours morts, des manques d’hommes, des impasses, des situations désespérées, un besoin de courage et de force pour repousser l’autre.

Tabagisme féminin

Au travers des conflits de la cigarette, l’apparition de la cigarette chez la femme peut également trouver une explication. Fumer peut d’abord être vu comme une solution au désespoir de ne pas voir revenir les hommes, les pères, les frères qu’elles aimaient. Mais ces deux guerres ont surtout transformé la vie des femmes de l’époque : elles commencent à travailler, et à être considérées comme des éléments déterminant de l’effort de guerre. C’est la libération de la femme. Fumer exprime :
« Je dois réussir à sentir l’énergie masculine en moi pour pouvoir me protéger, intimider l’autre et réaliser mes désirs »
En rapprochant et en inhalant le « masculin », fumer devient la solution pour affronter et marquer son territoire face à l’homme. De cette manière, la cigarette est l’exacte expression du désir de la femme d’être considéré comme l’égal de l’homme.
Nous pouvons alors comprendre pourquoi tabagisme et féminisme vont avoir une expansion commune. La cigarette devenant même une des marques de l’émancipation de la femme au cours du siècle dernier.

Thibault Fortuner

[fortuner]

Partagez Néosanté !

3 commentaires

  1. Ces indications sont très parlant. Est ce que de trouver des réponses a ces multiples possibilités (le cotée masculin apportée et les amours en deuil, en manque, en larmes++) suffisent pour en finir de fumer? Surtout qui n’a pas au moins un de ces problématiques tout près? Donc pour arrêter sa dépendance tabagique la dessus me semble difficile. ET! Je lis jamais sur la déstructuration temporelle suite a l’arrêt de cigarette. très souvent Fumer structure une journée, d’arrêter peut enlever toute notion de temp et de cadre a un nouveau « ex »fumeur. Comment comprendre et gérer ça?

  2. si je peux me permettre d’ajouter un élément à ce décodage déjà très complet, je rajouterais une dimension sociale qui apparaît en filigrane dans les deux dernières interprétation :
    Cigarette vecteur de liberté
    – Amalgame : Les GI de la « libération » sur nos côtes normandes distribuaient à qui le désirait des cigarettes, créant un outil symbolique du rêve américain. Et par là même le mécanisme qui est en jeu dans l’allergie. Les blessures du passé cicatrisent doucement.
    – Confrontation : La cigarette est aussi un signe d’individualisation de l’adolescent pour se détacher de la bienséance (ce qu’il faut faire et l’interdit) qui se referme parfois dans une reproduction d’un comportement parental auto-justifiant.
    – La « pause cigarette » : est encore de nos jours une opportunité de faire un break de 5 minutes autorisé dans l’activité (que l’on parle de travail ou d’interaction sociale). Dans quelle mesure cette pause légale individuelle n’a-t-elle pas également une influence dans l’émancipation de la femme, justifiant un retour sur soi ?

    Dans l’époque à laquelle nous appartenons, la lutte institutionnalisée contre le tabac (si salutaire et hypocrite puisse-t-elle être) va malheureusement dans la direction contre la liberté et l’indépendance de tout en chacun. Les réflexes anciens puisent dans nos représentés symboliques. Nous arrivons au filtre mais il reste encore un effort à faire pour en finir avec ce loisir délétère.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire