Et si la maladie nous améliorait ? 

Yves Rasir

Heureusement qu’il y en a qui suivent ! La semaine dernière, j’ai raconté une grosse bêtise et il y a un lecteur  attentif qui a pris la peine de vérifier mes dires et  m’a signalé mon erreur.  Dans ma lettre sur la dépression, j’évoquais les recherches de deux psychologues américains et de leur découverte majeure selon laquelle les ex-dépressifs ayant surmonté leur maladie affichaient des scores de bien-être mirobolants. En fait, j’ai mal traduit le texte anglais et j’ai confondu les paramètres de mesure avec les résultats. Il n’y a en réalité que 10% des anciens malades qui disent se sentir plus heureux que 75% des non-malades.  C’est déjà pas mal, mais c’est évidemment très en deçà de ce que j’ai cru puisque 90% des dépressifs guéris ne vont pas mieux qu’avant de tomber en dépression. En d’autres termes, la pathologie dépressive n’apporte aucune valeur ajoutée car seulement un dixième de ceux qui en sortent  bénéficient postérieurement de son effet “boostant”.  Autrement dit encore,  le passage par la case “idées noires”  n’augmente pas les chances de revoir la vie en rose, contrairement à ce que j’avais hâtivement déduit. Je plaide coupable pour cette “fake news” mais j’invoque des circonstances atténuantes: à ce stade de ma vie personnelle et professionnelle, j’ai acquis la ferme conviction que la plupart des maladies, sinon la totalité, donnent un avantage à ceux qui en guérissent. Les pertes de santé ne seraient pas seulement comblées par la guérison, mais celle-ci offrirait des points de bonification. À condition de les surmonter, les dysfonctionnements du corps et de l’esprit seraient des opportunités de mieux fonctionner par la suite. Plus qu’un retour à l’équilibre, le rétablissement d’un malade signerait donc l’amélioration de sa santé.
 
Cette vision résolument positive m’est inspirée en partie par le phénomène de l’hormèse, que je ne dois plus vous expliquer en détail. Pour rappel, il s’agit de la faculté des organismes vivants à s’adapter et à se renforcer lorsqu’ils sont soumis à des contraintes. C’est par exemple le mécanisme de bio-résistance qui voit les bactéries déjouer les antibiotiques, ou le développement des muscles entrainé par les micro-déchirures que s’infligent les haltérophiles. Or une maladie n’est-elle pas hormétique par définition ? C’est très clairement le cas des maladies  infectieuses infantiles, dont le Dr Olivier Soulier souligne volontiers qu’elles font évoluer l’enfant sur le plan psychique comme sur le plan immunitaire. Une rougeole dans l’enfance immunise à vie tandis que le vaccin protège imparfaitement. Si l’on y regardait de près, je suis sûr que beaucoup  d’autres affections se révéleraient « antifragilisantes » pour ses bénéficiaires. Mais ce qui nourrit surtout ma conception optimiste de la maladie, c’est bien sûr la médecine nouvelle du Dr Hamer,  et singulièrement sa « 3èmeloi » éclairant la logique des symptômes. Pour mémoire, le médecin allemand a découvert que toute maladie se déroulait en deux phases, celle de conflit actif et celle de conflit résolu, et que la deuxième consiste à réparer méthodiquement ce qui s’est abîmé durant la première.  Cette réparation répond à son tour à deux cas de figure : soit elle restaure les tissus nécrosés, soit elle démonte les tumeurs ou leurs équivalents. Dans les troubles fonctionnels, c’est pareil, sauf que la guérison consiste à réduire ce qui est « hyper » (hyperthyroïdie, hypertension..) par de l’ « hypo », et inversement.  Malheureusement, la nature fait parfois trop bien les choses : pour certains tissus embryonnaires, la prolifération cellulaire réparatrice est dite « luxuriante », c’est-à-dire qu’elle excède les besoins de l’organisme. Exemple-type : le tissu osseux qui, au terme de sa réparation, sera plus volumineux et calcifié qu’avant sa dégradation. L’os ressoudé sera plus solide mais l’excroissance pourra s’avérer gênante. Que nous apprend ce phénomène de guérison « exagérée » ?  Pour moi, c’est la  preuve évidente que le programme de maladie activé par l’ordinateur cérébral n’est nullement un « malware » : c’est au contraire un logiciel destiné à mieux résister aux attaques, à gagner en robustesse en vue d’éventuels conflits ultérieurs . 
 
Ce point de vue est conforté par mes antécédents médicaux personnels.  Ces dernières années, j’ai souffert de capsulite rétractile aux deux épaules, d’une « triade malheureuse » au genou droit et d’une phlébite à la jambe gauche. Or j’ai le très net sentiment que mes épaules gelées ont gagné en mobilité, que mon genou est plus stable qu’avant (alors que je n’ai plus de ligaments croisés !) et que ma circulation veineuse s’est améliorée, voire que mon sang est devenu plus fluide. Sur un terrain de foot, j’ai même l’impression bizarre d’être devenu plus performant.  En revanche, les otites de ma prime enfance, qui m’ont valu deux tympanoplasties à l’adolescence, se traduisent aujourd’hui  par une perte d’audition des deux oreilles qui me transforment progressivement en malentendant. La différence ? Comme vous l’aurez remarqué lorsque je vous ai raconté mes accidents de santé récents, je ne les ai pas soignés par les méthodes allopathiques. En lieu et place des remèdes « anti » (anti-inflammatoires, antipyrétiques, antidouleurs…), j’ai laissé faire la nature en lui donnant seulement de petits coups de pouce (argile, kinésithérapie, gainage musculaire,…). Par contre, à l’époque,  mes infections auriculaires ont été combattues à grand renfort de produits antibiotiques, puis par interventions chirurgicales. Cette expérience contrastée me renforce dans l’idée qu’une maladie guérie bonifie son porteur à condition que ses symptômes ne soient pas artificiellement réprimés. Qu’une pathologie, quelle qu’elle soit, apporte un supplément de force  à l’organe ou au système impacté  si et seulement sion la laisse naturellement suivre son cours. S’agissant de la dépression, je n’ai pas de vécu personnel pour appuyer mon argumentation mais je formule l’hypothèse qu’elle peut aussi améliorer la vie de ses victimes guéries pour autant  que celles-ci ne recourent pas aux médicaments antidépresseurs. Il serait donc intéressant de voir comment les 10% de rescapés se déclarant plus heureux maintenant ont affronté leur mal-être dépressif.  N’ont-ils pas troqué les molécules chimiques pour des approches naturelles telles que la phytothérapie, l’exercice physique,  la méditation de pleine conscience, la psychothérapie, l’alimentation et la complémentation ?  Les enquêtes des deux psys américains sont muettes sur ce point et c’est vraiment dommage. Si ça se trouve, mon compte-rendu erroné de leurs travaux n’était pas éloigné de la vérité et il y a bien un bénéfice mental à traverser une dépression dans le respect de son déroulement biphasique

Partagez Néosanté !

3 commentaires

  1. Bonsoir Yves.

    Depuis de nombreuses années j’ai appris à être à l’écoute de mon corps et à interpréter son langage. À rectifier, chercher, trouver le sens de ce qui m’arrive. C’est difficile parfois mais passionnant.
    Un chemin de vie qui me fait sujet à part entière de ma vie.

    Je suis pleine de gratitude envers vous, Yves, et tant d’autres.

    Marie-Thérèse, 76 an.s

  2. Bonjour M.Razir,

    En réponse à votre dernière infolettre dont je viens de terminer la lecture, je viens vous donner mon témoignage.
    Après de nombreuses difficultés dans l’enfance (je ne vais pas rentrer dans les détails) et des études brillantes mais malencontreuses, qui ne me convenaient pas (bac + 5, en physique), je suis entrée dans le monde du travail, par la petite porte (un petit boulot à mi-temps de documentaliste scientifique, pour utiliser tout de même mes diplômes), alors que la voie royale aurait été la recherche en laboratoire. Comme vous le voyez, je suis une « ratée », au sens habituel du terme. N’ayant plus les petits buts trompeurs (les examens) qui me permettaient de continuer ma vie cahin caha, j’ai eu l’impression en commençant à travailler de tomber dans un gigantesque trou noir. Devant moi, il n’y avait rien, pas d’avenir, pas de désirs… (bien entendu, j’étais déjà mal en point avant, mais j’arrivais à me le cacher). Diagnostic : « nervous breakdown » + anorexie mentale (descendue à 32 kg), avec une belle ordonnance de merveilles chimiques (je me rappelle qu’il y avait entre autres du Tranxène qui sévit encore je crois). Soignée à l’homéopathie depuis l’âge de 8 ans, pour cause d’abandon de la part de la médecine officielle qui ne pouvait rien pour mes nombreuses maladies, je n’ai rien voulu prendre de tout cela à part un somnifère pendant quelques jours car je ne dormais plus qu’une heure par nuit en moyenne. Vite arrêté car il faisait empirer les choses.
    L’anorexie a duré 5 ans, suivie d’une autre longue période de boulimie (puis en allant mieux, des épisodes hyperphagie, puis orthorexie, etc.). Conjointement, j’ai aussi développé des TOC (des mégas, pas des broutilles), de très nombreuses phobies, mais finalement, je suis sortie de tout cela grandie, sans prendre d’autres médicaments que de l’homéopathie et je ne regrette rien. Je suis même heureuse d’avoir traversé tout cela et j’ai envie de dire que je suis « entrée en dépression » comme on entre « en religion » (au sens élargi de « relier » : j’ai cassé le puzzle monté de travers pour commencer à le reconstruire).
    La dépression est venue parce qu’il n’était tout simplement plus possible de continuer à vivre comme je le faisais. Il y a eu beaucoup de prises de conscience au cours de ce parcours qui m’ont permis de revisiter des événements destructeurs, beaucoup de rencontres avec des personnes bienveillantes, des livres, le dessin spontané (excellent conseil d’une psy qui a refusé de s’occuper de moi car elle pensait que la parole ne m’était pas accessible à ce moment-là car trop mentale). Etc.
    Je suis en ce moment la formation internet du Dr Soulier que j’apprécie depuis plusieurs années et je suis tout à fait d’accord avec lui sur le rôle bénéfique des maladies dans nos vies, lorsque nous n’avons pas été capables de débroussailler nos problématiques en amont.
    Avec mes meilleures pensées

    Camille Deveaux

  3. Bonjour Yves,
    je me retrouve tout à fait dans votre analyse.
    j’ai vécu une dépression et j’ai toujours refusé les antidépresseurs par peur des effets secondaires.
    Je me suis tournée vers la psychothérapie et je suis transformée! La vie est par essence changement, mouvement. M’installant dans la routine, étant complètement contrôlée par mes peurs, j’ai tout simplement nié la vie ..Avant de la retrouver !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire