En hiver, pensez cure solaire

Yves Rasir

Occupé à préparer la revue Néosanté du mois de février, je découvre l’article rédigé par notre consultant-naturopathe Jean-Brice Thivent pour sa rubrique « Avantage Nature ». Son thème ? L’héliothérapie, autrement dit la méthode thérapeutique consistant à prendre d’authentiques bains de soleil. Si vous pensez que ce sujet est complètement hors-saison, détrompez-vous car la cure de rayons solaires est particulièrement indiquée du mois de décembre au mois de mars. C’est d’ailleurs durant la saison froide que les médecins hygiénistes, dès le 19ème siècle, préconisaient de s’exposer un maximum à l’astre bienfaisant. L’un d’entre eux, le Dr Auguste Rollier, avait même fondé en Suisse une clinique essentiellement consacrée à l’héliothérapie. Quand ils ne randonnaient pas à ski quasiment nus, les curistes faisaient de la gym ou des activités manuelles en tenue légère sur le vaste balcon de l’établissement. À l’époque, les sanatoriums ne se concevaient pas sans un solarium permettant de se baigner de soleil au moindre rai hivernal. On y envoyait les tuberculeux et les rachitiques se refaire une santé qu’on ne savait pas encore liée à la synthèse de la vitamine D. Plus tard, les blessés de guerre et les malades convalescents se verront prescrire des séjours à la Côte d’Azur, paradis sanitaire avant de devenir enfer touristique. Dans la lignée d’Hippocrate, qui recommandait déjà au V ème siècle avant notre ère « d’insoler le dos, siège des nerfs », les pionniers de la naturopathie française tiraient également profit du généreux soleil du Midi pour soigner leurs patients.

Les temps ont bien changé. Aujourd’hui, en montagne, on risque peu de croiser des skieurs dévalant les pistes en très simple appareil. La carence grave en vitamine D est devenue rare et personne n’a vraiment besoin de ce traitement de choc. Il est même fortement déconseillé de s’exposer au soleil en altitude parce que le rayonnement ultra-violet, moins filtré par l’atmosphère, y est plus intense et que la neige réfléchit très efficacement les UV. Sur la poudreuse, la réverbération peut atteindre 90% contre seulement 10% sur le sable et 20% pour la mer. Mais pourquoi se priver d’un petit bain de soleil sur le balcon du chalet ou une terrasse ? Les sportifs hivernaux qui se dépouillent de leurs doudounes et salopettes pour exposer prudemment leurs bras, voire les jambes et le torse, ont bien raison de refaire un plein vitaminique. C’est un privilège car dans l’hémisphère Nord, loin des cimes, le soleil hivernal n’est guère prodigue en UV bienfaiteurs. Notre bonne étoile est trop inclinée par rapport à la terre et ses rayons obliques ne permettent pas, ou trop peu, à la peau de sécréter la précieuse vitamine. Mais ce n’est pas une raison pour bouder la balnéothérapie solaire ! Dans son article, Jean-Brice Thivent rappelle en effet que la lumière solaire se compose aussi, à l’autre bout du spectre, des rayons infra-rouges. Dans l’énergie lumineuse qui parvient au sol, il y a même 10 fois plus d’infra-rouges que d’ultra-violets. Or les premiers ne présentent pas de danger et ne sont pas non plus avares de vertus ! Ce sont de puissants vasodilatateurs qui favorisent grandement les échanges cellulaires et les réparations tissulaires. Ils sont aussi connus pour leur pouvoir leucocytaire (accroissement des globules blancs), leur action antalgique et leur faculté à augmenter l’élasticité du collagène. Bref, les IR sont des remèdes de choix pour tous les troubles ostéo-musculaires et ligamentaires. Pas pour rien que de nombreux spas et centres de thalasso éclairent leurs salles de relaxation aux infra-rouges et que les « cabines infra-rouges » y ont parfois remplacé les saunas finlandais traditionnels. On y sue déjà à 40° et cet effet détox vient s’ajouter aux multiples avantages du rouge invisible.

Invisible mais pas imperceptible. Comme tout le monde, vous avez sans doute remarqué que le froid est bien plus supportable au soleil. Même s’il gèle à pierre fendre, vous pouvez facilement rester à l’extérieur dans un lieu ensoleillé. Quand le ciel est gris, vous grelottez même si la température est largement supérieure. Ce n’est pas une impression ni un effet placebo, c’est dû au fait que la chaleur solaire est rayonnante, c’est-à-dire qu’elle se diffuse tous azimuts et qu’elle pénètre les êtres et les objets qu’elle rencontre. Si on dit qu’il réchauffe le cœur, c’est surtout parce que le soleil réchauffe le corps avec un rendement énergétique inégalable. C’est pourquoi il est possible de prendre des bains de soleil même en plein hiver. Depuis sa plus tendre enfance, Jean-Brice a l’habitude de s’exposer torse nu quand le temps s’y prête, même en cas de froid polaire. Comment fait-il ? Très simple : il se met dans un endroit abrité du vent et où un mur blanc fait face au soleil, ce qui n’est pas trop difficile à trouver en Alsace. Ce solarium improvisé peut « fonctionner » avec seulement quelques degrés au dessus de zéro. Si le mercure descend plus bas, c’est en faisant son jogging qu’il enlève le haut, une fois qu’il est bien échauffé. Dans son article, il confie que cette pratique vivifiante lui procure de surcroît un vif plaisir, renforçant ainsi les bénéfices psychologiques de l’héliothérapie hivernale. C’est un outil naturel de santé qu’il recommande, on s’en doute, très chaleureusement. Ici, je m’aperçois que je vous ai amplement dévoilé le contenu de sa chronique de février. Mais sachez qu’il s’agit d’une série d’articles et qu’en mars et avril, notre consultant-naturopathe expliquera comment pleinement tirer parti du soleil et de ses UV au printemps, et comment l’amadouer en été sans subir ses inconvénients. En attendant, n’attendez pas la fin de l’hiver pour entamer votre cure solaire : c’est bien la bonne saison pour le faire !

Yves Rasir

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