Editorial n°84

Quand on me parle d’un remède naturel « miracle » aux propriétés tellement fantastiques qu’il mérite le titre de panacée, mon premier réflexe est de me méfier et d’aller voir quand et comment l’inventeur ou le découvreur dudit remède est mort. Lorsque je vois qu’il est décédé relativement jeune d’une maladie que son produit était censé combattre, je ne me fatigue pas trop à vérifier la crédibilité de la méthode. Je me souviens avoir fait pareil quand, dans le milieu des médecines alternatives, on a commencé à vanter les « incroyables vertus » de la vitamine C. Et je me souviens de mon étonnement en découvrant que l’auteur de cette affirmation n’était autre que Linus Pauling, Prix Nobel de Chimie en 1954 et considéré comme un des plus grands savants de tous les temps. Le fait que ce brillant scientifique se soit guéri d’une maladie des reins potentiellement mortelle et le fait qu’il soit décédé, en 1994, à l’âge vénérable de 93 ans, n’ont fait qu’aiguiser ma curiosité envers ses assertions. Après son décès, j’ai suivi de loin les travaux et les publications du Dr Matthias Rath, un médecin allemand qui a travaillé avec Pauling dans le domaine de la recherche nutritionnelle et qui n’a de cesse, lui aussi, de louanger la vitamine C. Mais je dois bien avouer que mon intérêt à l’égard de l’acide ascorbique est retombé à mesure que je me familiarisais avec la médecine nouvelle du Dr Hamer : si les maladies provenaient très majoritairement de conflits psycho-émotionnels, je ne voyais pas trop ce qu’un micronutriment aussi banal pouvait apporter sur le plan thérapeutique.

Sauf que, précisément, la vitamine C n’est pas une molécule insignifiante : elle est même essentielle puisque l’Homme ne la fabrique pas lui-même et qu’il doit la trouver dans sa nourriture, sous peine de succomber au terrible scorbut. Les carences graves sont devenues rares, mais serions-nous tous « subcarencés », comme le disent les médecins pratiquant la médecine orthomoléculaire ? C’est une des questions que j’ai demandé à Hughes Belin d’éclaircir dans son dossier consacré à la vitamine C (lire page 6 et suivantes). Hughes est un journaliste pointilleux et consciencieux qui a mis des mois pour récolter des informations fiables et éplucher de nombreuses études avant de rédiger son article. Il n’est pas non plus du genre à céder aux boniments et à dépenser inutilement pour sa santé. Or il est à présent tellement convaincu des bienfaits de la vitamine C qu’il a commencé à se supplémenter ! Au cours de son enquête, notre collaborateur a pourtant trouvé que certaines vertus prêtées à la substance n’ont jamais été démontrées par la science, notamment ses effets préventifs sur le rhume. Mais il a pris également conscience que son action présumée contre le cancer n’était pas dénuée de fondement. Ce qui m’a passionné dans ce remarquable dossier, c’est que la vitamine C ne semble pas agir contre les tumeurs en se contentant « bêtement » de tuer les cellules cancéreuses. C’est aussi – et peut-être surtout – en agissant sur l’immunité et en imprégnant le cerveau qu’elle contribuerait puissamment à enrayer les processus tumoraux. Certains chercheurs disent qu’elle « nettoie » les neurones et fait le ménage dans les synapses. Voilà qui apporte une sacrée quantité d’eau au moulin du Dr Alain Scohy (lire interview page 28), qui est à la fois un vibrant avocat de la vitaminothérapie et un pionnier de la médecine psychosomatique hamérienne. Aujourd’hui, le médecin radié et récemment revenu d’exil n’est plus seul à recommander chaudement des hautes doses de vitamine C aux personnes souffrant de cancer. C’est aussi le cas du Dr Julien Drouin, qui en a fait un des piliers de son protocole de soins complémentaires. Le problème, c’est que cette thérapie alternative donne son plein potentiel sous forme injectable, en intraveineuse. Or en France comme en Belgique, les disciples d’Hippocrate ne sont pas autorisés à l’administrer de cette façon. C’est en partie pour s’en être plaint que le Dr Drouin a été poursuivi par l’Ordre des Médecins et qu’il a été contraint d’en démissionner. Il a lancé une pétition réclamant le droit de donner et recevoir ce traitement, laquelle ne recueille malheureusement que peu de succès. Aux patients de se montrer impatients et d’exiger la liberté pour la vitamine C !

Personnellement, je n’en prends plus du tout. Je l’ai fait durant une période mais comme je n’observais rien de particulier après interruption des prises quotidiennes d’acérola en poudre, j’ai préféré arrêter complètement. Je suis persuadé que ma manière de m’alimenter (beaucoup de fruits et légumes biologiques consommés crus ou cuits à basse température) suffit à combler mes besoins journaliers. Je ne me sens pas vraiment concerné par le « retour du scorbut » signalé et confirmé dans plusieurs pays industrialisés parmi les couches de population se nourrissant très mal. Je suis peut-être un « subcarencé » qui s’ignore mais je tiens absolument à ne consommer aucun médicament ou complément alimentaire dont je deviendrais dépendant. Ma conviction est que la pleine santé peut se passer de gélules et de comprimés ! En revanche, je serais le premier à me doper à la vitamine C si je tombais gravement malade et surtout si je contractais le cancer. Synthétisé ou obtenu naturellement, l’acide ascorbique ne présente aucun danger tandis que les bénéfices curatifs des mégadoses semblent sérieusement se vérifier. Est-ce parce qu’il est bon marché et non brevetable que ce remède continue à déranger ?

Yves RASIR

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