Éditorial n°79

L’évangile épigénétique

Jusqu’à ces dernières années, la science postulait que nous étions programmés par notre patrimoine génétique. Or, à la lumière de recherches récentes, les scientifiques sont en train de revoir cette théorie. La nouvelle révolution en biologie, appelée épigénétique, montre que notre comportement quotidien et notre environnement personnel vont inhiber ou activer nos gènes, et donc que nous sommes beaucoup plus libres que nous ne le pensions. Au lieu d’être un système d’exploitation obligatoire, l’ADN est un logiciel que nous pouvons ouvrir ou fermer facultativement. La nourriture que nous mangeons, l’exercice physique que nous pratiquons, la vie sociale et amoureuse que nous menons, la façon dont nous gérons le stress et les émotions, bref notre style de vie est bien plus déterminant que les molécules d’acide désoxyribonucléique reçues de nos parents. C’est une excellente nouvelle car cela signifie que nous sommes bien plus responsables de notre santé et de sa détérioration que nous ne l’imaginions au siècle précédent. L’épigénome, autrement dit la somme des influences exercées sur le génome, prime largement sur ce dernier. Si vous lisez Néosanté depuis plusieurs années, cette révélation n’est pas neuve : le mot « épigénétique » apparaît régulièrement dans nos pages et nous avons consacré un dossier à cette « nouvelle science » dès le mois d’octobre 2013 (Néosanté n° 27). Si nous y revenons aujourd’hui, c’est parce que l’écrivain scientifique Joël de Rosnay vient de lui consacrer un très bon ouvrage de vulgarisation intitulé « La symphonie du vivant ». (Lire page 6 et suivantes)

Par une métaphore judicieuse, l’auteur de ce best-seller explique que l’être humain est comme un chef d’orchestre dont l’ensemble musical (les différents organes du corps) exécute certes une partition, mais dont les notes (les gènes) peuvent générer autant d’harmonie que de cacophonie : tout dépendra du maestro et de son talent à diriger ! Pour prendre une autre image, l’épigénétique est à la génétique ce que la cuisine est à l’écriture d’un livre de recettes : libre au lecteur de sauter ou de marquer des pages, à lui de composer ses menus et de doser les saveurs. Ancien champion de France de surf, Joël de Rosnay continue à défier les vagues tous les jours du haut de ses 81 ans, montrant ainsi que le sport peut intimer aux gènes l’ordre de ralentir le vieillissement cellulaire et d’éloigner la maladie. Moyennant quelques autres « trucs » (la méditation, une alimentation de qualité, le jeûne et la frugalité..), il incarne la preuve que la manière de vivre module puissamment l’expression des données innées. Bien sûr, un chat ne donne pas des chiens. Le plan de départ et les matériaux vont conditionner la solidité ou la fragilité du bâtiment construit. Des tas de maladies ont une composante héréditaire qui fait peur, d’où le succès croissant des tests ADN. Toutefois, l’épigénétique est porteuse d’une deuxième très bonne nouvelle qu’on appelle « l’hérédité des caractères acquis ». Pour faire court, ça veut dire que le biologiste Jean-Baptiste de Lamarck avait raison contre Darwin et que les modifications du phénotype (l’ensemble des traits observables d’un organisme) peuvent bel et bien se transmettre d’une génération à l’autre. Par exemple, des études ont montré que des souris stressées en laboratoire avaient une descendance plus anxieuse, et ce jusqu’à la troisième génération. Cette découverte fondamentale prouve que les expériences fortes vécues par nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents peuvent fortement influencer notre existence et celle de notre progéniture, même si les caractères acquis ne sont pas directement mutagènes. La psychogénéalogie et l’analyse transgénérationnelle trouvent ainsi la pleine confirmation de leur validité. C’est un autre coup fatal porté à la fatalité et cela ouvre des perspectives de prévention et de guérison insoupçonnées. Plutôt que de mutiler les gens ou de bricoler leurs gènes, on va pouvoir les aider à assumer leur héritage familial sans se condamner à la somatisation. L’émotionnel et le relationnel devraient être au cœur de la médecine de demain.

Dommage que Joël de Rosnay ne perçoive pas cette nécessité et qu’il reste englué dans le matérialisme médical. S’il dénonce à juste titre l’épitoxicité de polluants bien identifiés (tabac, alcool, métaux lourds, pesticides…) , il ne relève que peu l’impact pathologique des traumas existentiels et de leurs ressentis conflictuels. A fortiori, il ne voit pas dans les « thérapies de l’âme » une voie d’avenir vers la bonification de l’épigénome. Il fait l’éloge de la pensée positive et de diverses approches « corps/esprit » (yoga, qi gong, taï-chi…) mais il demeure aveugle à la psychogenèse des maladies, à leur sens biologique et au rôle central du cerveau primitif. Dans son bouquin, aucune mention de Georg Groddeck, Henri Laborit ou Ryke Geerd Hamer. Ces trois pionniers ne sont pourtant pas des passages obligés pour accéder à la psychobiologie. C’est dans la littérature scientifique actuelle que le Dr Julien Drouin a trouvé les informations forgeant sa conviction que le cancer est causé par la répression des émotions et qu’il est guérissable par leur libération. Dans le livre qu’il vient de publier (lire interview page 12), ce médecin français récemment radié relate les avancées épigénétiques en leur attribuant une valeur autrement plus révolutionnaire que ne le fait de Rosnay. Faut-il vous préciser nos affinités ?

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