Editorial n°122

Après la guerre au virus, la guerre aux vils Russes. A priori, la seconde n’a rien à voir avec la première. Entre la pandémie et le conflit en Ukraine, pas de comparaison et de rapprochement possibles. Les deux événements ne sont pas liés et seuls les conspirationnistes forcenés peuvent soupçonner une relation cachée. Sans verser dans la théorie du complot, il est pourtant patent qu’on a affaire à deux récits similaires, à deux narrations étrangement ressemblantes. Dans les deux cas, par exemple, la tragédie était attendue, préparée, voire espérée par le camp occidental et ses agences de renseignement. À l’instar de Bill Gates prophétisant un cataclysme coronaviral, Joe Biden a annoncé l’invasion en ne se trompant que de quelques jours sur sa date de déclenchement. Et que dire du parallélisme alarmiste, de la surenchère catastrophiste ? Dès le début des hostilités militaires, les dirigeants et les médias occidentaux ont rivalisé de discours anxiogènes comme ils l’ont fait au commencement de la crise sanitaire. À en croire ces marchands de terreur, ce n’était pas seulement une guerre en Europe mais aussi une « guerre contre l’Europe » qu’intentait la Russie. C’est tout juste si nos Churchill d’opérette ne nous ont pas promis du sang, de la sueur et des larmes. 

 

Ils ont encore fait pire : ils ont réussi à trouver des pseudo-spécialistes accréditant le scénario d’attaques chimiques ou nucléaires. Même si tout indique que Vladimir Poutine va se contenter de désarmer proprement l’Ukraine et de nettoyer ce pays de ses fanatiques nazis, les experts qu’on voit sur les plateaux télé n’ont de cesse de nous effrayer en imaginant des monstruosités très improbables. Pour la grippe covid aussi, ce sont les télétoubibs les plus pessimistes qui avaient tout loisir de répandre leurs fantasmes apocalyptiques. Dans la crise ukrainienne, certains de leurs homologues géopolitologues suivis par les politiciens ont prédit un exode massif jetant sur les routes des millions de réfugiés. Rien qu’en Belgique, on prévoyait fin février l’arrivée imminente de 200.000 migrants fuyant les bombardements. Or, que s’est-il passé ? Il y en a eu dix fois moins qui ont demandé l’asile dans notre plat pays. Il y a eu un afflux début mars mais le flot s’est rapidement tari. Dans mon village, la paroisse a fait appel à la solidarité et a fait rouvrir d’urgence l’ancien presbytère pour y accueillir quelques familles. On m’a demandé d’aider à monter des lits et je n’ai évidemment pas refusé malgré mes doutes sur l’ampleur de l’exil. J’aurais dû me fier à mon scepticisme car les Ukrainiens attendus ne sont jamais venus. Et dans la ville voisine, il paraît que les 500 arrivés étaient déjà repartis deux semaines plus tard en apprenant que leurs maisons étaient toujours debout et que l’enfer annoncé n’était pas au rendez-vous. Un tsunami qui se transforme en petite vague, ça ne vous rappelle rien ? Il y a deux ans, les hôpitaux non plus n’ont pas été envahis de malades. 

 

Une autre similitude évidente tient dans la réponse délirante des autorités qui ont fait pleuvoir une pluie de sanctions inouïe sur la Russie. Je ne vais pas vous en faire la liste car nos brillants gouvernants s’en sont suffisamment vantés. Le point commun de ces mesures de rétorsion, c’est qu’elles ne résolvent absolument rien – les Russes s’en moquent car cela renforce leur cohésion – et qu’elles font beaucoup plus mal aux populations occidentales. Les prix de l’énergie explosent, l’inflation galope, les dettes se creusent, la récession menace, et tout ça pour quoi ? Tout comme les gestionnaires de l’épidémie ont aggravé les choses en prenant des mesures disproportionnées (confinements, port du masque généralisé, couvre-feux…), ceux qui veulent punir Moscou sont en train de nous condamner au marasme, si pas à l’effondrement économique. Anecdote éloquente : parce que le bitume devient trop cher, la commune où j’habite vient de renoncer à réparer les routes. Ce n’est pas trop grave car vu l’envolée du prix de l’essence, il n’y aura bientôt plus que les limousines ministérielles pour pouvoir rouler dessus. J’ironise mais il n’y a pas vraiment de quoi rire car cette guerre aux Russes risque d’être tout aussi meurtrière que celle faite au virus, tant règnent la déraison, la courte vue et l’inconséquence. En passant d’une virophobie démentielle à la russophobie la plus irrationnelle, on a juste changé de bande sur la voie psychopathologique qui nous conduit dans le mur. Et si c’était voulu ? 

Yves RASIR 

 
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