Deux désenchantements et un coup de boost

Il m’arrive, comme ces derniers jours, d’être un peu démoralisé par la crédulité de mes contemporains.  Et je ne parle pas du Corona Circus plandémiste qui a mystifié une majorité de la population mondiale !  Depuis mercredi dernier, trois personnes ne se connaissant pas entre elles m’ont demandé ce que je pensais des « medbeds », ces lits médicaux  de haute technologie censés guérir de tout en reprogrammant l’ADN de ceux qui s’allongent dedans. Mais comment voulez-vous que j’aie un avis sur quelque chose qui n’existe pas ? Désolé de jouer les rabat-joie pour ceux qui y croient, mais cette histoire de lit miraculeux est une pure invention ayant émergé  dans la mouvance Qanon, cette frange de supporters exaltés de Donald Trump persuadés que ce dernier est une sorte de messie moderne apportant le salut à l’humanité et épaulé pour cela par un super apôtre anonyme infiltré dans les hautes sphères du pouvoir et surnommé Q.  Empruntée au cinéma de science-fiction, la légende urbaine des medbeds affirme qu’un programme spatial secret a permis de mettre au point une technologie révolutionnaire basée sur les recherches de Nikola Tesla. En captant « l’énergie libre » qu’aurait découverte l’ingénieur serbo-américain au début du XXème siècle et en la prodiguant aux patients allongés, ces lits médicaux high tech feraient disparaître par enchantement toutes leurs douleurs et maladies  – cancers compris – tout en inversant le processus de vieillissement et en faisant repousser des organes amputés. Excusez du peu ! Le problème, c’est que ces machines médicales ressemblant à un mix de banc solaire et de tunnels pour IRM n’ont jamais été vues ailleurs que dans des films hollywoodiens. Aux États-Unis, il y a bien des firmes qui ont flairé le filon et qui commercialisent à prix d’or des appareils portatifs et de mystérieuses poudres à déposer aux quatre coins d’un lit normal pour diffuser l’« energy of life ». Mais à part ces escroqueries ridicules reflétant une absence totale de scrupules, je ne sache pas qu’il existe sur terre un seul « medbed » fonctionnel et apte à procurer les bienfaits sensationnels qu’on lui prête.  Gare aux marchands d’espoir qui tentent à présent d’arnaquer des cancéreux européens en leur faisant miroiter l’arrivée prochaine de cette fumisterie futuriste !
 
Le prana, ça ne ne suffit pas
 
Mon découragement fait également suite à une réunion « d’information » à laquelle j’ai assisté à Bruxelles récemment. Le but de cette matinée dominicale était de rencontrer et d’écouter une « praniste », autrement dit quelqu’un qui se nourrirait uniquement de prana, terme sanskrit signifiant souffle de vie. De ces personnes censées ne plus rien manger du tout, on dit aussi qu’elles sont « respirianistes » ou qu’elles s’alimentent seulement de lumière. Mythe ou réalité ?  Le sujet m’intéresse depuis longtemps et j’ai déjà lu pas mal de livres et visionné pas mal de vidéos qui en parlent. J’ai également recueilli plusieurs témoignages de personnes qui ont tenté l’aventure pranique sans réussir ou qui prétendent avoir atteint cet état de plénitude spirituelle leur permettant de ne plus s’alimenter.  Mon opinion ? Je ne suis pas convaincu que ce soit possible  mais je reste ouvert à l’inouï. Ce serait du jamais vu dans la nature – tous les animaux mangent et même les plantes ne vivent pas seulement d’eau et de soleil – mais je ne ferme pas la porte à l’idée que l’être humain puisse s’affranchir dès ici-bas des lois du monde matériel.  Ce rêve trouve ses racines en Inde et je respecte suffisamment la spiritualité hindoue pour ne pas rejeter a priori l’authenticité du prodige.  Mais si mon cerveau droit peut l’envisager, mon cerveau gauche n’est pas endormi pour autant : le scepticisme bien compris consiste à ne rien préjuger tout en exigeant des preuves. Or je n’en ai absolument pas reçues à cette réunion d’information.  Au contraire, la praniste rencontrée nous a avoué qu’elle mangeait « de temps en temps » chez elle (des salades deux fois par semaine, quand même) et qu’elle « picorait » lorsqu’elle était invitée pour ne pas froisser ses hôtes. Plus fort encore : elle nous a dit très bien connaître Jasmuheen, la « papesse » australienne de la mouvance respirianiste, et nous a dévoilé que celle-ci aussi prenait plusieurs repas légers hebdomadaires sans en faire mystère ! Il est donc assez singulier que les « mangeurs de prana » affirment ne plus rien absorber alors qu’ils admettent eux-mêmes que ce n’est pas vrai. On peut les qualifier de « paucimangeurs » ou de jeûneurs de l’extrême, mais à quoi bon continuer à croire et à faire croire qu’ils vivent constamment avec le ventre vide ? À l’issue de la conférence, j’ai un peu papoté avec une partie du public et j’ai été ébahi de constater que plusieurs auditrices croyaient toujours que l’oratrice était libérée de l’obligation de manger et qu’elle s’alimentait seulement pour son plaisir ou pour faire plaisir. Comme quoi, certaines oreilles n’entendent vraiment que ce qu’elles veulent entendre !
 
Les ravages de l’auto-aveuglement
 
Cette démonstration de la puissance de la croyance n’est pourtant pas le principal motif de mon désabusement. Ce qui m’a surtout impressionné négativement, c’est la capacité de la conférencière à se mentir à elle-même. En nous racontant sa vie, cette  grande et belle septuagénaire nous  a en effet confié qu’elle n’avait jamais eu d’enfant – sans que la maternité lui manque – et que sa vie sentimentale avait été un enchaînement  de relations inabouties – sans que ces échecs l’affectent. Mais un peu plus tard, elle nous relatait avec détachement qu’elle avait développé à la ménopause  une double tumeur mammaire et qu’elle n’avait plus de poitrine, ses deux seins ayant été excisés chirurgicalement pour enrayer le cancer. Comment est-il possible de s’aveugler soi-même et de nier ses propres émotions  à ce point ? Et comment l’assistance a-t-elle pu gober que la jolie femme au torse plat n’avait pas souffert de n’avoir jamais connu une vie de couple durable et de n’avoir jamais enfanté ? Son corps lui a pourtant hurlé qu’il y avait double conflit et que la reconnaissance de cette souffrance émotionnelle eût été le premier pas à faire pour surmonter l’épreuve ! Ce qui m’a le plus sidéré, c’est que le récit  de la double mastectomie ne semble avoir ému que moi et que les autres participants à la réunion n’ont apparemment  pas réalisé l’ampleur du déni. Il y avait pourtant plusieurs abonnées de Néosanté dans la salle et je n’ai pas compris que la confidence ne les ait pas remuées plus que ça. En ce mois de juin 2022, ça fait pourtant plus de 11 ans que nous promouvons à travers notre mensuel la médecine nouvelle du Dr Hamer et la compréhension psychobiologique des maladies. Je croyais naïvement que notre lectorat était parfaitement au fait que toute pathologie trouve sa source majeure dans le cerveau inconscient et que les véritables solutions thérapeutiques sont intérieures, mais il m’a bien fallu déchanter :  le message n’est  visiblement pas encore intégré puisque même des « fans » de la revue et de  l’infolettre s’enfoncent dans de  fausses pistes curatives comme les medbeds ou se laissent fasciner par des méthodes très improbables comme le pranisme sans discerner que leurs praticien(ne)s  sont de piètres modèles de santé globale. Ça me rend parfois triste que l’approche  réellement révolutionnaire  du décodage biologique soit encore si peu populaire et qu’on lui préfère souvent des chimères ….
 
 
Les ailes de ma voisine
 
Heureusement, ma baisse de moral a été très éphémère. Avant-hier, ma voisine m’a tenu la jambe en me racontant que son coude droit la faisait horriblement souffrir et qu’elle avait reçu une infiltration, sans laquelle elle était incapable d’accomplir ses tâches ménagères. L’épicondylite, ça s’appelle, et c’est vrai que ça fait terriblement mal. Je l’ai patiemment écoutée se plaindre mais je lui ai demandé de m’attendre deux minutes et je suis revenu avec un exemplaire du Néosanté n° 75 de  février 2018. Dans ce numéro, le Cahier Décodages comprenait notamment un article de Bernard Tihon consacré à l’épicondylite. Comme à son habitude, notre collaborateur et auteur résumait la problématique psychosomatique de cette maladie en titrant « Le coude ou je n’ai pas pu déployer mes ailes ». Sur base de l’enseignement du Dr Claude Sabbah, il explique en effet que cette articulation symbolise la liberté de mouvement et que ses pathologies expriment l’empêchement de se mouvoir librement, surtout dans le domaine du travail. Cinq minutes chrono et voici ma voisine qui revient au galop avec les yeux tout brillants : « c’est tout à fait ça, c’est exactement ce que je vis avec une collègue de boulot que mon patron privilégie malgré son incompétence ».  Je n’ai pas demandé de détails mais j’ai cru comprendre que ce favoritisme l’avait privée d’une promotion et qu’elle était cantonnée – elle bosse dans la restauration  –  à faire la plonge et à frotter les tables. Comme cet emploi lui est néanmoins financièrement vital, pas question pour elle de réagir au rognement d’ailes et de les déployer pour s’envoler vers un autre job. En langage de thérapeute en décodage, on dit que le patient « percute » quand il prend soudainement conscience du conflit à l’origine de sa « mal-a-dit ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que ma voisine a percuté grave et que cette révélation lui a fait beaucoup de bien. Elle se sentait très soulagée par l’éclairage et comme je lui suggérais, geste à l’appui, qu’elle devait à présent faire des coudes et étendre ses ailes pour ne plus somatiser, elle est partie dans un joyeux éclat de rire. Voilà qui m’a boosté et m’a fait oublier les déceptions des jours précédents : ce que j’écris ou publie n’est pas labeur perdu et ce travail est parfois bien récompensé !
 
 

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