Décryptage d’une enquête bâclée

Ça y est, c’est reparti pour un tour.  Cette fois, c’est en Belgique que la chasse aux sorcières a repris. Saisie d’une plainte, la justice poursuit un thérapeute pratiquant le décodage biologique des maladies et l’inculpe d’exercice illégal de la médecine. Son cas sera prochainement examiné devant le tribunal correctionnel de Charleroi. Cette fois encore, la télévision belge  a monté l’affaire en épingle pour lui  consacrer un « prime time » et recommencer le procès médiatique de la biologie totale. Parti pris, raccourcis et désinformation étaient à nouveau au menu du magazine « Devoir d’Enquête » diffusé mercredi dernier sur l’antenne de la RTBF. Si ça vous dit, vous pouvez le (re)visionner en cliquant ici . (à partir de la 43ème minute)  Bien que la revue Néosanté n’y soit pas mentionnée, je me permets d’y réagir car c’est un peu mon propre travail journalistique qui est attaqué et sali à travers un tel reportage. Outre qu’il alimente les  accusations absurdes de « dérive sectaire » naguère formulées à mon égard, ce genre d’émission  renforce les préjugés et attise l’hostilité envers quiconque fait métier de propager les découvertes du Dr Hamer. Je ne peux en quantifier le préjudice, mais il est certain que pareille enquête crée un tort considérable à notre  maison d’édition et contribue à la discréditer dans l’opinion . Ce n’est donc pas pour le plaisir de polémiquer mais pour défendre mon entreprise, mes convictions et ma démarche éditoriale que je monte aujourd’hui à la barre. À mes yeux, la séquence télévisée est entachée de plusieurs manquements déontologiques et de nombreuses entorses à la vérité. J’aurais pu quasiment en critiquer chaque minute, en dénoncer longuement la mauvaise foi et l’inobjectivité, mais je me vais me limiter à sept griefs  brièvement formulés ci-dessous. J’espère que leur lecture influencera l’épilogue judiciaire de cette triste affaire et qu’elle aidera les téléspectateurs à se forger un jugement mieux éclairé.
 
1) Un titre mensonger
 
Toute la malhonnêteté intellectuelle de ses auteurs réside déjà dans le titre de la séquence : « Thérapie mortelle ». Comme si une thérapie consistant à parler avec un thérapeute pouvait tuer ! Comme si un patient pouvait mourir d’avoir tenté d’identifier l’origine psycho-émotionnelle de son cancer !  Jusqu’à preuve du contraire, le malheureux Domizzio Danieli a succombé à sa tumeur au cerveau. C’est la maladie qui a eu raison de lui et non la voie thérapeutique choisie. C’est à tout le moins un  abus de langage d’imputer la cause de son décès à autre chose que son gliome. La chimiothérapie peut être mortelle. La radiothérapie peut être mortelle. Et même l’immunothérapie du cancer peut être mortelle. Maintes études scientifiques ont démontré que ces protocoles oncologiques classiques pouvaient  littéralement « doper » les cellules cancéreuses, les rendre résistantes et stimuler leur dissémination. C’est prouvé et archi-prouvé. En revanche, le dialogue et l’introspection n’ont aucun pouvoir létal. Aucune forme de psychothérapie n’a jamais tué personne. Certes, on va vous expliquer que c’est l’absence de traitement conventionnel et la « perte de chance » de se soigner qui a précipité la perte de Domizzio. Cet argument revient de plus en plus souvent, notamment dans la bouche des détracteurs de l’homéopathie qui rêvent de la voir disparaître. Rien ne permet pourtant d’étayer une telle affirmation. Aucune recherche digne de ce nom n’a jamais comparé le destin de cancéreux soumis aux protocoles habituels et le sort de malades les ayant refusés. En revanche, la littérature médicale recense  des rémissions spontanées et des guérisons inattendues en l’absence de tout traitement. Dans le cas précis des tumeurs cérébrales,  nous verrons plus bas que l’abstinence thérapeutique n’est nullement assimilable à un arrêt de mort.
 
2) Un dossier uniquement à charge
 
Emprunté au vocabulaire judiciaire, le titre du magazine est également trompeur. Quand il demande des « devoirs d’enquête », le juge d’instruction confie aux policiers le soin de vérifier des éléments confirmant ou infirmant la version du prévenu. Jusqu’au verdict, celui-ci est toujours présumé innocent. Instruire une affaire signifie enquêter à charge et à décharge. Or que font ici les journalistes ? Ils enquêtent uniquement à charge et dressent un véritable réquisitoire. Dans le premier sujet de l’émission, celui sur le meurtre d’une libraire, l’impartialité revendiquée est assez bien respectée : tout ce qui accable le condamné est mis en balance avec ce qui le disculpe. L’avocat de la défense intervient autant que celui de l’accusation. Mais dans le sujet « thérapie mortelle », il n’y a personne pour plaider la cause du thérapeute et de ses méthodes.  Certes, ce dernier a décliné l’invitation à s’expliquer. Et il a sans doute imposé à son conseil de se taire jusqu’au procès. Quand on prétend être neutre, c’est cependant un inconvénient surmontable. On peut  se rapprocher de l’objectivité en interrogeant des personnes extérieures à  la cause mais capables de la défendre ou d’apporter le point de vue  de Sirius.  En l’occurrence, des médecins ou des thérapeutes compétents auraient pu intervenir en faveur des approches du Dr Hamer et du Dr Sabbah. Au demeurant, il suffit de taper ces deux noms dans un moteur de recherches pour tomber sur le site de Néosanté.  En tant qu’éditeur spécialisé sur ces sujets et en tant que seul journaliste au monde à avoir interviewé les deux personnalités controversées, j’aurais pu apporter un témoignage utile. Dans le microcosme journalistique belge, je jouis d’une relative notoriété et je suis connu  comme partisan des « théories » hamériennes. Chaque fois qu’un confrère les  incendie, je réagis et je lui propose de passer me voir pour en discuter. Aucun n’est jamais venu, mais on sait dans les rédactions que je peux apporter la contradiction.  Or je n’ai même pas été contacté par ma distinguée consœur, ce qui trahit bien la  volonté de charger le  présumé coupable. 
 
 
3) Un procédé malhonnête
 
Non, je ne vais pas décrier ici le procédé de la caméra cachée. Je déplore que cette tactique journalistique devienne un véritable tic, mais je peux comprendre qu’on y recoure si  les demandes d’interviews demeurent sans effet. Et si ça peut faire frissonner les enquêteurs en leur donnant l’impression de s’infiltrer au cœur de la mafia, ma foi, je ne vais pas leur jeter la pierre.  Quand on bosse pour une télévision d’État, les occasions de jouer à l’investigation sont trop rares. Ce que je critique, c’est la technique qui consiste  à envoyer un faux malade dans le cabinet d’un praticien de santé, ici une comédienne chargée d’inventer une dépression consécutive à un cancer du sein. Ce procédé est foncièrement malhonnête parce qu’il coule de source que la récolte d’informations sera orientée. La fausse patiente ne va forcément rien entendre qui fasse écho en elle et le thérapeute va forcément se planter en procédant à l’anamnèse. À la place du téléspectateur lambda,  je trouverais également risible qu’une tumeur mammaire puisse provenir d’un conflit mère/enfant lié à l’usage du smartphone. Si une vraie cancéreuse avait demandé une vraie consultation et raconté sa vraie vie, le scénario eût probablement été très différent ! Ce n’est pas que l’actrice soit mal intentionnée, mais je trouve navrant qu’elle ait participé à ce jeu de dupes faisant, au fond,  injure à sa profession. Jouer un rôle sans avoir la possibilité d’être troublé et de ressentir les émotions du personnage, c’est exactement le contraire du job d’acteur. Je serais triste si un de mes amis artistes cédait à cette nouvelle mode  du journalisme de fiction, car cette dérive ne peut que dévaluer son métier et le mien.  Pour le coup, le mélange de la réalité et du spectacle fait croire que le thérapeute et son savoir sont nuls. Mais c’est le procédé qui est nul.
 
 
4) Un expert ignorant
 
À propos de nullité, où sont-ils allés chercher l’expert universitaire chargé de commenter l’affaire ?  D’après son pédigrée, ce monsieur est un  fin contempteur des médecines alternatives et un pourfendeur patenté de la médecine nouvelle du Dr Hamer. Or, en une seule phrase, cette sommité académique s’écrase lamentablement  et fait la démonstration qu’il ne connaît strictement rien au sujet. Textuellement,  le professeur belge soutient en effet que le médecin allemand  réclamait de ses malades qu’ils guérissent « par un effort de la pensée ». C’est ridicule car la découverte hamérienne majeure consiste justement à absoudre le cerveau conscient dans la genèse des maladies et à se focaliser sur leur fonction biologique. En bref, c’est par instinct de survie que les animaux humains somatisent le conflit émotionnel et c’est seulement en résolvant ce dernier en pratique, et non dans leur tête, qu’il peuvent inverser le processus pathologique.  S’il est vrai que certains émules du Dr Hamer ont pris leur distance avec lui et ont dévié vers la psychologie, il est totalement faux d’affirmer que celui-ci pensait à  la pensée comme instrument de guérison. A fortiori, la notion d’effort de la pensée était tout à fait étrangère à la sienne. Je mets au défi  Mr Vanderweghem de trouver la moindre injonction psychothérapeutique dans toute l’œuvre  qu’il prétend connaître. L’ignorance du  pseudo-savant  est donc   évidente mais n’a rien d’étonnant car la RTBF a pour habitude de recruter ses consultants à l’Université Libre de Bruxelles, bastion du rationalisme obtus et de la franc-maçonnerie militante. En  tant qu’ancien recteur de l’ULB et ancien doyen de sa faculté de médecine, c’est un peu au pape de cette clique dogmatique que la télé publique s’est adressée.  
 
5) Une vérité soigneusement cachée
 
Du début à la fin du reportage, ses auteurs prennent bien soin de ne pas fournir une précision cruciale : les cancers du cerveau sont de très mauvais pronostic. Le glioblastome en particulier. C’est la troisième cause de mortalité chez l’adulte jeune. Après un traitement conventionnel multimodal (chirurgie, chimio, rayons..), les taux de survie sont de 50% à 1 an,  de 25% à 2 ans, et de 10 à 15% à 5 ans.  À l’âge qu’il avait (53 ans), Domizzio n’avait que 14% de chances d’être encore vivant deux ans après le diagnostic. Il aura survécu 9 mois sans traitement, ce qui n’est guère  inférieur à la moyenne. Lorsque son glioblastome a récidivé, le Dr David Servan-Schreiber n’a pas « tenu le coup » aussi longtemps. En 2011, il a été emporté en quelques mois à peine. Certes, le célèbre neuropsychiatre avait subi vingt ans auparavant une exérèse chirurgicale de sa première tumeur. Mais rappelons que celle-ci avait été découverte par hasard, lors d’un examen de routine, et non à des fins diagnostiques. Pour Domizzio, ce sont de sévères symptômes (céphalées, pertes d’équilibres, paralysies…) qui ont alerté les médecins. Tout porte à croire que le mal avait déjà atteint un stade de « haut grade » et que le bistouri ne pouvait plus offrir de sursis. En tout état de cause, le patient se savait condamné à court terme par la médecine classique et savait qu’il n’avait pas grand-chose à perdre en explorant des voies alternatives. Lui, dans le déni ? Jamais de la vie : l’émission montre qu’il avait pleinement accepté le diagnostic  tout en refusant le pronostic, c’est-à-dire le verdict d’incurabilité et  la sentence de mort. La confusion entretenue entre diagnostic et pronostic n’est pas seulement une faute de vocabulaire, c’est une manière d’insinuer que Domizzio était aveuglé par son « gourou » et sa compagne.
 
6) Une complicité de coup monté
 
Dans le communiqué annonçant le reportage, la RTBF se pousse du col en se vantant que « Devoir d’Enquête » s’est procuré des documents exceptionnels : « les enregistrements des dernières conversations de Domizzio et notamment un échange très éclairant avec son thérapeute. » D’abord, il n’y a pas lieu de fanfaronner car les brillants limiers ne se sont rien procurés du tout : c’est  Talissa, la fille de Domizzio,  qui  leur a spontanément transmis ces enregistrements effectués sur son smartphone. Ensuite, ce communiqué est mensonger car il omet de dire que Talissa a capté clandestinement les propos de son père et de son thérapeute dès le tout début, lorsque le premier présente le second à ses proches pour leur expliquer sa démarche. Enfin, la tromperie est aggravée car les « dernières conversations »  de Domizzio ne sont nullement les dernières : en sortant de l’hôpital pour bénéficier de soins palliatifs à domicile,  la « victime » a encore vécu plusieurs semaines, reclus avec sa compagne et ne voulant plus voir personne. Ce qui saute aux yeux, ou plutôt aux oreilles,  c’est que Domizzio a complètement échoué dans sa tentative  d’échapper à la pression de sa famille et de ses amis. Bien qu’il leur demande expressément de lui faire confiance et de respecter son choix, il n’obtiendra jamais ce témoignage d’amour et d’amitié. Dès l’entame de la  réunion initiale, sa fille pousse sur  le bouton « on ».  Elle commence à tisser la toile sonore  clairement  destinée à piéger le thérapeute et à le faire condamner. Ces « pièces à conviction » sont d’ailleurs versées au dossier pénal. Mais les enregistrements ne sont-ils pas surtout l’indice d’une cabale familiale ? Tout au long de l’émission, on a nettement l’impression que Talissa et sa maman se sont liguées contre la nouvelle conjointe et que cette guérilla impliquait de saboter les options thérapeutiques du couple. Le malaise se dissipe d’autant moins que la RTBF maquille les faits en  faisant passer le vol de paroles pour une manœuvre tardive et non préméditée. En agonisant dans la plus stricte intimité,  le pauvre Domizzio a pourtant transmis le message qu’il s’estimait trahi par son entourage.  Avait-il deviné le coup monté ? Ce serait intéressant de creuser ça au procès.
 
 
7) Un débat de fond escamoté
 
Dans cette « thérapie mortelle » audiovisuelle,  tout est bon pour discréditer le thérapeute et pour ternir sa réputation. Personnellement, je ne connais pas « Didier F. ». J’en ai entendu dire du bien, un peu de mal aussi, mais je ne l’ai jamais rencontré et n’ai jamais parlé avec lui. Si je peux en juger par l’émission, le tact et la délicatesse ne sont  pas ses qualités premières. Mais peut-on lui reprocher un trop-plein de familiarité et de vulgarité ?  Choquer le patient, c’est une technique qui s’emploie couramment pour provoquer le changement et la prise de conscience. Ce qui est sûr, c’est que ce diplômé en communication a consacré pas mal de temps et d’argent pour se former à « la biologie totale des êtres vivants » et à la « déprogrammation biologique des maladies » auprès du médecin français Claude Sabbah. Pour avoir suivi le programme de base de cette formation, je peux attester qu’elle était de grande valeur et qu’elle enrichissait énormément les participants. Dans le monde, près de 10.000 personnes ont bénéficié de  cet enseignement et tous les anciens élèves que je croise en gardent un souvenir ému et une conviction forte, celle d’avoir assisté à la naissance d’un nouveau paradigme médical.  Pour rappel, le Dr Sabbah s’est lui-même appuyé sur les travaux du Dr Hamer  pour développer sa propre synthèse sur l’origine des maladies. Dans « Devoir d’enquête », ces deux noms sont rapidement mentionnés pour évoquer leurs condamnations judiciaires, mais pas un mot n’est dit sur leurs recherches ni sur leurs postulats scientifiques. C’est pourtant la question centrale, non ? Il y a une trentaine d’années, la RTBF m’invitait sur les plateaux pour débattre de la causalité psychique du cancer. Aujourd’hui, ce thème semble être devenu tabou et plus aucun journaliste « mainstream » n’a le courage de l’aborder. Les débats de fond sont évacués au profit du racolage d’audience. Mais bon, cette régression n’empêche pas la roue de l’histoire de tourner.  En 2004,  le  célèbre cancérologue David Khayat déclarait encore  que « la mythologie populaire sur la psychogenèse du cancer » ne reposait sur rien.  Aujourd’hui, il a complètement changé d’avis et il estime hautement probable qu’un choc émotionnel puisse  suffire à provoquer la maladie. Les télés devraient enquêter sur ce dangereux gourou et ses propos scandaleux : imaginez qu’un thérapeute les prenne au sérieux

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