Cholestérol: la grande supercherie

Le marché des médicaments anticholestérol est un commerce juteux pour Big Pharma. Aux Etats-Unis, quelque 25 millions de personnes sont sous traitement, généralement à vie.

Elles sont 7 millions en France. En Belgique, une personne sur cinq âgée de plus de 35 ans consomme ces médicaments qui coûtent à l’assurance-maladie annuellement plus de 215 millions d’euros, soit 7% du budget des médicaments hors hôpitaux. Les Belges consomment aujourd’hui 20 fois plus de statines qu’il y a douze ans !(1). Gros bénéfices pour les fabricants, donc. Mais pour les patients ? Malheureusement pour eux, il s’agit encore d’un « dossier » de santé publique reposant sur une énorme intox médicale et médiatique. Comme pour les vaccins et d’autres classes de médicaments à visée « préventive », on retrouve le même schéma classique de manipulation de l’opinion publique : désinformation par les experts et les médias, financement par l’industrie pharmaceutique d’études scientifiques biaisées, mise sur le marché de molécules inefficaces, minimisation des effets secondaires graves. Néosanté revient sur cette controverse autour du cholestérol, déclaré ennemi public numéro 1 et bouc émissaire trop commode dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires.

Serons-nous bientôt tous sous traitement anti-cholestérol ? Alors que rien ne prouve que le cholestérol soit responsable des accidents cardiovasculaires, comme l’assure le réseau international de scientifiques sceptiques Thincs(2), l’industrie pharmaceutique rêve pourtant de mettre la majorité de la population sous médicament anticholestérol : statines, fibrates ou inhibiteurs de l’absorption intestinale du cholestérol (ézétimibe ou colestyramine). Les anticholestérol sont la classe de médicaments la plus vendue au monde, celle qui génère les plus gros bénéfices pour l’industrie pharmaceutique.
Comme nous allons le voir, l’épidémie d’obésité, et le risque cardiovasculaire qui y est attaché, constitue une véritable opportunité pour Big Pharma. Deux faits récents, hallucinants du point de vue des médecins qui innocentent le cholestérol, viennent illustrer cette affirmation. C’est le site pharmacritique qui les a analysés pour le public francophone, desservi par une couverture médiatique quasi inexistante…

Dépistage précoce

En 2008, l’Académie américaine de pédiatrie a délivré ses nouvelles directives sur la surveillance du taux de cholestérol et le traitement de la dyslipidémie chez les enfants. « Elles remplacent – et surtout radicalisent ! – celles de 1998… Un dépistage est recommandé à partir de 2 ans chez des enfants dits à risque et un traitement médicamenteux contre le cholestérol est recommandé dès 8 ans. En guise de prévention des maladies cardiovasculaires qui pourraient arriver à l’âge adulte. C’est l’exemple type d’une médecine à la botte des firmes, qui prescrit encore plus et encore plus tôt, au lieu de s’en prendre aux vraies causes que sont la malbouffe et le manque d’exercice, pour simplifier », commente Elena Pasca dans son article du 8 juillet 2008 (3). Et de détailler les multiples conflits d’intérêt qui ont abouti à cette nouvelle recommandation. Notamment : « L’Académie de pédiatrie tout entière est largement financée par les firmes, comme nous le montre cette page du Center for Science in the Public Interest : Abbott, Wyeth, Procter & Gamble, Merck, GSK, Johnson & Johnson, etc. Sans parler de plusieurs branches de l’industrie agroalimentaire, telles les producteurs de sucre et de viande bovine… On comprend mieux pourquoi les auteurs n’incriminent pas la malbouffe, la vraie cause des risques cardiovasculaires et de diabète… Ils ménagent tout le monde : la malbouffe peut continuer, on traitera le problème par médicaments, comme ça tous les industriels feront du profit. » Un vrai cercle vertueux pour les industries du médicament et de l’agroalimentaire…

Un BigMac aux statines ?

Autre nouvelle édifiante, qui montre que l’Europe a succombé à l’épidémie de préventionite aiguë contre le cholestérol : en 2010, un groupe de cardiologues anglais, membres de plusieurs institutions prestigieuses, a suggéré la possibilité d’introduire dans les hamburgers un peu de statines entre le ketchup et la tranche de bœuf. Leur proposition, parue dans le American Journal of Cardiologie (4), n’a pas manqué de raviver la controverse, « un pas de plus dans la stratégie globale de surmédicalisation et prévention irrationnelle », note Elena Pasca sur Pharmacritique. Mais écoutons plutôt ces doctes cardiologues, animés par un grand souci de prévention : L’accès en routine à des statines dans des établissements proposant de la nourriture impropre à la santé pourrait être un moyen rationnel et contemporain d’éviter le risque cardiovasculaire. Les fast food proposent déjà gratuitement des condiments pour compléter les repas. Un accompagnement contenant des statines offrirait un bénéfice cardiovasculaire, opposé aux effets de condiments salés, sucrés ou riches en graisses (…).« Nous suggérons de ne pas rejeter le concept du MacStatine au prétexte qu’il pourrait permettre d’occulter le problème des mauvaises habitudes alimentaires. On ne rejette pas la ceinture de sécurité en voiture au prétexte qu’elle peut encourager la vitesse (malin n’est-ce pas? Ndlr). En fait, cela peut offrir l’opportunité de rester en vie plus longtemps pour quelqu’un qui a décidé de mal manger, et qui rejette les conseils médicaux en faveur d’une meilleure hygiène de vie ». Ces propos pourraient éventuellement être audibles en l’absence d’une double controverse : la première concerne les effets secondaires des statines (neuropathies, troubles musculaires, etc.), la seconde porte sur l’implication du cholestérol lui-même dans les maladies cardiovasculaires…

La face cachée des statines

Dans son ouvrage «Cholestérol, mensonges et propagande», paru en 2008 chez Thierry Souccar, le Docteur Michel de Lorgeril retrace la saga des médicaments anticholestérol. Parmi la classe la plus prescrite, les statines font certes artificiellement baisser le taux de cholestérol, mais elles ne sont pas dénuées d’effets secondaires graves, sans par ailleurs apporter de réels bénéfices sur la mortalité cardiovasculaire. Voici quelques extraits de la réflexion de Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au département des sciences de la vie du CNRS et à la faculté de médecine de Grenoble. Une réflexion argumentée sur la base de dizaines d’essais cliniques, effectués sur des dizaines de milliers de patients en bonne santé.

– Toxicité musculaire. « Il est évident que par des mécanismes biologiques variés, les statines sont toxiques pour les muscles. Nul ne saurait le nier, tant les patients s’en plaignent de façon récurrente et quand on fait des biopsies musculaires, on voit que même chez les patients sans symptôme, il existe des signes de toxicité ». Selon le Dr de Lorgeril, 83 % des patients sous statines rapportent des effets indésirables. Un chiffre considérable. Résultat, beaucoup de patients se voient contraints de diminuer leur activité physique, voire de l’arrêter totalement. Ils se retrouvent ainsi en contradiction avec un geste de prévention élémentaire contre les accidents cardiovasculaires ! «Par exemple, chez les diabétiques et les insuffisants cardiaques, les risques de complications cardiaques sont inversement proportionnels à l’aptitude à l’exercice physique». Au chapitre des troubles musculaires, nombreux sont les internautes qui témoignent sur le blog de Michel de Lorgeril, y compris des médecins, démontrant par l’expérience que ces effets secondaires sont extrêmement courants, mais peu rapportés aux autorités médicales par des praticiens qui n’écoutent plus leurs patients : « Une de mes patientes qui a bénéficié d’un stent il y a plusieurs mois s’est vu prescrire, à l’issue de l’intervention, Atorvastatine 10mg/jour, bien qu’elle n’ait jamais eu de cholestérol. Nous avons décidé en concertation d’arrêter ce médicament de façon progressive, après en avoir pris depuis de longs mois. Je viens de la revoir hier et elle m’a déclaré que sa vie avait été transformé depuis. En effet, les douleurs quotidiennes souvent vagues ont disparu; elle peut à nouveau faire de la marche comme elle aimait le faire avant l’intervention. Étant parfaitement conscient des douleurs provoquées sous statines, j’en étais malgré tout surpris. De plus, j’ai pris conscience que je n’avais pas réellement entendu ses doléances concernant «ses douleurs» d’autant que c’est quelqu’un qui se plaint peu. Ce n’est pas la première fois que je suis confronté à cela : les patients sous statines vivent avec des douleurs ou une gêne dont ils ne font pas part à leurs médecins ou que ceux-ci ignorent. Je le prends comme une leçon, il faut absolument bien entendre ce que les patients nous disent ».

– Risque accru de cancer ? Les essais cliniques sont généralement trop courts, cinq ans en moyenne, parfois interrompus prématurément, pour apporter la preuve que les statines peuvent engendrer davantage de décès par cancer. Néanmoins le Dr de Lorgeril s’inquiète des nombreux indices qui plaident en faveur de cette hypothèse. Un seul exemple, parmi les études citées par Michel de Lorgeril : « Prosper est un bel essai testant la pravastatine (40 mg) chez des patients d’au moins 70 ans. Près de 6 000 patients ont été tirés au sort – autant d’hommes que de femmes- après une sélection réalisée sur près de 24 000 patients. Malheureusement, les patients n’ont été suivis que trois ans, sans que l’on comprenne pourquoi. (…) On ignore quelle était la durée initialement prévue, ce qui est suspect. La diminution du cholestérol a été de 34 %. la mortalité totale est exactement la même dans les deux groupes : 306 et 298 décès. Les risques d’infarctus non fatal et d’AVC ne sont pas diminués de façon significative. En revanche, on note plus de cancers chez les patients sous statines (245 contre 199) et plus de décès par cancer (115 et 91). Devant ces chiffres, on peut se demander si la surmortalité par cancer n’est pas la vraie raison de l’arrêt apparemment prématuré de l’essai (…). Bien qu’il faille être prudent avec des études qui n’étaient pas organisées pour tester une hypothèse sur les cancers – et il n’y en aura jamais pour d’évidentes raisons éthiques et économiques, nous observons une totale concordance des données sur « statines et cancers » chez les seniors ». Un point de vue partagé par certains experts, comme ceux de la faculté de médecine de la Tufts University à Boston : « les effets bénéfiques des statines sur le risque cardiovasculaire [chose fort contestable, comme le montre le livre de Michel de Lorgeril, ndlr] sont annulés par leurs effets cancérigènes » (5). Les statines, comme les régimes anticholestérol, augmentent la concentration dans le sang et les cellules en acide gras oméga 6, notamment l’acide arachidonique, dont la fonction inflammatoire est désormais bien connue. Cet effet pourrait stimuler la cancérisation, à la différence de l’aspirine qui bloque le métabolisme de l’acide arachidonique.

– Déclin cognitif. Il est avéré qu’un mauvais rapport entre oméga 6 et oméga 3 peut accélérer le déclin cognitif. Les oméga 3, présents en bonne proportion, participent à la protection des neurones. Les statines, qui augmentent démesurément la part des oméga 6 ,ne peuvent qu’avoir des effets délétères sur le cerveau. C’est la raison pour laquelle le Wall Street Journal titrait le 12 février 2008, de manière choc : « Les statines rendent les femmes stupides »… Des médecins de renom, n’ayant pas de relation avec l’industrie du cholestérol et des statines, ont en effet alerté l’opinion à propos de la multiplication de plaintes concernant les effets des statines sur la mémoire, en particulier chez les femmes, explique Michel de Lorgeril. « Nous avons en fait deux essais cliniques (6) spécifiquement dédiés à cette hypothèse (…), publiés en 2000 et 2004 dans l’American Journal of medecine (…). Ils sont techniquement très bien conçus (mais à mon avis, ils sont trop brefs – seulement six mois de traitement) et décrivent une altération des fonctions cognitives sous statines. Les auteurs tentent de minimiser leurs résultats, car ils sont visiblement convaincus que, par ailleurs, les statines sont bénéfiques pour le cœur. Selon moi, détecter un effet significatif après un traitement si bref peut être vu comme quelque chose de très inquiétant ».

La vraie prévention

« Le cholestérol est innocent et ne bouche pas les artères. Espérer qu’en diminuant son cholestérol on va améliorer son espérance de vie et réduire le risque de faire un infarctus est une illusion, assure Michel de Lorgeril, en conclusion de « Cholestérol, mensonge et propagande.»
« Les médicaments et les diététiques anti-cholestérol se sont avérés inefficaces et ne sont pas dépourvus d’effets indésirables qui, à long terme, pourraient être tragiques, ou au moins beaucoup plus dangereux que ce que les experts prétendent aujourd’hui ».
Le cholestérol n’a rien à voir avec le risque cardiovasculaire. Deux études fondamentales l’ont démontré, évidemment assez mal accueillies par les partisans de la lutte contre le cholestérol.
Il s’agit de l’étude de Lyon et de l’étude Gissi, qui respectent les règles de l’essai clinique.
> L’étude de Lyon ou les bienfaits du régime crétois
Michel de Lorgeril est le premier auteur de l’étude Lyon diet heart study (publiée dans The Lancet, 1994, puis sous forme de rapport définitif en 1999 dans Circulation). Elle montre, en post-infarctus, une baisse significative du risque de décès et de récidive d’infarctus avec un régime crétois (variante du régime méditerranéen), associé à une supplémentation en acides gras oméga 3. De fait, aucun régime anticholestérol n’a été adopté. Les bons résultats confirment l’inutilité de la lutte contre cette substance secrétée à 70 % par le foie. « La moitié des volontaires de cet essai, tous victimes d’un infarctus, adoptèrent une alimentation de type méditerranéen, riche en fruits, légumes, pain, céréales, haricots, noix, pauvre en viande rouge, avec une consommation modérée de produits laitiers (uniquement sous forme fermentée), de poisson (deux à trois fois par semaine) et de volaille, le tout agrémenté d’un peu de vin (si le patient en buvait déjà avant son infarctus) et des huiles d’olive et de colza. Une margarine de colza était fournie gratuitement à tous les patients », raconte de Lorgeril. Résultat : une réduction de la mortalité totale et cardiaque de 50%, et une réduction du risque de récidives fatales et non fatales confondues d’environ 70%, par rapport au groupe témoin composé de 300 personnes, qui suivaient les régimes anticholestérol prescrits par les diététiciens de leur hôpital… Ces chiffres valident les observations épidémiologiques dans les populations méditerranéennes.
Le risque cardiovasculaire est dont moins affaire de génétique (cholestérol familial) que de mode de vie. Le taux de cholestérol sanguin n’a même strictement aucune importance : il était absolument le même dans les deux groupes tout au long de l’essai !
> L’essai Gissi ou l’impact positif des oméga 3
L’étude menée par le Groupe italien pour l’étude de la survie après un infarctus (GISSI), publiée en 1999 dans le Lancet, n’avait pas non plus pour but de réduire le taux de cholestérol, mais de mesurer l’impact de la prise d’une gélule d’oméga 3. Là encore les taux sanguins de cholestérol étaient les mêmes dans les différents groupes. 11 000 patients victimes d’un infarctus ont été tirés au sort et répartis en quatre groupes : l’un recevant de la vitamine E, l’autre des omega 3, un troisième recevant les deux, un dernier rien du tout. Après plus de trois ans, les chercheurs enregistrèrent une diminution de 20 % de la mortalité totale et 30 % de la mortalité cardiaque, s’expliquant par une diminution de 45 % des morts subites. D’un point de vue pratique, pour obtenir 1,3 grammes d’oméga 3 d’origine végétale, la dose journalière recommandée, une demi-cuillère à thé (2 ml) d’huile de lin suffit (à ajouter par exemple dans la vinaigrette), ou deux cuillères à soupe d’huile de colza (première pression à froid). Il est bon d’alterner avec les oméga 3 d’origine marine (normalement synthétisés par l’organisme à partir des oméga 3 végétaux, mais pas toujours à partir d’un certain âge). Pour obtenir 1,3 grammes d’oméga 3 d’origine marine : 50 grammes de maquereau de l’Atlantique, 80 grammes de hareng de l’Atlantique ou du Pacifique ou 130 grammes de sardines en conserve par jour suffisent.

Le cholestérol est innocent !

En guise de thèse alternative, Michel de Lorgeril met en avant le rôle de la thrombose (caillot de sang qui se forme dans une veine ou une artère) dans la survenue d’un l’infarctus du myocarde. Si le cholestérol est certes présent dans la plaque d’athérosclérose obstructive, il n’entre que dans 10 % de sa composition. Sa responsabilité serait donc minime ! Non seulement le cholestérol est un faux ennemi mais c’est un mauvais avertisseur de l’infarctus. « On peut avoir un cholestérol jugé haut et vivre longtemps sans infarctus, et on peut mourir jeune d’un infarctus en ayant un cholestérol normal. Absurdes également sont les concepts de bon et de mauvais cholestérol. Les maladies cardiovasculaires (CV) sont complexes et multifactorielles et il faut accepter l’idée que ce sont des maladies du mode de vie déterminé par nos conditions d’existence ». La question essentielle pour les patients à risque cardiovasculaire est de savoir comment et pourquoi un caillot se forme au contact de certaines lésions d’athérosclérose et provoque l’infarctus.
« Deux mécanismes ont été identifiés. Le premier serait une altération de la fine membrane (appelée endothélium) qui sépare la paroi interne de l’artère, du sang qui s’écoule dans l’artère. En principe, cette membrane joue un rôle antiplaquettaire (un peu comme l’aspirine) et anticoagulant (…) pour empêcher que se forment des caillots le long de la paroi des artères et permettre l’écoulement du sang. (…). Des altérations de l’endothélium peuvent être provoquées par un mode de vie délétère, notamment le tabac (le monoxyde de carbone a été identifié comme le principal agresseur de l’endothélium) et de mauvaises habitudes alimentaires. Par exemple, si nos apports en certaines vitamines B sont insuffisants ou si nos apports en acides gras polyinsaturés ne sont équilibrés de façon adéquate, les systèmes enzymatiques de l’endothélium fonctionnent mal ». Or le cholestérol ne joue aucun rôle sur ces systèmes enzymatiques et sur la santé de l’endothélium. En revanche, le diabète et l’hypertension peuvent influer sur ce dernier. Inversement, l’exercice physique régulier assure l’entretien de l’endothélium, c’est même la raison pour laquelle on le recommande. « Le deuxième mécanisme à l’origine de la formation d’un caillot au niveau d’une lésion d’athérosclérose est l’érosion ou l’ulcération de la plaque d’athérosclérose. Cela peut ressembler à une simple déchirure de l’endothélium (érosion), ou bien à un furoncle qui s’abcède dans la lumière de l’artère et qui provoque immédiatement la formation d’un caillot puisqu’il y a disparition de l’endothélium anticoagulant et antiplaquettaire. Si le système fibrinolytique ne fonctionne pas bien (chez les diabétiques par exemple), le caillot prend du volume jusqu’à boucher l’artère et provoquer l’infarctus. On pense qu’une plaque peut être fragilisée et se rompre à cause de facteurs extérieurs à la plaque, par exemple un flux sanguin à haute pression, chez les patients ayant une forte hypertension artérielle (ou soumis à un fort stress ! ndlr), ou à cause de facteurs intrinsèques à la plaque ».
A noter que les oméga 3 (surtout ceux qui entrent dans la composition de la plaque) et les polyphénols (présents par exemple dans le vin !) sont des stabilisants de la lésion. A la différence des médicaments anti-inflammatoires (les stéroïdes ou le Vioxx) qui peuvent diminuer l’inflammation cicatricielle et protectrice dans certaines lésions…
Les anticoagulants ne sont pas non plus la panacée : « Parfois, quand la fibrose (la partie sclérose de la lésion) prend de l’épaisseur, ce tissu quasi tumoral développe des néovaisseaux pour nourrir le tissu qui prolifère. Ces vaisseaux anormaux ne sont pas importants en volume, mais ils sont très fragiles et se rompent beaucoup plus facilement que des vaisseaux normaux. Si ces petites ruptures surviennent chez des patients qui reçoivent des anticoagulants, on peut avoir des hémorragies au sein même des lésions qui, par elles-mêmes peuvent accélérer de façon dramatique le degré d’obstruction -la plaque se met à gonfler à l’intérieur comme un hématome- et surtout entraîner la déstabilisation de la lésion et donc, augmenter le risque de rupture, et à nouveau de caillot. Du fait du traitement anticoagulant, ce caillot est moins solide
(c’est un avantage) mais plus enclin à se décrocher de son site de naissance et à provoquer une embolie (un déplacement du caillot dans le courant sanguin), donc une occlusion un peu plus périphérique mais qui peut être catastrophique s’il s’agit d’une artère cérébrale ».

Retour au bon sens

Pour éviter l’infarctus, on ne fera pas l’économie de la responsabilité individuelle. Il est certes plus commode d’attendre une aide extérieure de la part de son fournisseur officiel de pilules magiques, malheureusement ce recours plus s’avérer plus dangereux qu’un taux élevé de cholestérol… Les principaux axes de la prévention cardiovasculaire tiennent en quelques mots, mais impliquent une radicale modification des habitudes de vie de certains : arrêter le tabac, apprendre à gérer son stress, adopter une alimentation de type méditerranéenne, pratiquer une activité physique régulière (marche rapide). Au final, Michel de Lorgeril pense qu’il faut réserver la prescription de statines aux hypercholestérolémies familiales malignes, ce qui conduirait à diviser le nombre de prescriptions de statines par 20. Soit nettement plus que la baisse souhaitée par la Caisse primaire d’assurance maladie française à la suite de l’enquête de 2003 et qui concluait déjà à 40 % des prescriptions injustifiées ! Autant de fonds qui pourraient être utilisés pour l’éducation grand public sur la meilleure façon de prévenir les accidents cardiovasculaires, première cause de mortalité dans la majorité des pays occidentaux. Au lieu de cela, l’industrie du médicament n’a cessé de faire pression sur les experts sanitaires, les encourageant à revoir à la baisse les taux normaux du cholestérol sanguin : 7,5 mmol/litre en 1992 pour la valeur normale supérieure, contre 6,2 mmol/litre aujourd’hui. Actuellement, la valeur maximale pour un sujet à risque est même fixée à 5 mmol/litre. Ainsi, de plus en plus de personnes sont mises abusivement sous traitement, souvent à vie, et contribuent à engraisser toujours davantage ceux qui nous fabriquent des maladies.

Notes

(1). « Le recours aux statines semble mal dosé », le 05/11/2010.
(2.)www.thincs.org, un site créé en 2003 qui présente ainsi ses activités : « Le Réseau international des sceptiques du cholestérol (THINCS) est un groupe sans cesse croissant de scientifiques, médecins, universitaires internationaux. Les membres représentent différents points de vue sur les causes de l’athérosclérose et les maladies cardiovasculaires, certains d’entre eux sont en conflit, mais cela fait partie de la science. Ce que nous affirmons tous, c’est que la graisse animale et l’hypercholestérolémie ne jouent pas de rôle dans les pathologies cardiovasculaires. Le but de ce site est d’informer nos collègues et le public que la chasse au cholestérol n’est pas étayée par des preuves scientifiques. Au contraire, depuis de nombreuses années, un grand nombre d’études scientifiques la juge infondée ». Actuellement, le Thincs rassemble une centaine de membres.
(3). « Statines aux enfants: l’Académie pédiatrique américaine préconise un dosage du cholestérol dès 2 ans et une statine dès 8 ans ».
www.pharmacritique.20minutes-blogs.fr
(4). Emily A Ferenczi, Pervis Asaria, Alun D Hughes, Nishi Chaturvedi, Darrel P Francis. « Can a statin neutralize the cardiovascular risk of unhealthy dietary choices? » Am J Cardiol 2010; 106:587-592 : Une statine peut-elle neutraliser le risque cardiovasculaire de choix alimentaires malsains ?)
(5). Alsheikh-Ali AA et al. : « Effects of the magnitude of lipid lowering on risk of elevated liver enzymes, rhabdomyolysis, and cancer : insights from large randomized statin trials ». Journal of American College of cardiology, 2007, juillet 31;50(5):409-18.
(6). Muldoon MF. Et al. : « Effects of lovastatin on cognitive function and psychological well-being », Am J Med. 2000 mai; 108(7):538-46.
Muldoon MF. Et al. : « Randomized trial of the effects of simvastatin on cognitive functioning in hypercholesterolemic adults». Am J Med. 2004 dec 1;117(11):823-9.
(7). Simopoulos AP. « Essential fatty acids in health and chronic disease ». Am J Clin Nutr. 1999 Sep;70(3 Suppl):560S-569S.

Pour aller plus loin

-Reportage : “Cholestérol, un business qui rend malade”, émission du 16 mai 2012 sur RTS (visualisation gratuite sur www.rts.ch).
– Livres : – Cholestérol, mensonges et propagande, Michel de Lorgeril, Editions Thierry Souccar, 2008.
– Le véritable régime crétois, François Couplan, Editions Ellebore, 2009.
– Le site du Dr de Lorgeril : michel.delorgeril.info

Indispensable
cholestérol !

Fabriqué à 70 % par l’organisme et importé à 30 % par l’alimentation, le cholestérol tient un rôle important dans la physiologie humaine. A force de le diaboliser, on oublie de rappeler au grand public ses essentielles fonctions. Il participe à la fabrication de la membrane des cellules, y compris des neurones dans lesquels il permet la synthèse des neurotransmetteurs et donc la propagation de l’influx nerveux. Le cholestérol intervient dans la fabrication des sels biliaires, dont le rôle dans la digestion est essentiel. Le métabolisme du cholestérol est également précurseur de nombreuses molécules : la vitamine D3 qui intervient dans la calcification des os, les hormones stéroïdes (cortisol, cortisone, et aldostérone), les hormones stéroïdes sexuelles (progestérone, œstrogènes, et testostérone), le co-enzyme Q10, entre autres ! Au final, cette substance est bénéfique et toute carence peut s’avérer problématique !

L’envers
de la margarine

La lutte contre le cholestérol ne profite pas seulement à Big Pharma, mais aussi à l’industrie agroalimentaire, qui développe des produits marketing spécifiques. Bombardé de slogans publicitaires en faveur de nouveaux « alicaments », le grand public est tenté de croire que tout le monde doit réduire son taux de cholestérol, même s’il est dans la moyenne. Cette phobie du cholestérol, et par extension de la graisse en général, fait les choux gras des industriels. Certaines margarines et yaourts qui aident à faire baisser le cholestérol sont vendus entre 70 % et 170 % plus cher que leurs équivalents, comme le révèle l’association de consommateurs CLCV (basée en France), sur son site www.lepoingsurlatable.fr. Les produits allégés en matière grasse, dit light, s’achètent au prix fort alors qu’ils ne contiennent finalement que de l’eau…Prenons l’exemple de la margarine Fruit d’or Pro-activ, spécialement dédiée à la baisse du taux de cholestérol. Dans sa composition, on retrouve de l’eau (sans savoir la proportion exacte, mais c’est le principal constituant, certainement aux alentours de 50 %), des huiles végétales non hydrogénées (35 %, sans savoir lesquelles…), des esters de stérols végétaux (13,8 % dont 8 % de stérols), de la maltodextrine, du sel, de la poudre de babeurre. Sa valeur énergétique pour 100 grammes est de 328 kcal avec 0,1 grammes de protéines, 3,2 grammes de glucides, 35 grammes de lipides dont 8,5 grammes d’acides gras (AG) saturés, moins d’1 gramme d’AG « trans » (ce qui laisse supposer leur présence, mauvaise pour les artères, et donc un processus de raffinage), 9 grammes d’AG monoinsaturés et 17,5 grammes d’AG polyinsaturés dont 16,8 grammes d’oméga 6 et 0,7 grammes d’oméga 3.
Commentaire : un excès d’oméga 6 dans l’assiette empêche l’organisme d’exploiter adéquatement ses sources d’oméga 3. Un bon rapport oméga 6/3 doit être compris entre 1/1 et 4/1 (pour plus d’info voir le site passeportsante.net). Or ici, le rapport est de 24/1 (16,8/0,7 grammes) ! Trop riche en oméga 6, cette margarine fait peut-être baisser le taux de cholestérol, mais elle est en réalité inadaptée aux besoins de l’organisme. Ce déséquilibre induit, entre autres, un état physiologique propice aux maladies cardiovasculaires ainsi qu’aux troubles allergiques et inflammatoires (7).

Le livre qui peut
vous sauver la vie

Dans son dernier livre “Prévenir l’infarctus”, le cardiologue Michel de Lorgeril dénonce ce qu’il dénonçait déjà dans “Cholestérol, mensonges et propagande, à savoir l’inefficacité et la dangerosité des traitements anticholestérol conventionnels. Mais le message de cet ouvrage paru fin 2011 est surtout le suivant: on peut réduire considérablement le risque de maladie cardiovasculaire en protégeant naturellement son coeur et ses artères ! Comment ? Tout simplement en adoptant une alimentation équilibrée et un mode de vie sain ! Fondé sur des centaines d’études scientifiques publiées dans les grands journaux médicaux, ce livre salutaire traduit le résultat des recherches en recommandations concrètes et en conseils nutritionnels précis. Ceux-ci sont la meilleure garantie contre l’infarctus et l’AVC, mais aussi contre l’insuffisance cardiaque, l’hypertension, le diabète, la dépression, la maladie d’Alzheimer et les cancers.
– “Prévenir l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral”, Dr Michel de Lorgeril, Editions Thierry Souccar

Journaliste indépendante, Pryska Ducoeurjoly a mené de nombreuses enquêtes dans le domaine de la santé. Elle collabore au site Ouvertures.net et est l’auteure du livre « La Société toxique »
(Editions Res Publica). Site web :pryskaducoeurjoly.com
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