Cancer : les études qui arrangent et celle qui dérange

Le fonctionnement des médias conventionnels est vraiment déroutant. Début juin,  tous les journaux et magazines ont largement fait écho à deux « bonnes nouvelles » présentées lors de la grande conférence annuelle sur le cancer à Chicago. La première bonne nouvelle concerne les femmes souffrant d’un cancer du sein. Selon une étude américaine dévoilée au congrès, 70% d’entre elles pourraient éviter la chimiothérapie et se contenter des traitements hormonaux habituellement prescrits en sus de l’éventuelle opération chirurgicale. Après neuf ans de suivi, les chercheurs ont en effet  découvert que chez une majorité de femmes, la chimio n’apportait aucun bénéfice thérapeutique et ne réduisait nullement le risque de récidive. Or  un test génétique déjà existant permet facilement de déterminer si une cancéreuse fait partie des 70% de chanceuses. « Nous allons faire reculer les thérapies toxiques », s’est enthousiasmée la cancérologue Kathy Albain, coauteure de l’étude. Les préserver du bombardement chimique, c’est aussi la promesse qui a été faite aux cancéreux du poumon lors de la grande messe de Chicago : bientôt, ces patients verront leur tumeur analysée génétiquement et si certaines mutations sont détectées, un médicament mieux ciblé et moins délétère pourra leur être prescrit. Une majorité d’entre eux pourrait ainsi éviter les nausées, pertes de cheveux et autres maux  pénibles provoqués par la très agressive chimiothérapie. « C’est un changement extraordinaire, une nouvelle ère» se sont exclamés des cancérologues participant à la réunion. C’est d’ailleurs ainsi que les agences de presse et la plupart des  journalistes ont intitulé leurs dépêches et articles relatant la double bonne nouvelle.

Ce qui est étonnant, c’est que pas un d’entre eux n’a rappelé les espoirs déjà déçus par les traitements innovants. Hormis dans certaines formes de mélanome et de cancers du sang, l’immunothérapie  ne semble guère plus efficace que la chimiothérapie. Et les médicaments chimiques administrés pour manipuler l’immunité ne s’avèrent pas non plus moins nocifs que ceux destinés à tuer les cellules cancéreuses. D’ailleurs, de nombreux essais cliniques ont dû être abandonnés en raison de l’évidente toxicité des nouvelles molécules testées. Celles-ci semblent  tout autant nuire aux tissus sains et susciter la  résistance réactionnelle des cellules  anormales. Quelques semaines avant le caucus de Chicago, le Dr Mahin Khatami a publié un article  (1) scientifique doté de 154 références et montrant que le taux d’échec des traitements  et vaccins anticancéreux actuels avoisine les 90%, tandis que leur prix a augmenté de 340% en quelques années. Sont-ce des « fake news » lancées par une illuminée fanatique des médecines douces ? Pas du tout : Mme Khatami a longtemps dirigé l’Institut National de Santé (NIH) et l’Institut National du Cancer (NCI) aux États-Unis. Aujourd’hui, elle n’a de cesse de déplorer le « réductionnisme » de la science oncologique et ses  coûts financiers insupportables en regard  de ses maigres victoires. Non contents d’avoir ignoré ce pavé dans la mare, les médias classiques ont également « oublié » de relever un fait étrange : à Chicago, il y avait unanimité pour souligner l’extrême toxicité de la chimiothérapie. Pendant des décennies, la médecine a minimisé ses  effets secondaires et elle nous a dit que ses petits inconvénients étaient annulés par ses immenses atouts. À présent que la chimio est reconnue superflue pour deux types de cancer très répandus, on se félicite de pouvoir délaisser pareil poison : cherchez la cohérence ! Ce qui est encore plus étonnant, c’est que les articles de presse ont pour la plupart omis de mentionner un détail important: les analyses génétiques permettant d’évaluer les patients ou leurs tumeurs rapportent très gros à leurs fabricants. Par exemple, le test permettant aux cancéreuses du sein  d’échapper à l’empoisonnement chimique coûte au bas mot 3.000 €. Ce que Big Pharma va perdre d’une main, il va  donc le reprendre de l’autre en augmentant encore ses profits. Rien de bien neuf dans cette « nouvelle ère » qui arrange bien le lucratif commerce du cancer.

On pourrait croire à l’angélisme si les médias ne s’étaient pas, à peu près au même moment, livrés à une incroyable autocensure. Le 23 mai dernier, le sérieux New England Journal of Medicine  a publié une étude (2) dans laquelle des chercheurs américains ont voulu comprendre pourquoi les cancers du poumon devenaient plus fréquents chez les femmes que chez les hommes. Depuis une vingtaine d’années, les tumeurs pulmonaires sont en baisse chez les deux sexes, mais cette diminution a été moins forte parmi la population féminine.  La  faute à la clope ? Les chercheurs ont examiné tous les diagnostics de cancer aux USA  depuis 1995, ainsi que les statistiques sur le nombre de fumeurs  et fumeuses depuis 1970. Bien entendu, ils escomptaient trouver un lien entre le taux de femmes accros au tabac et la multiplication des cancers bronchiques.  Or l’analyse des données n’a pas permis d’établir cette corrélation !  Oui, vous avez bien lu : il n’y a aucune correspondance évidente entre le vice nicotinique et la propension du sexe faible à déclarer une pathologie du poumon ! Sa vulnérabilité croissante n’est pas liée non plus au tabagisme passif, qui ne l’affecte pas davantage, ni au nombre de cigarettes consommées. Ce serait même l’inverse car les fumeuses fument généralement  moins que les fumeurs. Alors, comment expliquer la plus forte incidence du cancer du poumon chez les jeunes femmes ? Les auteurs de l’étude en sont réduits à supputer que la diminution de l’exposition à l’amiante, autre cancérigène notoire, aurait davantage bénéficié aux hommes. Ils émettent aussi l’hypothèse que la différence soit liée aux sous-catégories de cancers pulmonaires frappant plus les femmes. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour tirer ça au clair.  Mais ce qui apparaît déjà clairement, c’est que l’herbe à Nicot n’influence pas tant que ça le risque de contracter un cancer du poumon, sinon l’assuétude féminine aurait rejoint et dépassé celle des mâles au lieu de demeurer inférieure. Autrement dit,  cette étude bat en brèche le dogme officiel faisant du tabac LA cause numéro un des affections respiratoires. Tous les organes de presse n’ont pas passé sous silence ce tournant des connaissances.  Mais les rares qui en ont parlé l’ont fait discrètement et ont abusivement titré sur la disparité défavorable aux femmes, sans mettre en exergue la surprenante découverte de l’absence de lien entre tabac et maladie. Les plus intrépides ont simplement fait état de la perplexité des chercheurs. Moralité : quand la vérité dérange et n’est pas politiquement correcte, elle n’a pas droit aux manchettes….

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