CANCER DU SEIN

Lorsqu’elle entre dans mon cabinet accompagnée de son mari, la vue de Sigrid me cause un choc. En effet, cette femme de 63 ans a un visage si figé qu’on dirait qu’elle porte un masque. Tous ses traits sont contractés en une sorte de grimace, comme si elle pleurait. Son expression est celle d’une très profonde tristesse. Elle semble apathique et abattue. Que se passe-t-il ? Sigrid vient me consulter pour un cancer du sein. Elle m’explique qu’il y a un an environ , elle a remarqué un liquide jaunâtre qui coulait de son sein droit. Elle a déjà été opérée deux fois. Aujourd’hui, on lui propose des séances de rayons pour “éradiquer” le problème”. Elle hésite et c’est le motif de sa consultation. Elle parle très doucement et d’une voix très basse. Après une introduction où je pose quelques questions quant aux symptômes et au déroulement de la maladie, nous abordons franchement le sujet. J’explique à Sigrid que le cancer du sein est généralement un problème de nid familial et que le côté droit, pour une droitière, représente le mari ou le compagnon. Je m’excuse auprès de cet homme très affable aux cheveux blancs, qui l’accompagne et qui ne semble aucunement affecté par ma remarque. Et c’est alors que Sigrid, soudain” électrisée” par mon explication, part littéralement au “quart de tour” :“Oui, c’est cela, c’est la famille de mon mari !” crie-t -elle. “J’ai de gros problèmes avec la famille de mon mari, cela fait des années que cela dure, et cela ne s’arrange pas ! C’est de plus en plus terrible !. Vous comprenez, moi, j’étais une laissée pour compte. Je n’arrivais pas à me marier. Ce n’est qu’ à l’âge de quarante huit ans que j’ai rencontré mon mari qui était veuf, je me suis enfin mariée, mais c’était trop tard pour moi ! Je ne pouvais plus avoir d’enfants ! Alors j’ai pensé que les enfants de mon mari allaient m’adopter, et moi aussi, je voulais les adopter. Je voulais les aider, me consacrer à eux, leur dispenser de l’affection (dispenser se dit en hébreu « Léhanik », car cette conversation a eu lieu en hébreu). Mais eux, ils ont très mal réagi, j’ai vite compris que je ne les intéressais pas ! Moi je voulais donner, mais eux, ils ne me rendaient rien en retour ! Ils n’avaient aucune affection pour moi, aucune amitié et même la considération, je ne l’ai pas eue ! Je résume ici ses longues lamentations.En conclusion, cette femme désirait nourrir et “allaiter” des enfants qui n’étaient pas les siens, or “allaiter” se dit aussi “Léahanik” en hébreu. Bien qu’une lettre diffère, le mot se prononce comme “Léhanik”, dispenser ( de l’affection). C’est une seule et même chose. Elle désirait donner, mais ces enfants, déjà grands, ont rejeté cette affection d’une femme qui n’était pas leur mère et se sont littéralement “arrachés de son sein”.Pour symboliser ce désir d’allaiter frustré, son sein droit s’est mis à produire un liquide jaunâtre comme du lait ! Elle désirait tant allaiter les enfants de son mari, puisqu’elle n’avait pu allaiter les siens. Au contraire, elle a été repoussée. C’était là le sens très clair de son cancer.

Irène Landau (Israël)

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