Une pierre mal lancée

C’est toujours ça de pris.  Je suis généralement ravi que d’autres journaux de santé naturelle se risquent à parler du sens biologique des maladies et des découvertes révolutionnaires du Dr Hamer. Même si leurs articles pèchent souvent par imprécision ou par défaut de compréhension, mes confrères  manifestent au moins leur ouverture d’esprit et leur curiosité envers cette médecine radicalement nouvelle qui attribue un rôle central à la vie émotionnelle. Il est d’autant plus important d’évoquer les « thèses hamériennes » que leur concepteur est décédé il y a un an  et que certains de ses émules  ont tendance à les déformer, voire à les trahir. Revenir à la source n’est jamais inutile pour étancher la soif de connaissance. C’est donc avec un large sourire que j’ai entamé la lecture d’un long texte de cinq pages intitulé « Ryke Geerd Hamer et la  biologie totale » et publié dans le numéro de septembre du mensuel « Alternatif Bien-être », un des fleurons informatifs de l’éditeur franco-suisse Santé Nature Innovation.

Ma bienveillante disposition à  apprécier cet article était d’autant moins feinte que son auteur s’appelle Pierre Lance, un écrivain, philosophe et journaliste que je tiens en haute estime pour avoir lu ses ouvrages « Savants maudits, chercheurs exclus » et pour avoir été longtemps abonné à sa revue « L’Ère Nouvelle ». Lui et moi avons eu naguère l’occasion  de dialoguer et je garde le souvenir d’un homme  intelligent, cultivé, intègre et toujours bien informé des sujets qu’il traitait. Au-delà de nos différences et de nos différends, nous partageons certainement une même défiance pour la pensée médicale unique et une même sympathie pour les pionniers qui osent défier l’ordre établi. Du haut de ses 85 ans, ce pro de l’écriture dispose en outre d’une expérience qui en impose et d’une plume qui produit de la belle prose. Sûr que j’allais me régaler en dégustant sa chronique !  Je n’ai pas été déçu car ces cinq pages  relèvent du tour de force journalistique : elles parviennent  à résumer l’œuvre du Dr Hamer  et à vulgariser ses « cinq lois biologiques » sur l’origine conflictuelle des maladies,  leur évolution en deux phases, la logique ontogénétique de leur développement, le rôle exact des microbes dans leur déroulement et leur finalité positive en tant que « programmes spéciaux de la nature ». Certes, tout ce passage est en réalité emprunté au Dr Éric Ancelet, auteur du livre « Pour en finir avec Pasteur ». Mais l’art du journaliste n’est-il pas de bien trier  ses sources et de les  citer honnêtement ?

Cette compilation de citations permet en tout cas de décrire fidèlement les travaux du Dr Hamer et de mesurer l’émoi qu’ils ont suscité au siècle dernier. Un bref inventaire des persécutions subies par le médecin allemand est assorti d’éléments factuels montrant que celui-ci a eu quand même beaucoup d’ouailles et que ses trouvailles ont été validées à plusieurs reprises en milieu universitaire. Dans son introduction, Pierre Lance relate très bien comment tout a commencé (la mort tragique  de leur fils Dirk et les cancers du testicule et de l’ovaire apparus  peu après chez les époux Hamer) et ouvre les guillemets pour laisser le père endeuillé narrer lui-même sa « constatation stupéfiante » que la maladie a pour fonction de permettre la survie. Avec à-propos, le chroniqueur rappelle toutefois que le médecin français Michel Moirot avait, 20 ans auparavant,  précédé Hamer pour postuler  l’origine psychique des cancers. Et il s’insurge à juste titre sur la dérive  du toubib teuton rebaptisant sa médecine nouvelle de « germanique ». Malheureusement, tout ce beau travail est en partie gâché par la dernière partie de l’article, celle où Pierre Lance prend ses distances et se permet de lapider lapidairement « la loi d’airain du cancer », première dénomination de la première loi biologique. Pour que vous puissiez comprendre mon dépit, voici le passage qui m’a terriblement déplu :

« Ainsi, la formule « loi d’airain du cancer est-elle vraiment judicieuse ? Je la trouve pour ma part quelque peu excessive. Qu’il existe une loi biologique reliant le cancer à un choc émotionnel, soit. Mais en quoi cette loi serait-elle d’airain ? La vie étant elle-même caractérisée par un permanent processus d’évolution, les lois qui la régissent sont dans le même cas, sans compter que chaque individu étant différent, ses réactions ne peuvent pas être stéréotypées et je suis sûr que certaines personnes  seront capables de supporter un énorme choc émotionnel ou affectif sans développer le cancer. »

Mais qui a jamais dit le contraire, cher Pierre ? Sûrement pas le Dr Hamer ni aucun des connaisseurs avertis de son œuvre. La première loi n’édicte nullement qu’un traumatisme psycho-émotionnel  débouche inéluctablement sur une pathologie, cancéreuse ou autre. Ce qu’elle affirme, c’est que toute pathologie est invariablement précédée par un traumatisme psycho-émotionnel. Ce n’est pas du tout la même chose, et il faut singulièrement manquer de logique pour ne pas percevoir la nuance ! En ne la percevant pas, Pierre Lance se rend même coupable d’un illogisme indigne de son intelligence : nier que toute maladie provienne du stress  en prétextant  que le stress ne rend pas toujours malade, c’est une faute de raisonnement qui vaudrait d’être recalé au bac de philo !  Dans une infolettre précédente, j’ai déjà expliqué que ce genre d’erreur équivalait à dénigrer quelqu’un disant que « tous les barbus sont des hommes » en lui faisant dire que « tous les hommes sont barbus » : la confusion saute aux yeux et devrait faire rougir de honte ceux qui la font.  Elle est courante chez les détracteurs du Dr Hamer mais je ne m’attendais pas du tout à la trouver dans cet article d’Alternatif Bien-être. C’est d’autant plus curieux que Pierre Lance souligne lui-même que les réactions individuelles ne  peuvent pas être stéréotypées,  autrement dit que le ressenti du patient prime sur  l’événement stressant, ce qui constitue très exactement le fondement du paradigme psychosomatique hamérien. Il faut croire que l’âge aidant, l’écrivain ne voit plus très clair et  s’embrouille les synapses. Si je lui reproche cette pierre lancée à très mauvais escient,  j’ai en revanche beaucoup aimé sa conclusion : « Quoi qu’il en soit, je considère pour ma part que Ryke Geerd Hamer a ouvert à la médecine une voie très féconde qu’il serait criminel de traiter par le mépris ». Le problème, c’est que la méprise discrédite autant que le mépris.

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