LES GLANDES DE COWPER ou le conflit du souffleur

J’ai choisi cette fois de vous parler des glandes de Cowper et de vous raconter comment un homme peut en arriver à faire un «conflit du souffleur» au point de somatiser à ce niveau dans certaines circonstances.

Je suppose que vous ignorez ce que sont les glandes de Cowper, où elles se situent et à quoi elles servent ? Tout comme moi le jour où un jeune homme m’a consulté pour comprendre pourquoi il souffrait d’un kyste à cet endroit. D’où l’utilité d’avoir toujours un traité d’anatomie et de physiologie à portée de la main. A noter qu’elles sont aussi nommées glandes bulbo-urétrales et qu’elles sont l’équivalent masculin des glandes de Bartholin.

Et peut-être ignorez-vous aussi de quel souffleur je parle puisqu’il ne s’agit pas du souffleur de verre ni du souffleur au théâtre qui, caché dans sa petite boîte au bord de la scène, souffle leur texte aux comédiens amnésiques. Je vous parle d’un autre souffleur que l’on rencontre dans les élevages de chevaux et que l’on appelle aussi le boute-en-train.

les Glandes de Cowper

Ces deux glandes font partie de l’appareil génital masculin. Elles ont la taille d’une noisette ; elles sont situées sous la prostate de part et d’autre de l’urètre ; et leur rôle est de produire la cyprine, ce mucus translucide et alcalin émis tout au long de l’excitation sexuelle ainsi qu’au moment de l’éjaculation.

Cette sécrétion a plusieurs fonctions : elle lubrifie le gland pour permettre la pénétration ; elle lubrifie l’urètre afin de faciliter l’écoulement du sperme ; elle neutralise le pH de l’urètre et du vagin afin que les spermatozoïdes ne soient pas abimés par l’acidité du milieu ; et elle a même une fonction bactéricide.

La sécrétion de cyprine prépare donc l’acte sexuel et elle doit être émise en quantité suffisante, sans quoi rien n’est possible. A noter que les glandes de Bartholin féminines sécrètent cette même cyprine pour les mêmes raisons.

le Souffleur Équin

Quant au souffleur, c’est ce pauvre bougre de cheval sans grade ni pedigree qui, dans les élevages, se tape tous les préliminaires, qui «chauffe» la jument et prend quelques ruades et coups de dents au passage. Mais au dernier moment, il doit laisser sa place à l’étalon, histoire que ce dernier ne risque pas d’être blessé par la jument. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la technique est cruelle.

Cela dit, il n’y a pas que dans les élevages de chevaux que cela se pratique, puisque c’est très exactement ce que le jeune homme en question a vécu quelque temps avant l’apparition du symptôme.

le Souffleur Humain

Ce gentil garçon rencontre une jolie fille : elle est parfaite à ses yeux et il lui fait une cour assidue afin de la séduire. Il finit par y arriver avec beaucoup de difficulté et il parvient même à la convaincre de se mettre en ménage. Puis il commence à lui parler de bébé, ce à quoi cette jeune femme se refuse catégoriquement. Alors, il poursuit son œuvre de séduction et il se fait encore plus gentil afin de prouver combien il est le meilleur partenaire possible pour fonder une famille.

Cela dure des mois : il essaye de la convaincre et il essaye encore, jusqu’à ce que cette femme mette brutalement un terme à la relation. Quelques semaines plus tard, il la croise dans la rue ; elle est au bras d’un autre homme. Quelques semaines plus tard, il la croise à nouveau ; elle a un gros ventre tout rond. Et quelques semaines plus tard, moins d’un an après la rupture, elle frappe un soir à sa porte et lui propose de reprendre la relation afin qu’il soit le père de l’enfant qu’elle a dans les bras.

Bien qu’il ne soit pas le géniteur, il acceptera néanmoins car il est très amoureux et parce que l’enfant est adorable. Sauf qu’il continue à vouloir faire un enfant avec cette femme, ce à quoi elle se refuse toujours, ce qui met cet homme encore plus en souffrance. C’est à peu près à ce moment de l’histoire que le symptôme apparaît.

Ainsi, cet homme a joué le rôle du souffleur : il a tout fait pour séduire cette femme, il a «préparé le terrain» et puis, au dernier moment, c’est un autre qui a pris sa place et fait le petit.

la Logique du Symptôme

Depuis le début de l’histoire, cet homme désire intensément cette femme, et d’autant plus qu’il veut fonder une famille avec elle. De ce fait, sa biologie met tout en œuvre au niveau génital pour l’y aider, entre autres au niveau des glandes de Cowper qui doivent produire beaucoup de cyprine afin de faciliter les choses. Mais rien ne se produit : cette femme se refuse à la maternité et il continue à la désirer ardemment.

Et plus il la désire, plus ses glandes Cowper sont sollicitées, etc., jusqu’à ce que le kyste apparaisse. Car la biologie n’a que deux solutions pour augmenter une sécrétion : soit elle augmente la production de chaque cellule sécrétrice ; soit elle augmente le nombre de cellules, cela ne manquant pas de poser «quelques» problèmes au-delà d’un certain seuil, des plus bénins aux plus graves.

Il est très probable que l’exacerbation du désir de cet homme sera encore plus intense dans la deuxième partie de l’histoire, du fait que cette femme refuse toujours de faire l’enfant avec lui alors qu’elle l’a fait avec un autre. Cela peut expliquer pourquoi le kyste apparaît à ce moment là.

Nota Bene : je ne prétends pas que ce «conflit du souffleur» est invariablement celui des glandes de Cowper ; c’est seulement un cas de figure possible. Car elles peuvent, à mon avis, réagir à d’autres situations conflictuelles, en général de l’ordre du désir d’enfant inassouvi ou possiblement d’une exacerbation du désir sexuel, ce qui revient finalement au même au niveau biologique. Aussi, on pourra trouver ces mêmes problématiques au niveau prostatique ou testiculaire.

De Cowper à Bartholin

Ces glandes ayant finalement la même fonction, on pourra trouver des problématiques très similaires derrière les symptômes dont peuvent souffrir les femmes au niveau de leurs glandes de Bartholin.

Laurent Daillie

Partagez Néosanté !

6 commentaires

  1. Bonjour Monsieur, votre récit est particulièrement intéressant, outre le fait qu’il.repond à beaucoup de mes questions, ! L » histoire du souffleur m’a beaucoup intéressée , et de plus passionnée d’ équitation, j’ai appris quelque chose que certainement beaucoup de cavaliers ignorent… ! Je vous remercie. Monsieur..

  2. Puisque vous avez l’air si savant sur les glandes de cette zone, pouvez vous me dire si
    1. Les glandes de Skene des femmes sont l’équivalent de la prostate (ce que l’on dit souvent) ou plutôt l’équivalent des glandes de Littré (cela me paraitrait plus logique)
    2. Quel serai l’équivalent féminin des glandes de Littré si skene=prostate ?
    Qui êtes vous ? Un médecin ? ou juste un autodidacte curieux de l’anatomie ?
    Cordialement
    Docteur MMB

  3. Est-ce que l’on peut arrêter l’écoulement de cette glande avant qu’il y est pénétration? Ma copine trouve cet écoulement très désagréable lors de l’amour orale. Merci à l’avance.

  4. J’aime bien votre article car il met des mots anatomiques là où il y a des douleurs. Bien comprendre le rôle de chaque organe et le lien entre une détresse psychologique, sa somatisation et les consequence physique, permettent de dépasser le stade du blocage organique. Après 20 années de blocage il est temps de passer à autre chose. 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire