LE VITILIGO ou pour rester blanc comme neige

Ethologie

Le journal Le Soir du 24 janvier 2011, se basant sur une étude scientifique, nous a
informé que l’oiseau rapace appelé milan noir décore abondamment son nid, et que ceux dont les nids sont décorés avec le plus de quantité de petits bouts de plastique blanc sont aussi les plus prolifiques, les plus vigoureux, ceux qui dominent de meilleurs territoires et repoussent le mieux les intrus. Cependant, un tel affichage de vigueur sexuelle et de qualité de territoire suscite souvent des défis agressifs.

La maladie

Le vitiligo est une affection de la peau caractérisée par une perte localisée de la pigmentation, due à une diminution ou une absence de mélanine. Cette maladie est fréquente, elle touche 1 % de la population. Elle est parfois associée à une autre maladie, par exemple de la thyroïde ou des surrénales. La forme la plus commune se manifeste par des taches planes, de couleur blanc ivoire, à bords nets et convexes, à surface lisse, souvent bordées d’un liseré hyper pigmenté. Il existe d’autres formes particulières : vitiligo trichrome ou moucheté. Le vitiligo, qui évolue par poussées successives, imprévisibles, ne présente que des inconvénients esthétiques, toutefois ceux-ci peuvent avoir un retentissement psychologique non négligeable, de plus les lésions sont particulièrement sensibles à l’exposition au soleil.

L’étymologie

Le mot français vitiligo vient directement du même mot latin = tache blanche sur la peau. Il s’agit donc, à l’origine, d’un conflit de souillure, comme pour le mélanome, mais ici la solution biologique est différente : au lieu de faire une carapace pour se protéger de la souillure, le cerveau envoie l’ordre d’enlever la mélanine, une autre façon d’effacer la souillure et être sûr(e) de rester blanc(he) comme neige au soleil. Le sens du verbe latin « vitiare » confirme cette origine : rendre défectueux, gâter, corrompre, altérer, déshonorer, frapper de nullité, falsifier. Le vitiligo, une solution biologique pour ne pas être corrompu, déshonoré, et pour être « blanchi » à l’avance. C’est la peur d’être sali, souillé.
L’écoute du verbe
Vitiligo = vite / il / y / go = conflit de vitesse, lié à la thyroïde. Il faut réagir vite pour échapper au prédateur. C’est le conflit du chevreuil qui, contrairement au cerf, vit en clairière et non à l’ombre de la forêt. « Ralliez-vous à mon panache blanc », dit-il. La vitesse de réaction du chef blanc (à tête blanche) va sauver le groupe. Pour le salut collectif, je dois vite réunir le clan dans la fuite.
La symbolique
Le blanc est un symbole globalement assez positif, c’est celui de la virginité, du bien (opposé au mal, symbolisé par le noir), du lait maternel, de la neutralité (le drapeau blanc), de l’état de tous les possibles, du devenir, de la paix, de la pureté originelle, de la sagesse, mais aussi de fragilité et de vulnérabilité.

Le sens biologique

Le vitiligo, qui atteint l’épiderme de la peau et la mélanine, est la conjonction de deux conflits biologiques : séparation et souillure. Voici diverses façons d’exprimer cette double facette conflictuelle :
– conflit de séparation avec une coloration moche et une notion de souillure ;
– conflit de séparation, désirée mais impossible, et conflit qui a trait à un ressenti en terme de laid, de moche, de souillant ;
– conflit de se sentir séparé de façon moche ;
– conflit de séparation laide ou brutale d’un être aimé ou admiré (par exemple suite à un cancer) ;
– conflit de séparation de quelqu’un ou quelque chose que je voudrais mais qui est interdit sous peine d’être mort ou d’être banni ou sous peine que l’autre soit mort ou banni.

Le vitiligo apparaît au cours de la phase de conflit actif. Le sens de la maladie est de permettre d’effacer, de se débarasser de la souillure, de laver plus blanc que blanc, de retrouver la pureté de la partie du corps qui a été souillée lors de la séparation. Il faut montrer patte blanche (effacer la marque d’infamie qui se trouve sur les mains). Il faut faire entrer plus de lumière à l’intérieur de soi. Or, la lumière, symboliquement, c’est le père. D’où l’origine se trouve souvent dans un conflit de séparation au père. Je ne dois pas me protéger de mon père, au contraire je cherche à le faire entrer en moi.

Dans le cas particulier des personnes de religion juive, on retiendra également que :
– ceux qui ont touché la mort ont les mains blanches et ne peuvent pas entrer dans la synagogue, pour cause d’impureté ;
– l’enfant ne peut pas entrer dans la synagogue si la mère n’est pas juive.
Donc, les personnes d’origine juive qui ont vécu une autre souillure que celle-ci, peuvent être prises dans un double vitiligo, un cercle vicieux dont il est difficile de sortir : pour laver la première souillure il faut montrer patte blanche, mais une fois qu’on a les mains blanches on tombe dans une autre souillure qui nous ferme la porte de la maison du Père. Il ne reste plus qu’à partir sur les routes fonder sa propre religion.
Le blanc = la survie
Revenons vers les animaux pour constater que certains mammifères, comme le renard polaire par exemple, ont la peau qui perd ses pigments en hiver pour échapper à leurs prédateurs, principalement ceux qui viennent du ciel, les rapaces. Le blanc de leur pelage est la solution biologique parfaite pour se fondre dans le décor enneigé, pour être, au sens propre du terme, blancs comme neige.
Nous aussi, humains que nous sommes, nous pouvons être porteurs d’une mémoire de survie liée à la couleur blanche. Un de nos ancêtres a pu avoir la vie sauve en se cachant sur ou dans du blanc (neige, sel, lait,…) par mimétisme ou camouflage et ainsi devenir invisible à son prédateur. La couleur blanche a-t-elle sauvé quelqu’un ?

Bernard Tihon

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