LE VIRUS EBOLA (II)

Comme nous l’avons vu le mois dernier, le virus Ebola peut provoquer une CIVD, c’est-à-dire une coagulation intravasculaire disséminée. J’ai rencontré mon premier cas de CIVD il y a plus de 20 ans. Il s’agissait des suites d’un accouchement au moment de la délivrance. C’était une femme qui s’était retrouvée enceinte après presque 20 ans d’attente, de difficultés personnelles et de couple, de traumatismes importants et à l’issue de tout un chemin pour dépasser les processus de stérilité qui en découlaient logiquement. Cette naissance était une grande joie survenant en guérissant beaucoup de souffrances passées, mais aussi actuelles, car rien dans sa vie n’étant réellement réglé. Depuis, j’ai réalisé que la CIVD apparait quand il existe chez une personne une charge ancienne et énorme de souffrances accumulées depuis de très nombreuses années. Ces souffrances sont souvent terribles, insupportables, voir presque inhumaines. Elles habitent toutes nos émotions qu’elles ont saturées de conflits et d’autres formes de défenses réactionnelles.

L’explosion du psychisme

A l’occasion d’un événement extérieur (accident, opération, ou infection comme Ebola) l’ensemble du psychisme explose littéralement. La vie s’arrête sous la forme de caillot. Il est logique que cela fasse partie du tableau terminal des cancers. La CIVD peut apparaitre comme la vagotonie terminale et passive d’un conflit ancien et majeur. Ou comme une situation de stress très ancienne, non résolue, et qui bascule brutalement en vagotonie réparatrice, par épuisement. Toutes les situations de CIVD que j’ai vues ensuite sont venues confirmer cette idée. À mon avis, Ebola vient chercher la souffrance accumulée par des décennies de guerres inhumaines en Afrique. Je veux dire que l’accumulation de souffrance met en place un terrain propice au développement d’une maladie. Regardons les lieux où sévit Ebola: Sierra Léone, Nigeria, Guinée, Zaïre, Ouganda, Sud Soudan, Libéria: souvenez-vous des guerres effrayantes qui s’y sont produites

Le cas du Libéria

Le Libéria est fondé en 1822 par une société américaine de colonisation (The National Colonization Society of America), pour y installer des esclaves noirs libérés. C’est le début de tensions entre ces Americano-Libériens et la population autochtone. Les anciens esclaves imposent aux populations locales un travail forcé qui est une forme renouvelée de l’esclavage qu’ils ont vécu. Cette reproduction est caractéristique de souffrances humaines profondes. J’inflige aux autres les atrocités que l’on m’a fait subir. Le Libéria a été, comme toute l’Afrique, un lieu d’exploitation par les multinationales américaines. Ne se contentant pas d’avoir exporté le principe de l‘esclavage, les Amériques exportent leur économie qui vient piller l’Afrique traditionnelle. Il s’ensuit des guerres interminables entre anciens esclaves américains devenus esclavagistes et les autochtones devenus esclaves.
Souvenez-vous de Charles Taylor, ancien président, qui faisait couper les bras de ses adversaires pour qu’ils ne puissent plus jamais tenir de fusils. Au total, presque un siècle de guerre et de massacres avec 20 années terribles.

Mémoires de guerre

Souvenez-vous du film «Blood Diamond» de Edouard Swick, en 2006 : il parle de la guerre en Sierra Léone et du trafic des diamants par les milices locales pour le compte des multinationales occidentales. C’est l‘histoire des enfants soldats à qui on bande les yeux pour leur apprendre à tuer sans savoir qui ils tuent, et qui apprennent donc à tuer leur propre famille. Et que dire des guerres au Sud Soudan ou des massacres d’Ouganda et du Rwanda ? C’est aussi au Zaïre qu’a sévi Ebola, ainsi qu’au Nigeria, terrible zone de guerre. Ebola apparait comme le virus qui vient nettoyer les mémoires de guerre et de souffrances horribles et très anciennes.
Imaginer la carrière que peut encore faire Ebola quand vous voyez toutes les zones de guerre en Afrique (Guinée, Libye, Nigeria, Centre-Afrique, Cameroun, Somalie…) et dans le reste du monde (Syrie, Irak, Tchétchénie, Afghanistan, Timor Oriental, Corée du nord etc.). Ebola parle aussi des mémoires transgénérationnelles. Mémoires d’esclavage, de souffrance et d’humiliation, de vengeance et de contre-vengeance. Vol des richesses, miroir aux alouettes des diamants et des ressources minières qui seront de toute façon pillées par les multinationales.

Les rituels tribaux du toucher des morts avaient une fonction de transmission et de rémission des informations transgénérationnelles. Ces contacts, bien sûr, transmettent la maladie mais cela a une intention positive puisque cela permet de nettoyer tout le transgénérationnel. Ce que ces rituels très positifs n’avaient pas prévu, c’est la dissemination, grâce aux moyens de transport, ainsi que l’immensité et la cruauté des guerres qui ont ravagé ce continent.
La polio, en son temps, a eu aussi la fonction de mettre des horreurs en évidence. Elle a sévi énormément en Afrique et dans les zones de conflit. Nous avons eu aussi, en Europe, notre lot de maladies révélatrices. La grippe Espagnole a sévi juste après les boucheries des tranchées de la guerre 14 – 18 avec ses cinq millions de morts. La tuberculose est venue marquer la difficulté de survivre des populations paysannes immigrées en ville au le début de l’ère industrielle. Le sida parle des mutations des moeurs et des techniques de médecine moderne qui confrontent notre identité. J’ai abordé tout cela dans le DVD Les Microbes. (*)
Vu de cette manière, Ebola apparait sous un tout autre jour. ll aide «dramatiquement» au nettoyage de souffrances anciennes si profondes qu’elles bloquent la vie et l’amour de la vie. Le corps préfère alors s’arrêter, ou passer par ce nettoyage.
Ebola a encore de beaux jours devant lui, c’est terrible mais probablement vrai.

Sens profond

Il est important de saisir le sens profond d’une maladie et d’une épidémie pour pouvoir réellement agir positivement. Comprendre comment se sont mises en place les conditions, éviter de les reproduire, changer ce qui peut l’être, prévenir la dissémination à la lumière de cette compréhension.
Les mutations du monde, les nouveaux conflits engendrés par la mondialisation, la malbouffe, la pollution, la vision uniquement financière, l’appauvrissement d’une part importante de la population au profit de quelques riches, le retour d’un esclavage moderne, le pillage des ressources, le réchauffement de la planète, tout cela va permettre l’émergence de nouvelles maladies qui sont autant de tentatives de limitation et de solution que la nature tente de mettre à notre disposition.
Ne nous y trompons pas, des maladies comme le Virus Ebola sont déjà présentes sur terre depuis des millions d’années, attendant le moment propice pour exercer leur rôle régulateur et limitateur de nos excès. Chaque mouvement humain potentiellement difficile ou pervers possède son contre-mouvement. C’est là le terrible génie de la nature.

Dr Olivier Soulier

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