LE CORPS, un raccourci vers l’âme?

ARTICLE N° 58 Par Paul Degryse

Bien que centrée sur l’origine psycho-émotionnelle des maladies , la revue Néosanté se garde bien de préconiser la seule médecine du psychisme et des émotions. A nos yeux, le chemin « somatopsychique » est au contraire une voie de prévention et de guérison à laquelle aucune forme de psychothérapie ne devrait se prétendre supérieure. De même, aucune approche spirituelle de la santé ne nous semble saine quand elle néglige la dimension sensorielle et corporelle de l’existence humaine. C’est pourquoi nous accordons une place privilégiée au chamanisme, dont la spiritualité incarnée repose sur la sacralisation de la nature et la médiation du corps. Dans la foulée de son interview du mois dernier, Paul Degryse nous propose précisément d’envisager le corps – qui est lumière et énergie – comme l’accès le plus direct vers l’âme.

Les nouvelles spiritualités ont le vent en poupe … tant mieux ! Il était temps pour l’humanité de renouveler les schémas de réponse au mystère de l’univers que nos religions officielles nous proposent depuis des milliers d’années et qui, pour le moins en ce qui concerne la culture occidentale, nous ont mené tout droit au plus funeste de tous les systèmes socioculturels imaginés par l’homme : le matérialisme.
En fait, à proprement parler, il ne s’agit pas de « nouvelles spiritualités » dans la mesure où il s’agit essentiellement, soit d’une émergence occidentalisée des trois religions principales d’Asie – hindouisme, bouddhisme et taoïsme – , soit d’une résurgence du chamanisme liée à un besoin panthéiste de retrouver un lien spirituel avec la nature. Le chamanisme qui est tout à la fois la pratique d’un art de vivre, une voie thérapeutique de l’âme et du corps et une vision du monde, mérite encore moins le titre de « nouvelle spiritualité ».

La « religion » des chasseurs-cueilleurs

Tous les spécialistes s’accordent en effet pour percevoir les signes d’existence du chamanisme 40 000 ans avant Jésus-Christ, dans des cavernes fréquentées par des chasseurs-cueilleurs de cette époque , ce qui en fait très certainement la source initiale de toutes les religions de notre planète, bien que l’on ne puisse pas le qualifier de religion. En effet, sa résurgence actuelle, fortement boostée par un effet de mode , présente cependant un très grand intérêt pour notre civilisation terrestre en quête d’un profond renouveau, tant sur le plan métaphysique qu’en ce qui concerne la connaissance de la psyché humaine et de ses capacités, ainsi que sur le plan médical.
N’ayant jamais subi les ravages cognitifs de l’institutionnalisation, le chamanisme a , grâce au ciel, traversé toute l’ histoire de l’humanité pour nous révéler des capacités énergétiques et thérapeutiques de la conscience humaine qui vont totalement à l’encontre des connaissances officielles sur la neuro-psychologie et sur les mécanismes de la pathologie. Cette renaissance du chamanisme a deux types d’effets totalement opposés et aussi excessifs l’un que l’autre sur le monde occidental : d’un côté, elle fait fantasmer tous ceux qui se ruent vers l’apprentissage des médecines douces, en quête d’un nouveau pouvoir médical et souvent imprégnés d’une nostalgie bon enfant pour les cultures, surtout amérindiennes , qui nous les transmettent ; et de l’autre, elle fait sourire ou grincer des dents tous les fanatiques de la religion scientiste et rationaliste. Les premiers se parent de plumes, de tambours et de hochets et, confondant l’accessoire du chamane avec son pouvoir intérieur, prodiguent des soins qui, au mieux, s’apparentent au soulagement du placebo. Les autres, adeptes béats des médicaments et de toute la panoplie technologique de la médecine moderne, soutiennent autant qu’ils peuvent un progrès mortifère soutenu par des lobbyistes mondialistes sans scrupules. Aucun de ces deux types « d’adeptes » ne favorise, bien entendu, le changement urgent de paradigmes dont nous avons besoin sur cette planète et qu’une étude sérieuse et ouverte du chamanisme pourrait pourtant faciliter.
Le chamanisme comporte une dimension « panthéiste sans dieu » qui correspond d’ailleurs opportunément à la prise de conscience de cette urgence écologique, mais ce qui le sépare nettement des religions, c’est que sa pratique comporte un recours expérientiel, individuel et libre aux états de conscience élargie à des fins à la fois libératrice et thérapeutique.

L’importance de la conscience du corps

Une autre dimension, moins connue du chamanisme, est celle de l’importance donnée à la conscience du corps, qui l’éloigne encore plus des religions, en particulier des religions monothéistes. Dérivant directement de la plus universelle des dualités qui structurent l’univers, celle de la matière et de l’esprit, la dualité corps/esprit a été considérée pendant deux millénaires en occident, dans un rapport non seulement de séparation, mais de dévalorisation du corps par rapport à l’esprit. Le corps étant considéré comme un dérivé impur de l’esprit, tout ce qui était corporel étant entaché de culpabilité, notamment la sexualité.
Il fallut 1800 ans d’histoire pour qu’avec le siècle des lumières et les premiers balbutiements sérieux de la science de la matière, un mouvement de bascule dans le sens opposé puisse démystifier la vision religieuse du monde, entraînant un rejet de la spiritualité tout aussi extrémiste que l’avait été le rejet excessif du corps par le dogmatisme puritain du monothéisme.
C’est ainsi que le matérialisme dominant actuel (dont la racine est le mot « matière ») imprègne notre vie sociale d’un culte du corps et de ses besoins profondément dénaturé parce que totalement dénué de l’équilibre que pourrait lui apporter une prise en compte philosophique de notre double dimension corps/esprit. Qu’il s’agisse de son alimentation ou de sa sexualité, l’homme moderne est en effet en permanence manipulé pour s’adonner au consumérisme, ce qui le rend malade par addiction alimentaire ou sexuelle. Il tombe alors dans un autre consumérisme, celui de la médecine et de la psychothérapie, le corps déspiritualisé étant traité ni plus ni moins comme un objet.
Or, dans le tournant actuel de notre évolution sur la terre, il me semble très important de comprendre que la spiritualité n’est pas qu’ un artifice culturel que l’homme aurait inventé comme il inventa le vêtement voici quelques centaines de millénaires ou le fer à repasser il y a quelques centaines d’années , mais que ce n’est rien de moins que le passage à un autre plan d’évolution de sa conscience, sans doute aussi important qu’a du être l’émergence des cinq sens chez les premiers animaux multicellulaires leur permettant de percevoir des dimensions du monde totalement inaccessibles au stade antérieur de leur évolution.
La spiritualité représente pour l’humanité un saut de conscience vers des dimensions jusqu’alors inaccessibles de la connaissance de l’univers d’une envergure similaire au saut de conscience qu’ont du vivre ces petits animaux très primitifs d’il y a quelques milliards d’années. Si la dimension spirituelle de l’univers semble avoir été inventée par l’homme, c’est tout simplement parce qu’en l’homme se trouve un modèle réduit mais complet de l’univers dans ce qu’il a d’essentiel ! Certains philosophes athées, grisés par les premières découvertes de la science voici un peu plus d’un siècle, se sont exclamés : « enfin !… maintenant l’homme peut se passer de Dieu pour expliquer l’univers.. ! », manifestant ainsi un niveau d’imagination et de recul métaphysique extrêmement réduit .
Aux yeux des chamanes , le concept de spiritualité n’est pas à confondre avec celui de religion et pour eux, il n’est pas nécessaire de recourir à la notion de « dieu » pour faire avancer l’homme dans le mystère d’exister. Pour eux, dire que l’univers est spirituel, c’est dire qu’il est « esprit » dans toutes ses dimensions y compris dans celle de la matière. L’univers est un mystère et dans ce mystère, l’homme trouve une excitation et un désir de vivre qui en font un adepte enthousiaste de la vie , il se sent alors mystique, dans le sens noble du mot . Le mot « enthousiasme » qui vient d’ailleurs du grec « en teos mos » ( je suis en dieu ) nous signale que les grecs avaient encore besoin, vu leur niveau scientifique, de donner un nom et une image anthropocentriste à cette force mystérieuse , ce que les chamanes évitent , appelant tout simplement le mystère « l’Aigle », de façon purement métaphorique. Etre mystique, dans ce sens, n’est pas du tout incompatible avec le fait d’être réaliste, mais désigne seulement un enthousiasme , une joie d’exister qui prend sa source dans une certaine conscience de l’immensité et de l’insondabilité du mystère de la vie qui grise celui qui prend le temps de lui accorder son attention.

Le corps est énergie, l’énergie est mouvement

C’est précisément le cas du chamanisme qui, uniquement de façon pragmatique et concrète, permet à l’homme d’atteindre des niveaux de conscience d’une amplitude mystique (au sens d’expérimentation du mystère) inséparable de capacités d’autoguérison, de guérison et de transformation existentielle inaccessibles par des moyens psychothérapeutiques rationnels et scientifiques. Ce qui vaut souvent au chamanisme l’appellation de « réalisme spirituel ». Cette double nature, qui fait se rejoindre les aspirations et élans les plus subtils de la conscience et les dimensions les plus concrètes et matérielles de l’existence humaine, aucune autre voie spirituelle de la planète ne la possède autant que le chamanisme .
Dans la pratique du chamanisme, le corps joue un rôle essentiel. C’est encore une profonde différence avec les religions traditionnelles. Autant le corps a pu être considéré comme inférieur et impur par les religions monothéistes, autant il est considéré comme sacré dans un cadre chamanique. Ainsi, au lieu de travailler à la séparation du corps et de l’esprit en considérant le premier comme inférieur au second, le chamanisme toltèque permet, au contraire, de travailler à leur rencontre jusqu’à en faire fusionner les énergies. Passant ainsi du pouvoir d’autoguérison et de guérison à l’immortalité par le retour du corps à ce qu’il est, c’est-à-dire pure énergie et lumière, les chamanes semblent bien préparer l’humanité à un cinquième règne sur la terre, non plus humain mais supra humain.
E= MC2 , nous apprend Einstein. Le corps, qui est matière consciente (ou plus précisément qui peut le devenir !) est donc pure énergie ! Or, l’énergie n’est que mouvement, exclusivement du mouvement ! Et quand la conscience accompagne le mouvement du corps, cet accès aux pouvoirs d’autoguérison et de guérison est fortement favorisé. En revanche, un corps qui ne bouge pas commence à mourir. Mais à un corps qui bouge sans conscience de bouger, il manque une dimension essentielle : c’est la matière sans l’esprit. L’univers de cette personne est bancal, on peut même dire qu’il rétrograde par rapport au stade évolutif de l’homme, et surtout, il rompt la circulation optimale de l’énergie de son corps qui, pourtant, est le mécanisme essentiel de la santé et du bien-être de celui-ci. Pourquoi ?
Les chamanes amérindiens et asiatiques disent souvent que tout, dans l’univers, est circulaire. La science médicale moderne possède elle-même, sans les nommer ainsi, des notions de circularité qui viennent valider puissamment les concepts majeurs du chamanisme : l’homéostasie, le circuit sensori-moteur ,etc. Le circuit sensori-moteur, par exemple, nous dit que quand nous décidons de faire un geste, notre cerveau envoie un ordre moteur à notre corps, mais quand nous ressentons le membre qui agit pour nous assurer de l’efficacité du geste accompli, c’est un nerf sensoriel qui envoie l’information de retour au cerveau. Ainsi la boucle est bouclée – le cercle sensori-moteur a fait son travail. Mais hélas, beaucoup de nos gestes sont accomplis inconsciemment, et, dans ce cas, il n’y a pas de retour sensoriel. L’énergie corporelle ainsi mise en jeu est unipolaire et, à force, cela affaiblit le corps et le rend même malade. N’oublions pas que la vie c’est l’énergie, que l’énergie doit circuler et que le cercle est le secret d’une bonne énergie, fluide, équilibrante et revitalisante. Voilà l’une des significations concrètes de la roue de médecine.

L’âme est un corps lumineux

C’est pourquoi la pratique des gestes conscients toltèques nous apporte à la fois un outil de maintien de la santé et d’autoguérison , mais comme le corps et l’esprit fonctionnent holistiquement et cybernétiquement c’est-à-dire de façon interactive , elle nous permet simultanément de renforcer notre confiance en nous-mêmes et notre équilibre émotionnel et relationnel. Comment fonctionne cette action mutuelle du corps et de l’esprit qui va bien au-delà de ce que la médecine officielle commence à admettre sous le terme de « psychosomatique » et comment, selon les chamanes , l’esprit seul (entendu comme niveau de conscience ordinaire) pourrait-il avoir un tel pouvoir ? C’est précisément parce qu’ils connaissent le moyen d’élargir cette conscience ordinaire pour qu’elle fonctionne de façon non-ordinaire ! C’est l’âme qui , selon le chamanisme, est la porte d’accès à ces états de conscience élargie. Et la très longue expérience qu’ils ont de ceux-ci, leur a amplement démontré que le corps est l’un des meilleurs raccourcis vers l’âme.
Les chamanes ne connaissent pas l’âme par un acte de foi dans des écrits saints. Lorsqu’ils se mettent en état de voyance ils la voient et la sentent concrètement, au-dedans et autour du corps humain. Ils l’appellent le corps lumineux, car ils la voient comme une forme ovoïde tout autour du corps physique débordant de celui-ci de quelque 40 à 100 centimètres, dotée de pulsations régulières et de variations de forme et de couleur selon l’état de santé, les émotions et l’état de concentration du sujet.
Elle est à la fois de l’énergie, de la lumière et de la conscience et possède un point plus lumineux dans le dos de l’individu, dont l’emplacement varie selon l’élargissement de son champ de conscience. Cette conscience est très différente de celle que la médecine localise dans le cerveau , elle n’utilise ni la pensée ni le raisonnement pour connaître les choses et elle fonctionne aussi directement comme moteur d’actions qui sont toujours appropriées à la situation. Mais chez l’homme moderne, obnubilé par sa conscience intellectuelle et le dialogue intérieur permanent qui occupe toute sa conscience , l’âme s’exprime très peu. Les chamanes, qui savent maitriser leur mental, ont évidemment une âme beaucoup plus active et présente. Ils n’attendent pas le moment de la mort pour s’en préoccuper et l’utilisent même en permanence.
Mais au fait, pourquoi le corps physique serait-il le meilleur raccourci vers l’âme ? C’est ici que la science moderne rejoint le chamanisme. Deux généticiens, l’un russe et l’autre allemand (Alexandre Gurwitsch et Fritz Albert Popp) ont, au cours de ces dernières décennies, découvert les étonnantes propriétés d’un rayonnement ultraviolet à basse tension et d’autres rayonnements de nature plasmatique non encore totalement identifiés à ce jour, que les ADN de tous les organismes vivants émettent en permanence, changeant de forme et d’intensité selon les manipulations et ablations qu’ils leur faisaient subir. Leurs conclusions, largement sous-interprétées par prudence scientifique (même si elle ne porte pas ce nom, la science a aussi son inquisition) furent que ces plantes et petits protozoaires manifestaient, à travers ces émissions lumineuses, un niveau de conscience intelligente , émotionnelle et même créative impressionnant et comparable, toutes proportions gardées, à celui des grands mammifères et être humains, bien qu’elles ne possédaient aucun organe assimilable à un cerveau.
Les chamanes que j’ai rencontrés en Asie et au Mexique, et dont certains perçoivent clairement le corps lumineux des êtres vivants, assimilent sans le moindre doute la découverte scientifique de ces chercheurs occidentaux à leur perception de ce qu’ils considèrent comme l’âme immortelle et omnipotente de l’être vivant . Ils ajoutent, et c’est une chose essentielle pour tous ceux qui abordent la pratique du chamanisme de façon sérieuse, que s’il n’est pas très difficile de la percevoir, en revanche il est nécessaire de se lancer dans un travail sérieux et patient pour « s’en servir » ( mot un peu inapproprié dans la mesure où l’âme est la dimension essentielle et centrale de l’être humain, l’expression plus juste serait : « s’en rapprocher pour accéder au « grand soi » ) afin de transformer sa conscience personnelle et, plus délicat encore, de la manipuler chez un tiers. A méditer par les apprentis sorciers et autres extracteurs d’entités et « nettoyeurs d’âme » !

Le pouvoir de l’intention

L’âme est la source du corps physique avec lequel elle est « attachée » par une partie des ADN de chaque cellule vivante du corps, eux-mêmes connectés avec les méridiens et points d’acupuncture qui sont les organes de connexion directement corporelle avec elle. La conscience sensorielle du corps devient ainsi la voie d’accès la plus directe à l’énergie du corps lumineux et par là, à l’âme , porte directe vers la conscience élargie . Le corps se révèle ainsi, sur le plan spirituel, l’intermédiaire privilégié vers les pouvoirs de l’esprit et retrouve la dimension sacrée que lui ont toujours attribué les grandes religions opérationnelles et le chamanisme depuis des milliers d’années.
Quand le corps et l’esprit se rapprochent, l’âme émerge à la conscience ordinaire de l’apprenti chamane, des phénomènes de conscience troublants se manifestent, et l’apprenti, ayant nettoyé son tonal (son être ordinaire : esprit et corps inclus), il est prêt à voyager dans le nagual ( l’immense territoire intemporel où se trouvent toutes les potentialités expérientielles de chaque conscience humaine). Il pourra y puiser les nouvelles mémoires qui remplaceront les mémoires négatives dont il veut se débarrasser et qui sont la cause de ses maladies ou de ses souffrances psychologiques .
Dans cette pratique, la fonction essentielle mise en jeu est notre attention, terme dont la définition est conscience en train d’agir. Si rien n’est plus difficile que de maîtriser notre attention c’est-à-dire notre conscience, la décision de s’y engager malgré tout va permettre à l’apprenti de développer la fonction la plus puissante de la conscience avant même l’attention : l’intention (Intento, pour les chamanes toltèques), source de tous les pouvoirs et force créatrice de l’Univers.
Une telle entreprise peut faire hésiter le néophyte mais après tout, il ne s’agit que de se découvrir soi-même : cette intention est déjà en nous, c’est la force qui fait l’univers, et chacun sait que si c’est une graine qui a créé le fruit, à son tour une autre graine similaire à la précédente se trouve au centre de ce même fruit. Ainsi, d’immenses promesses sont au centre de l’homme sous forme de rêves, d’espoirs, d’aspirations au merveilleux…. Comme la graine ! Et ces aspirations ne font que nous murmurer avec insistance que la vie peut être bien plus extraordinaire qu’elle ne nous semble quand nous nous laissons endormir par le matérialisme castrateur de la dimension élargie de la conscience humaine.

NDLR : Le chapeau et les intertitres sont de la rédaction.

Paul Degryse

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