LA CRYOTHÉRAPIE et autres méthodes de santé par le froid

C’est l’hiver ! Les bouillottes sont de sortie… On ne pense plus qu’à une chose : se protéger de la froidure et faire grimper le mercure au coin du feu. Et pourtant, le froid est un précieux allié pour notre santé, au moins autant que la chaleur. Chacun sait qu’une poche de glace est d’un grand secours contre les entorses ou les hématomes. Mais savez-vous que le froid peut aussi soigner un très grand nombre de maladies, aiguës ou chroniques ? Ses bienfaits sont connus depuis longtemps, le plus souvent en association avec l’eau (compresses humides, bains de siège , balnéothérapie, etc.). Aujourd’hui, on découvre les vertus d un froid sec et extrême grâce à la « cryothérapie gazeuse », une technique venue du Japon et adoptée depuis 20 ans en Europe de l’Est. Pour le moment, dans nos pays, ce sont surtout les sportifs de haut niveau qui en profitent. Parfois via des cabines frigorifiques mobiles, comme dans la caravane du Tour du France. Mais les centres de bien-être « grand public » commencent également à s’équiper de ces frigos corporels ou de ces saunas inversés capables de descendre jusqu’à – 150 degrés ! Pour Néosanté, Pryska Ducoeurjoly a enquêté sur les anciennes et les nouvelles méthodes de « santé par le froid ».

Avez-vous remarqué comme on se sent tonifié après une balade hivernale ou un bon bain de mer à 16 ou 18°, ou une simple douche écossaise ? Le froid semble nous éclaircir les idées, nous ragaillardir. Il nous donne bonne mine. Cet effet coup de fouet n’est pas qu’une impression. On connaît mieux les vertus de l’eau froide depuis les travaux de Sebastian Kneipp (nous y reviendrons plus loin). Le froid a bel et bien un effet thérapeutique, aujourd’hui connu et reconnu. Tant et si bien que la thérapie par le froid fait désormais partie de la médecine moderne, avec une entrée récente sous le terme de « cryothérapie ».
Derrière cette appellation un peu barbare, on désigne les techniques de pointe qui utilisent le froid en guise de traitement. Mais dans sa forme artisanale, tout le monde peut pratiquer une cryothérapie « maison » : l’idée est toujours la même, il faut refroidir la peau du corps tout entier ou d’une partie seulement, par le contact avec le froid. Les grands sportifs utilisent d’ailleurs couramment le froid contre les blessures ou contusions, ce qui leur permet parfois de reprendre le match. Chacun sait qu’une poche de glaçons atténue la douleur en cas de coup. On pense aussi à la bombe de froid utilisée par les kiné sur les terrains pour calmer la douleur à la suite d’un choc. Après l’effort, de plus en plus d’athlètes recourent également au bain glacé pour mieux récupérer.
On utilise ainsi couramment le froid contre les entorses, tendinites ou claquages musculaires. Il a pour effet d’atténuer les inflammations (le feu de la réaction), de réduire le calibre des vaisseaux (vasoconstriction), de soulager la douleur (effet analgésique) et d’aider à résorber les hématomes.

Les saunas du froid arrivent en Europe

Ce qui est nouveau, c’est la technologie qui accompagne la cryothérapie version XXIe siècle. Des centres de remise en forme d’un genre nouveau font leur apparition un peu partout. Equipés de cryo-saunas (des cabines froides), ouverts au grand public, on s’y rend avec des moufles et un maillot de bain…. Le « cryo-sauna », c’est bon pour le moral et ça calme instantanément la majorité des douleurs.
Concrètement, la cryothérapie du corps entier consiste à placer le corps du patient dans une chambre spéciale dont la température est comprise entre -110° et -160°, mais pendant une durée très courte (moins de 3 minutes). L’objectif est de stimuler le corps humain de façon à déclencher des réflexes physiologiques naturels par un choc thermique. Ici, il ne s’agit pas d’appliquer un coup de froid sur une petite partie du corps, mais de refroidir la peau du corps dans son ensemble et ce en un temps record. On parle alors de « cryothérapie du corps entier » (CCE) ou de « cryothérapie en chambre ».
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le froid n’y est pas douloureux car il n’est pas humide. On ressent surtout un léger picotement sur les parties dénudées, sachant que les extrémités, plus sensibles, sont protégées.
Lors d’une séance en chambre cryothérapique, le patient est équipé de manchons aux pieds et aux mains ainsi que de protection pour les oreilles et la bouche (les parties du corps humain les plus sensibles). La cabine est refroidie par l’évaporation de gaz liquéfiés comme l’azote liquide ou l’air liquide. Pendant ces quelques minutes, la température extérieure de la peau baisse d’environ une dizaine de degrés mais ne doit pas passer en dessous de 5 °C. La température du corps humain reste quant à elle stable durant la séance.
Cette exposition a pour conséquence de provoquer sur le sujet des effets hormonaux et biochimiques qui améliorent considérablement le soulagement des douleurs, en agissant comme un puissant stimulateur neuro-hormonal. On constate une diminution des œdèmes due à une augmentation dans le corps des hormones à effet anti-inflammatoire et cicatrisants. En effet, en réponse au froid, le corps humain secrète des endorphines, ce qui a pour effet de provoquer une analgésie et une sensation de bien-être. Une séance permet ainsi d’éliminer la sensation de fatigue, d’assouplir des muscles tendus ainsi que d’intensifier le passage sanguin dans les téguments et les organes internes.
Il existe deux types de cryothérapies en chambre : l’une ponctuelle (à visée sportive ou de bien-être), l’autre encadrée par une prescription médicale, qui consiste en une succession quotidienne ou bi-quotidienne, voire plus, de « cryo-bains » sans excéder 21 jours avec trois mois d’arrêt entre chaque cycle cryogénique.
Ce type de thérapie par le froid est indiqué en cas de pathologie lourde et en complément de soins médicaux ou d’une kinésithérapie. Dans tous les cas, les effets dus au séjour dans la cabine de cryothérapie se maintiennent de 6 à 8 heures. A ne pas confondre avec l’hypothermie thérapeutique, une toute autre technique car le patient est refroidi dans sa globalité (température centrale entre 32 °C et 34 °C) pendant plusieurs heures ou jours. Elle est utilisée en réanimation médicale notamment dans le cadre des suites de l’arrêt cardio-circulatoire.

Ce que ça soigne ? Presque tout !

Alors qu’on répugne naturellement à se jeter dans l’eau glacée, à se rouler tout nu dans la neige, ou à pratiquer la douche écossaise, ces nouveaux outils mettent à la portée du grand public les bienfaits du froid sur l’organisme entier, ils rendent également possible un accompagnement « naturel » soulageant les patients en cas de problèmes chroniques, leur évitant la prise d’anti-inflammatoires coûteux aussi bien pour le porte-monnaie que pour la santé à long terme (les effets secondaires des médicaments). De nombreuses maladies sont concernées : spondylarthrite (maladie inflammatoire de la colonne vertébrale, rhumatisme, sciatique, sclérose en plaques, maladie de Parkinson, fibromyalgie, problèmes de peau comme le psoriasis ou l’eczéma, stress, insomnie, surpoids, etc !
Dans de nombreuses pathologies, la cryothérapie permet une diminution voire un arrêt des traitements. La cryothérapie est également préconisée pour les cas post-traumatiques et post-opératoires pour accélérer la cicatrisation et la récupération de l’organisme. En d’autres termes, la cryothérapie peut être utile dans presque toutes les affections. Il existe néanmoins quelques contre-indications : allergie au froid, syndrome de Raynaud, troubles de la sensibilité cutanée, cryoglobulinémie (maladie causée par la présence de cryoglobulines ayant la propriété de précipiter lorsque la température est inférieure à 37 °C).
Du fait d’une forte stimulation du système hormonal et immunitaire, la cryothérapie trouve aussi sa place dans les actions de prévention chez les sujets fragiles, contre les grippes, angines, affections pulmonaires, etc. Elle représente donc une réelle alternative aux vaccins, dont les effets secondaires sont nombreux.
Ce qui est vraiment nouveau, en réalité, c’est la reconnaissance par la médecine conventionnelle des bienfaits du froid pour des pathologies chroniques parfois très invalidantes, comme la sclérose en plaques, la fibromyalgie, la polyarthrite ankylosante, les rhumatismes, véritables chasses gardées de la médecine moderne. Même en cas de cancer, on commence à utiliser la cryothérapie en micro-chirurgie pour « refroidir » les tumeurs, voir les éliminer totalement dans certains cas ! Autant dire que la thérapie par le froid est en plein essor. Elle devrait être préconisée dans un nombre croissant des maux. Il est bien loin le temps où on accusait le Dr Kneipp (1821-1897) de charlatanisme, lui qui guérissait à l’eau froide des pathologies lourdes comme la tuberculose ou le choléra, sous l’œil incrédule des médecins de l’époque.

Les effets bénéfiques de la cryothérapie gazeuse

Autre nouveauté de la cryothérapie actuelle, ce n’est plus l’eau qui amène le froid (comme dans le cas des poches de glace ou des bains froids) mais un gaz sec, à plus ou moins forte pression. Pour une application locale, la cryothérapie permet de soigner en douceur et sans effets secondaires des zones parfois très douloureuses, comme les tendinopathies, les capsulites rétractiles ou les algoneurodystrophies, etc.
Pour ces fameuses douleurs localisées, la « neurocryostimulation » (NCS ou cryothérapie gazeuse) est une thérapie en plein essor. Développée en 1993 par Christian Cluzeau et la société Cryonic Medical, elle permet de traiter une zone avec efficacité et rapidité tout en donnant des résultats durables. Elle est naturelle, non toxique et non invasive.
L’air froid soufflé amène d’autres effets comparés à l’eau froide, car les mécanismes d’action sont différents en fonction du type de froid utilisé en médecine. C’est ce que rappelle le Dr Marc Rozenblat, médecin du sport, dans la revue Rhumatologie (n° 65, février 2008) :
– Glace : elle agit par conduction. Il s’agit d’un transfert énergétique par contact entre la peau et la poche de glace.
– Aérothérapie : connue depuis plus de 20 ans, notamment en Allemagne, cette technique repose sur l’utilisation de compresseurs à air qui produisent un froid ventilé à -30°C en sortie d’appareil, sous une pression de sortie inférieure à 1 bar. Cette pression est dite « subsonique ». Il n’y a pas de micro-cristallisation à la sortie de la buse d’éjection. Cette technique agit par convection (refroidissement par échange thermique entre l’air froid et la peau par un effet de soufflage).
– La Neuro-cryo-stimulation est une technique dont la pression d’éjection du jet est supérieure à 1 bar. Dans ce cas, la pression est dite « sonique ». Le jet expulse le gaz sous forme de microcristaux de neige carbonique à -78°C. La pression est au minimum de 50 bars en sortie d’appareil. Cette phase sonique donne, au niveau de la peau, une réaction associant le froid à très basse température (-78°C), une vitesse de refroidissement (de 32°C à 2°C en 30 secondes) provoquée par la pression du gaz (50 bars à 15°C) et une onde de choc de 400 Hz due à une vibration induite dans le cône d’éjection du jet de gaz. Les microcristaux donnent une réaction d’une très grande intensité. Cette réaction, nous l’avons appelée : choc thermique. »
Dernière née des thérapeutiques liées au froid, la cryothérapie gazeuse est de plus en plus populaire sur le continent européen. Cependant, elle est encore pratiquement inconnue sur le continent américain.
C’est au début des années 70, que des études sur la cryothérapie ont démontré que pour être réellement efficace il fallait arriver à créer ce « choc thermique » (un très grand abaissement de la température en un minimum de temps). Il faut savoir que dans les conditions normales, la température cutanée est aux alentours de 34 °C. L’effet maximal est obtenu directement (10 à 15 sec) pendant le traitement et va durer, selon les cas, de 30 minutes à 3 heures (la moyenne étant une heure) après l’arrêt du traitement.
Cela produit quatre principaux effets :

  1. Antidouleur
    Le froid entraîne un ralentissement de la conduction nerveuse. La diminution, sous l’effet du froid, de la conduction de l’information au cortex entraîne une réduction immédiate de la douleur. Le traitement de la douleur d’origine inflammatoire est directement lié à la diminution de la production enzymatique et au drainage de l’œdème. Le froid va également diminuer l’excitabilité des nocicepteurs (récepteur sensoriel de la douleur qui fait naître un message nerveux lorsqu’il est stimulé).
  2. Vasomoteur
    Le refroidissement tissulaire provoque initialement une rapide vasoconstriction artériolaire et capillaire obtenue par voie réflexe (thermo régulation). Lorsque l’application de froid est maintenue suffisamment longtemps, elle est suivie d’une vasodilatation. Cette vasodilatation dite paradoxale correspond à une hyperhémie (afflux excessif de sang dans un organe) de protection .
  3. Anti-inflammatoire
    L’importance de l’inflammation est liée à la température tissulaire. L’application rapide de froid engendre une diminution de la production des médiateurs chimiques responsables de l’inflammation.
  4. Relâchement musculaire
    La fibre musculaire se relâche de façon importante. Ceci soulage les contractures, responsables de bien des maux.

L’introduction de la cryothérapie du corps entier date précisément de 1978, attribuée au professeur japonais Toshiro Yamauchi et à son équipe qui ont mis au point la première chambre froide à usage médical (liquid nitrogen cryochamber). Par la suite, c’est à partir des travaux du professeur polonais Zdzislaw Zagrobelny, en 1983, qu’une tradition de recherche en matière de cryothérapie s’est développée en Pologne (où cette thérapie est remboursée par la sécurité sociale) jusqu’à aboutir à une génération de matériel ultra-moderne, simple d’utilisation et offrant des coûts d’installation et de fonctionnement réduits. Alors que les saunas froids arrivent tout juste en Europe de l’Ouest, cette technologie est connue depuis plus de vingt ans dans les pays de l’Est.

Des perspectives en chirurgie

Une des utilisations connues de la cryothérapie est le traitement des verrues par l’application d’azote liquide à -196 °C, directement sur la peau à l’aide d’un coton tige. Aujourd’hui, les vertus du froid commencent à être utilisées dans la microchirurgie non invasive. Actuellement, de nombreux hôpitaux en France l’expérimente depuis 2009 et avec succès dans le cas du cancer du rein, pour les tumeurs de moins de 4 cm. Au cours de l’opération, on enfonce au sein de la tumeur une aiguille conduisant un gaz réfrigéré (argon) sous le contrôle d’un scanner. L’aiguille génère un glaçon de 40 mm sur 16 mm, qui congèle la tumeur. Le principal avantage est d’éviter le recours à l’ablation du rein.
Cette technologie pourrait rapidement devenir un standard. Aux États-Unis, le recul est suffisant pour affirmer que 90 % des tumeurs ainsi traitées sont neutralisées à dix ans. En l’état actuel du développement de cette technique, 60 % des cancers du rein pourraient ainsi être traités. Mais pour l’instant, ce type d’intervention est réservé aux patients ne disposant que d’un seul rein, et risquant la dialyse (qui permet de filtrer le sang des personnes dont les reins ne fonctionnent plus correctement). D’autres cancers sont potentiellement concernés, comme celui de la prostate.
Peu invasive, la cryothérapie pour les cancers du rein réduit la durée d’hospitalisation à 48 h (contre 5 jours avec la chirurgie), n’entraîne pas de cicatrice ni de douleur, et ne nécessite aucun traitement adjuvant. L’intervention est moins traumatisante, les suites opératoires plus simples.

Les autres thérapies par le froid

L’utilisation de glace et de neige comme moyen thérapeutique était déjà signalée par Hippocrate (460 – 377 av. J.-C.). Depuis, les naturopathes ont contribué au développement de ce savoir, ainsi que les médecins « vitalistes » (qui reconnaissent l’action bénéfique de l’énergie vitale dans le corps humain). Parmi les naturopathes célèbres qui ont popularisé les bienfaits du froid, on citera principalement Sébastian Kneipp et Louis Khune .

Les 120 bains du Dr Kneipp

En tombant malade, on peut devenir un grand nom de la médecine traditionnelle. Ce fut le cas de Kneipp. De famille pauvre, Sebastian Kneipp (1821-1897) dut travailler, très jeune, pour subvenir à ses besoins, et ce ne fut qu’à l’âge de vingt-trois ans qu’il eut la possibilité de fréquenter le lycée. A 26 ans, il fut atteint de tuberculose et condamné par son médecin traitant. Ne pouvant plus suivre ses études, il retrouva espoir à la lecture d’un livre de médecine naturelle de Johann Siegmund Hahn (1695-1773), pionnier de l’hydrothérapie allemande (Cours sur la force et l’efficacité de l’eau froide).
En plein hiver, il prit des bains deux à trois fois par semaine dans l’eau glacée du Danube, affina les techniques de Hahn et guérit effectivement de sa tuberculose. Sebastian Kneipp compris par la suite les vertus des plantes médicinales, l’importance d’une nourriture équilibrée et d’une activité physique. Il élabora un système de traitement approfondi, dans lequel il intégra en tant que prêtre, le soin des âmes. En 1886, il publia son premier traité sous le titre Ma cure d’eau.
Les cinq piliers Kneipp (eau, plantes médicinales, mouvement, alimentation, vie harmonieuse) se soutiennent mutuellement. « Ce n’est qu’après avoir pris l’âme en compte que j’ai obtenu des résultats positifs », assurait toutefois Kneipp, soucieux de l’état émotionnel de ses très nombreux patients. La réputation de ces travaux est aujourd’hui mondiale. En Allemagne, près de six cent soixante hôtels, centres thermaux ou cliniques y adhèrent.
Les usages de l’eau froide, chez Kneipp sont multiples et variés. Son hydrothérapie comprend plus de 100 applications différentes sous formes d’exercices d’endurcissement, de lavages, d’enveloppements, de compresses, d’affusions, etc. Douche écossaise, bains de siège, bains-de-pieds, de main, de bras, de tête, mais aussi bains d’herbes, de feuilles, de fleurs et de foin ! Kneipp a montré que les applications localisées pouvaient être plus efficaces qu’un bain entier, grâce à un « effet dérivatif » (voir le bain dérivatif de Khune, ci-après).

Lorsqu’on pratique ces bains chez soi, la température de l’eau ne doit pas dépasser 18 °C, pour obliger l’organisme à générer sa propre énergie calorifique qui va lui permettre d’éliminer les éléments « inutiles et insalubres » (les graisses et toxines qui encombrent nos « humeurs »). La température de la pièce doit être suffisamment chaude pour ne pas attraper froid. On réchauffe le corps avant (douche chaude) ou on s’emmitoufle correctement (chaussettes aux pieds, peignoir sur le corps).

L’eau chaude joue aussi un rôle important chez Kneipp, en alternance avec le froid, pour seconder l’organisme incapable de produire sa chaleur naturelle (quand on se sent frigorifié) ou pour intensifier le bénéfice de l’eau froide.
Le grand avantage de cette méthode est sa simplicité. Un lavabo, une douche, une bassine suffisent. Il faut dire que l’abbé Kneipp, d’origine très modeste, a toujours eu le souci de rendre accessible la « pleine santé » à tous… Derrière son habit de prêtre, son autre vocation était la prévention en matière de santé. La méthode Kneipp amène à une prise de conscience de la responsabilité de chacun, c’est en quelque sorte une éducation populaire.

Voici quelques exemples de bains que l’ont peut pratiquer chez soi. Dans la plupart des cas, trente secondes suffisent ! On ne sèche pas immédiatement la peau afin de prolonger l’effet. Mieux vaut donc se secouer les pattes, attendre quelques instants puis tamponner l’excès d’eau légèrement.

– En cas d’insomnie : le bain-de-pieds avec de l’eau jusqu’à mi-mollets, plusieurs fois par semaine, allège les esprits trop occupés et facilite l’endormissement.

– Pour les coups de fatigue : le bain de bras jusqu’aux biceps donne un coup de fouet à l’organisme, régule la tension, soulage les vertiges et les maux de tête.

– Contre le stress : un ruissellement froid sur les cuisses apaise l’anxiété mais aussi la gueule de bois des lendemains de fête. Il traite également la cellulite et les jambes lourdes.

– En cas de jambes lourdes : remontez du gros orteil à l’intérieur des genoux. Insistez sur le creux derrière l’articulation, riche en ganglions lymphatiques. Puis redescendez le jet par le bord opposé jusqu’à la cheville. Recommencez l’affusion en allant stimuler la rotule. Ce soin soulage les jambes lourdes, et a un effet secondaire sur la zone du thorax, des abdominaux et sur les organes urinaires.

– Contre les migraines : adaptez un tuyau en caoutchouc sur le robinet du lavabo. Baladez un jet d’eau tout autour du visage en dessinant un cercle, puis insistez sur le front et terminez par deux secondes sur chacun des yeux clos. Laissez réagir un peu avant de tamponner délicatement avec une serviette. Intéressante contre les maux de tête, la douche du visage efface également les boutons d’acné et lisse les mines fatiguées.

Pour aller plus loin. Une partie de l’oeuvre de Kneipp a été numérisée par la bibliothèque nationale de France. L’ouvrage Ma cure d’eau, ou Hygiène et médication pour la guérison des maladies et la conservation de la santé (1891), seule traduction française autorisée de l’auteur, est ainsi accessible sur la base numérique Gallica (taper Kneipp dans la base de recherche du site http ://gallica.bnf.fr). Un lexique numérique, en fin d’ouvrage, permet de naviguer dans les 500 pages…

Le bain dérivatif de Louis Kuhne

Le bain dérivatif est une technique « gratuite et facile » qui consiste à combiner l’action de la fraîcheur à celle de la friction dans les deux plis inguinaux et sur le périnée dans le but d’activer par vibration la mobilité spontanée des intestins et de l’ensemble des fascias (membranes fibreuses entourant les organes). L’objectif est de drainer les humeurs, chargées de mauvaises graisses vers la zone intestinale afin de faciliter leur évacuation. Débarrassé des toxines, l’organisme peut mobiliser son énergie vitale correctement et mieux résister aux maladies.
« Le bain dérivatif est connu depuis des milliers d’années en Chine, il est pratiqué depuis toujours en Nouvelle-Guinée, nous en trouvons des traces dans le Coran et la Torah (ablutions plusieurs fois par jour) », rappelle France Guillain, la spécialiste française du bain dérivatif. En Europe, il a été redécouvert et popularisé par Louis Kuhne sous le terme « bain de siège à friction ».
Kuhne a toujours revendiqué avoir puisé ses connaissances dans l’observation de la nature. Le bain dérivatif sert en fait à remplacer les effets de la marche nu, la condition première de l’être humain, qui se promenait les parties au vent, bien ventilées (comme sous un kilt écossais). La fraîcheur à ce niveau et la friction de la marche assurent, selon Kuhne, l’expulsion des graisses pathogènes. C’est aussi en remarquant le comportement des animaux qui lapent leur bas-ventre à certains moments, que Louis Kuhne a mieux compris l’action du bain dérivatif.
Concrètement, comment ça se passe ? Pour faire un bain dérivatif, il faut passer un gant de toilette, sans cesse plongé dans l’eau froide, le long des plis de l’aine, de haut en bas, de chaque coté jusqu’au périnée. On rafraîchit cette zone pendant 10 à 20 mm. Pour une réelle efficacité, il faut réaliser cette opération 2 à 3 fois par semaine. Généralement, on se trouve une petite occupation pour faire passer le temps (lecture, série télé…) car une quinzaine de minutes sont nécessaires pour obtenir des résultats.
« Bien sûr les effets du bain dérivatif sont très nombreux, rappelle France Guillain. Il fait partir en premier lieu les mauvaises graisses, épaisses, qui se trouvent directement sous la peau. Mais il y a ensuite une deuxième phase où les graisses accumulées à l’intérieur du ventre apparaissent à l’extérieur et font regonfler le ventre. Il faut alors continuer de plus belle les bains dérivatifs pour chasser cette seconde vague de graisses qui asphyxiaient les organes. Chez les personnes très encombrées, il peut y avoir une troisième phase de mauvaises graisses. Mais après tout ce remue ménage, vous êtes bien débarrassé pour toujours des mauvaises graisses. Surtout si vous prenez l’habitude de faire les bains dérivatifs tous les jours toute la vie comme on se lave les dents et que vous mastiquez parfaitement vos aliments ». C’est donc une hygiène de vie, une démarche préventive intéressante car gratuite, efficace, peu fatigante.
Le bain dérivatif, comme toute médecine naturelle, peut provoquer dans un premier temps quelques boutons ou irruptions qui prouvent que l’organisme est en train de se nettoyer, d’éliminer. C’est la fameuse crise curative où les anciens symptômes réapparaissent avant de disparaître à nouveau, une fois l’élimination des déchets accomplie. En effet, le déstockage de graisses chargées de toxines qui retrouvent le chemin de la circulation sanguine, ce n’est pas toujours agréable. On a l’impression, à ce moment-là, que les problèmes s’accroissent… Il faut éviter de se décourager car cela passe vite. La durée de la phase de détoxination varie en fonction du nombre de déchets et de la physiologie de chacun. Au bout d’une semaine, les premiers effets bénéfiques se font mieux sentir. France Guillain a répondu au sujet des angoisses ou déprimes qui peuvent survenir dans les premiers temps suite aux bains dérivatifs : « oui ça peut arriver, car les « vieilles graisses » emmagasinent des émotions, mais ça passe vite ».
L’avantage de cette méthode, c’est qu’elle est douce et ne provoque pas d’élimination brutale. Il faut savoir cependant qu’elle peut être très fatigante si on en abuse. Il ne faut donc pas l’appliquer plus d’une minute à de jeunes enfants et chez les personnes âgées.
Selon France Guillain, « le bain dérivatif peut avantageusement être remplacé par l’utilisation de poches de gel, car il apparaît que ce qui nous manque le plus n’est pas la friction mais la fraîcheur au périnée. Cela fonctionne justement sur les personnes qui ne peuvent pas marcher. Il est possible d’installer la poche de gel comme une couche et de circuler chez soi en vaquant à ses occupations. Toute personne qui mène une vie normale, fait son ménage, ses courses, se déplace dans son travail, s’occupe d’enfants, etc. peut profiter au mieux de la poche de gel. La poche de gel est très solide et se lave en machine. Elle est anatomique et très discrète sous les vêtements ».

Pour aller plus loin : Le Bain dérivatif Cent ans après Louis Kuhne, France Gillain, Édition du Rocher (2000).

Le froid, c’est aussi bon pour l’âme…

Les vertus du froid ou de l’eau froide sont connues depuis des siècles. Les ascètes de nombreuses spiritualités lui reconnaissent le pouvoir de fortifier l’âme. En voici deux exemples.

Le Toumo, ou yoga du froid

Le toumo est une pratique secrète du bouddhisme adamantin – Vajrayana – tibétain transmise uniquement de maître à disciple et qui vise à repousser les limites de résistance au froid… Cette pratique demande un enseignement et un certain… entraînement. Le grand spécialiste européen de cette discipline est Maurice Daubard. « Son enseignement essentiel est de ne jamais se résigner à un diagnostic médical, mais d’être soi-même pleinement acteur de sa santé. Il m’a appris à me battre contre moi-même, à me dépasser physiquement, et surtout moralement. Peu importe la forme que ce travail sur soi peut prendre : casser la glace pour se baigner dans une eau glacée, escalader des montagnes, etc. l’important est surtout de ne rien attendre passivement des autres (en l’occurrence une potion magique médicale), mais de forcer son organisme à se prendre lui-même en charge contre la maladie », témoigne Sandrine, une adepte du yoga du froid, qui a rencontré Maurice Daubard après l’annonce de sa séropositivité.

L’école de yoga de Maurice Dubard est située dans l’Allier, en France, où il enseigne un toumo occidentalisé. En effet, au Tibet, le toumo est une marche pour accéder à une spiritualité faite de renoncement et d’abnégation, ce qui n’est pas l’intention première des Européens qui cherchent avant tout une meilleure santé, par un contact avec eux-mêmes et avec la nature.

Basé sur des techniques de yoga tibétain, le toumo est un enseignement d’adaptation au froid et à la neige pour la reconstitution des défenses naturelles de l’homme. Le toumo, qui signifie « chaleur intérieure » pour les Tibétains, consiste à distribuer (grâce à des techniques précises basées sur la respiration, la relaxation et le mental) cette chaleur intérieure dans tout le corps de manière harmonieuse et d’éviter ainsi le refroidissement des parties les plus vulnérables, comme les extrémités, mais aussi de profiter de son propre feu intérieur pour se régénérer.
Cet art spirituel a été décrit en Europe par la grande exploratrice Alexandra David-Néel, dans son livre Mystiques et magiciens du Tibet : « Passer l’hiver dans une caverne située, souvent, entre 4000 et 5000 mètres d’altitude, vêtu d’une robe mince ou même nu et ne pas périr gelé, est un problème compliqué. Nombre d’ermites tibétains l’ont pourtant résolu, et leur endurance est attribuée au fait qu’ils possèdent le moyen de stimuler la chaleur interne appelée toumo. Le mot toumo signifie chaleur, mais il n’est pas employé dans le langage courant pour désigner la chaleur ordinaire. C’est un terme technique du vocabulaire mystique, et les effets de la chaleur mystérieuse dénommée ainsi ne sont pas confinés à échauffer le corps des ascètes capables de l’engendrer. »

Pour pratiquer le yoga du froid, il faut être dans une démarche de dépassement de ses peurs les plus profondes, déterminé, et surtout préparé par un instructeur compétent. On ne s’improvise pas yogi du froid.

Le site de Maurice Daubard : www.mauricedaubard.com

Le rituel shûgendô

Le shûgendô, pratiqué par les yamabushi (celui qui couche dans les montagnes) est une croyance millénaire qui est la base de la spiritualité zen et shintô au Japon. Dans l’ancienne province de Dewa, il existe trois montagnes sacrées arpentées par les pèlerins depuis des siècles. Pour honorer les dieux, les ascètes yamabushi se livrent à des rituels de purification vêtus de blancs et amènent des novices s’initier dans la montagne. Cette spiritualité promeut l’endurance physique comme chemin à l’illumination. Les praticiens s’adonnent à des temps de solitude, au jeûne, à la méditation, récitent des textes sacrés et pratiquent le rituel de la cascade, où ils se tiennent debout ou assis dans l’eau glacée.

Pryska Ducoeurjoly

Dixit Louis Kuhne

Voici quelques citations qui illustrent la pensée avant-gardiste de Louis Kuhne :

– A propos de l’origine des maladies.
« Si nous exigeons de notre corps un trop grand travail d’élimination, il ne peut pas s’en acquitter longtemps et il est obligé alors de loger en lui-même les substances étrangères.
Loin de servir au développement du corps, elles ne font que le gêner, puisqu’elles troublent la circulation du sang et par suite la nutrition. Elles se déposent peu à peu à certains endroits, surtout dans le voisinage des organes sécréteurs dont elles ont déjà pris le chemin. Ce dépôt dure plus ou moins longtemps jusqu’à ce que les substances accumulées soient mises en fermentation par un changement de température, par un ébranlement externe ou par une forte émotion ou encore par un aliment fermentescible qui reste plus longtemps qu’il ne faut dans le canal digestif. »

– Sur l’action du bain dérivatif.
« Ce bain nous met à même d’abaisser la température intérieure trop élevée sans refroidir inutilement la surface du reste du corps déjà trop froide la plupart du temps. Mais dès que nous réussissons à abaisser d’une manière durable la chaleur intérieure trop élevée (foyer de la maladie), la possibilité de l’engendrement ultérieur et du développement de toute maladie se trouve être immédiatement écartée et le corps élimine par ses organes sécréteurs naturels les substances étrangères qui pénétraient auparavant dans toutes ses parties. Mais les substances étrangères déjà déposées dans le corps se transforment de nouveau sous l’influence de cette nouvelle température et prennent le chemin des organes sécréteurs, car tout corps vivant a la tendance à expulser les substances étrangères par ses organes sécréteurs naturels. »

Où pratiquer La cryothérapie

Belgique
Cryo Sauna Center
Merksem (Anvers)
Tél : +32 (0)3 666 40 39
www.cryosaunacenter.com
Cryo-Center
Ohain (Lasne)
Tél : +32 (0)491 25 27 97
www.cryo-center.be
Aquakine
St-Goriks-Oudenhove (Zottegem)
Tél : +32 (0)497 40 13 18
www.aquakine.be
Clinique Antoine Depage
1060 Bruxelles
Tél : +32 (0)2 538 61 40
www.depage.be
France
Cryotep
75006 Paris
Tél : 01.71.60.97.36.
Bioline
75008 Paris
Tél : 01 42 89 65 55
Crionor
59000 Lille
Tél :06 85 31 64 40
Cryosens
33200 Bordeaux
Tel : 09 54 79 31 21
Autres adresses sur :
www.cryotechno.com
www.cryomedica.fr/
www.icce.fr/
Suisse
Physiothérapie Cristal
Bad Ragaz
Tél : 081 300 41 93
www.aerztehaus-cristal.ch
Cabinet de physiothérapie Oxygène
Lausanne
Tél : 021 323 30 33

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3 commentaires

  1. Atteinte de sclérose en plaques. Cela fait 2ans que je fais une heure tous les matins les bains derivatifs .je viens de rajouter les douces froides à d’autres moments de la journée. Cela me redonne des forces
    Je voulais essayer la cryotherapie.ils m’ont refuser ayant une fistule artériel veineuse. ..j’étais très déçue .je ne sais pas si quand il n’y a pas le corps entier ce serait possible. Je souffre beaucoup et espérais que cela m’aiderai. .. bonne journee

  2. Voila 1 mois que je pratique des bains dérivatifs et mes constipations ont disparues et je suis moins tressé et je tremble moins de la main gauche qui est due à ma maladie de Parkinson . Pouvez vous me dire que les bains dérivatifs me donnent un plus pour lutter contre ma maladie .

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