La Bio-logique du Couple ou les vrais enjeux de la vie à deux

En revenant au contexte de nos lointaines origines animales et préhistoriques, on peut facilement expliquer des choses en apparence très compliquées. Ainsi, en comprenant quels sont les véritables enjeux de la relation de couple, on saisit beaucoup mieux pourquoi elle est si complexe et pourquoi la fameuse « Guerre des Sexes » fait autant de victimes. On peut même piger pourquoi, pour d’excellentes raisons liées à la survie de l’individu et de l’espèce, et malgré l’évidente nécessité d’être durablement en relation, il est néanmoins incontournable que les femmes et les hommes soient si souvent en conflit. Car Dame Nature s’oppose à ce qu’ils s’entendent trop bien ! Pour le comprendre, il faut juste se poser trois questions et y répondre : 1) Quel est le but de la vie ? 2) Pourquoi l’évolution a-t-elle choisi de nous faire vivre en couple ? 3) Et surtout pourquoi est-il si compliqué de vivre ensemble ? Nous découvrons alors comment et combien nous sommes parfaitement manipulé(e)s par notre cerveau animal pour les choses de l’amour et du sexe. Bien sûr, j’expose ici des principes de base, sans tenir compte de l’unicité de chaque personne et de la spécificité de chaque couple, ni d’autres dimensions d’ordre psychologique ou spirituelle. Dans ce dossier, il sera seulement question des lois qui régissent le vivant et des codes archaïques de comportement.

Quel est le But de la Vie ? Il n’y a pas trente-six réponses à cette question ; il n’y en a qu’une seule : le but de la vie est de transmettre la vie. C’est la priorité absolue depuis trois milliards huit cent cinquante millions d’années que de pérenniser l’espèce. Mais encore faut-il pour cela vivre assez longtemps et atteindre la maturité sexuelle : un véritable défi en milieu naturel. De plus : individuellement, il est essentiel de transmettre ses gènes, et donc ceux de sa lignée. Mais il n’est pas évident d’y parvenir, plus particulièrement pour les mâles, si l’individu ne peut convaincre de sa valeur ou s’il est en bas de l’échelle hiérarchique : cela explique beaucoup de choses. Enfin : Dame Nature est obsédée par la notion de diversification génétique et elle se réjouit donc de nos infidélités, au point même de les favoriser. Une étude menée en Grande-Bretagne démontre, grâce au test ADN, que 10 % des enfants sont le fruit d’une relation extraconjugale. Dans certains cas, la nature a des priorités que la morale réprouve.

Pourquoi le couple ?

Parce qu’il faut être deux pour faire des bébés ? Certes, mais s’accoupler ne nécessite pas pour autant de vivre en couple : la plupart des espèces se pérennisent sans cela. Le problème est ailleurs : il réside dans le fait que pour certaines espèces, plus particulièrement pour la nôtre, il faut être deux pour viabiliser le petit. Car l’enfant d’homme vient au monde particulièrement immature et il faut entre dix et quinze ans avant qu’il soit autonome, avant de pouvoir se nourrir seul et faire face au danger.
En milieu naturel, une femme ne peut pas élever seule un petit et a fortiori plusieurs. L’enfant rend la mère extrêmement vulnérable : il accapare toute son attention et son énergie ; elle ne peut pas se déplacer librement, ni subvenir seule à ses besoins vitaux, ni à ceux de sa progéniture. De plus, la présence de l’enfant ne lui permet pas toujours de réagir idéalement en cas de danger. De plus, les femmes sont très convoitées par les hommes du groupe et par les tribus voisines qui cherchent de nouveaux ventres.
Pour toutes ces bonnes raisons, nous sommes donc programmé(e)s depuis l’aube des temps pour vivre en couple, la coopération durable des deux sexes étant indispensable à la survie des femmes et des enfants ; et donc de l’espèce. Dans ce contexte originel si dangereux, une femme doit impérativement avoir un garde du corps pour la protéger, elle et ses petits ; et d’un chasseur-cueilleur pour subvenir à ses besoins et à ceux de leur progéniture.

Pourquoi est-ce si compliqué ?

Pour une seule et excellente raison : à cause du sexe ! Ou plus précisément à cause des conséquences du sexe qui peuvent être mortelles. Car s’il faut une relation sexuelle pour donner la vie, elle peut aussi la prendre : une grossesse rend très vulnérable celle qui porte l’enfant et l’accouchement est l’instant de tous les dangers.
Il faut s’en souvenir : si aujourd’hui, en Occident, le taux de mortalité périnatale est fort heureusement infime grâce aux progrès de la médecine (seulement 3 décès pour 100 000 accouchements), il n’en allait pas de même à l’origine : une femme sur cinq finissait par mourir du fait d’une grossesse ; et c’est toujours le cas dans certains coins reculés de la planète. Dans ce contexte, une grossesse extra-utérine ou une hémorragie à la délivrance sont systématiquement mortelles.
La grossesse est une période de grande vulnérabilité, plus particulièrement les derniers mois. La gestation de l’enfant est grande consommatrice d’énergie ; on prend beaucoup de poids ; et le centre de gravité n’est plus le même. Tout cela handicape beaucoup pour agir au quotidien et réagir face au danger, ce qui, dans la nature, réduit d’autant les chances de survie. Et surtout, l’enfantement est l’instant de tous les dangers car notre espèce met au monde de gros bébés et parce que l’avantage de la bipédie est aussi un sérieux handicap. En effet, si l’évolution de notre bassin nous a permis de nous mettre debout, elle a aussi pour conséquence de modifier son placement : le passage de l’enfant est beaucoup plus difficile au moment de la naissance. C’est alors que la femme est le plus en danger si survient le moindre problème.

Prudence féminine, obsession masculine

Cela explique pourquoi, mesdames, au plus profond de vous et en principe, vous êtes extrêmement circonspectes quant à la chose, même si aujourd’hui vous avez accès à la contraception ; et ce, quoi qu’il en soit de votre histoire personnelle, de votre éducation et/ou des traumatismes du passé. Le fait est que vous prenez un risque considérable à chaque rapport sexuel, qu’il soit consenti ou qu’il ne le soit pas : le risque de vous retrouver seule à élever l’enfant ; et surtout le risque d’y laisser votre peau à un moment ou à un autre de la grossesse.
Quant à nous, messieurs, admettons-le : le fait est que nous sommes presque tous des obsédés sexuels et que nous ne pensons qu’à ça. Ce qui, par ailleurs, est parfaitement normal puisque la nature nous demande d’être toujours prêts et d’engendrer autant que possible. Et il est vrai aussi que notre seuil de tolérance à la frustration est assez limité, ce point étant précisément à l’origine de presque toutes les conjugopathies, plus particulièrement après à la naissance du premier enfant.

La quadrature du cercle

Ainsi, au plus profond, le véritable enjeu de la relation de couple s’énonce ainsi : comment vivre durablement avec un obsédé sexuel le temps qu’il faut pour viabiliser les petits sans pour autant y laisser sa peau à la énième grossesse ? C’est donc une affaire de vie ou de mort, et il ne faut pas s’étonner qu’il soit si difficile de vivre ensemble. D’autant plus qu’un homme frustré peut être très violent et/ou qu’il peut être tenté d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. La solution pour la femme ? Tout simplement faire son devoir conjugal autant que nécessaire et aussi peu que possible, en espérant ne pas être fécondée. C’est ce que vivent les femmes depuis la nuit des temps et ce que beaucoup vivent encore aujourd’hui, sans conscience le plus souvent, et qu’elles soient ou non sous contraception : la peur au ventre presque à chaque fois.

La vérité n’a aucune valeur

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? N’avons-nous pas inventé la contraception ? Le risque de mourir en couches à notre époque n’est-il pas infime ? Une femme ne peut-elle pas aujourd’hui élever seule un ou plusieurs enfants, avec ou sans l’aide de sa communauté ? Certes et ce sont d’immenses progrès !
Sauf que notre cerveau archaïque ignore tout cela : il nous croit toujours confrontés aux dures réalités et aux dangers de la vie sauvage. Il ignore ce qu’est la contraception et considère qu’un rapport sexuel est en principe fécondant. Il ne sait pas qu’on peut pratiquer une césarienne si l’enfant se présente mal ou faire une perfusion sanguine en cas d’hémorragie. Et enfin, il pense qu’une mère sans homme pour la soutenir et la protéger est forcément dans une situation critique.
Bien sûr, cela ne manque pas de provoquer quelques profonds malentendus entre notre psyché moderne et notre cerveau primitif ; et d’avoir parfois de fâcheuses conséquences. Nous essayons de conduire notre vie au mieux de nos intérêts sans nous rendre compte un seul instant que nous en servons d’autres, beaucoup plus archaïques.

L’arrivée du premier Enfant

Peut-être l’aurez-vous constaté : la relation de couple est soudain beaucoup plus difficile après la naissance du premier enfant ; et parfois même cela signe l’instant du début de la fin, qu’elle intervienne rapidement ou beaucoup plus tard. Mais encore faut-il comprendre pourquoi. La relation n’est pas, en principe, trop compliquée durant sa phase ‘amoureuse’, c’est-à-dire avant l’arrivée du premier enfant. Vous êtes, mesdames, plutôt accueillantes et nous en sommes, messieurs, plutôt satisfaits. Et tout cela est parfaitement normal : la raison d’être du couple étant précisément de faire des bébés (même lorsque l’on n’a pas l’intention d’en faire), la biologie désinhibe la libido féminine le temps nécessaire pour que le miracle survienne. Mais cela change brutalement à l’arrivée de l’enfant. Tout d’abord parce qu’une mère est très prise par son petit et qu’elle n’a plus guère de temps ni d’énergie pour la bagatelle. Mais surtout parce que la biologie bloque sa libido pour qu’elle s’abstienne :
d’abord parce qu’il est inutile de continuer à pratiquer, l’enfant étant là,
ensuite parce que le porter pendant neuf mois, le mettre au monde et l’allaiter épuise l’organisme ; et il serait donc très dangereux de mettre en route une nouvelle grossesse trop rapidement,
et aussi parce que, dans cette éventualité, peut survenir un blocage de la lactation, ce qui en milieu naturel est fatal pour le bébé : la biologie ignore que nous avons domestiqué la chèvre il y a environ 12.000 ans (8.000 ans pour la vache) et inventé le lait maternisé premier-âge.

Pour toutes ces bonnes raisons, une femme change en principe complètement de registre à la naissance du premier enfant puisqu’elle doit s’investir totalement pour l’élever. Cela implique aussi qu’elle doive tenir son homme à distance jusqu’au sevrage de l’enfant et le temps nécessaire pour se refaire une santé. Ceci fait, quelques mois plus tard, la biologie orchestre un léger réveil de sa libido afin que soit conçu l’enfant suivant. Par contre, la paternité ne modifie pas nécessairement la libido masculine (cela se produit parfois, mais c’est assez rare). C’est alors que vivre ensemble devient beaucoup plus compliqué : l’un doit gérer sa frustration en restant un gentleman ; et l’autre doit faire respecter son non-désir sans risquer la rupture. Plus facile à dire qu’à faire ! Mais, par bonheur, Dame Nature ne manque pas de talent pour nous y aider de multiples façons.

L’amour et l’attachement

Par exemple, elle nous manipule très habilement grâce à deux mécanismes successifs, pour d’abord nous faire faire des enfants et ensuite pour faire en sorte que nous restions durablement ensemble pour les élever. À noter que ces deux mécanismes sont strictement hormonaux. Tout d’abord : elle nous rend amoureux de l’autre afin que nous soyons fous et passions rapidement à l’acte dès qu’elle pense que nous avons rencontré le/la partenaire idéal(e). Quant aux paramètres pris en compte par Dame Nature pour valider une rencontre, ils sont divers et variés ; bien sûr bio-logiques pour l’essentiel, et donc parfaitement inconscients. Nous en reparlerons.
Mais la nature se charge aussi de nous faire rapidement changer de registre à l’arrivée du premier enfant. Car l’amour est une chose finalement très dangereuse du point de vue de la biologie. En effet, elle n’est d’abord pas une valeur sûre : on peut passer de l’amour au désamour, voire à la haine en une seule seconde. Et surtout, il est très dangereux, plus particulièrement pour le féminin et pour les raisons déjà exposées, de rester en amour : une femme amoureuse est beaucoup trop accueillante. De plus, dans ce cas, elle risque de se détourner de sa progéniture puisqu’elle pensera seulement à être dans les bras de son homme.
C’est d’ailleurs à mon avis pour ces excellentes raisons que Dame Nature semble s’opposer à ce que les deux sexes s’entendent trop bien après la naissance du premier : ce serait beaucoup trop dangereux pour les femmes et les enfants ; et donc pour l’espèce. Il n’y a finalement pas d’autre solution en milieu naturel pour éviter les grossesses à répétition que de tenir autant que possible son homme à bonne distance.
Cela dit : il faut aussi, impérativement, que les deux parties restent ensemble, envers et contre tout, le temps nécessaire pour élever les petits, en principe jusqu’à ce que le dernier-né soit autonome. Pour ce faire, Dame Nature a aussi inventé l’attachement, une valeur sûre pour le long terme, tellement plus que l’amour.
C’est un état profond, viscéral, puissant et souvent indéfectible, même après le départ des enfants et malgré le veuvage ou la séparation. En tout cas, il nous permet de rester ensemble très longtemps, parfois toute la vie, malgré les griefs, les frustrations et les ressentiments. À noter que l’hormone à l’origine de notre attachement à l’autre, l’ocytocine, est également celle de l’instinct maternel.

Le désir et la réalité

Le fait est que l’homme est, en principe, bien plus fort physiquement que la femme et qu’il peut donc facilement prendre ses désirs pour des réalités, ce que bien malheureusement certains se permettent. Mais par bonheur, la plupart des hommes sont de parfaits gentlemen, d’abord parce qu’ils ont été très bien élevés par leur mère ; ensuite parce qu’ils sont le plus souvent très respectueux de la loi ; et surtout parce que Dame Nature n’a pas manqué de mettre en place quelques subtils mécanismes anti-dérapages.
Tout d’abord, mesdames, soyez très reconnaissantes vis-à-vis de votre belle-mère puisque, grâce à elle, votre homme s’abstient de vous sauter dessus même quand il en a fort envie. En effet et en principe, une mère apprend à son fils qu’il est très vilain de prendre ses désirs pour des réalités et aussi qu’il faut être très gentil avec les filles. Et elle enseigne par ailleurs à sa fille qu’il faut être très circonspecte vis-à-vis du sexe et qu’il vaut mieux se méfier des garçons : ce sont d’excellents conseils.
On prétend que les mères sont castratrices ? C’est une nécessité absolue pour la survie des individus et de l’espèce. Une mère qui ne le serait pas avec ses enfants, plus particulièrement avec ses fils, pourrait être accusée devant le Tribunal de la Nature de mise en danger d’autrui, pour ses filles et/ou ses futures belles-filles.

Le respect de la loi

En plus de ces bonnes lois de la mère qui nous a appris à bien nous tenir, il y a aussi celles de l’Humanité qui, le plus souvent, sont d’une profonde sagesse, comme par exemple d’interdire aux hommes de sauter sur tout ce qui porte un jupon. Mais encore faut-il, pour respecter la loi, avoir peur des conséquences en cas de transgression.
Par bonheur, et au-delà de notre peur humaine et consciente du gendarme, de la justice ou de la prison, notre cerveau archaïque nous invite à la sagesse et nous manipule très habilement pour nous empêcher de transgresser la loi autant que possible. C’est le mécanisme de la peur anticipatoire de la sanction en termes de rejet ou de violence, une peur animale très profonde et omniprésente (voir à ce sujet une série d’articles dans les n°13 à 17 de cette revue).
Car notre cerveau archaïque considère l’éventualité d’une sanction comme potentiellement mortelle. En effet, être rejeté par la mère quand on est un mammifère et/ou rejeté du groupe quand on est un animal social est tout simplement une condamnation à mort. Quant à la violence, elle peut être mortelle ou provoquer de graves blessures, ce qui revient au même.
Cette peur dirige notre vie en général et elle est très présente dans la relation de couple en particulier ; pour le meilleur le plus souvent ; mais aussi parfois pour le pire puisqu’elle peut nous bloquer dans notre évolution.
La régulation hormonale
En plus de tout cela, un très subtil mécanisme biologique de régulation hormonale intervient pour calmer les esprits et pour que règne la paix sociale. D’une part, il atténue l’expression de la testostérone des garçons pour réduire leur désir et pour qu’ils puissent se soumettre sans violence quand les filles se refusent ; et d’autre part, il atténue l’expression œstrogénique des filles pour inhiber leur libido et pour qu’elles soient plus agressives afin de se faire respecter des garçons.
À noter : nous sommes en principe tous en ‘pat hormonal’ (c’est ainsi que l’on nomme ce mécanisme) à divers degrés et fort heureusement d’ailleurs : il suffit d’observer un homme en pleine expression de sa testostérone ou une femme en pleine œstrogénie pour s’en rendre compte. Cela explique aussi pourquoi le couple humain est le plus souvent matriarcal : les choses du sexe sont bien trop sérieuses pour en laisser la gestion aux hommes. Ne soyons pas dupes des faux-semblants et des clichés.

La frustration

C’est le conflit intrinsèque du masculin, même si bien sûr une femme peut l’être aussi. Le fait est, messieurs, que nous sommes presque tous des insatisfaits chroniques, plus particulièrement pour ce qui est du sexe ; et même si nous avons la chance d’avoir une compagne très accueillante. Cela dit, mesdames, sachez que ce n’est pas de notre faute : il nous est demandé d’être toujours prêts et d’engendrer autant que possible.
Toute la difficulté étant que l’homme doit gérer sa frustration sans devenir violent ni partir avec la première venue : ou pire encore puisque trop de frustration peut même nuire à la santé. Mais par bonheur, nous y sommes donc déjà grandement aidés par au moins trois mécanismes : l’attachement pour être indéfectiblement lié à l’autre ; le ‘pat hormonal’ pour diminuer notre désir ; et enfin la peur anticipatoire de la sanction pour nous faire respecter les règles. Mais il y en a d’autres.
Il y a par exemple toutes les compulsions possibles qui ont pour utilité de faire baisser la pression mais qui, il est vrai, peuvent aussi nuire gravement à la santé et/ou ruiner financièrement. De plus, il y a les mondes refuges dans lesquels nous nous investissons pour avoir un peu de plaisir dans d’autres domaines, tels que le travail, les copains, la politique, la vie associative, le bricolage, le championnat de foot , les collections en tous genres, les jeux vidéo, le train électrique au grenier, etc.
En tout cas, mesdames, sachez-le : il n’est pas si simple d’être un homme, de vous désirer en permanence et de rester un gentleman. Cela demande beaucoup d’énergie et de rigueur. Et surtout ne nous reprochez pas nos mondes refuges : au moins pendant ce temps-là, nous pensons à autre chose.

L’insécurité

C’est le conflit intrinsèque du féminin, même si, bien sûr, un homme peut aussi le vivre. Le fait est, mesdames, que vous êtes presque toutes des insécures chroniques que rien ne peut rassurer. Cela dit, messieurs, sachez que ce n’est pas leur faute : il suffit de se remettre dans le contexte d’origine pour le comprendre.
Cela explique beaucoup de choses, plus particulièrement pourquoi le féminin se préoccupe tellement de confort matériel et de sécurité financière. Cela explique aussi pourquoi la femme est tellement demandeuse de signes d’affect venant de l’homme pour preuve de son attachement durable. Et quand classiquement, mesdames, vous reprochez à votre homme de ne pas vous parler, soyez honnête et précisez qu’il ne vous parle pas de ce dont vous voudriez qu’il vous parle, c’est-à-dire d’amour.
En tout cas, messieurs, sachez-le : il n’est pas non plus si simple d’être une femme, d’être convoitée en permanence ; d’être confrontée à notre insatisfaction chronique et de subir ses conséquences au quotidien (mauvaise humeur, coups de colère, etc.) ; de faire son devoir conjugal quand on en n’a pas envie ; et d’avoir toujours très peur que nous partions avec une autre. Ce doit être épuisant.

Le mariage et le divorce

Il y aurait beaucoup à dire au sujet du mariage, en positif comme en négatif. Mais une chose est certaine : cette invention humaine, finalement très récente à l’échelle du temps, va dans le même sens que la nature. Car à l’origine, il a surtout pour utilité de protéger la femme et l’enfant : cela oblige l’homme à assumer la conséquence de ses actes. De plus, cela officialise que la femme a un protecteur désigné, ce qui en principe la soustrait à la convoitise. Cela dit, le mariage garantit aussi à l’homme qu’il pourra transmettre ses gènes et donc perpétuer sa lignée.
Quant à la séparation, et au-delà du spécifique de chaque histoire, il faut encore et toujours revenir à l’essentiel archaïque pour comprendre pourquoi elle peut être si déstabilisante, surtout quand on la subit, mais aussi parfois quand on l’a provoquée.
Pour le féminin, le plus difficile sera évidemment de gérer la peur profonde induite par l’absence de protection et de soutien de l’homme, surtout s’il y a des enfants ; en sachant qu’il peut être très difficile de s’en apercevoir quand en réalité on ne manque de rien matériellement. Bien sûr, la défaillance physique ou psychique de l’homme, ou son décès, peuvent induire beaucoup de peur. À noter qu’un homme féminin pourra éprouver la même chose dans cette situation.
Pour le masculin, le plus difficile sera de gérer la perte du territoire, une frustration suprême pouvant être si forte qu’elle peut même tuer. En effet, au plus profond, l’homme considère sa partenaire comme sa propriété, et surtout pour ce qui est de son utérus. Cela dit, une femme masculine pourra vivre la séparation dans cette tonalité, à la différence près qu’elle revendiquera plutôt les bras et la force de son homme.
Quant à l’enfant, il peut, dans cette situation, comme sa mère, être confronté à une insécurité profonde puisque dans la nature, sa survie dépend de la collaboration indéfectible de ses deux parents pour le nourrir et le protéger. Mais ce n’est pas vraiment la rupture entre les adultes qui déstabilise l’enfant : c’est bien plus le fait qu’ils soient en conflit ; qu’ils ne veuillent plus se parler ; qu’ils règlent leurs comptes par avocats interposés ; etc. Cela terrorise les enfants, surtout quand ils sont petits.
Au-delà des causes d’une rupture et du partage des torts, il faut, pour le bien de l’enfant, que les adultes restent en bons termes et qu’ils sauvegardent à tout prix la relation parentale qui les lie en principe jusqu’à l’autonomie de l’enfant. Le plus important pour lui est de voir ses parents être en paix et solidaires pour l’élever. Mais encore faut-il pour cela dépasser ses griefs et surtout bien comprendre leur nature profonde.

Comment se rencontre-t-on ?

C’est encore un sujet sur lequel il y a tellement à dire, en général dans toutes les dimensions, et en particulier pour chaque histoire. Mais sur ce point aussi, nous sommes merveilleusement manipulés par Dame Nature, pour d’excellentes raisons.
Précisons d’abord qu’en général, le mâle propose et la femelle dispose : il y a très peu d’exceptions dans la nature. Le mâle cherche à convaincre de l’excellence de son patrimoine génétique et la femelle choisit le meilleur parti possible ; et ce n’est pas différent pour notre espèce : l’homme se propose et la femme dispose. À la nuance près qu’elle doit prendre en considération d’autres paramètres avant de s’engager.
Le premier niveau de sélection est olfactif et parfaitement inconscient. En effet, en plus de choisir un bon parti génétique, il faut s’assurer qu’il soit compatible, c’est-à-dire le plus éloigné possible du sien : la nature n’aime pas la consanguinité et s’organise donc pour l’éviter. Ce sont les phéromones qui véhiculent l’information et c’est donc d’abord au nez, mesdames, que vous faites votre choix. Cela peut expliquer certaines situations, comme d’avoir un homme dans la peau malgré tous ses défauts, ou d’en éconduire un autre absolument merveilleux.
La femme doit ensuite évaluer la valeur du chasseur et du protecteur ; c’est d’ailleurs pour cela qu’elle est si sensible à la taille de l’homme, à la largeur de ses épaules et à sa force physique : il est préférable dans la nature de vivre avec un grand balaise plutôt qu’avec un petit maigrichon. Cela dit aujourd’hui, des critères matériels et financiers peuvent entrer en ligne de compte : un homme riche par exemple est l’équivalent du bon chasseur d’autrefois puisqu’il rapporte beaucoup de nourriture à la maison.
La femme doit aussi évaluer la dangerosité potentielle de l’homme, c’est-à-dire finalement son niveau de pat hormonal et donc sa tolérance au refus. Il est vrai que l’homme est intrinsèquement dangereux du fait de sa force, et d’autant plus quand il se met en colère à cause de sa frustration. Il n’est donc pas étonnant que parmi les critères d’appréciation d’une femme figurent en bonnes places la douceur et la gentillesse de l’homme.
La femme doit enfin comprendre quelle est la motivation de l’homme et évaluer la force de son attachement afin de déterminer s’il sera toujours là neuf mois plus tard pour assumer sa paternité et remplir son rôle de soutien de famille. Elle doit absolument avoir cette garantie avant de s’offrir. Pour le déterminer, il lui suffit d’estimer l’attitude de l’homme à son égard et ses messages d’affect. C’est d’ailleurs ce que le Don Juan maîtrise parfaitement pour parvenir à ses fins : il est très galant et parle bien d’amour.
Bien sûr, interviennent ensuite d’autres critères beaucoup plus humains et parfaitement conscients mais qui, finalement, sont pris en considération pour évaluer la valeur de l’homme et la viabilité de la relation à long terme : ne soyons pas dupes.
Quant à l’homme, il doit aussi, en principe, prendre en considération certains paramètres avant de se proposer. Il doit aussi évaluer la valeur génétique de la femme, estimer sa capacité à faire de beaux enfants, déterminer si elle sera une bonne mère, et enfin avoir la garantie qu’elle lui offrira son ventre et lui réservera son utérus. Tout cela n’est peut-être pas très poétique, mais la nature s’en moque complètement.

Ambivalences

Cela dit, rien n’est simple. Car si, par exemple, la permanence du désir sexuel de l’homme est un véritable problème, son absence l’est aussi : au plus profond, cela peut indiquer un manque d’intérêt et donc une faiblesse de son attachement. Idem pour ce qui est des messages d’affect dont la femme a tellement besoin : à l’inverse, ils peuvent être pris pour des signes de faiblesse. Ainsi, il n’est pas rare qu’une femme ayant choisi son homme du fait de sa gentillesse, de sa douceur, de sa patience et de sa parfaite gestion de la frustration finisse par le quitter vingt ans plus tard pour les mêmes raisons. Quant à l’homme, s’il est en souffrance lorsque sa compagne n’est pas assez accueillante, il peut l’être également si elle est très demandeuse : il peut avoir peur de ne pas être à la hauteur et/ou qu’elle aille voir ailleurs.

Au-delà de la biologie

Bien sûr, au-delà de l’héritage de nos lointaines origines, il reste beaucoup à dire au sujet du couple puisqu’interviennent tellement d’autres facteurs individuels et collectifs : les règles de notre société, l’éducation, la religion, les tabous, les événements du passé, l’impact transgénérationnel, etc. Cela dit, le plus souvent, tout va dans le même sens pour servir le même intérêt : celui de Dame Nature.

L’éducation

Nous sommes tous, individuellement et collectivement, pour le meilleur et pour le pire, profondément conditionnés par les principes de notre société, en termes d’obligations ou d’interdits, que nous ont transmis les éducateurs de notre vie. Cela dit, à l’analyse, on constate presque à chaque fois que ces principes vont dans le sens de la sagesse, du respect des individus et de la paix sociale indispensables à la survie du groupe. Ainsi, par exemple, dans le fond, il est effectivement très sage de ne pas convoiter la femme du voisin puisque cela peut avoir de très graves conséquences. Cela peut éventuellement détourner la femme de ses enfants si elle succombe aux charmes du voisin, ce qui serait dramatique pour eux. Ou cela peut déplaire au mari cocufié au point qu’il tue le voisin, ce qui serait très négatif pour la paix sociale ; et d’autant plus si la famille du défunt vient à se venger, etc. Cela dit, certains principes sont parfaitement iniques : ainsi par exemple, encore aujourd’hui, certaines femmes ne peuvent accéder à l’orgasme puisqu’il est dit qu’une femme honnête n’a pas de plaisir.

L’impact du passé

Il est évident que certains événements plus ou moins graves survenus dans notre histoire ou dans celle de notre famille peuvent considérablement influencer notre vie amoureuse, sexuelle et conjugale. L’éventail est infini : du simple fait d’avoir vu papa sur maman quand on était petit, jusqu’au décès d’une arrière-grand-mère morte en couches un siècle plus tôt. Beaucoup de choses survenues avant ou après notre naissance peuvent laisser des traces indélébiles et polluer la relation de couple : les drames de la maternité, les familles trop nombreuses, la violence conjugale, les enfants illégitimes ou conçus hors des liens sacrés du mariage, les infidélités, le divorce, la maltraitance, etc., et bien sûr l’inceste et le viol.

En conclusion

Il y aurait encore tellement à dire sur ce passionnant sujet. Mais le plus important est de comprendre que, pour l’essentiel, il n’y a pas dans cette histoire des coupables et des victimes : il n’y a que des victimes. Et Dame Nature.

Laurent Daillie

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