Éditorial-revue N°48

Que la force du placebo soit avec vous !

L’effet placebo, tout le monde sait ce que c’est. Et son contraire – l’effet nocebo – commence à être bien connu. Mais peu savent qu’il ne s’agit pas de phénomènes purement psychologiques et subjectifs : ce sont des mécanismes qui impliquent des réactions biochimiques dans le cerveau, lesquelles sont observables par imagerie cérébrale. Il y a donc des raisons objectives pour lesquelles le patient soumis à un traitement factice se sent mieux ou moins bien : son paysage neuronal s’est modifié, non par l’action de la molécule testée, mais par l’influence de ses attentes et de ses croyances. Docteur Placebo et Mister Nocebo sont les deux acteurs d’un théâtre intérieur où se joue l’essentiel de notre santé ! Car ce que beaucoup ignorent également, c’est à quel point cette alchimie mentale est puissante. Elle peut éteindre la douleur ou la créer de toutes pièces, elle peut guérir ou rendre malade, tuer des bien-portants ou quasiment ressusciter des moribonds ! Dans le dossier qu’elle y consacre, Carine Anselme donne quelques exemples du fabuleux pouvoir de notre esprit sur notre corps. Vous en trouverez beaucoup d’autres dans les livres qu’elle cite en référence, dont plusieurs ont été publiés récemment.

Pour ma part, je voudrais épingler une expérience très étonnante qui vient d’être menée à l’Université du Colorado, aux Etats-Unis(*). Les chercheurs ont expliqué aux 40 volontaires qu’ils participaient à une étude comparant une crème contre la douleur (en réalité, c’était un placebo) et une crème sans ingrédient analgésique. Les deux crèmes étaient identiques, la seule différence était l’ajout d’un colorant bleu dans la crème placebo. Pour leur faire croire qu’il s’agissait d’un vrai médicament, les expérimentateurs ont fait lire sa composition aux participants, les ont avertis d’effets secondaires possibles et leur ont donné des consignes de précaution. Lors de l’expérience, les scientifiques ont provoqué une douleur par la chaleur sur l’avant-bras des volontaires, douleur qui devait être soulagée par la crème fournie. Chez la moitié du groupe, l’expérience a été faite sur un seul jour, chez l’autre moitié elle a été renouvelée pendant quatre jours. Ensuite, les scientifiques ont révélé que les deux produits ne contenaient pas de principe actif. Résultat stupéfiant : l’analgésie prodiguée par la crème bleue était non seulement supérieure, mais elle a persisté quand les sujets ont été informés de la supercherie, et ce SEULEMENT dans le groupe qui avait été conditionné pendant 4 jours. Vous réalisez l’ampleur de la découverte ? Elle signifie d’abord qu’un médicament peut soulager une personne même si cette dernière sait pertinemment que le remède ne sert à rien. C’est déjà renversant. Mais le plus instructif, c’est que l’efficacité du placebo a été prolongée par le conditionnement des cobayes. Autrement dit, on sait maintenant avec certitude que le pouvoir de l’esprit peut être appris, enseigné, renforcé, ancré durablement. Une nouvelle thérapie est née – la placebothérapie – qui devrait logiquement bouleverser l’art de guérir dans les années futures. Idéalement, les facultés de médecine et de psychologie devraient fusionner et donner lieu à une tout autre manière – holistique – de soigner les êtres humains.

En attendant cette prévisible révolution ou sans attendre cette évolution de rêve, chacun d’entre nous peut déjà tirer profit des connaissances accumulées sur les effets placebo et nocebo. Pour commencer, nous pouvons réévaluer la nécessité de consommer des médicaments puisque, selon les études, 30 à 50 % de leur bénéfice thérapeutique sont imputables à l’effet placebo. Dans certaines recherches récentes, ce pourcentage est même estimé à 60 %, voire davantage pour la classe des antidépresseurs. Il serait donc franchement plus économique de croire en soi que de s’en remettre à des remèdes largement bidon, qu’ils soient chimiques ou non. Pour suivre, nous devrions bien méditer ce que notre dossier met en évidence : l’effet placebo ne repose pas sur l’efficacité d’une molécule, mais sur les attentes du patient et celles du personnel soignant. Le relationnel étant au cœur du succès thérapeutique, nous devrions accorder autant d’importance, si pas davantage, aux qualités humaines d’un thérapeute qu’à ses diplômes et compétences techniques. L’écoute, la bienveillance et l’empathie sont des critères à ne plus négliger. Et surtout la confiance de celui qui vous aide ! La confiance en sa propre expertise, en ses méthodes, et la confiance qu’il est capable de vous insuffler sur vos capacités d’autoguérison et sur la « vis medicatrix » de la nature. Enfin, et ce n’est pas la moindre des résolutions à prendre, nous devrions nous protéger des propagateurs de l’effet nocebo : notre dossier insiste sur l’action délétère des informations médiatiques, mais il ne faudrait pas minimiser non plus le pouvoir « maladisant » de la parole médicale. Il y a 25 ans déjà, j’ai entendu le Dr Hamer expliquer qu’un diagnostic gravement annoncé ou un pronostic pessimiste pouvaient, à eux seuls, provoquer des cancers secondaires. La science de l’esprit confirme aujourd’hui que l’alarmisme et le défaitisme sont hautement pathogènes. Vade retro, nocebo ! Et que la force du placebo soit avec vous !

Yves RASIR

(*) L’expérience est relatée plus en détails sur le site www.futura-sciences.com.

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Un commentaire

  1. L’effet placebo ne peut raisonnablement expliquer comment un praticien peut donner plusieurs remèdes homéopathiques à un client qui ne fonctionnent pas. Puis, finalement, trouver un qui fonctionne. Le patient aurait moins confiance dans la compétence du médecin et de l’efficacité du médicament par ce point.

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