Éditorial-revue N°45

Le mal, le bien et le moindre mal

La maladie cherche à nous guérir. La sagesse et les bienfaits du cancer. Devant ces titres en couverture, nos lecteurs habituels n’ont pas dû être étonnés ni déconcertés. Depuis sa création – il y a tout juste 4 ans, la revue Néosanté prône le changement du paradigme médical actuel et défend une vision très différente des pathologies, lesquelles sont envisagées comme des mécanismes sensés et logiques, des efforts de survie, et non comme des défaillances ou des erreurs de la nature. En revanche, je peux imaginer que des lecteurs occasionnels puissent être surpris, troublés, voire choqués par la lecture fortuite de ce numéro assez déroutant. Quand ils vont lire (Dossier en page 6 et suivantes) que, selon le Dr Eduard Van den Bogaert, « le cancer se développe parce qu’il sert à quelque chose et qu’on peut l’arrêter spontanément quand on a compris son message », je peux deviner des bouches bées. Et quand ils vont lire (Interview en page 12 et suivantes) que, selon le Dr Philippe Dransart, « la maladie est une amie qui cherche à guérir les plaies de notre âme », je pressens leurs moues dubitatives : comment ce qui nous afflige pourrait-il être bénéfique ? Comment les maux pourraient-ils être un bien ?

Que le mal soit forcément un mal, c’est pourtant une croyance terriblement toxique qu’il importe de revoir et d’abandonner. Conditionnés par des millénaires de pensée manichéenne, nous avons été habitués à considérer la réalité sous cet angle diabolique de séparation radicale entre le Bien et le Mal. Ce qui n’est pas bon est mauvais, et inversement. Ignorant les autres philosophies – par exemple le taoïsme et son symbole si éloquent, l’Homme occidental s‘est enfermé dans une conception dualiste de la vie, en noir ou blanc, où la lumière est nécessairement exclue des ténèbres. À sa décharge, et pour une fois, on ne peut pas dire que l’étymologie donne tort à cette interprétation : les mots « malade » et « maladie » proviennent du latin « male habitus » signifiant « qui est en mauvais état ». Le ver est donc présent dans le fruit depuis très longtemps. Et au fil du temps, la maladie a été attribuée à tout ce qui relève de ce « malus », aux forces du mal, à la malédiction, aux maléfices, voire à l’œuvre du Malin lui-même ! Obscurantisme balayé par la renaissance de la Raison ? Que du contraire : la médecine classique, dite moderne et scientifique, n’est pas le dépassement, mais bien le prolongement de l’hérésie manichéenne. Il suffit de voir l’acharnement avec lequel elle prétend combattre la maladie, lutter contre elle, et notamment faire la guerre au cancer et à ses cellules qualifiées – comme par hasard – de…malignes. Avec cette conception médicale belliciste, on reste clairement dans le registre religieux d’affrontement entre le Bien et le Mal. Et si on clôturait ce désolant chapitre de l’histoire humaine ? D’abord, essayons de ne pas faire dire aux mots ce qu’ils ne disent pas. Le constat qu’un malade est en mauvais état n’oblige pas à le croire en proie à des forces funestes. N’oublions pas, ensuite, que la langue phonétique n’est pas réservée aux oiseaux : avec l’aplomb qu’il affectionne, Eduard Van den Bogaert propose ainsi que si « le mal a dit », on peut le féliciter d’avoir parlé et considérer alors la maladie comme une « bonne diction », autrement dit une bénédiction. Franchissons, enfin, le Rubicon et osons changer d’ère : avec ses découvertes des lois biologiques de la nature, la médecine nouvelle du Dr Hamer nous emporte dans un cosmos où le Bien n’est pas éternellement et dichotomiquement opposé au Mal. Où l’on prend conscience, à l’image du sigle du Tao, qu’il y a toujours de l’un inclus dans l’autre, de la lueur dans l’ombre, et une promesse de santé incluse dans la maladie. Celle-ci est un cadeau de la vie, pas un poison !

Encore faut-il prouver que le cadeau n’est pas empoisonné. Si le mal est bénin, on peut facilement en percevoir le bien. Lorsque les maux conduisent au malheur et à la mort, il est beaucoup plus difficile de comprendre à quelle logique de vie ils correspondent. Certes, bon nombre d’issues fatales peuvent être expliquées par la persistance, l’intensité et la longueur des conflits psycho-émotionnels. A l’impossible, même la nature n’est pas tenue. Mais comment voir une finalité positive dans une maladie congénitale, dans une mort subite telle que, par exemple, la rupture d’anévrisme, ou dans la forme foudroyante d’un cancer ? Complétée par la biologie totale, la médecine hamérienne ouvre cependant la porte à la compréhension de ce mystère : la maladie, parfois, n’est pas un bien, elle est un moindre mal ! C’est toujours le cerveau archaïque inconscient qui préside à son déclenchement, mais dans une optique qui n’est plus celle de favoriser la survie individuelle. Comme chez les animaux, la vie d’un être humain est en effet subordonnée à celle de son clan. Et au-delà, à celle de l’espèce tout entière. Forgés par l’évolution, les programmes cérébraux de somatisation répondent encore à cet instinct vital de sacrifice au profit de la famille ou de la collectivité. C’est pourquoi la guérison exige parfois de mettre en scène les constellations relationnelles ou de démêler les influences transgénérationnelles. La mort a autant de sens que la vie et la première peut être la rançon de la deuxième. Pour guérir d’une maladie, il faut qu’elle ne serve plus à rien. Qu’elle ne soit plus un moindre mal.

Yves RASIR

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