Éditorial-revue N°42

Aux larmes, citoyens !

Comme nous l’a cruellement rappelé l’actualité récente, notre époque a un urgent besoin de sens. Néosanté contribue à sa manière à combler le vide en divulguant les découvertes du Dr Hamer sur le sens biologique des maladies : celles-ci sont des stratégies de survie héritées des premiers temps de l’évolution. Comme le rappelle Jean-Jacques Crêvecoeur dans sa chronique (pages 31 & 32), Jung avait déjà perçu la face positive des pathologies en énonçant que « la maladie est l’effort de la nature pour me guérir ». Et comme le révèle le Dr Jean-Claude Fajeau dans le troisième volet de sa série d’articles consacrée à Georg Groddeck (pages 16 à 18), ce psychanalyste allemand avait précédé Hamer en décrivant la maladie comme une « rencontre de sens » et « une manifestation de la biologie du Ça » (*). Et si le Surmoi, notre gendarme moral intérieur, était également le vestige naturel de la vie archaïque ? C’est l’hypothèse défendue par Laurent Daillie dans son dernier livre consacré à « la peur de l’Autre et de son éventuelle sanction » (lire pages 6 à 10). Rédigeant cet ouvrage bien avant le 7 janvier 2015, notre collaborateur y a écrit que la hantise ancestrale d’autrui conduit encore aujourd’hui aux pires extrémités criminelles. Un terroriste, au fond, est un terrorisé qui s’ignore. De même qu’un enfant trop turbulent exprime souvent par son comportement des conflits inconscients, ainsi que le soutient la « décodeuse biologique » Angela Hoffmann (lire interview pages 12 à 15).
En plus de leur sens biologique, certains acteurs de la nouvelle médecine psychosomatique cherchent aussi le sens symbolique des maladies et du mal-être. On peut en effet valider une interprétation des maux en examinant la signification des mots rencontrés. L’étymologie, par exemple, est toujours éclairante. Le conflit vient d’un choc, l’émotion renvoie à la notion de mouvement, le cancer vient du crabe (donc une forme de vie qui va à reculons), la religion est ce qui devrait relier à condition de relire. Parmi les outils de décryptage, il y a également le « langage des oiseaux », c’est-à-dire l’esprit se cachant dans la lettre et le sens se dévoilant à l’écoute du Verbe. De l’hermétisme à l’alchimie en passant par la kabbale et le tarot, les sciences ésotériques ont constamment ausculté ce que des thérapeutes en décodage tentent aujourd’hui de se réapproprier, notamment en épinglant les consonances qui abondent dans le français phonétique. Outre qu’elle associe les mots et les maux, notre langue maternelle nous enseigne par exemple que la voix indique une voie, que la foi peut être une alliée du foie, que la mer évoque la mère ou que, bien sûr, la maladie est un mal qui se dit. Dans le contexte actuel, les oiseaux nous chantent qu’il y a du dessein dans un dessin, du ridicule dans le radical et de l’erreur dans la terreur (et inversement). Et un attentat, c’est une attente à quoi ? Grand amateur et orfèvre féru de tels jeux de mots, le Dr Eduard Van den Bogaert a pris l’habitude de bousculer ses patients cancéreux en leur demandant quelles envies (en vie) ils éprouvent face à leurs tumeurs (tu meurs). Or, comme vous le lirez en page Outils (p. 40), ce protocole très simple a de puissants effets curatifs ! Pour en venir au titre de mon éditorial, je suggère pour ma part de réécrire l’horrible et horripilant hymne national français. D’aucuns ont déjà lancé l’idée de remplacer « armes » par « arbres » ou par « âmes ». Personnellement, je verrais bien le refrain de la Marseillaise inciter les citoyens à prendre les larmes et à formuler leurs émotions pour qu’un sens neuf abreuve les synapses. Ne séchons surtout pas nos yeux (nos cieux ?), car le fluide lacrymal a pour fonction biologique d’évacuer la tristesse ! Et reprenons en chœur cet appel aux cœurs…
La magie de la langue opère aussi par la polysémie, c’est-à-dire la pluralité des choses signifiées par un même signifiant. Traquer le double sens des mots est une source d’amusement inépuisable et merveilleusement instructive. Prenons par exemple le mot « spiritualité ». N’est-il pas frappant qu’un être spirituel puisse être doté d’une belle âme et/ou doué d’esprit ? Il me semble que cette heureuse collision sémantique donne à la langue française la mission d’enseigner que l’humour humain est un visage possible de l’amour divin, et donc que Charlie est potentiellement tout le contraire d’un mécréant. Mais attention : cette même langue française nous apprend que le verbe apprendre désigne à la fois l’action d’étudier et celle d’éduquer. Qui veut apprendre à autrui ne peut pas négliger d’apprendre de lui ! Le 7 janvier dernier, l’alchimie linguistique s’est invitée spectaculairement sur le net puisque le « Je suis Charlie » d’un suiveur-follower s’est spontanément mué en forme du verbe « être ». Selon Jean-Philippe Brébion (rubrique « évidence du sens », p. 26), c’est là une invitation limpide à ne plus suivre étourdiment sans s’incarner vraiment. Je vous laisse sur cette réflexion, non sans attirer votre attention sur un autre étrange « hasard » de la langue française : le mot « affection » signifie à la fois « altération de la santé » et « attachement, tendresse ». Le précieux message (mets sage ?) que la maladie est aussi une opportunité de mesurer l’importance des nourritures affectives…

Yves RASIR

(*) Dans la terminologie freudienne, le Ça désigne l’énergie pulsionnelle animale qui se partage la psyché humaine avec le Moi et le Surmoi.

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