Éditorial – revue N°12

LA MAL-A-DIT DE LYME

Quel tique les a piqués ?  Depuis quelques semaines, le microcosme  des médecines naturelles est parti en croisade contre les autorités sanitaires françaises à propos de la maladie de Lyme. Cause de cette ébullition : l’interdiction d’un remède à base d’huiles essentielles et la fermeture d’un laboratoire d’analyses alsacien dont les tests révéleraient l’ampleur insoupçonnée de cette maladie infectieuse en train de se « chroniciser ».  D’un côté, on peut comprendre les réactions indignées. Si cette pathologie  est effectivement sous-diagnostiquée en France,  il faudrait en  examiner  les raisons au lieu de s‘en prendre au labo porteur de la mauvaise nouvelle. Et si l’aromathérapie fonctionne, il faudrait la promouvoir au lieu de criminaliser le pharmacien qui a lancé le produit  en enfreignant quelques règles. Malgré l’enchaînement des scandales, les lobbies du médicament chimique sont  visiblement toujours chez eux dans les allées du pouvoir.
S’il est logique que cette double affaire ait mobilisé les défenseurs des médecines douces, il est en revanche difficilement compréhensible de les entendre tenir des propos relevant de l’allopathie pure et dure.
Car de quoi s’agit-il ? La maladie de Lyme est indubitablement associée à la présence dans l’organisme d’une bactérie de type Borrelia, laquelle est  généralement transmise par la piqûre des tiques. Selon la théorie classique,  le microbe et son vecteur sont à l’origine du mal puisqu’ils provoquent l’apparition des symptômes.  Et pour s’y attaquer, la médecine conventionnelle recourt à son arsenal favori, les antibiotiques. Ce qui est étrange, c’est que le « camp alternatif »  épouse totalement le point de vue  pasteurien en oubliant complètement la notion de terrain. Pire : il agite le spectre d’une borréliose omniprésente et affreusement pathogène alors que la bactérie fait plutôt bonne figure chez les disciples de Pasteur. Les spécialistes la décrivent en effet comme discrète, le plus souvent inoffensive, et même capable de nous habiter une vie entière sans conséquence fâcheuse. Chez nos nouveaux croisés, le Borrelia serait au contraire un ennemi implacable qui pourrait à la fois nous infecter brutalement et saper sournoisement notre santé à long terme. Même si leur mode d’action est différent, les huiles essentielles sont applaudies pour leurs vertus bactéricides et  leurs bénéfices dans l’atténuation des symptômes. On est très loin de l’esprit commun à la naturopathie et à l’homéopathie, d’après lequel les traitements symptomatiques font pis que bien et selon lequel  le germe importe  moins que les déséquilibres du terrain.
J’en parlais dernièrement à un ami naturopathe, lequel m’a raconté que son chien revenait souvent de promenade couvert de tiques, mais que ceux-ci cheminaient sur le pelage sans jamais parvenir à percer la peau. Détail notable : l’animal était  non vacciné et nourri d’aliments crus, ce qui  laisse à penser que le tique ne pique pas au hasard n’importe quel épiderme.
Si nouvelle épidémie il y a, les vraies causes sont ailleurs. Au lieu de se focaliser sur le brave Borrelia, médecines dures et douces pourraient notamment s’interroger sur le contexte écologique.  Certains évoquent la fragmentation des paysages qui favoriserait la prolifération des souris porteuses de tiques. D’autres l’utilisation massive des pesticides qui tuent les prédateurs du parasite et provoquent  chez lui des phénomènes de résistance. A ce sujet, je suis stupéfait que certains médias « bio »  en rajoutent dans la psychose ambiante et conseillent  de ne plus se promener en forêt autrement qu’habillés jusqu’au cou. L’homme vit au contact des acariens depuis des millions d’années. Le vrai danger, ce ne sont pas eux mais bien les biocides dont les agriculteurs abusent et que les sylviculteurs emploient également dans les bois !
Il est vraiment affligeant que des acteurs « parallèles » nous servent pour la maladie de Lyme les mêmes mises en garde débiles (« sortez capotés ») que dans la prévention du sida.
Plus désolant encore à nos yeux : tout ce ramdam s’accompagne d’une campagne d’intox sur les « infections froides » (on y reviendra le mois prochain) en escamotant complètement le sens biologique de cette « mal-a-dit ». Certes, il n’est pas du tout évident à décrypter. Un praticien hamérien comme le Dr Michel Henrard avoue d’ailleurs ne pas comprendre grand chose aux parasitoses. Il y a pourtant des pistes conflictuelles à prendre en considération,  et nous en avons évoqué certaines dans notre numéro du mois d’avril. L’idée principale, c’est qu’un parasite ne s’invite pas sur n’importe quel terrain  psycho-émotionnel.  Seraient  surtout affectés des individus qui se sentent symboliquement «parasités » par leur entourage, et notamment les enfants de parents vivant aux dépens de leur progéniture dont ils entravent l’autonomie et  vampirisent l’énergie vitale.  Ce n’est bien sûr qu’une hypothèse, une piste à creuser. Mais à Néosanté, c’est clairement ce genre de sillon que nous voulons tracer au lieu de crier hystériquement  haro sur les tiques et les bactéries.

Yves RASIR

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