Editorial-revu n°49

La clé n’est pas sous le réverbère

À quoi sert l’INCa s’il reste muet comme une tombe ? À quoi sert cet Institut National du Cancer s’il dissimule à la population la véritable cause du cancer ? Il y a quelques mois, cet organisme français a lancé une grande campagne d’ « information » sur les facteurs de risques du cancer. En France – mais c’est la même chose dans les autres pays, un tiers des gens pensent qu’on ne peut rien faire pour éviter le cancer et que c’est une fatalité héréditaire. Beaucoup de personnes mettent donc tous leurs espoirs dans le progrès des traitements. Or, moins de 10 % des cancers sont liés à la transmission d’une mutation génétique qui prédispose à la maladie. En réalité, souligne l’INCa, 40 % des cas de cancer et 35 % des décès sont liés à des facteurs de risques évitables. Une des ambitions du Plan Cancer est de diminuer de moitié leur nombre d’ici vingt ans. J’applaudis cette ambition et je salue l’initiative consistant à détromper le fatalisme génétique. En revanche, je suis outré par le contenu de la campagne censée informer les citoyens sur les moyens de prévenir le cancer.
L’INCa a identifié neuf facteurs de risque sur lesquels nous pouvons agir pour tenir le crabe à distance. Et l’Institut les a hiérarchisés par ordre d’importance : 1) le tabac ; 2) l’alimentation déséquilibrée ; 3) l’exposition professionnelle à des substances cancérogènes ; 4) l’alcool ; 5) les agents infectieux ; 6) le manque d’activité physique ; 7) l’exposition aux ultra-violets ; 8) la surcharge pondérale ; 9) la pollution de l’air. Je ne vais pas contester ici le bien-fondé de cette liste. Je ne vais pas non plus dénoncer le confusion et l’amalgame entre un facteur de risque et un facteur causal. Sur ce sujet, je vous renvoie à mon éditorial du mois de juillet. J’y plaidais qu’il faudrait revenir à la sagesse hippocratique de la recherche des causes, et non s’enfoncer dans l’addition des éléments favorisant une maladie. Ceux-ci forment un « brouillard » multifactoriel dont l’épaisseur ne devrait pas faire croire à un lien de causalité. Par contre, je vais souligner ici le « grand silence » de l’INCa : rien, absolument rien dans cette campagne ne concerne la psychosomatique du cancer !
Depuis le siècle dernier et les travaux de Hans Selye et MacFarlane Burnet, la science médicale a pourtant établi une relation entre la cancérogénèse et le mental. Il est prouvé que le stress déclenche une réponse hormonale, que les hormones corticostéroïdes réduisent l’activité du système immunitaire, et que cette baisse d’immunité est un facteur déterminant des maladies infectieuses et des cancers. Il est donc déjà aberrant que la prévention du stress chronique ne figure pas dans la stratégie d’évitement élaborée par L’INCa. De plus, il existe bon nombre d’études montrant que certains types de personnalités sont plus enclines à développer un cancer, que la dépression est un cofacteur très fréquent et que des stress aigus peuvent être cancérigènes. Par exemple, les statistiques indiquent clairement une plus grande fréquence des cancers du sein chez les femmes veuves depuis peu, que chez les femmes du même âge qui ont encore leur mari. Dans la revue Néosanté, nous avons déjà interviewé le Pr Gustave-Nicolas Fischer pour son livre « La psychologie du cancer » (Néosanté n° 25) et la chercheuse en psychologie Yvane Wiart pour son livre « Stress et cancer » (Néosanté n° 40). Deux ouvrages parmi d’autres qui, avec de multiples références scientifiques à l’appui, fournissent la démonstration que le psychisme et les émotions peuvent être fortement impliqués dans le processus de cancérisation. Ils ne savent donc pas lire à l’INCa ? Ou bien y a-t-il eu une volonté délibérée d’écarter le « facteur stress » de la liste des malfaiteurs ? Il est à tout le moins étrange que la bande des neuf salopards ne comprenne que des facteurs matériels et physiques, comme si l’être humain était dépourvu d’âme et de cerveau. Il est vrai que le stress psycho-émotionnel n’est pas formellement et officiellement reconnu comme une cause de cancer, mais ça ne justifie pas d’évacuer de la sorte sa responsabilité factorielle ! Même les médecins et oncologues conventionnels devraient s’offusquer qu’une telle « omerta » règne à L’INCa.
Chez les spécialistes, l’idée que le cancer serait une maladie de l’âme fait cependant son chemin, comme en témoigne un article publié dans le magazine Psychologies du mois de septembre. Un cancérologue en vue y complimente Yvane Wiart pour son « travail remarquable », une autre plaide pour le lancement de grandes études, et deux autres éminences confient leur conviction que les chocs émotionnels sont bel et bien cancérigènes. David Khayat, chef du service d’oncologie médicale de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, déclare notamment « avoir accompagné des milliers de personnes et avoir pu constater l’existence d’un drame chez la plupart ». Et lui aussi réclame un gros effort de recherche scientifique sur les racines « psy » du cancer. Mais à quoi servirait de reproduire la même erreur ? Depuis qu’elle examine le lien entre stress et cancer, la science se focalise sur les événements potentiellement stressants. Elle agit comme le type qui a perdu sa clé dans le noir et qui la cherche en vain dans la lumière du réverbère. Or, comme l’a compris le Dr Hamer voici près de 40 ans, c’est dans le ressenti d’un événement, et non dans l’événement lui-même, que se situe l’explication de toute somatisation. Pour trouver une clé égarée, il faut oser s’éloigner du réverbère.

Yves RASIR

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