Editorial n°55

Néosanté pasteurisé !

Moment délicat dans la vie du mensuel Néosanté : pour la première fois depuis sa création, j’ai failli censurer un article, celui de la rubrique Paléonutrition (page 32). Non pas que son titulaire ne soit plus à la hauteur : au contraire, Yves Patte est aujourd’hui considéré comme un des meilleurs spécialistes francophones du mode de vie et du régime paléo. En Belgique, les médias « mainstream » l’invitent régulièrement à défendre le sérieux et les fondements scientifiques de cette approche désormais en vogue. Comme il y a 5 ans, lorsque je lui ai demandé de rejoindre notre équipe, notre chroniqueur m’épate toujours par la rigueur et la pertinence de ses contributions. Il explique toujours de manière étayée comment une alimentation de type préhistorique peut participer au maintien de la santé et à la prévention des maladies, voire à l’accélération de leur guérison. Ce mois-ci encore – et c’est pour ça que je n’ai pas touché à son papier, il expose brillamment de quelle manière on peut éviter et soigner les ulcères d’estomac par des réglages alimentaires. Bien que l’origine des pathologies se situe à nos yeux dans le vécu psycho-émotionnel, nous pensons toutefois que la façon de se nourrir revêt une certaine importance. Et particulièrement lorsqu’il s’agit de troubles digestifs. Mais dans son introduction, Yves Patte s’écarte résolument de notre ligne éditoriale en attribuant la causalité des ulcères gastriques à la bactérie Helicobacter pylori. Je ne pouvais pas publier ça sans apporter quelques nuances.

Jetons d’abord un bref regard dans le rétroviseur : depuis le XIXe siècle et un certain Louis Pasteur, la médecine occidentale est persuadée que la genèse des maladies infectieuses est imputable aux microbes qui les accompagnent. Et de fait, les apparentes victoires vaccinales, l’action réelle des antibiotiques et les bénéfices d’une hygiène minimale ont semblé conforter ce point de vue. La découverte des virus et celle du système immunitaire ont ensuite figé cette idée d’un corps humain évoluant dans un univers hostile peuplé de vilaines bêbêtes toujours prêtes à le prendre d’assaut et à déborder ses défenses. Malgré Claude Bernard soulignant le rôle du terrain et Antoine Béchamp démontrant le pléomorphisme bactérien, la vision pasteurienne d’une humanité en guerre contre le microcosme s’est finalement imposée à la surface de la terre. Pire : avec la progression des moyens de détection, la science a identifié des myriades de minuscules ennemis dont elle a, de surcroît, élargi le rayon de malfaisance bien au-delà des affections accompagnées de fièvre. De nos jours, on attribue une cause infectieuse à des maladies aussi diverses que le diabète et la dépression, la schizophrénie, l’autisme ou encore certains cancers. Cette manière de présenter les choses est toutefois contredite par les découvertes du Dr Ryke Geerd Hamer : oui, il y a toujours des camions rouges sur les lieux d’un incendie (on finira donc par en repérer dans chaque tissu malade), mais ce ne sont pas eux qui mettent le feu. Dans sa « quatrième loi biologique », la médecine nouvelle décrit un système ontogénétique où les micro-organismes (qu’ils proviennent de l’extérieur ou qu’ils soient générés de l’intérieur) manœuvrent toujours sur commande du cerveau dans le but (parfois vain, bien sûr) de réparer ce qui a été préalablement abîmé. Pour comprendre plus avant ce nouveau paradigme et mesurer à quel point il s’éloigne de l’ancien, je recommande encore et toujours le livre « Pour en finir avec Pasteur » du Dr éric Ancelet(*). Cet ouvrage décrypte excellemment l’erreur majeure consistant à présenter l’immunité comme un déploiement de forces militaires.

Revenons maintenant à la bactérie Helicobacter pylori, clouée au pilori jusque dans nos pages. Elle est tellement commune qu’on la retrouve chez 50% des êtres humains. On la dit responsable des ulcères gastro-duodénaux, mais seulement dans 80% des cas. Et chez l’immense majorité des personnes infectées, sa présence n’est synonyme d’aucun symptôme. Pacifique et léthargique le plus souvent, quel étrange assaillant que celui-là ! Sa présence fluctuante et son rôle exact dans l’ulcère de l’estomac s’expliquent beaucoup mieux par le paradigme hamérien et par sa deuxième loi, celle sur l’évolution biphasique des maladies. Comme par hasard, la bactérie est parfois dépistée lors d’une deuxième analyse, après un premier test négatif. Oui mais, m’a objecté Yves Patte, des études sur animaux auraient montré leur ulcération stomacale après inoculation de l’agresseur hélicoïdal. C’est sans doute vrai, mais ce type d’expérience équivaut à infliger un stress correspondant à l’effet recherché. Quel animal déjà stressé par sa détention ne trouverait pas indigeste de recevoir un gros paquet de bactéries dans la panse ? À notre estimé collaborateur, j’ai rappelé les travaux d’Henri Laborit, dont les rats torturés à l’électricité somatisaient seulement en l’absence de toute possibilité de lutte ou de fuite. Pas besoin de microbe pour déclencher un ulcère, et pas besoin d’un traitement biocide pour en guérir. Quand bien même Helicobacter ne serait pas toujours sympa avec les estomacs, c’est avec le ressenti d’être ulcéré que démarre le processus pathologique, et non par la faute du pompier suspecté de pyromanie. Que nos lecteurs nous pardonnent la très partielle et éphémère pasteurisation de ce numéro de Néosanté…

Yves RASIR

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