Dis-moi comment tu défèques…

Comme je tiens cette rubrique « Paléo Nutrition » depuis un petit temps, je me sens autorisé à aborder un sujet que, disons, nous n’aurions pas abordé à notre premier rendez-vous. Il s’agit des… excréments ! Sujet tout à fait lié à la qualité de l’alimentation, et pourtant rarement abordé.

À coup sûr, peu de régimes faisant fureur dans la presse people aborderont cette question des excréments. C’est pourtant un bon indicateur du fonctionnement de nos intestins, et par là de l’ensemble de notre santé. Cela devait être encore plus vrai à la période paléolithique. Nos ancêtres ne plongeaient effectivement pas leurs défécations dans des cuvettes d’eau, sous des couches de papier. Ils les voyaient. Et si aujourd’hui, on aurait presque honte de dire qu’on a vu ce qu’on avait « fait » dans les toilettes, les membres des sociétés anciennes avaient des systèmes de classification de leurs selles très précis. Ainsi les Mayas étaient capables d’administrer certaines plantes aux individus qui présentaient tel ou tel type de selles. Au Mexique, les Indiens du Chiapas utilisent plus de 15 plantes différentes pour traiter la diarrhée. La plupart de ces plantes sont également utilisées pour traiter la diarrhée dans des régions du monde aussi diverses que l’Egypte, la Chine ou l’Amérique du Nord. Cette médecine traditionnelle se base sur un système de classification qui définit des types très précis de selles. Les Indiens du Chiapas ont ainsi 8 mots différents pour qualifier des diarrhées différentes. Et dans la langue Shona, au Mozambique, c’est pas moins de 7 mots différents qui peuvent être utilisés pour qualifier les diarrhées enfantines. Dans les sociétés où la santé ne peut se juger sur des prises de sang et des tests en laboratoire, l’apparence des selles est un indicateur important. Et dans une rubrique « Paléo Nutrition », vous allez voir que l’analyse des selles renvoie à pratiquement tout ce que nous avons vu auparavant.

Les selles en disent long

Alors, que nous apprennent nos selles ?

– Des selles dures, sombres, sèches, sous forme de petites boules dures, plus ou moins solidaires : C’est signe d’un déséquilibre de la flore intestinale ou de déshydratation. Bien souvent, les personnes présentant ce type de selles ne mangent pas assez de fibres solubles, c’est-à-dire des fibres qui se dissolvent, et qui régulent par ailleurs le taux de sucre dans le sang. Solubles ou insolubles, les fibres réduisent le risque de problèmes cardio-vasculaires, de cancer du colon, ou encore de diabète. De plus, les fibres interviennent dans la sensation de satiété et dans la perte de poids. Un américain moyen mange aujourd’hui 4 à 5 g de fibres par jour. Nos ancêtres du paléolithique en consommaient plus de 60 g ! C’est intéressant, parce que l’industrie alimentaire est arrivée à nous faire croire qu’il fallait manger des produits céréaliers pour avoir des fibres. Mais 100 g d’amandes contiennent pratiquement 2 fois plus de fibres que 100 g de pain. Sur 100 g, les artichauts ont même 0,1 g de plus de fibres que le pain complet !! Parmi les aliments à privilégier : des végétaux à feuilles vertes (qui contiennent pratiquement tous autant de fibres que les céréales), des baies, des avocats, et éventuellement des légumineuses (très riches en fibres, mais contenant par contre des lectines). Les céréales, en général et à part le son de blé, sont en réalité une source assez pauvre de fibres.

– Des selles montrant des morceaux de nourriture non dégradés : la digestion n’a pas été complète. L’acidité peut également être trop basse dans l’estomac. Si cela s’accompagne d’une diarrhée, il peut s’agir d’une réaction du type « tout le monde dehors » : notre corps ne tolère pas un aliment et évacue tout. La diarrhée peut être causée par tout un ensemble de bactéries et virus. Mais le facteur stress joue un rôle fondamental. On sait que notre processus digestif est composé de tout un ensemble de stratégies, commençant au niveau de notre bouche, passant par l’estomac et les voies biliaires, et ainsi de suite, pour dégrader les aliments en éléments qui pourront être traités par l’intestin grêle. Son rôle sera, quant à lui, d’en absorber les nutriments… Notre corps n’ayant pratiquement pas évolué depuis le paléolithique, il ne peut concevoir le stress que comme un moment intense de lutte pour la survie : vous êtes poursuivi par un prédateur ou vous devez vaincre une proie pour ne pas mourir de faim. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas le moment de s’occuper de digestion. Moins de production de salive, la bouche s’assèche, l’estomac arrête de fonctionner, etc. Et surtout, si vous avez à échapper à un prédateur, tout bagage excédentaire risque de vous coûter la vie. Il est donc important de vider les intestins. Ce à quoi le corps s’attèle, en accélérant les mouvements du gros intestin. Toute l’eau qui était présente dans l’intestin grêle n’a pas le temps d’être réabsorbée par le corps durant le lent cheminement dans le gros intestin, et les selles sortent donc avec toute cette eau, sous forme de diarrhée… Imaginez que tout cela est vrai aussi si vous souffrez de stress chronique.

– Des selles sombres et fortement odorantes : Cela est souvent signe d’un excès de nourriture raffinée, non organique, d’un excès de toxicité en général. Optez pour une nourriture plus naturelle, et tentez d’évacuer les toxines de votre environnement immédiat : autant de ce vous mangez, que de ce que vous respirez, touchez, etc.

Mais à quoi ressemblent les selles idéales ? L’étron idéal est brun, plutôt foncé, solide et passe aisément. Sans laisser trop d’odeur ou trop de traces…

Dernier point : il est possible que certaines personnes expérimentent des selles plus liquides les premiers jours après être passés à une alimentation paléo. Cela est dû au fait qu’une telle alimentation est plus riche en graisses – en bonnes graisses –
qu’une alimentation occidentale industrielle habituelle. Le corps doit s’habituer à produire davantage de bile et d’enzymes pour traiter cette graisse. Il est également possible que certains consomment, croyant bien faire, trop de protéines ou de fruits, ces deux excès pouvant également causer des diarrhées…

Yves Patte

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