Décoder le sens des maladies suffit-il pour guérir ?

Chercher le sens des maladies est une démarche qui remonte à la nuit des temps. Et même si j’ai beaucoup de reconnaissance à l’égard du docteur Hamer pour sa contribution exceptionnelle dans cette démarche, je n’en reste pas moins conscient que la Médecine Nouvelle n’est qu’un maillon dans une chaîne qui a démarré bien avant elle. Car depuis toujours, l’être humain qui tombait malade se posait toujours la même question : « Pourquoi ? Pourquoi suis-je tombé malade ? Pourquoi moi ? Pourquoi Dieu m’a-t-il puni ? »
Et chaque tradition a apporté son lot de réponses empiriques. Pour les Taoïstes, la maladie est causée par un déséquilibre des cinq éléments présents en nous (trop de feu, pas assez de terre, pas assez d’eau, etc.). Pour les Chinois, la maladie survient lorsque l’énergie vitale, le Chi, est bloquée ou freinée. Il faut alors relancer la circulation du Chi pour ramener l’équilibre dans les organes. Pour les praticiens de la médecine Ayurvédique, la maladie apparaît lorsque les trois humeurs composant le corps ne sont plus en harmonie. Pour les hommes-médecine d’Afrique, le sens de la maladie est à rechercher du côté des ancêtres en colère… Dans beaucoup de traditions populaires, ce sont les dieux jaloux ou fâchés qui rendent les individus malades. Plus proche de nous, l’homéopathie présente la maladie comme l’effort que fait le corps pour se rééquilibrer. L’ostéopathie la considère comme la conséquence d’une barrière ou d’un blocage qu’il faut lever. Pour Louis Pasteur, la maladie est déclenchée par des microbes alors que son contemporain Antoine Béchamp prétend que c’est le déséquilibre du terrain qui la déclenche. Pour Georg Groddeck, toute maladie organique est en fait psychosomatique, comme il le démontre dans son fameux
« livre du ça » publié en 1923. Après lui, des chercheurs comme Henri Laborit et Hans Selye mettent en lumière le rôle du stress dans l’apparition des maladies. La première à avoir divulgué, dans le grand public, cette notion du sens des maladies a été Louise Hay. À partir de ses livres et ses conférences, de plus en plus de personnes ont osé chercher le sens symbolique et le message que portaient leurs problèmes de santé. Lise Bourbeau s’exclame, il y a plus de vingt ans : Écoute ton corps ! Pendant ce temps, Ryke Geerd Hamer découvre les cinq lois biologiques de ce qui deviendra la Médecine Nouvelle… Que retenir de tout ça ? Que la recherche du sens est vieille comme le monde. L’erreur stratégique du docteur Hamer, c’est d’avoir refusé toute filiation avec ses prédécesseurs, prétendant qu’il était, à lui seul, à l’origine de cette affirmation du sens de la maladie.
Lorsque la Médecine Nouvelle a commencé à être connue, un engouement extraordinaire s’est emparé du public. Enfin, un médecin nous faisait la démonstration quasi mathématique que TOUTES les maladies avaient pour origine un choc biologique traumatique, y compris les maladies réputées comme trop graves pour être considérées comme psychosomatiques. Du coup, depuis la fin des années 1980, la mode du décodage biologique a pris une expansion démesurée, le pire côtoyant souvent le meilleur. Dans ce contexte, il faut reconnaître que la mouvance de la Biologie Totale a conduit nombre de thérapeutes et de malades sur des voies sans issue. Au plus fort du développement de cette approche, la croyance la plus répandue est la suivante : « Il suffit de décoder minutieusement le conflit à l’origine d’une maladie pour que le cerveau “ bascule” et que la guérison s’opère. »
À la lueur de mon expérience, je considère cette croyance comme non fondée et majoritairement inexacte. Les choses m’apparaissent beaucoup plus complexes que cela, pour de nombreuses raisons que je ne développerai pas toutes dans le cadre de cette rubrique. Je ne m’attarderai aujourd’hui que sur un aspect de cette croyance.

« La guérison ne commence que lorsqu’un acte est posé »

C’est Carl Gustav Jung qui souligne cette vérité. Se basant sur son expérience de médecin ET de psychanalyste, le thérapeute de Zurich sait très bien que les prises de conscience sont certes importantes dans le processus de guérison, mais loin d’être suffisantes. C’est lui qui rappelle très justement que la guérison repose sur trois piliers : la prise de conscience, l’action et la persévérance. Pour illustrer de manière simple ce propos, je prendrais un exemple basique.
Imaginons que Frédéric souffre d’un ralentissement du transit intestinal. Il connaît ce problème depuis des années sans en connaître la cause, au point d’en devenir constipé. Tant qu’il demeure dans l’inconscience de la cause, sa seule porte de salut est le recours aux traitements laxatifs et aux séances d’hydrothérapie du côlon. Un jour, en lisant un article de journal, il découvre que la consommation excessive de viande peut être à l’origine de ce type de problème. Or, Frédéric est non seulement un très grand mangeur de viande, mais en plus il ne mange pratiquement jamais de légumes et de fruits, ni de fibres… À ce stade, il vient de franchir la première étape de son processus de guérison : il a pris conscience du lien existant entre ses habitudes alimentaires et la pathologie dont il souffre. Est-ce que cette prise de conscience est suffisante pour régler ses problèmes intestinaux ? Non, bien sûr, même si cette prise de conscience s’est accompagnée d’une émotion très vive ! Par contre, elle est souvent nécessaire, car c’est elle qui nous donne la direction à prendre pour fouler un chemin de guérison.
Que doit faire Frédéric en plus pour espérer guérir ? Je crois qu’ici, ça tombe sous le sens. Il doit changer son alimentation. Réduire la quantité de viande ingérée, introduire dans sa diète des fibres, des fruits frais et des légumes, cuits ou crus. S’il ne le fait qu’une seule journée, il n’observera probablement aucun changement. S’il le fait quelques journées de suite, ce qu’il risque de vivre, ce sont peut-être des symptômes désagréables, comme des lourdeurs, des aigreurs ou des ballonnements. N’ayant aucun signe de guérison, il reviendra peut-être à son ancien régime, considérant que ce qu’il a lu n’était que foutaise. Dans ce cas, malgré la prise de conscience et malgré les actes posés, les conditions ne sont pas encore suffisantes pour qu’une véritable guérison ait lieu.
C’est là qu’intervient le troisième pilier de tout processus de guérison, le plus exigeant, le plus confrontant, le plus négligé et le moins populaire : la persévérance. Si Frédéric veut réellement obtenir une amélioration de ses symptômes digestifs et intestinaux, il va devoir développer une habitude, une discipline répétée quotidiennement. Et ce n’est qu’après suffisamment de temps que les signes d’amélioration se manifesteront peut-être. Car rien, en matière de guérison, n’est jamais garanti à 100 %.

La fin du mythe du décodage biologique

Ce petit exemple présenté ci-dessus devrait remettre bien à sa place le mythe du décodage biologique comme seule source de guérison des maladies. J’ai connu, depuis plus de vingt ans, énormément de personnes qui avaient investi une énergie considérable, un temps énorme et beaucoup d’argent à effectuer un décodage minutieux des tonalités et des sous-tonalités du « conflit » à l’origine de leur(s) cancer(s). Souvent, ces gens en savaient dix fois plus que moi sur le décodage de telle maladie spécifique. Pourtant, la majorité d’entre eux n’ont jamais guéri et sont morts en ayant tout compris, mais rien résolu.
J’ai rencontré également, au fil des années, de plus en plus de thérapeutes désemparés devant les résultats médiocres de leur accompagnement. Piégés dans la pensée magique qu’on leur avait inculquée, ils attendaient cette fameuse bascule du cerveau qui n’arrivait jamais. À partir de là, certains ont eu l’intelligence de fermer leur cabinet. D’autres ont eu l’humilité de reconnaître que leur approche était insuffisante pour aider leurs clients. Ils se sont formés à des approches complémentaires aidant leurs clients à poser des actes pour résoudre concrètement la situation à l’origine de leur maladie. D’autres, malheureusement, persuadés d’avoir raison, ont commencé à maltraiter leurs clients, les culpabilisant et les rendant responsables de l’échec de la thérapie. Combien de clients n’ai-je pas accueillis dans mes séminaires qui s’étaient entendu dire : si ton cerveau ne bascule pas, c’est parce que tu n’as pas la certitude absolue que tu vas guérir. C’est bien la preuve que tu ne veux pas guérir, alors que nous avons fait tout ce qu’il fallait pour que tu guérisses (sous-entendu, le décodage biologique de la maladie).
Au stress de la maladie et aux pressions venant de l’entourage et des médecins venaient donc s’ajouter la culpabilité de ne pas croire en ses possibilités de guérison et la dévalorisation profonde d’être incapable de se guérir. Hamer n’a jamais considéré que le décodage du sens des maladies suffisait, à lui seul, pour guérir qui que ce soit de quoi que ce soit. C’est ce que nous explorerons le mois prochain…

Physicien et philosophe de formation, Jean-Jacques Crèvecoeur promeut une approche pluridisciplinaire de l’être humain pour redonner du sens à ce que nous vivons, mais aussi et surtout pour favoriser chez chacun de nous la reprise en main de notre propre vie, de manière autonome et responsable. Formateur et conférencier de renommée internationale, il est auteur d’une dizaine d’ouvrages, réalisateur de documentaires et producteur de nombreux outils pédagogiques au service de l’ouverture des coeurs et des consciences.
Son site Internet : http://www.jean-jacques-crevecoeur.com
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