Au plaisir de nos gènes LE RÉGIME PALÉO

ARTICLE N° 40 Par Michel Manset

Encore un nouveau régime ? Pas vraiment : celui-ci a plusieurs millions d’années ! « The Paleo Diet », comme disent les Américains, est en fait le régime de nos lointains ancêtres du paléolithique, avant l’invention de l’agriculture. Selon les partisans de cette approche nutritionnelle, il faut manger comme le faisaient les chasseurs-cueilleurs préhistoriques pour rester mince et en pleine forme. Pourquoi ? Parce que nous portons à peu près les mêmes gènes qu’eux, que notre système digestif n’a guère évolué, et que notre physiologie n’a donc pas pu s’adapter à la révolution alimentaire du néolithique. Ni à la malbouffe moderne bien sûr, dont notre organisme subit les très lourdes conséquences.

En réalité, ce n’est pas seulement aux Etats-Unis que le régime paléo a été remis au goût du jour . Sur le vieux continent, le Suisse Guy-Claude Burger a fait œuvre de pionnier en prêchant l’instinctothérapie. En France, le Dr Jacques Fradin (alimentation hypotoxique), le Dr Jean Seignalet (régime originel ou ancestral) et le journaliste Thierry Souccar (régime préhistorique) lui ont emboîté le pas de manière moins radicale. Mais chez l’Oncle Sam, l’alimentation de type chasseur-cueilleur est sortie de la marginalité pour devenir un vrai phénomène de société (voir encadré « le modèle paléo »). Quel que soit le nom que l’on lui donne, le principe consiste à retourner à l’âge de la pierre pour retrouver une santé de fer.

The Paleo-Diet

Car le régime paléolithique n’a pas été inventé : il correspond à ce que les premiers humains mangeaient spontanément, de façon naturelle. On en entend parler depuis que le Dr S. Boyd Eaton, en 1985, a publié un article intitulé « Paleolithic Nutrition » dans le prestigieux New English Journal of Medicine. Radiologiste et anthropologue médical à l’Université Emory (Atlanta), le Dr Eaton émettait alors l’opinion que l’alimentation idéale devait correspondre à celle de nos ancêtres de l’âge de la pierre. Depuis, d’autres scientifiques se sont mis à étudier cette époque et ont déterminé quelles étaient les pratiques alimentaires des chasseurs-cueilleurs d’alors. Un de ces chercheurs, Loren Cordain, docteur en éducation physique, a publié « The Paleo Diet », où il décrit ce qui se mangeait du temps des cavernes et qui devrait, selon lui, se retrouver dans nos assiettes contemporaines. En 2005, ce professeur à l’Université du Colorado a écrit un second livre plus spécialement destiné aux sportifs , « The Paleo Diet for athletes ». Curieusement, ces deux ouvrages n’ont pas encore été traduits en français. C’est le Dr Rueff et le journaliste Thierry Souccar (voir encadré « La biblio paléo ») qui se sont chargés de faire connaître en France les travaux américains.

Un génome inchangé

La théorie du Dr Eaton repose sur une évidence incontestable : le génome humain n’a que très faiblement évolué depuis l’avènement des premiers hominidés, il y a quatre millions d’années. En effet, le taux de mutation de l’ADN humain ne dépasse pas 0,5% par million d’années. Depuis plus de 40 000 ans, il n’aurait évolué que de 0,02% ! « Cela signifie que nos fonctions digestives sont restées quasiment inchangées depuis l’apparition au Moyen-Orient de l’homme du paléolithique supérieur, Homo sapiens sapiens », précise le gastro-entérologue Jacques di Costanzo. Au cours des derniers millénaires, une seule mutation notable a été observée chez l’être humain : les populations du Nord de l’Europe ont développé un gène qui leur permet de mieux digérer le lactose, ce sucre du lait toujours mal toléré par une grande majorité des habitants du globe. Pour le reste, nous sommes restés génétiquement semblables à nos lointains ancêtres vêtus de peaux de bêtes. Et c’est important ? Très important, puisque ce sont les gênes qui déterminent les besoins physiologiques, notamment nutritionnels. Si nos cellules pouvaient parler, sûr qu’elles se plaindraient de notre façon de les nourrir. Car deux chocs alimentaires sont venus radicalement perturber notre système digestif : la révolution néolithique , marquée par la sédentarisation et la naissance de l’agriculture il y a environ 10 000 ans, et la révolution industrielle (du XIXème siècle à nos jours) , qui a créé de nouvelles denrées à base de produits transformés. L’inadéquation de ces deux nouveaux comportements avec nos possibilités physiologiques n’est pas sans conséquences pour l’organisme. Selon les hypothèses émises par plusieurs experts en nutrition, elle serait responsable d’au moins deux tiers des pathologies actuelles. Et « le pire est à venir, prévient le Dr di Costanzo, car on sait maintenant que les aliments jouent un rôle important dans la composante épigénétique de certaines maladies, c’est-à-dire leur capacité à influencer l’expression d’un gène, et qu’elle est transmissible d’une génération à l’autre ». Diabète, hypertension, maladies cardio-vasculaires et cancers risquent donc de trouver un terreau fertile dans nos sociétés. « A moins de remettre le nez dans l’assiette de nos ancêtres » suggère le médecin.

L’assiette ancestrale

Mais que mangeaient-ils, nos lointains aïeux ? Sur ce point aussi, la science a largement comblé le déficit de connaissances. Selon les paléonutritionnistes, le règne végétal (fruits, légumes, plantes sauvages, baies, noix, rhizomes…) fournit jusqu’à 70% de la ration de subsistance. Les végétaux sont consommés peu après leur cueillette, sans transformation. A cette époque, ils sont beaucoup plus riches en protéines que les céréales modernes, et surtout plus généreux en vitamines, minéraux et composés phytochimiques. Sur la base d’un apport énergétique quotidien de 3 000 calories (Kcal), Eaton estime que nos ancêtres du paléolithique supérieur recevaient 3 à 10 fois plus de vitamines que nous. Pour la vitamine C, que l’homme est un des rares êtres vivants à ne plus synthétiser, on pense que Cro-Magnon en recevait 600 Mg par jour, soit 6 fois les apports actuels conseillés. L’alimentation paléolithique apporte aussi significativement plus de calcium (jusqu’à 2 fois les doses recommandées) et surtout de potassium : 10g au lieu des 2,5 actuels. Comme le sel est une denrée rare, le ratio sodium/potassium, un marqueur du risque d’hypertension, est au moins 30 fois plus bas qu’aujourd’hui ! A côté des produits de la cueillette, la viande occupe une place importante. Les australopithèques, comme la célèbre Lucy, avaient des grandes mâchoires qui leur servaient à broyer des aliments végétaux comme les noix, les tubercules et les racines. On a longtemps cru qu’ils étaient végétariens, mais les études sur traces isotopiques- la mesure du rapport carbone/azote dans les os – ont révélé qu’ils étaient omnivores. Quand ils pouvaient bouffer des antilopes, ils ne se gênaient pas. Après eux, arrivent les premiers hommes, il y a 2,5 millions d’années. Ils ne savent ni ne peuvent atteindre de gros animaux : l’accès à la viande se fait sur les carcasses. Avec son silex tranchoir, Homo Habilis peut accéder à la moelle, la cervelle, découper la langue. C’est ainsi que la viande prend une place prépondérante dans la stratégie alimentaire. Toujours charognard mais déjà fin chasseur, l’Homme de Néandertal est d’ailleurs plus carnivore qu’herbivore. Il y a 13 000 ans, son cousin de Cro-Magnon raffolait du bison. L’analyse des stries dentaires par microscope électronique a confirmé le goût ancestral pour la chair animale. Bien sûr, selon la latitude et la période, les chasseurs-cueilleurs de cette période n’ont pas accès aux mêmes ressources. Près des tropiques, la nourriture est probablement aux deux tiers végétale. Plus on remonte vers le Nord, plus la nourriture carnée domine. L’exemple extrême est donné par les Inuits, qui mangeaient essentiellement de la viande et du poisson. Et qui s’en portaient bien, jusqu’à l’arrivée de la « civilisation »…

Les équilibres rompus

Car celle-ci entraîne toute une série de ruptures brutales avec le mode de vie originel. La viande, par exemple. Au paléolithique, les animaux sauvages qui se nourrissent de plantes sauvages donnent une viande maigre, dont le contenu en graisse ne dépasse pas 4%, au lieu de 25% aujourd’hui. Boyd Eaton en a déduit que le régime ancestral était relativement pauvre en matières grasses. Mais plus que la quantité, fluctuante selon les lieux et les époques, c’est la qualité des lipides qui fait toute la différence : jadis, les graisses réalisaient un équilibre idéal entre les deux grandes familles d’acides gras essentiels, les Omega 3 et les Oméga 6. L’homme préhistorique trouvait ces deux familles dans la proportion physiologique de 1 pour 1, alors que le ratio actuel est de 20 pour 1 en faveur des Omega 6. D’autre part, il ne consommait aucun laitage avant qu’il se sédentarise et commence à domestiquer certaines espèces animales. Le Dr Simopulos (Washington) a calculé que les graisses saturées étaient trois fois moins présentes autrefois que dans l’assiette moderne. Celle-ci est en revanche saturée de graisses végétales, quasiment absentes de l’alimentation originelle. La fracture est tout aussi nette côté glucides : avant la révolution néolithique, les sucres naturels (fruits, légumes, racines, quelques graines, glucose de la viande) représentaient de 20 à 40% de la ration alimentaire. De nos jours, l’alimentation occidentale typique comprend de 50 à 60% de glucides. Et ici encore, c’est surtout la perte de qualité qui pose problème. Toute le monde sait que les sucres raffinés sont des « calories vides » dénuées d’intérêt nutritionnel. Ce que l’on sait moins, c’est que les glucides farineux (céréales, pâtes, légumes riches en amidon) ont, malgré leur complexité, des index glycémiques très élevés. Du régime Montignac au régime « IG bas » en passant par la méthode Atkins et les diètes protéinées, toutes les stratégies minceur efficaces passent par une restriction des aliments glycémiants que sont, par excellence, les produits céréaliers raffinés. Facteurs de surpoids et de diabète, la plupart des céréales modernes levées à la levure ont aussi l’inconvénient de charrier de l’acide phytique, un composé anti-nutritionnel qui piège les minéraux. Les plus courantes (blé, orge, seigle, avoine) ont le défaut supplémentaire de renfermer du gluten, une substance protéique mal tolérée par les intestins fragiles. Quant aux laitages, la plupart d’entre nous les digèrent difficilement, parce qu’après l’enfance, nous ne synthétisons presque plus de lactase, l’enzyme nécessaire à la transformation du lactose. Selon de nombreux auteurs, les protéines fournies par le lait de vache sont également inadaptées à la physiologie humaine. Ce qui est sûr, c’est que la ration protidique n’a pas grand chose à voir avec celle du paléolithique. Tous les équilibres d’antan se sont brisés en quelque 10 000 ans…

Les preuves sanitaires

Et nous le payons très cher, ce ne sont pas les preuves qui manquent. En étudiant les ossements de nos lointains ancêtres, la paléontologie a découvert avec surprise que ceux-ci étaient grands (1m 70, 1 m 80), robustes et parfaitement charpentés. Pas de caries, pas de signes de goutte en dépit du régime très carné. Peu ou pas de traces de pathologies infectieuses, rien qui évoque l’ostéoporose ou les carences nutritionnelles. Les premiers indices de dégénérescence apparaissent au tournant du néolithique. Les Egyptiens, pionniers du régime pauvre en graisses et riche en hydrates de carbone – ils mangeaient 2 kilos de pain par jour – « jouissaient » d’une très mauvaise santé. L’étude des momies montre qu’ils souffraient de multiples infections bactériennes et parasitaires. Contrairement aux silhouettes longilignes des hiéroglyphes, ils étaient souvent obèses et leurs terribles problèmes dentaires étaient accompagnés d’abcès et de gingivite. Mais pas besoin de voyager loin dans le passé pour se forger des certitudes : il suffit de voir ce qui s’est passé lorsque des peuplades primitives (Inuits, Amérindiens, Polynésiens, Pimas d’Arizona…) ont découvert l’homme blanc et ses habitudes alimentaires. En adoptant les moeurs nutritionnelles des pays riches, elles ont d’office hérité de leurs statistiques sanitaires, avec une explosion de pathologies telles que diabète, hypertension, colopathies, calculs rénaux, maladies cardiovasculaires, cancers, etc. Un médecin australien, le Dr Karen O’Dea, a, par exemple, voulu savoir pourquoi les aborigènes, dont le régime dans le bush était proche de celui du paléolithique, devenaient rapidement obèses et diabétiques lorsqu’ils s’urbanisaient et adoptaient les habitudes culinaires occidentales. Après une série d’études étalées sur dix ans, le Dr O’Dea concluait que toutes les anomalies métaboliques liées à l’hyper-insulinémie étaient normalisées en moins de 8 semaines par un retour à une alimentation de type chasseur- cueilleur. De son côté, Loren Cordain a découvert que certaines tribus reculées de Papouasie ou d’Amazonie ignoraient totalement l’acné…jusqu’à l’arrivée récente des aliments industriels. Les ados ont alors bourgeonné « à l’occidentale ». Indirectement, la science épidémiologique confirme également les vertus de la paléonutrition . Avec ses escargots, ses plantes sauvages, sa viande de chèvre ou de lièvre, le fameux « régime crétois » est plus ancestral que méditerranéen. Avec son poisson trois fois par semaine, sa profusion de fruits, sa pauvreté en sel et en sucre, ou encore son rejet de tout produit laitier, le non moins célèbre « régime Okinawa » rappelle lui aussi l’âge de la pierre. Il doit en tout cas son succès au fait que les nombreux centenaires de cette île japonaise ont su préserver des traditions qui se perdent dans la nuit des temps. Plus on mange « vieux », plus on reste jeune ! D’ailleurs, les preuves cliniques commencent à poindre en faveur du régime paléolithique. Une étude publiée en septembre 2007 a montré que ce type d’alimentation diminuait le risque d’accident vasculaire, une autre qu’il améliorait la tolérance au glucose chez des patients atteints d’ischémie cardiaque. A Montpellier, avec son « régime ancestral », le Dr Seignalet obtenait des résultats spectaculaires dans le traitement de certains cancers et de nombreuses maladies auto-immunes. Assurant la relève française, Jacques di Constanzo soigne avec succès les syndromes métaboliques (diabète, athérome, hypertension…) et les maladies chroniques de la sphère digestive. Et quel meilleur argument que les milliers de témoignages enthousiastes fourmillant sur les forums internet ? « The Paleo Diet » ne semble faire que des heureux, à l’image du Dr Rueff et de Romain Gagnon (voir encadré « Biblio paléo »), qui en ont vérifié sur eux-mêmes la puissance amincissante.

Manger tout cru ?

L’alimentation préhistorique revisitée fait une large place aux aliments crus , qu’ils soient végétaux (fruits, légumes…) ou animaux (fruits de mer, carpaccio, viande séchée, poissons marinés…). Dans sa version américaine, cette approche s’éloigne cependant du crudivorisme intégral préconisé en Europe par Guy-Claude Burger et les rares adeptes de l’ instinctothérapie. Des deux côtés de l’Atlantique, ce sont surtout les végétaliens qui militent pour le cru. Et l’homme des cavernes, lui , comment consommait-il le produit de la chasse ou de la pêche ? Les premiers foyers datent de 500 000 avant J-C et la domestication du feu leur est peut-être largement antérieure. La cuisson est donc une très vieille habitude. Néanmoins, outre le fait que les hominidés s’en sont longtemps passés, la paléocuisine ne se résume certainement pas à la grillade et au méchoui. Les systèmes découverts (foyers en cuvette, en fosse , structures en terre ou en pierre…) attestent plutôt d’une grande diversité culinaire : cuisson à l’étouffée sur des braises, cuisson à l’eau avec des galets bouillants plongés dans des récipients de peau, cuisson au four, séchage et boucanage…Bref, tout porte à croire que nos paléo-ancêtres avaient déjà conçu la gastronomie de terroir, la cuisine à basse température et la dessication, si pas les préparations à la vapeur ! Or ces modes de cuisson douce ont d’énormes avantages diététiques : ils limitent le phénomène de glycation, autrement dit l’apparition de molécules toxiques sous l’effet de la chaleur, tout en rendant certains nutriments plus disponibles pour le cerveau. Selon une hypothèse récente, il fallait en effet que la cuisson apparaisse pour favoriser l’encéphalisation et le développement neuronal. C’est peut-être vrai, mais alors pourquoi la taille de notre encéphale n’a-t-elle pas continué à évoluer ? Et pourquoi les Inuits du Groenland, qui mangeaient tout cru avant l’arrivée d’Adrien de Gerlache, n’ont-ils pas un cerveau riquiqui ? Plus crédible, une autre hypothèse postule le rôle central des acides gras Omega 3 : le primate futé et bipède surgit en effet en Afrique, au bord des grands lacs poissonneux…Quoi qu’il en soit, il n’est pas évident que la cuisson à plus de 100°C serve la santé. Au contraire : les protéines coagulent, les enzymes et les vitamines trépassent, les graisses éclatent et les sucres s’encrassent de particules toxiques. Au bout du compte, c’est notre biologie qui trinque. Pour rappel, notre génome n’est pas seulement identique à celui de l’homme paléolithique, il est également très proche de celui du chimpanzé. Leurs plages alimentaires sont très ressemblantes, leur appareil digestif rigoureusement semblable, et on a dernièrement découvert que le malin singe se soignait littéralement avec les plantes. Et si le vrai modèle omnivore et crudivore à suivre était celui-là ?

Pas écolo, le régime paléo ?

Qu’on imite les chimpanzés ou les premiers humains, il est un fait incontournable que notre capital santé se construit avec les briques protéiques. Et là, évidemment, la diète paléo perd de son aura. Because son attirance privilégiée envers les produits animaux. Normal : pour produire 1 kilo de bœuf, on occupe une surface agricole pouvant donner 160 kilos de patates. Si la planète s’y mettait, les océans se videraient et les forêts primaires disparaîtraient totalement pour nourrir le bétail. Empreinte écologique insupportable ! Pour sa défense, la paléonutrition ne manque cependant pas d’arguments. D’abord, elle va de pair avec une frugalité retrouvée : qui mange mieux, mange moins. A quantité égale de protides, beaucoup moins de glucides. Ensuite, cette façon de s’alimenter est la plus subversive qui soit envers la malbouffe mondialisée : comme le souligne l’agronome Pierre Weill (« Tous gros demain », Ed. Plon), on peut faire de la bidoche bio engraissée au maïs ou au soja monocultivé. Mais pour qu’elle soit paléo, il faut revenir à une agriculture paysanne et à des pratiques d’élevage sensées. Même sur le plan climatique, un animal « omega 3 » nourri au lin est nettement moins polluant qu’un animal « omega 6 » : ses rejets de méthane chutent automatiquement de 30 % ! D’autre part, l’ « alimentation d’autrefois » est très biodiversifiée dans sa recherche de protéines: le petit gibier, les escargots, la volaille, les œufs, les abats, les sardines et les maquereaux, pas de quoi dépeupler les mers et défricher la jungle. Du reste, n’a-t-on pas trouvé des millions d’hectares pour mettre du « biocarburant » dans les bagnoles ? Foin enfin du dogmatisme : s’ils aiment les huîtres, la viande des Grisons et le steak tartare, les paléo-mangeurs peuvent aussi apprécier les algues, les graines germées, les céréales ancestrales (quinoa, millet, fonio…), le soja fermenté, les champignons, les plantes sauvages (amarante, ortie, pourpier, mâche…) bref toutes les sources végétales de protéines équilibrées et de bons acides gras . Idéalement, il faudrait réhabiliter massivement la consommation d’insectes pour que le régime paléolithique soit écologiquement correct. Mais ça, c’est une autre histoire… dont on reparlera.

Biblio paléo

Pour aller plus loin, voici une liste exhaustive des ouvrages sur l’alimentation paléolithique écrits ou traduits en français :
– « Le régime paléolithique », Dr Dominique Rueff – (Ed. Jouvence)
Un format poche de 100 pages écrit par un médecin enthousiaste pour « une méthode révolutionnaire qui repose sur des bases scientifiques indiscutables »
– « Le régime préhistorique», Thierry Souccar – (Ed.Indigène )
Le journaliste scientifique français, par ailleurs créateur du site Lanutrition.fr, explique dans cet ouvrage « comment l’alimentation des origines peut nous sauver des maladies de civilisation »
– « Vivre mince, gourmand et en santé », Romain Gagnon – (Ed. Option Santé)
Ingénieur de métier et fin gastronome à ses heures, ce polytechnicien canadien a étudié et appliqué le régime paléo pour résoudre ses problèmes de santé. Il écrit en sous-titre de son livre que « l’avenir de la nutrition appartient à la préhistoire ».
« L’alimentation ou la troisième médecine », Dr Jean Seignalet – (Ed. François-Xavier de Guibert )
Cinquième et dernière édition du gros bouquin dans lequel feu Jean Seignalet expose son régime ancestral, détaille tous les succès thérapeutiques obtenus à l’hôpital de Montpellier, et déclare que « l’alimentation d’hier doit prendre une grande place dans la médecine de demain ».
« La meilleure façon de manger », Angélique Houlbert – (Ed. Thierry Souccar)
Un livre conçu par la rédaction scientifique du site LaNutrition.fr, lequel s’inspire généreusement de la diététique paléo américaine.
« Maigrir avec le régime paléo », Nancy Catan – (Ed. Alpen )
Biologiste ayant fait carrière dans la recherche biomédicale, Nancy Cattan s’est lancée dans l’écriture pour « donner les clés de ce programme révolutionnaire »
« La régime Evolution », Arthur De Vany – (Ed. de l’Homme)
Ancien athlète professionnel et professeur à l’Université de Californie, Arthur de Vany vit depuis plus de 25 ans selon le mode de vie paléolithique. Âgé aujourd’hui de 73 ans, il respire la santé dans un corps de jeune homme.

Les grandes lignes du régime paléo

La diète paléolithique supprime carrément deux des grands groupes d’aliments, à savoir les produits laitiers et les céréales (dont le pain).
Elle fait évidemment partie des régimes faibles en glucides et riches en protéines.
Aliments autorisés :
toutes les viandes maigres (volaille, petit et gros gibier, taureau, autruche, chevreau…)
les petits animaux : escargots, grenouilles, insectes et larves
les poissons et fruits de mer, mollusques et crustacés
les œufs (d’oiseaux et de tortue)
tous les fruits et légumes pauvres en amidon
toutes les noix et la plupart des graines (de préférence germées)
fleurs, feuilles, champignons, épices…
Aliments interdits :
produits céréaliers
produits laitiers
légumineuses
produits transformés ou en conserve
tous les légumes riches en amidon (pomme de terre, manioc…)
les aliments salés
les sucres, hormis le miel avec modération
les sodas

Toute le monde y arrive

S’il ne vantait pas ouvertement le régime paléolithique, feu David Servan-Schreiber n’en était pas loin. Ainsi, dans son livre « Anticancer », le neuropsychiatre incitait ses lecteurs à « retrouver l’alimentation d’autrefois » car « aujourd’hui comme hier, notre physiologie attend une alimentation semblable à celle qui était la nôtre quand nous mangions les produits de la chasse et de la cueillette ». Un peu plus loin, DSS signalait que 56 % de nos calories proviennent de trois sources qui n’existaient pas au moment où nos gènes se sont constitués : les sucres raffinés, les farines blanches et les huiles végétales riches en oméga 6 . Or ces trois sources, dit-il, ne contiennent aucun des nutriments (protéines, vitamines, minéraux, acides gras oméga 3) essentiels aux fonctions de l’organisme. Même s’il n’utilise pas le terme, le très médiatique Dr Laurent Chevallier (« Je maigris sain, je mange bien », Ed. Fayard) prône lui aussi une alimentation très ancestrale. Pour lui, « le régime idéal est constitué d’un bon dosage entre les végétaux et les protéines animales. » Aujourd’hui, un autre grand nom de la nutrition opère une spectaculaire conversion : dans son dernier livre (« La chrono-diététique », Ed. Odile Jacob), le Dr Jean-Marie Bourre déclare en effet que « Sur le plan de la nutrition, nous sommes tous des Cro-Magnon ! Il convient donc de veiller à ce que notre alimentation ne s’éloigne pas trop de celle pour laquelle notre corps a été programmé ».

Le modèle paléo : tout un art de vivre

Outre-Atlantique, la vague paléo n’a pas seulement déferlé dans les assiettes : elle est devenue un mode de vie global couvrant bien d’autres aspects que la seule alimentation. Dans Néosanté, on vous a déjà parlé du « sport paléo » (Crossfit) qui consiste à reproduire les efforts physiques de nos lointains ancêtres, par exemple les longues courses entrecoupés de sprints (si possible à pieds nus sur sol meuble), le portage d’objets lourds ou la gym en suspension à la façon Tarzan. Principe de base : privilégier les mouvements naturels et les exercices fonctionnels sollicitant l’ensemble de la musculature. Mais il y a encore bien d’autres « astuces santé » paléo ! Dans son livre qui vient d’être traduit, l’ancien champion de marathon Mark Sisson cite notamment l’exposition au soleil, le sommeil (se coucher avec les poules, se lever avec le coq), l’activité cérébrale (nos aïeux réfléchissaient beaucoup puisqu’ils ont inventé plein de choses) ou encore les activités ludiques (dans les peuplades primitives, on joue plusieurs heures par jour). Photos à l’appui, le livre de Sisson offre aussi quelques témoignages impressionnants des métamorphoses suscitées par le régime paléo. (« Le modèle paléo », Ed. Thierry Souccar)

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