Annick de Souzenelle « La maladie une énergie pervertie qui demande à être convertie en lumière »

À 93 ans, Annick de Souzenelle, d’une vitalité réjouissante, publie un livre interpellant. Dans Le Seigneur et le Satan, cette spécialiste de la Bible, dont elle interroge les énigmes de la langue originelle, nous convie à un au-delà du Bien et du Mal. Elle y déploie une vision atypique qui prend sa pleine dimension à la lumière des récents attentats terroristes : la violence extérieure ne serait que le reflet d’un travail intérieur non accompli. Mathématicienne de formation, longtemps anesthésiste, cette psychothérapeute érudite nous éveille aux mystères : du corps, du cœur et de la conscience. Ça secoue !  

Propos recueillis par Carine Anselme

Vous publiez « Le Seigneur et le Satan. Au-delà du Bien et du Mal ». Quelle est la quintessence de ce livre qui résonne étrangement dans cette actualité ?

Le sous-titre résume l’essentiel : le thème fondamental est « au-delà du bien et du mal ». J’aurais d’ailleurs aimé que ce soit le titre ! Mais comme Nietzsche a écrit Par-delà le bien et le mal, je ne pouvais pas le reprendre. C’est là le cœur de l’ouvrage, car le bien et le mal n’ont pas d’ontologie. Je m’en réfère au mythe de la Genèse : c’est parce que Adam a choisi un autre parcours que la dynamique proposée par le Seigneur, qu’il doit assumer ce parcours où l’on multiplie les oppositions, tragiques parfois, dont celle du Bien et du Mal.

Vous soulignez que le Livre de la Genèse a été mal traduit. Cette perception manichéenne du Seigneur et du Satan viendrait-elle de là ?

La traduction contient, en effet, des erreurs de grammaire, des mots erronés. Est-ce que cela a été fait exprès ou pas, je n’en sais rien… Mais il est certain que l’on n’a pas voulu mettre l’accent sur la pluralité du créé. C’est le quatrième jour de la Genèse, avec l’apparition des luminaires dans le Ciel, qui nous donne la clé. Il y a confusion entre le verbe « rompre » (la rupture) et les luminaires (il y a juste une petite lettre d’écart en hébreu, entre ces deux mots). Les traducteurs ont parlé tout simplement de l’arrivée des luminaires dans le Ciel, alors qu’il s’agit d’une rupture dans le Ciel ! D’une rupture entre le grand luminaire, trop éclairé pendant le jour, et le petit luminaire, trop éclairé pendant la nuit. Et c’est là où il est question du Seigneur propre à chaque personne humaine et du Satan. J’en veux pour preuve ce que dit Isaïe qui parle de l’accomplissement de l’Homme : « À ce moment-là, tout sera accompli pour toi. » Autrement dit, quand tu auras recouvré ton unité, il n’y aura plus ni soleil ni lune, car le Seigneur sera ta Lumière pour toujours. C’est le retour au Un. Au quatrième jour de la Genèse, il y a donc, à partir du un, le deux. À savoir, le soleil et la lune. En réalité, le Seigneur et le Satan. Et lorsque l’Homme recouvrera son unité, à nouveau le Seigneur et le Satan seront Un.

Cela change la vision que l’on a de Satan…

Nous sommes là, en effet, devant des données intégralement nouvelles par rapport à ce qui est enseigné vulgairement. Je m’appuie beaucoup sur le Livre de Job, où l’on perçoit une sorte de complicité entre le Seigneur et le Satan pour éprouver Job. C’est là où on voit que le mal dont Job est atteint va le mettre à terre et l’obliger à faire un chemin intérieur alchimique pour entrer dans une intelligence totalement nouvelle. Il sort du confort qu’il avait de lui-même, de son autosatisfaction, pour entrer dans une vraie dynamique de vie. Cette complicité du Seigneur et de Satan va perdurer tout au long du Livre de Job et nous allons la retrouver dans les Évangiles : après son baptême, le Christ est envoyé au désert pour rencontrer le Satan. Si le Satan était vraiment celui que nous avons l’habitude de concevoir, l’Esprit Saint ne l’enverrait pas vers lui ! Il s’agit donc d’un personnage dont le rôle ontologique reste essentiel.

Quel est-il ce rôle du Satan ?

Il est celui qui fournit l’épreuve. Autrement dit, celui qui fait barrage dans certains moments-clés de nos vies pour que l’on accepte de ne plus rien comprendre, d’aller vers nous-même dans un travail intérieur. Un chemin initiatique qui va nous conduire à une sagesse nouvelle. Il est là dans une collaboration divine, extrêmement importante.

Cet au-delà du bien et du mal permet-il une autre lecture des récents attentats terroristes ?

J’en ai beaucoup parlé sur You Tube ! Je fais le parallèle avec ce qui s’est passé au moment de la naissance du Christ : à savoir, le massacre des Saints Innocents (que l’on oublie !). Dans la Bible, à la dernière plaie d’Égypte – avant que les Hébreux ne quittent leur état d’esclavage pour se libérer et passer la Mer Rouge, afin d’aller vers la Terre Promise -, l’Ange exterminateur descend en Égypte et tue les fils aînés des Égyptiens, ainsi que les animaux premiers nés. Alors que les fils des Hébreux sont épargnés. L’explication est simple : les Hébreux, au travers de toutes les autres épreuves, avaient compris qu’elles étaient l’objectivation de leurs maux et démons intérieurs. Dès lors, ils avaient commencé à faire un travail sur eux ; à donner naissance à l’Enfant Divin à l’intérieur d’eux. Alors que les Égyptiens – les oppresseurs, d’alors – n’ont absolument rien compris à cet événement et l’ont subi douloureusement, sans faire ce travail sur eux. Les Hébreux ont donc été épargnés car, par une mort à eux-mêmes, intérieure à eux, ils avaient fait naître symboliquement le Fils intérieur. Les Égyptiens n’ayant pas accompli ce travail, ce sont les fils (extérieurs/ ceux du monde) qui ont été tués, avec les animaux, car l’Homme avant d’entrer dans sa dimension divine est un homme « animal ». Voilà exactement ce qui se passe au moment de la naissance du Christ ; c’est la naissance de l’Enfant Divin, de l’Homme Total, celle du Grand Adam. Mais la plupart des « Adam » que nous sommes n’ayant rien compris, alors ce sont des innocents qui sont massacrés – c’est-à-dire qui « font le sacré à leur place ».

C’est là qu’intervient le parallèle avec la situation actuelle ?

C’est exactement cela qui continue aujourd’hui ! Tant que nous ne comprendrons pas que nous avons à faire naître en nous la dimension divine de notre Être, il y aura des massacres à l’extérieur. Ces êtres massacrés sont des saints. Des êtres qui entrent dans une lumière absolument admirable… Entendons-nous bien, ce n’est pas pour justifier la chose, naturellement ! Rien ne peut justifier ces actes, si ce n’est que nous sommes-là devant une Loi absolument incontournable. Nous sommes donc très responsables des événements qui se passent… Ce ne sont pas les tueurs, les auteurs des massacres – ce sont des pauvres types qui ont été manipulés par des cerveaux complètement fous. Les vrais auteurs sont ceux qui ne font pas le chemin intérieur.

Selon vous, quel est le cheminement intérieur que l’on doit accomplir pour sortir de cette impasse ?

Cela fait l’objet de tous mes livres (Rire) ! Actuellement, et depuis toujours, le travail intérieur que l’on doit faire, c’est de réaliser tout le potentiel d’énergie qui est à l’intérieur de nous. Nous avons un potentiel d’énergie extraordinaire. Doté d’une très grande violence, d’ailleurs. Lorsque cette violence n’est pas travaillée, elle déferle à l’extérieur. Elle déferle contre nous, dans les maladies, et elle déferle aussi contre les autres. Mais cette violence est également notre richesse, parce que c’est elle qui, si elle est prise en main, va s’exprimer dans la connaissance.

Comment opérer cette transformation initiatique ?

C’est toute une alchimie secrète qui se joue lorsqu’on peut nommer les démons de notre être et qu’on peut les transformer à l’intérieur de nous… Dès lors, toute cette violence devient de l’information. L’énergie, c’est de l’information ! Voilà ce que (nous) disent les physiciens, aujourd’hui. C’est de cette manière que nous construisons l’Arbre de la Connaissance que nous sommes. Qui n’est pas un bel arbre dans un beau jardin, tel que nous le rêverions – c’est vraiment l’Arbre que nous sommes, et dont nous devons devenir le fruit. Cet Arbre de la Connaissance, il grandit, et il n’est pas celui du bien et du mal, justement. Il est celui de ce qui est accompli de nous… et de ce qui reste encore à accomplir. C’est pour ça que sur le croix, le Christ dit : « Tout est accompli. » Alors, ce sera la résurrection…

Sur le plan de la santé, la maladie serait-elle l’expression d’un travail intérieur en cours – donc, déjà une forme de guérison ?

Tout dépend. Cela peut aussi être l’objectivation d’un travail intérieur qui n’est pas fait. Dans ces conditions, il y a un blocage d’énergie. Il faut aller nommer ce blocage. Quand on peut le nommer, là est la source de guérison.

Dans « Le symbolisme du corps humain », vous affirmez que toute maladie porte en elle son germe de guérison…

Absolument ! Elle est au départ une énergie pervertie qui demande à être convertie en lumière. Notre médecine occidentale ne cherche la guérison qu’à l’extérieur de l’Homme. Les médecines obéissant à la Tradition, dont l’acupuncture chinoise, qui remettent en place harmonieuse les énergies désorganisées, non seulement cherchent la guérison de l’Homme, mais amènent celui-ci à s’interroger sur le langage de sa maladie. Il faut, au malade, descendre dans l’inaccompli, dans cette partie obscure de lui-même.

Diriez-vous que la maladie, aussi, est au-delà du Bien et du Mal ?

Eh oui…! Combien de fois ai-je rencontré des personnes qui m’ont dit : « Depuis mon cancer, ma vie a complètement changé ! » Parce qu’il y a une information qui leur a été donnée. Ils ont interrogé la maladie – pour comprendre le sens, ce qu’elle avait à leur dire. Du coup, ils sont entrés dans l’intelligence de ce qui se passait en eux.

La maladie est-elle donc un signal d’alarme de notre âme qui nous dit qu’il y a là quelque chose à comprendre, à travailler et dénouer pour grandir ?

Bien sûr, même si c’est complexe à schématiser. Parce que la maladie peut être l’expression d’un langage personnel, mais il arrive que des êtres soient le siège d’un langage collectif. Autrement dit, ceux-là vivent, expriment, un langage d’une maladie collective. Même si c’est très difficile à cerner, cela aussi peut être nommé et travaillé. Ainsi, ai-je vu des cas de malades qui incarnaient littéralement quelque chose de grave (survenu) dans leur milieu professionnel ou, pour d’autres, dans leur milieu familial. Très souvent, d’ailleurs, il s’agit du milieu familial. Vous comprenez que c’est un travail extrêmement intéressant – de compréhension, de « nettoyage » – que l’on peut accomplir à ce moment-là !

Le travail s’effectue alors sur le plan transgénérationnel…

C’est évident, mais avec une nuance : si on se tourne uniquement vers le passé, on est aussi dans quelque chose de faux. Si maladie il y a, il faut aller faire l’ouverture du cœur – la naissance de cet enfant divin en soi – en même temps que l’on interroge le passé. L’essentiel est d’aller en avant.

Dans votre accompagnement, comment interrogez-vous les patients pour découvrir s’ils expriment le langage d’une maladie collective ou personnelle ?

C’est au cours d’une analyse que l’on peut le découvrir… Je ne peux pas vous en parler de façon radicale. C’est extrêmement fin, tout cela. Il faut interroger les rêves, les événements… La vie parle par tout un tas de petits événements, de signes, qui n’ont l’air de rien, mais qui vous parlent !  

Les signes ont-ils été importants dans votre existence ?

Et comment ! Vous savez, il faut être très attentifs. Nous sommes, nous, totalement coupés de notre intériorité… alors que notre intériorité, elle, n’est pas coupée de nous. Elle essaie de (nous) parler et nous sommes inattentifs. C’est extrêmement dommageable, car si nous étions à l’écoute, nous comprendrions ce qui nous est dit du monde divin qui nous habite – d’une puissance d’amour infinie.

Qu’est-ce que ces signes vous ont révélé ?

Les signes nous parlent notamment de nos dons. Chacun a des dons ! Lorsqu’on prend le chemin ontologique, c’est-à-dire que l’on coupe avec les valeurs du monde (tout en assumant le monde, naturellement), on fait l’expérience de recevoir ce que les Chinois appellent « Le mandat du Ciel », c’est-à-dire que l’on découvre sa véritable vocation. C’est là quelque chose de bouleversant !

Quel est le mandat du Ciel qui vous a été révélé par votre travail intérieur ?

En fait, je le cherchais depuis l’enfance… C’est sûrement de comprendre les Écritures. À savoir : découvrir que derrière ce qui est dit, il y a autre chose qui est dit. En filigrane, en arrière-plan. Une autre dimension d’information.

Il y a des connexions entre ce que vous évoquez sur cette autre dimension d’information et les découvertes scientifiques actuelles…

En effet, c’est très étonnant ! J’ai souvent des physiciens dans mes journées de travail ; ils sont émerveillés (mais moi aussi !) de voir cette conformité entre la lecture que je fais des Écritures et ce que l’on découvre dans les sciences aujourd’hui. Dans la physique quantique, en particulier.

Comment résumeriez-vous cette concordance ?

J’épinglerais un point essentiel : lorsqu’il est dit dans le premier verset de la Genèse – qui débute la Bible – que « Dieu crée les Cieux et la Terre », les Cieux et la Terre n’ont rien à voir avec les Cieux et la Terre que nous connaissons. Les Cieux, c’est ce potentiel d’énergie que chacun de nous porte à l’intérieur de lui. Et la Terre, c’est ce qui émerge à la lumière et devient conscient. Nous nous trouvons, en quelque sorte, devant le conscient et l’inconscient. Aujourd’hui, avec toutes les théories du vide chez les physiciens, cette notion prend tout son sens. Nous sommes face à un dépassement de toutes les dualités. Les physiciens se posent la question : « Qu’est-ce que le réel ? » S’ils n’y répondent pas, ils savent très bien qu’il y a de nombreux niveaux du réel. La Bible le sait aussi. C’est écrit, mais il faut savoir le lire…

Que voulez-vous dire ?

Prenez le songe de Jacob : lorsqu’il voit cette échelle qui monte de lui jusqu’à son Seigneur, les échelons sont tous les niveaux du réel auxquels il est appelé à avoir accès. Ce sont des niveaux que chacun de nous porte en lui. Seulement, ces niveaux ne sont pas éveillés. L’enjeu est donc de les éveiller, par le travail intérieur. Par l’acquisition du potentiel d’énergie présent en nous. L’accomplissement intérieur, c’est l’Homme qui devient son Seigneur.

Dans l’Antiquité, les médecins étaient aussi des guérisseurs, des devins… Ils avaient une ouverture spirituelle que l’on ne retrouve plus dans la médecine actuelle, matérialiste. Quel est pour vous la définition d’un bon médecin ? 

C’est celui qui ne sépare pas le corps et l’esprit, en dialogue permanent. Si le médecin ne rentre pas dans ce dialogue, il passe complètement à côté de la vraie médecine. C’est un immense sujet, celui-là ! On a complètement oublié que la chair et l’esprit sont une seule et même réalité. Tant que le médecin n’amène pas son patient à entrer dans cette conscience, il travaille contre le microbe, au lieu de travailler avec le microbe.

Qu’est-ce que vous appelez « travailler avec le microbe » ?

C’est-à-dire que le système HLA (1) est appelé à intégrer le microbe, et non pas à le tuer. À l’intégrer à l’intérieur de l’être. Dans ce cas, rien n’est démoli autour. Alors que la médecine arrive avec un arsenal de défense qui abîme le corps. Et qui tue peut-être le microbe – et nous lui en sommes reconnaissants -, seulement, il y a souvent beaucoup de dégâts à côté. Nous sommes dans une médecine extrêmement violente, au lieu d’entrer dans une intelligence subtile de la matière.

En ce sens, diriez-vous que le microbe serait le chaînon manquant qui nous permettrait de faire ce travail d’unité, de reliance du corps et de l’esprit ?

C’est une chose possible… Il se peut que le microbe soit l’agent qui vient nous rappeler que nous avons à faire un travail sur nous-même, et nous ramène dès lors à l’essentiel. Mais cela demande beaucoup de nuances… Nous retrouvons là tout le problème du bien et du mal ; il n’y a pas de mal en soi.

Comment les mythes s’articulent-ils au symbolisme du corps ?

Les mythes comportent très souvent des histoires reliées au corps. Si vous prenez la Bible, il y a le talon de Isha, la hanche de Jacob, les cheveux de Samson… Il existe énormément de références au corps ! Vous en avez aussi dans les mythes grecs, avec le pied d’Œdipe blessé, le foie de Prométhée dévoré par l’aigle. C’est donc très intéressant d’aller voir ce qui se passe là… Apprendre à lire le corps, c’est être attentif à son dessin, savoir décrypter les formes du labyrinthe anatomique, et c’est donc aussi entendre ce que nous disent les grands mythes de l’humanité sur la nature et la fonction subtile de chacun des organes.  

Quelle est donc la clé de compréhension de ce lien symbolique ?

Il s’agit d’entrer dans l’intelligence du mythe et d’essayer d’en apporter la signification profonde. Il y a là encore plusieurs niveaux de compréhension. Si vous prenez le mythe d’Œdipe, il est bien certain que Freud l’a étudié à un plan totalement horizontal, alors que le mythe d’Œdipe, s’il est étudié de manière subtile, à un plan vertical, est quelque chose de magnifique. Œdipe, contrairement à ce qui est communément admis, est un être qui se réalise dans sa totalité. Dans toute sa beauté. C’est une véritable initiation qu’il accomplit. J’ai écrit un livre à ce sujet : « Œdipe Intérieur » (voir « Pour aller plus loin »).

À propos d’initiation, vous avez co-écrit un ouvrage sur ce thème, avec Pierre-Yves Albrecht (2). Quel est l’impact du manque actuel de rites initiatiques ?

Ceux-ci font cruellement défaut dans notre société ! C’est tragique… Les jeunes ne savent plus quoi faire avec toute cette violence présente naturellement à l’intérieur d’eux. Ils sont complètement démunis. D’autre part, ils cherchent une autre dimension de lecture de la vie, c’est pourquoi certains font le choix de partir vers Daesh qui leur apporte, certes, un faux idéal, mais qu’ils croient réel. Il ne faut pas s’en étonner, nous n’avons rien à leur proposer ! Il est donc essentiel et urgent de réintroduire des rites d’initiation ; que tout jeune découvre « l’animal » qu’il est. Dans toute sa beauté – il ne s’agit pas du tout d’en parler de manière négative ! Au contraire, il faut montrer aux jeunes qu’il est possible de passer d’un état « animal » à un état de dieu. Sans quoi, les jeunes peuvent en venir à jouer les faux dieux. Ça donne les tyrans du monde ! Ils usent alors d’une violence aveugle, qui n’est plus une énergie de vie positive, seulement une force destructrice.

Par rapport à votre exégèse des Écritures, quelle est votre conception de la conscience ?

On ne parle pas du tout, là, de la conscience morale ! Mais bien de l’ouverture de conscience ; d’une intelligence nouvelle qui nous est donnée à chaque étape de réalisation de l’être, de ses énergies potentielles. On assiste alors à une montée de connaissance. Avec cette connaissance, arrive la sagesse. Sagesse et connaissance forment la conscience. C’est une ouverture d’esprit incroyable ! Ce qui fait que l’on arrive à parler un langage qui nous rend complètement étranger au langage ordinaire. Et l’on a beaucoup de mal, après, à entrer en relation avec les personnes qui ont un langage ordinaire. On s’ennuie beaucoup avec eux (Rire) !

Cette réalisation (de la conscience) survit donc à la mort du corps ?

C’est évident ! Le corps est très accidentel. Il est donné à l’homme parce qu’il est revenu à la case départ, compte tenu qu’il n’a pas fait le chemin proposé par son Seigneur. Il est donc revenu dans un état « animal », mais ce n’est pas son état normal. Son état, c’est vraiment l’état de toute cette dynamique qui le conduit vers la dimension seigneuriale de son Être. L’Homme est un dieu. C’est dit dans les Évangiles.

Est-ce à dire que dans cette dimension-là, l’Homme n’a pas besoin de son véhicule corporel ?

En tout cas, il dispose d’un autre véhicule. Peut-être est-ce un corps, mais c’est un corps subtil. Un tout autre corps, transfiguré. Mais je ne peux pas vous l’affirmer, je n’en sais rien…

Tout ce travail sur le subtil vous met-il en paix avec la mort ?

(Rire) Il serait temps, non ?! J’arrive tout près… Évidemment, on ne sait jamais au dernier moment comment on réagira, parce qu’il y a toujours une petite « bestiole » en nous, insoupçonnée. Mais, apparemment, je n’ai absolument pas peur de la mort. Je l’accueille avec beaucoup de tendresse, même. Cela ne m’empêche pas de vivre chaque jour avec intensité. Le temps ne compte pas, vous savez. Depuis mon enfance, je me dis : « L’intensité, seule, compte ! »

(1) Le système immunitaire utilise les HLA (« Human Leukocyte Antigen » ou antigènes des leucocytes humains) pour distinguer les cellules du soi et celles du non-soi.
(2) Pierre-Yves Albrecht est le fondateur du Foyer des Rives du Rhône qui accueille des jeunes souffrant de dépendance. Il a créé l’Académie Aurore (www.academieaurore.ch) où il propose une voie de l’initiation à toute personne en transformation, quel que soit l’âge.

POUR ALLER PLUS LOIN
Annick de Souzenelle, www.souzenelle.fr & www.annick-de-souzenelle.fr
À lire : Parmi ses (nombreux) ouvrages, épinglons : Le Seigneur et le Satan. Au-delà du Bien et du Mal (février 2016), Le symbolisme du corps humain (Nouv. éd. 2000), « Va vers toi » La vocation divine de l’Homme (2013), Œdipe intérieur (2008), La parole au cœur du corps. Entretiens avec Jean Mattoupa (1997), Etc. Tous ont été publiés chez Albin Michel. Notons aussi L’initiation, co-écrit avec Pierre-Yves Albrecht (Les Éditions du Relié, 2013).

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