Au cœur de la phobie

Au cœur de la phobie… un autre angle de vue

Environ une personne sur dix dans le monde serait étiquetée « phobique ».

Les phobies sont fréquemment classifiées selon le secteur de la vie concerné et leur traitement est la plupart du temps symptomatique.
Si la peur légitime les ressources à déployer pour se protéger – elle est donc liée à la survie – c’est pourtant bien le caractère paralysant et intense de la détresse dans une situation où la vie n’est pas en danger réel, qui caractérise la phobie. Vivre une phobie, c’est se trouver « en état de survie » au lieu d’être simplement « en vie ». C’est le caractère subjectif de l’inconfort qui va créer la demande de consultation, quand parfois cela devient tout simplement insupportable. Autrement dit, quand les mécanismes de déni, de détournement, de réassurance, ou les techniques de relaxation, désensibilisation, contrôle… ne fonctionnent pas ou plus ou encore réclament trop d’énergie à la personne.

Nous voyons en Catharsisque(1) les phobies répondent à un mécanisme d’inhibition de l’action rendant l’action concernée totalement impossible. Des formes atténuées existent, rendant cette action juste malaisée.

J’ai répertorié quatre sortes de phobies en fonction de la nature de ce qui a créé la nécessité de leur apparition, afin d’en déterminer l’orientation de traitement. Les trois premières sont décrites plus ou moins couramment. La quatrième m’est apparue à l’exercice de la Catharsis.

  1. De déplacement. Scott Peck la définit : Des peurs, des répulsions, sont reportées sur autre chose, quand on ne peut pas reconnaître l’objet premier de cette peur ou répulsion(2). Je me suis permise de remplacer le mot « veut » de la phrase par « peut », car d’après mon expérience, on ne le peut pas parce que cela active des éléments inconnus de soi. Scott Peck rapporte un cas de phobie chez une jeune femme qui ne peut pas prendre conscience de sa peur et de sa haine envers sa mère, alors même qu’elle a une relation fusionnelle avec elle. Alors, elle devient phobique : Quand elle voyait une araignée dans la maison, si minuscule ou inoffensive fût-elle, elle s’enfuyait et ne pouvait rentrer avant qu’on l’ait tuée et fait disparaître. Cette fixation symbolise son conflit intérieur. Elle va devoir prendre conscience du comportement abusif de sa mère et de ses propres ressentis, pour pouvoir se libérer de ce lien de dépendance – et de cette phobie – et acquérir son autonomie. Elle le fera au bout de six ans de thérapie classique.
  2. De mimétisme. Un enfant peut « prendre » la phobie de sa mère, celle de l’orage par exemple, lors de situation(s) d’orage au cours desquelles la mère manifeste un état de panique important. Le déconditionnement par hypnose fonctionnerait très bien dans de tels cas ; au départ, Albert Glaude(3) l’utilisait ponctuellement pour opérer de tels déconditionnements. L’hypnose est par contre formellement prohibée en Catharsis.
  3. De traumatisme(s). La phobie est causée par un ou plusieurs traumatismes en lien direct ou non avec l’objet de la phobie. Par exemple, une agoraphobie née d’un viol : la personne développe la peur que son viol ne soit « écrit sur son visage » ; elle a eu peur d’être vue, que l’on sache, elle ressent une honte secrète, une peur de parler en public, mais elle a occulté l’origine de son problème. Le traitement de telles phobies ne peut se faire par déconditionnement, car on crée alors un déplacement de symptômes.
  4. De résolution de conflit. L’enfant se crée une phobie pour une question de survie psychique, en résolution à un conflit insoluble autrement. Un exemple percutant est rapporté dans mon livre Une vérité qui libère – Du passé imposé au présent libéré, éd. Quintessence, 2009 (pages 190 à 192, comment la phobie s’installe et comment elle se libère).

Si un travail de déconditionnement pour libérer la phobie fonctionne bien aussi dans la deuxième catégorie, la personne doit être rejointe dans ses vécus profonds pour prétendre à la libération dans les autres configurations. Le niveau profond inclut les affects enfouis, y compris occultés. Dans tous les cas, cela se passe au niveau du subconscient.

Voici un exemple d’une phobie née d’un traumatisme, intitulé La télévision « baby-sitter » ou la naissance d’une phobie.

Au seuil de sa Catharsis, cet homme n’a pratiquement aucun souvenir de sa vie avant ses douze ans. Outre les occultations mises à jour, de nombreux souvenirs refoulés affluent. Parmi ceux-ci, s’imposent les images des coins et recoins des deux maisons entre lesquelles il partage sa vie dans son enfance. Ces lieux le terrorisent : couloirs, pièces inoccupées, renfoncements, hangars sont autant de possibilités pour que s’y cache une présence dangereuse, prête à lui sauter dessus. C’est au point qu’il ne peut rejoindre la toilette et qu’il résout son problème à la mode d’un enfant, en faisant pipi dans le pot de fleur, l’humidificateur du radiateur et même la gouttière. A d’autres moments, il se retient et urine dans ses vêtements. Il fallait, pour qu’il ait peur ainsi, qu’il se soit passé quelque chose avant. Nous allons voir cela…

Vers cinq ou six ans, il est seul et voit un film d’horreur à la télévision ; il en est complètement terrorisé. La régression enclenchée donne la mesure de cette terreur : Je n’ose plus bouger, j’ai l’impression qu’il y a quelqu’un derrière moi, derrière le divan ; petit à petit, je me retourne et vois qu’il n’y a personne là ; alors j’ai pris mon courage à deux mains et couru jusque ma chambre et là, comme je suis seul, j’ai démonté la clinche pour pas qu’on rentre. Couché, je regarde le mur d’en face et je revois les images du film, comme en négatif. Ca m’est arrivé souvent de rester seul. Même quand il y a un peu de lumière dans le couloir, je ne suis pas à l’aise. Je dois être petit parce que j’ai le souvenir où j’ai des difficultés à ouvrir la porte, à attraper la poignée et la soulever… J’ai le sentiment que quelqu’un est derrière le divan et va m’attraper. Peur qu’on me plante un couteau à travers le divan. Je me suis barricadé, mais j’ai peur que quelqu’un puisse surgir, parce qu’il y a des recoins. Je me revois dans des couloirs, traverser à tout allure tellement j’ai peur. J’ai l’impression d’être tapi apeuré sous les couvertures. Toujours ce sentiment qu’on va m’attraper. Je suis recroquevillé, je tiens la couverture pour si quelqu’un veut la soulever ; je la passe derrière ma tête aussi ; je suis un peu comme une momie. Je crois que j’ai fait ça plusieurs fois, pas que cette fois-là. J’ai trop chaud, je ne sais plus respirer en dessous, je lâche un peu, je suis tétanisé. Je crois que ça m’arrive chaque fois que mes parents partent et qu’il n’y a personne d’autre. J’ai revu le film en négatif, puis je l’ai rêvé. Chaque fois que je dors seul, j’enlève la « clinche » de ma porte. L’idée du couteau revient. Dans le film, quelqu’un a été poignardé, assis dans un divan. Je regarde ce film dans le noir total. Le personnage a un visage tout blanc (il le nomme, mais c’est inintelligible pour moi et je ne l’interromps pas pour un détail). Je me demande s’il ne prenait pas les gens par derrière et plantait ses crocs… C’est un film en noir et blanc. Suite à la scène, je suis retourné dans le divan pour voir s’il y avait pas quelqu’un derrière moi. Je sens que j’ai le dos glacé. Je ne sais pas le nom du film(4). L’enfant vit donc une expérience doublement traumatisante, c’est-à-dire : il est livré à lui-même trop jeune, et ensuite, il est terrifié par la violence d’un film. Personne n’est là pour le rassurer. Il projette alors le film dans la réalité, car son subconscient a été trop impressionné. Il a fallu qu’il laisse réémerger les scènes à l’origine de ses souffrances afin de sortir de ses vieux programmes, pour guérir de sa phobie du sang, guérir du vertige, de ses peurs(5) de passer des ponts, de se retrouver dans une foule, la peur de la mort, la phobie des enterrements… sur toile de fond d’un état d’asthénie et de dépendance affective, elles aussi liées à des vécus et états douloureux dans l’enfance.

Donc, quand on rejoint l’occulté, on  comprend que l’état actuel est conditionné par le passé.

Comme l’exprimait Yves Rasir dans son édito de Néosanté n°20 : « La maladie émanant du subconscient, n’est-ce pas sur cette terra incognita qu’il convient surtout de semer la graine du changement ? »

Ce texte comporte des Extraits de Une vérité qui libère  – Du passé imposé au présent libéré, Nicole Lecocq-François, Editions Quintessence, 2009.

Nicole Lecocq-François, Psychothérapeute en Catharsis glaudienne

  1. La Catharsis remonte à l’origine du conflit intérieur afin de le libérer, même en cas d’occultation. L’occultation est à prendre dans le sens glaudien : la capacité du cerveau avec l’aide du subconscient de rayer en une fraction de seconde de la mémoire consciente ce qui est insupportable pour la personne – l’enfant au départ – qui donc n’en garde plus aucun souvenir ou seulement un souvenir partiel. Elle permet la survie psychique. Elle s’installe quand l’enfant subit un traumatisme et le protège…provisoirement.
  2. PECK, Scott, Les gens du mensonge, éd. J’ai Lu, 1992, p.182 à 197.
  3. Père de la Catharsis appelée Catharsis glaudienne, auteur de Guérir ses souffrances émotives, éd. de l’Homme, 1984 et de Guérir des autres, éd. de l’Homme, 1991.
  4. Ce texte est écrit dans un style continu ; il est entendu que pendant la régression, il y a des blancs.
  5. La phobie étant l’inhibition totale et les réactions physiologiques fortes, la peur se situant à un degré moindre et n’empêchant pas l’action, mais créant de l’inconfort, voire un malaise.
Nicole Lecocq-François

Nicole Lecocq-François est Psychothérapeute, formatrice en Catharsis glaudienne – ou Thérapie du Tunnel – et présidente de la Corporation Internationale des Catharsistes Glaudiens (http://users.skynet.be/catharsis). Cette thérapie des profondeurs s’applique spécialement à la libération des affects enfouis dans le subconscient. Elle est présentée sur le site http://www.psycho-ressources.com/nicole-lecocq-francois.html et dans son livre Une vérité qui libère – Du passé imposé au présent libéré, aux Editions Quintessence, 2009. Elle éclaire particulièrement comment une phobie peut s’installer et… se libérer.

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2 commentaires

  1. Bonjour madame.

    je veux vous contacter, comment le faire , je suis une fille qu’y a une phobie de ne pas pouvoir reste seul sans un homme, je veux dire seul, c’est pas étre tt avec un homme, mais de savoir que je vais quiter un homme me panique méme si me fais du mal , je reste avec lui, jusq’au que je t’aouve un autre méme si il me plais pas je reste avec lui seulment pour ne pas pouvoir étre seul

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